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Statik Selektah nous a livré une énorme interview, sans aucun filtre

À l’occasion de la sortie de son huitième album, sobrement intitulé 8, et de son passage à Paris dans le cadre du festival Paris Hip Hop Winter, nous avons eu l’honneur de nous entretenir avec le déjà légendaire producteur américain Statik Selektah. Dans le très branché hôtel Mama Shelter, un verre de whisky on the rocks entre les mains, celui qui a bossé avec les trois quarts de l’industrie nous a livré une des interviews les plus riches de l’histoire du site. Entre anecdotes de studio, révélations exclusives sur des projets à venir et opinions bien tranchées, le natif du Massachusetts n’a rien retenu.

TBPZ : Ton premier album Spell my Name Right en 2007 incluait déjà un impressionnant casting  (Q-Tip, Talib Kweli, Cormega, Reks, AZ, Evidence, Jadakiss…). Comment as-tu fait pour avoir ces connexions dès le début ?

Statik Selektah : Je faisais de la radio (étudiante et commerciale) depuis l’âge de 13 ans, donc entre ça, les mixtapes, le street marketing et le reste, j’ai pu rencontré énormément d’artistes. Et beaucoup d’entres eux sont venus vers moi spontanément. Par exemple, Freeway m’a appelé de nulle part en mode “yo je veux être sur ton album”. Cela m’a montré que j’avais déjà beaucoup de respect dans l’industrie. Je n’ai payé personne sur cet album, ce n’était que de l’amitié ou des échanges de bons procédés.

Tu as rapidement choisi de quitter Boston pour t’installer à New York, et plus précisément Brooklyn. Pour quelle raison ?

J’avais l’impression d’avoir atteint une sorte de plafond de verre à Boston, et j’ai senti que pour faire ce que j’avais vraiment envie de faire dans la musique, il fallait que je déménage à New York. De toute façon, j’ai toujours eu dans l’idée de bouger dans cette ville, dès le début.

Tu as aussi ton studio à Bushwick : en quoi cela t’aide dans ton métier ?

C’est vraiment très pratique, car ce n’est pas très loin de Manhattan, du coup je peux dire à n’importe qui “viens à mon studio”, c’est rapide. Beaucoup d’artistes vivent aussi à Brooklyn, donc là c’est encore mieux. Par exemple, quand j’ai commencé à bosser avec Joey Bada$$, alors qu’il n’était qu’un gosse, il vivait juste en bas de chez moi, donc il venait chez moi en skate ou à vélo, et on enregistrait direct. C’était génial.

Alors que le rap abandonne petit à petit le sampling, tu restes l’un des seuls connus pour l’utiliser encore massivement dans tes productions. Qu’en penses-tu ?

C’est un vrai sacrifice mec. Beaucoup de gens sont devenus tellement radins avec le sampling. Des tonnes de gars laissent des sons au placard juste parce qu’ils n’ont pas envie de gérer la paperasse, de payer le clearing ou bien ont peur de se faire attraper. Mais moi je continue à le faire, quand je dois le faire je fais le clearing, et quand je n’ai pas à le faire je découpe les samples de façon tellement folle qu’on ne peut même pas les reconnaître. Néanmoins, je sample quand même un peu moins qu’avant, mais j’ai aussi appris comment faire sonner comme un sample alors que ce n’en est pas un.

Tu rejoues les samples par exemple ?

Non, j’ai des amis qui jouent des compositions originales, et en fait je sample ce qu’ils font. Ça reste du sample au final, mais c’est à partir de ce qu’ils jouent, contrairement à lorsqu’on reprend quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre.

Un peu comme ce que fait un gars comme Frank Dukes ?

C’est similaire oui, mais je ne l’ai jamais rencontré. J’ai par contre bossé avec Jake One, et avec mon gars sûr MTK, qui vient aussi de Seattle. C’est un peu du sampling 2.0, et ça permet de faire beaucoup plus de choses.

Quel est ton processus de production en général ?

Justement, je commence quasiment toujours avec le sample, que ce soit un disque ou une compo originale. Ces derniers temps, je me suis aussi mis à beaucoup Shazamer, comme à Paris par exemple, où j’ai trouvé au moins cinq samples (à l’hôtel, dans le taxi…). Je suis content d’être venu rien que pour ça ! Je sens que cela pourrait devenir des morceaux énormes. Sinon j’utilise Pro Tools, mais depuis que j’ai mis à jour l’OS de mon MacBook, ça ne fonctionne plus donc je suis dans la merde ! Je vais louer un studio ce soir pour faire un peu de son.

