Les 10 meilleurs albums Hip-Hop de 2017, jusqu’ici
Après une folle année 2016, on avait un peu peur que cette année 2017 fasse pâle figure en comparaison. Et ce n’est pas les premières semaines de l’année qui nous rassurèrent, avec quasiment aucune sortie digne de ce nom, jusqu’au I Decided de Big Sean, début février. À partir de là, les choses se sont emballées avec des releases plus intéressantes, que ce soit de la part de superstars du rap (Kendrick Lamar, Drake), d’artistes confirmés (Logic, Joey Bada$$) ou de jeunes espoirs en pleine explosion. Alors que les six premiers mois de 2017 viennent à peine de s’écouler, nous avons ainsi voulu dresser un premier bilan des meilleures sorties hip-hop (rap US mais aussi canadien et UK), en mélangeant pour la premières fois albums et mixtapes, alors que la frontière entre ces deux formats est plus floue que jamais. Après notre top albums rap en français de 2017, voici donc (selon nous) les 10 meilleurs albums hip-hop de 2017, jusqu’ici.
[Update du 22/12/2017 : Ne manquez pas également notre sélection définitive des meilleurs albums rap US de 2017]
Les 10 meilleurs albums Hip-Hop de 2017 (part. I)
Jonwayne – Rap Album Two
Label : Authors / The Order | Sortie : 17 février
Avec ce nouvel opus, Jonwayne pose une pierre de plus à l’édifice musical qu’il construit. Conscient ou non de cette démarche, il livre avec Rap Album Two un album au titre aussi sobre que son auteur où l’introspection est de mise et la science du beat aussi pure que les lyrics. Celui qui débarque sur scène pieds nus et a enthousiasmé la Bellevilloise en mars dernier a donc donné une suite à Rap Album One, lâché un recueil de poèmes (à sortir) et simplement positionné son dernier projet au Panthéon des meilleurs projets rap de cette année. S’il est trop tôt pour savoir si la porte lui sera toujours ouverte en fin d’année, il est certain qu’il ne manque pas d’arguments, de rimes, de poésie, de productions millimétrés et d’une salvatrice introspection qui n’a laissé personne insensible. Sillons à user d’urgence si la chance de tomber sur cet opus ne vous a pas encore souri.
J.I.D – The Never Story
Label : Interscope Records | Sortie : 10 mars
Peut-être le projet le moins connu de cette sélection. Il suffit pourtant d’une écoute de The Never Story pour comprendre pourquoi J. Cole a choisi de signer J.I.D sur son label Dreamville. Bien qu’il soit originaire d’Atlanta, ce dernier a plutôt tendance à s’écarter de la grosse trap et des couches d’Auto-Tune. Ce fondu de hip-hop s’attache davantage au « lyricisme », sans pour autant oublier de faire jumper son public (comme sur « Never » ou « Lauder ») sur des thèmes universels : les filles, la famille et les potes. C’est donc flagrant au premier coup d’oreille, le gars sait rapper. Avec son flow protéiforme, il s’adapte sans souci à tous les différents styles qu’il explore sur The Never Story. Un album qui donne très envie d’en découvrir davantage sur le dernier protégé de Cole, qui l’accompagne d’ailleurs sur le très bon « D/vision ».
Smino – blkswn
Label : Zero Fatigue LLC | Sortie : 14 mars
Si Chicago a indubitablement une place particulière dans l’histoire du hip-hop et offre une scène incroyablement vivante dont la dernière génération fait plus qu’honneur à cette réputation, Smino a sa part de responsabilité. En livrant blkswn, son premier album, le kid de la Windy City offre au hip-hop de sa ville une nouvelle galette de grande qualité. Adossé à des beats smooth à souhait, accompagné par les talents à éclore du coin (on pense notamment à Ravyn Lenae) et les producteurs à la patte affûtée dont Monte Booker ou theMIND sont les porte-drapeaux, cet opus est l’un des délices qu’on écoute comme une valeur refuge quand on manque d’inspiration ou qu’on n’a pas l’oreille à la nouveauté. Tout le monde sait ce que l’on veut dire… si vous n’avez pas encore écouté cette pépite, on est ravi de vous y inciter. Dans le cas contraire, il est toujours possible de contester sa place dans notre top mais il faudra des arguments solides. Plus sérieusement, le projet met en avant beaucoup de musicalité (Monte Booker oblige…), d’inspirations soul et de beats travaillés avec talent, quand ce ne sont pas les lyrics qui viennent taquiner les oreilles des plus attentifs. Smino signe clairement un joli coup qui donne envie d’en savoir plus et d’être d’autant plus attentifs à ses prochaines propositions.
GoldLink – At What Cost
Label : RCA Records | Sortie : 24 mars
Quatre mots pour résumer At What Cost : album de l’été. Avec son dernier projet, GoldLink confirme en effet tous les espoirs placés en lui, continuant d’embrasser sa « future bounce » avant-gardiste avec talent. Mis sur orbite par les petits surdoués Kaytranada, Steve Lacy, Teddy Walton ou encore son producteur in-house Louie Lastic, le fier représentant de Washington D.C. enchaîne les tubes plus jouissifs les uns que les autres (« Crew », « Meditation », « Summatime », « Pray Everyday »…), sans pour autant laisser de côté le fond du discours. De ce fait, il blinde cordialement nos playlists summer/barbecue depuis des semaines, sans que l’on s’en lasse. Encore beaucoup trop ignoré par les médias, on se dit qu’à un moment, il va vraiment falloir arrêter de passer à côté de ce gars-là…
Joey Bada$$ – ALL-AMERIKKKAN BADA$$
Label : Cinematic Music Group | Sortie : 7 avril
Le second album est souvent un tournant dans la carrière d’un artiste. Plus de deux ans après B4.DA.$$, la figure de proue du collectif Pro Era a brillamment transformé l’essai. Une production soignée en grande partie par Kirk Knight, mais aussi DJ Khalil et le toujours très respecté Statik Selektah. Un featuring remarqué avec le boss de Dreamville Records J. Cole, des sonorités plus solaires que par le passé (« Devastated« , « Temptation ») mais aussi un des bangers de l’année avec le sensationnel « Rockabye Baby », en compagnie de ScHoolboy Q. Profondément ancré dans la culture East Coast, contestataire, il est déjà considéré par certains comme le nouveau king de New York. On peut dire qu’il en prend doucement le chemin…
Kendrick Lamar – DAMN.
Label : Top Dawg Entertainment | Sortie : 14 avril
Voir un opus de King Kendrick parmi les meilleurs projets d’une année ou d’une demi-exercice est une constante depuis 2013 (au moins). Sauf que là, seulement deux ans après un monstrueux et classique To Pimp A Butterfly, présenter un nouveau projet relève d’un risque qui a souvent amorcé la déchéance de la carrière de bien des artistes. Kendrick Lamar a montré qu’il était au-dessus de ça. Si TPAB se faisait le relais d’un message politique et d’une rupture musicale frôlant le génie, DAMN. offre à Kung-Fu Kenny l’occasion de se montrer sous des inspirations christiques, de pousser son art et l’expérience de ses auditeurs un peu plus loin : en lâchant des morceaux puissants, visuels, aux messages personnels évidents, aux productions encore renouvelées, et accompagnés pour certains (« DNA.« , « ELEMENT. » ou « HUMBLE.« ) de clips magnifiques, où Lamar est le roi. Il le dit. Il est dur de le contredire.