Tu as la réputation d’un gros fan de jazz, c’est vrai ?

Je ne dirais pas que je suis un énorme nerd de jazz, mais j’en connais sûrement un peu plus que la plupart des autres gars, oui. Q-Tip par exemple, lui, connait tout ! Moi je n’en connais pas assez. Je collectionne les albums de jazz mais je ne peux pas dire que je peux citer qui joue la batterie sur tel ou tel morceau. J’ai pas mal de potes dans le jazz, je joue souvent au Blue Note Jazz Café à New York, donc j’ai pu traîner avec des gars comme Roy Ayers entre autres. Je suis clairement impliqué dans cette culture, mais je ne veux juste pas prétendre que je connais tout sur tout, pas autant qu’en hip-hop en tout cas. Mais j’en apprends un peu plus chaque jour.

Quels sont selon toi les disques le plus influents du jazz ?

Sûrement Vibrations de Roy Ayers et Places and Spaces de Donald Byrd. Je les ai découverts parce qu’ils ont été samplés par d’autres, et j’ai d’ailleurs appris beaucoup de choses grâce à ces albums. Mais j’adore aussi des artistes plus jeunes : la première fois que je suis venu à Paris, c’était avec Q-Tip, et Robert Glasper était notre pianiste sur la tournée. C’était il y a huit ans et personne ne savait encore qui il était. J’ai appris à le connaitre à ce moment et quelques années plus tard, il gagnait un Grammy et tout. J’ai vu lui et Casey Benjamin exploser au fur et à mesure. J’ai utilisé beaucoup de nu-jazz dans mes productions depuis. Par exemple, sur “Legendary” de Bada$$ avec J. Cole, je sample un jazzman sud-africain qui avait 300 vues sur YouTube, personne n’avait entendu parler de ce gars.

Que penses-tu de la nouvelle génération de producteurs. As-tu des chouchous ?

Je respecte tous ceux qui ont leur propre son. Metro Boomin a son propre son, Mike Will Made-It est cool, même si ce n’est pas trop le genre que je pratique moi. Kirk Knight est comme mon petit frère, Chuck Strangers est peut-être celui qui me ressemble le plus, Frank Dukes est top aussi.

Tu as commencé en tant que DJ. En quoi cela influence ta façon de produire ?

C’est simple il suffit de regarder tous les plus grands : DJ Premier, Dr. Dre, Pete Rock, Marley Marl… ils ont tous commencé par être DJ avant tout. Les deux seuls qui ne l’étaient pas vraiment, ce sont Alchemist et J Dilla, et pourtant, ils font partie de mes producteurs préférés. Cela t’aide à comprendre comment débuter un morceau, placer les drops, le sampling… tu penses aux DJs quand tu crées le morceau.

Les jeunes producteur ont l’air moins intéressée par le DJing. Comment l’expliques-tu ?

Déjà, quand tu y penses, presque plus personne n’utilise de scratches sur ses morceaux, c’est super triste ! A-Track le fait encore, mais il a exactement mon âge. Dans les plus jeunes je n’en vois pas…

« Plus personne n’utilise de scratches sur ses morceaux, c’est super triste ! »

Et concernant les rappeurs, quelle est ton opinion sur les newcomers originaires de Brooklyn par exemple ?

Je ne les apprécie pas tous… The Underachievers sont cools, c’est la famille. Mais il y en a d’autres que je ne sens pas.

Qui par exemple ?

Le petit Tekashi69, c’est de la merde. Il bossait au Deli auquel j’avais l’habitude d’aller, et tous les trucs qu’ils rappent sont bullshit. Ce mec portait des robes ! Je pensais qu’il était gay mais après j’ai appris qu’il aimait les femmes. Mais la façon dont il se présente aujourd’hui… son image est fausse au possible.

On ne peut pas évoquer Brooklyn sans mentionner Joey Bada$$ : on a l’impression que tu as une place importante dans son explosion, tu as notamment au moins une prod’ dans chacun de ses projets. Comment considères-tu ton rôle auprès de lui, mais aussi de Pro Era ?