Logic – Everybody
Label : Def Jam Recordings | Sortie : 5 mai
« AfricAryaN ». Tel était le nom que Logic, le rappeur star originaire du Maryland, avait choisi pour son troisième album. Suite à l’énorme controverse générée par ce néologisme osé, le projet sortira sous le nom d’Everybody. Mais hors de question pour son auteur d’abandonner pour autant le message qu’il souhaitait véhiculer avec ce titre représentant son métissage, lui qui est né d’un père noir et d’une mère blanche. Un métissage qu’on comprend être un sacré fardeaux, à mesure que l’on avance dans cet album dense et magnifiquement produit. Bien porté par le single éponyme et le bon-enfant « Black Spiderman », Everybody est un digne successeur de l’excellent The Incredible Story. Un album dont il prolonge d’ailleurs certains procédés tels que la double narration via une série d’interludes mettant en scène Adam, un jeune père de famille qui meurt d’un accident à la fin de ce morceau et dont nous suivrons un intense et tordant dialogue avec Dieu tout au long de l’album. Si une partie de la critique n’aura pas épargné ce nouvel album de Logic pour son côté naïf et « sur-enthousiaste », il ne fait pour nous aucun doute que cet opus mérite amplement sa place dans notre sélection de mi-année.
Jay Prince – Late Summers
Label : Cosa Nostra Music | Sortie : 2 juin
Quatre EP en quatre ans. Le rythme est bon pour le rappeur de l’East London. Les attentifs verront un double sens dans cette phrase. Ils ont raison. Jay Prince aime la musique, sait en faire et sait attirer à lui des artistes en devenir (Aminé sur « Vice » notamment). Difficile de savoir si la portée de Late Summers dépassera l’été ou s’il sera encore mentionné quand les longues soirées ensoleillées seront de jolis souvenirs. Pour le moment, l’écoute de cet EP de 11 tracks est l’un des meilleurs traitements qu’on puisse recommander pour accompagner un apéro ou de belles soirées blindées de promesses. Drills, messages positifs, chillance et bons moments sont au menu de cet opus qui, s’il a une construction bien différente (et plus homogène) que sa release précédente (Smile Good), est un indispensable de cette première moitié de 2017.
Vince Staples – Big Fish Theory
Label : Def Jam Recordings | Sortie : 23 juin 2017
Alors qu’il nous avait gratifié d’un EP court mais diablement solide en août dernier, Vince Staples a signé son retour à la veille d’un été qui s’annonce encore une fois bouillant pour le jeune rappeur de Long Beach. Avec Big Fish Theory, Staples prouve une fois de plus sa volonté de faire sortir le rap de sa zone de confort. Alors que la majorité des gros carnassiers du moment nagent dans la facilité procurée par la trap, Vince poursuit sa course en eaux étrangères en donnant à ce nouvel album un accent résolument électronique, parfois même techno. Pas un hasard si on retrouve d’ailleurs à la production des cadors de du genre tels que Sophie ou Flume, avec lequel Vince avait déjà collaboré par le passé. A l’aise comme un poisson dans l’eau dans ces pérégrinations expérimentales, Vince Staples fera cette année encore la bande son glaciale de nos après-midi de canicule.
JAY-Z – 4:44
Label : Roc Nation | Sortie : 30 juin 2017
Après quelques débats internes, on a finalement décidé d’intégrer 4:44 à cette sélection. Dernière sortie en date, le nouvel album (son treizième) de Jay-Z est une très bonne surprise. Alors que l’on s’attendait à un énième blockbuster taillé pour les radios, la légende de Brooklyn a pris tout le monde à contre-pied en livrant un projet très personnel, minimaliste et élégant. Entièrement produit par un No I.D. au sommet de son art, 4:44 voit Shawn Carter se dévoiler comme jamais, évoquant avec sincérité son rôle de père, son infidélité ou encore sa vision du game actuel. Toujours aussi incisif malgré ses 47 ans, Hova a rappelé à tout le monde qu’il était toujours le patron. Entendre sa voix sur des instrus construites à base de samples (fait finalement devenu assez rare) suffit à notre bonheur. Long live Hov !
Mentions honorables : The Icerberg d’Oddisee, More Life de Drake, I Decided de Big Sean, All The Beauty in this Whole Life de Brother Ali, Rosebudd’s Revenge de Roc Marciano, You Only Live 2wice de Freddie Gibbs, Packs de Your Old Droog ou encore Return of The Cool de Nick Grant.
Et parce que toute sélection mérite d’être complétée et « challengée », n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et découvertes en commentaires de l’article.