Pour Joey je suis comme un grand frère, et pour Pro Era je suis comme un oncle. Je suis celui qui s’énerve quand quelqu’un fait quelque chose de mal ou ne suit pas les codes du hip-hop. Avec Joey, tout tourne autour de la musique, vraiment. C’est mon frère, il habite juste à côté de chez moi. On s’est rencontré grâce à la musique mais cela fait déjà au moins six ans maintenant. Il faut que vous réalisiez qu’on a été en tournée ensemble pendant genre 250 jours par an, donc on devient forcément une famille.

Comment c’était de bosser sur son dernier album ?

C’est marrant parce que B4.Da.$$ (son premier album studio, ndlr)a été enregistré dans la chambre de ma fille, qui n’était pas encore née à l’époque. On a fait l’album entier là-dedans, mix et master, tout ! Après, sur ce second album, je n’étais pas autant impliqué. J’ai produit deux tracks à la toute fin du processus, car apparemment Joey me voulait vraiment sur le projet. Pour l’anecdote, on a fait “Super Predator” la veille des élections US, et à la fin du morceau il y avait un sample d’Hillary Clinton, où elle parle de la jeunesse. Ils ont voulu clearer ce sample, mais ce truc appartenait par l’administration Clinton, qui a refusé qu’on l’utilise. On voulait le sortir le jour des élections, mais au final elle a perdu, donc tant pis ! Styles P est aussi arrivé sur ce morceau à la toute dernière minute.

Concernant “Legendary”, à l’origine, j’ai créé ce titre pour Kendrick Lamar, après c’est Nas qui l’a réservé, puis Joey a posé dessus sans me le dire. Je l’avais composé à côté de lui dans l’avion. Je lui avais fait écouter, il m’avait fait “ouais ça va c’est cool”, il l’avait un peu ignoré, mais je lui avais quand même envoyé le track. Plusieurs mois plus tard, il m’envoie la chanson genre “yo j’ai fait ça, j’essaie d’avoir quelqu’un de lourd dessus”, et à la dernière minute (là aussi) il a réussi à avoir J. Cole, c’était vraiment spécial.

Donc sur ce All-Amerikkkan Bada$$, je n’étais pas aussi impliqué que sur B4.Da.$$, mais j’étais tout de même présent lors de nombreuses sessions, telle que celle de “Devastated”. Mais je restais en retrait. La direction choisie était différente, c’était un peu After.Da.$$, vous voyez ce que je veux dire ? Il a commencé à bosser avec le producteur 1-900, et à l’époque j’étais aussi dans mes propres trucs, mais ça reste la famille, on fera sûrement un nouvel album ensemble bientôt. On a déjà sorti plusieurs morceaux ensemble cet été d’ailleurs. Joey vient de construire un nouveau studio dans son appartement, je m’y suis rendu et il a choisi au moins vingt beats, donc on bosse clairement sur des trucs. C’est une info exclusive !

Tu viens de mentionner Kendrick Lamar, on sait que tu aimerais bien bosser avec lui. Pourquoi cela ne s’est encore jamais fait ?

Kendrick Lamar et Jay-Z sont les deux artistes qui restent sur ma bucket list. Kendrick est incroyable, mais c’est sûrement un peu de ma faute si cela ne s’est pas encore fait avec lui. On échangeait des textos dès les débuts, je parle d’avant Section.80, mais je n’ai jamais poussé le truc aussi loin que j’aurais espéré l’avoir fait. Je savais qu’il était bon, mais il venait de L.A. donc on ne se voyait pas souvent, et j’imagine que je n’ai pas réalisé qu’il allait devenir la mégastar qu’il est aujourd’hui. J’aurais voulu m’être plus impliqué car je pense que j’aurais pu être sur certains de ces albums.

On t’aurait en effet bien imaginé sur To Pimp A Butterfly

Je me rappelle qu’alors que B4.Da.$$ venait de sortir, Kendrick était venu dans notre loge  pour nous féliciter avec Joey, et parfois j’aime à penser que le morceau “Save The Children” (premier titre de B4.Da.$$, ndlr) est à l’origine de toute cette vibe de To Pimp A Butterfly et de tous les autres albums qui ont suivi ce style, avec notamment ces influences jazzy, etc. C’est moi qui ait remis ce truc au goût du jour.

Tu as encore une liste de featurings incroyable sur ton nouvel album 8 (Run The Jewels, Action Bronson, Raekwon, Joey Bada$$…). Comment arrives-tu à conserver une cohérence artistique malgré la présence de tant de personnalités différentes ?

C’est toujours la même chose depuis mon premier album : c’est ça le métier de producteur. J’essaie de monter des collaborations qui n’ont jamais été faites auparavant, comme G-Eazy avec Joey, 2 Chainz avec Wiz Khalifa… ils ont déjà fait des trucs ensemble, mais jamais sur un beat boombap comme celui-ci. Dès que je créé un morceau, j’imagine immédiatement qui pourrait être dessus. Mais par contre, sur mon précédent album Lucky 7, j’admets qu’il y avait probablement trop de chansons (22), et je regrette certains choix que j’ai pu faire. Mais mon nouvel album est beaucoup plus cohérent.

Tout le monde accepte directement tes idées ?

Non ! Par exemple, pour Run The Jewels, j’ai dû leur envoyer cinq beats avant qu’ils accepte de poser dessus, mais ce sont mes frères quand même ! Cela fait cinq ans que je bosse sur cette collaboration, j’attendais juste le bon moment.

« Jay-Z et Kendrick Lamar sont les deux artistes qui restent sur ma bucket list »

Que représente cet album pour toi ?

C’est un peu une façon de boucler la boucle. J’ai l’impression d’être arrivé à un niveau dans ma carrière où tout est définitivement en place, j’ai signé avec Roc Nation etc… et tout ce qui va arriver par la suite va être incroyable. J’ai entre autres un album avec 2 Chainz qui va arriver, c’est vraiment un moment triomphant. Mon album précédent Lucky 7 était un peu une fausse fin. J’avais dit que ce serait mon dernier album, et ça l’était vraiment à l’époque pour moi, mais j’ai juste changé d’avis. DJ Khaled m’a vraiment influencé sur ce coup-là : comme lui j’ai eu un enfant, une petite fille, et ça m’a vraiment motivé à faire de nouvelles choses pour elle. D’ailleurs, elle est présente tout au long de l’album.

Quel est le gros temps fort de cet album selon toi ?

Clairement, les morceaux avec Sean Price et Prodigy. Ils sont tellement “frais”, ces couplets ont été enregistrés juste avant qu’ils ne disparaissent. C’est le genre de moment que vous ne pourrez plus avoir plus tard. D’autres ont aussi sorti des unreleased verses de ces deux-là, mais les couplets sur 8 ont été réalisés juste avant leur mort. Prodigy l’a fait genre un mois avant. C’est l’une des dernières fois qu’il a rappé sur un disque, vous voyez ?

Tu viens de rappeler que tu as récemment signé avec Roc Nation : cela change-t-il quelque chose dans ton travail concrètement ?

Non pas du tout, il veulent juste que je fasse ce qui me ressemble, et juste l’amener à un autre niveau. C’est ça, leur boulot. Ils sont très compréhensifs sur la façon dont je sample par exemple. Tout doit juste être un peu plus carré qu’avant au niveau légal et paperasse, je respecte un peu plus les règles…

Quelle est la différence entre produire un album à toi (comme ce dernier) et produire un album collaboratif avec un seul rappeur(comme tu as pu le faire avec Action Bronson, Termanalogy ou Freddie Gibbs) ?

Sur mes albums, c’est ma vision qui prime, donc j’ai un contrôle total, tandis que sur les prods pour autrui, au bout du compte les rappeurs peuvent faire ou demander ce qu’ils veulent, même si j’essaie de contrôler au maximum le résultat final. Quant aux albums collaboratifs, j’aimerais bien en faire plus souvent pour être honnête. Mais c’est ce que j’ai fait avec 2 Chainz, moi et Joey on va aussi faire un truc, avec Bun B on veut faire un truc depuis des années, pareil pour Styles P, j’aimerais aussi faire tout un album avec The LOX, ce serait fou.

Donc le projet avec 2 Chainz sort l’an prochain ?

Il a été fait il y a plus d’un an, je n’ai plus qu’à attendre. Il voulait d’abord sortir Pretty Girls Like Trap Music pour s’approprier ce son-là, mais celui qu’il a enregistré avec moi est purement hip-hop, les gens vont être soufflés. Les gens ne comprennent pas que ce truc est déjà fini, ils n’arrêtent pas de dire “oh ils travaillent dessus” mais non, le truc est là, fini.

Le Conway est fou !

© Antoine Bosque

Tu écoutes quoi sinon en ce moment sinon ?

Plutôt des trucs qui ne sont pas encore sortis : l’album de Conway est fou, il s’appelle GOAT mais pour Grimiest Of All Time. Comme je vous l’ai déjà dit, le 2 Chainz est dingue aussi, tout comme le prochain album de Nas.

Attends, quoi ?! Tu as bossé sur le prochain Nas ?

Je ne peux pas en parler. Je peux juste qu’on a fait des morceaux ensemble récemment. Il a des centaines de chansons enregistrées pour cet album, il cherche juste celles qu’il va utiliser. J’ai notamment fait un titre avec Nas et Fashawn qui est énorme. Je ne peux pas en parler, mais bon on l’avait posté sur un story Instagram donc…

Tu es à l’aise avec l’ère du streaming dans laquelle nous vivons ?

Non, je dois l’accepter mais je déteste ça. La façon dont on compte maintenant les ventes d’albums avec les streams est scandaleuse. Si un mec fait un hit avec un single, cela va être comptabilisé dans les ventes de l’album, mais ce n’est pas comme ça qu’un album fonctionne normalement. Ce n’est pas parce qu’un single est quatre fois disque de platine que l’album l’est aussi, et pourtant c’est ce qu’il se passe aujourd’hui. Ce n’est pas juste pour tous les artistes qui ne cherchent pas à faire de hits mais des albums de qualité et originaux. C’est génial que des mecs comme Kendrick fassent des albums de platine, mais ça me fait mal d’en voir d’autres faire la même chose seulement grâce à un tube. Même pour un gars comme Joey, ce n’est pas juste, son dernier album a généré 50 000 vraies ventes la première semaine, tandis qu’un gars comme Lil Yachty a fait plus que ça juste parce que son single est streamé des millions de fois. C’est nul, je n’aime pas ça.

Tu es déçu, du coup, que Joey Bada$$ n’ait pas été nommé aux Grammy Awards ?

Bien sûr j’aurais adoré que Joey soit nommé, mais c’est pour A Tribe Called Quest que je suis le plus déçu. C’est du vol. Ils avaient joué l’an dernier aux Grammy mais leur album était sorti trop tard pour être considéré, mais il y avait une sorte de pacte implicite : « cette année vous performez, et l’an prochain on vous met bien ». Mais c’est sûrement une histoire de « loin des yeux loin du cœur ». Leur album étant sorti il y a longtemps, il n’était plus dans les discussions du moment. Ils ne l’ont pas promu depuis un petit moment, à part quelques concerts. Je fais partie du jury des Grammy (je ne devrais pas le dire non plus) et j’ai voté pour eux.

« Black Thought devrait être dans le Top 3 de tout le monde »

Quel est l’artiste qui t’a le plus impressionné en cabine dans ta carrière ?

Black Thought, et de loin. Il fait tout en une prise sans aucun défaut. Il devrait être dans le Top 3 de tout le monde. Même des gars comme Jay-Z, Eminem ou Kendrick ne voudraient pas l’affronter. Ils vous diraient tous que Black Thought est un vrai problème. Tout le monde sait qu’il est très respecté dans le game, mais j’ai l’impression qu’il n’apparaît pas assez sur les listes des gens.

Il devrait peut-être sortir un album solo pour être vraiment reconnu…

On en parle depuis des années… En réalité, il en a fait un avec un autre producteur, mais je ne peux pas en parler… mais oui, j’aimerais bien faire ça pour lui en premier.

Pour terminer, tu as produit un morceau pour Disiz La Peste (« Toussa Toussa ») il y a quelques années. Tu connais quelques trucs en rap français ou non ?

Non, désolé, j’avoue que c’est à peu près tout ce que je connais. Je ne le comprends pas, donc c’est dur pour moi de m’y intéresser vraiment.

8, le nouvel album de Statik Selektah est désormais disponible en vinyle ainsi que sur toutes les plateformes de streaming.

Hugo Ferrandis

Préfère les obscures vidéos YouTube de studio et making of d'albums aux séries Netflix. Attend désespérément un album solo d'André 3000.

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