Evil Needle, aventurier en terres Future Beat

Evil Needle, aventurier en terres Future Beat

Pionnier du mouvement Future Beat, le français Evil Needle rejoint le navire Soulection juste avant qu’il ne lève l’ancre dans une crique de Los Angeles. Depuis, le collectif est devenu un programme iconique sur Beats Radio 1, et un label plébiscité par cinq cent milliers d’auditeurs. Quant à lui, Evil Needle hisse les voiles, et produit 7 longs formats entre 2011 et 2017. Le calcul est vite fait.

Navigant sous différents pavillons au gré de la houle numérique, l’artiste revient en 2017 chez HW&W avec Abyssal, un album plus club que jamais. À ce même moment, notre webzine s’associe à Clear Waters pour créer LIQUIDZ, un rendez-vous exclusivement dédié à la Beat Music. Quoi de plus naturel que d’inviter ce vieux loup de mer à notre première soirée ce vendredi 8 décembre à Petit Bain ?

À la veille d’un événement qui s’annonce épique pour tous les amateurs de sonorités entre hip-hop et musique électronique, nous tenions à présenter cet artiste emblématique du genre. Portrait après avoir échangé avec l’intéressé sur son parcours, ses méthodes de production, les producteurs phares des années 2000, ou encore l’actualité du courant Beat Music et le lien privilégié qu’il entretient avec le hip-hop.

Né à Berlin de parents franco-germaniques, Evil Needle débarque en France en 1998. Grande année pour le football français, moment plus complexe pour Florian Schoch. À l’école, l’ancien berlinois est rétrogradé en 3ème alors qu’il vient de passer en seconde. De son enfance à l’étranger, il garde une ouverture sur le monde et un fort éclectisme culturel. Naturellement, il tend l’oreille vers les États-Unis, « là où les choses se passent ».

Bande originale de ses 90’s, le Wu-Tang l’introduit à la musique, et lui ouvre la voie vers le DJing. À l’époque, Internet n’est que balbutiant, et il note sur papier les chansons qui passent à la radio. Finalement, il se tourne vers la production, et le clavier électrique devient son meilleur allié. Point de départ de chaque titre, le groove du synthétiseur Rhodes s’impose comme l’essence du fameux « Needle sound ».

Son style, il le définit lui-même comme une forme évoluée de hip-hop. D’abord teinté de néo-soul, puis influencé par la house et la trap à partir des années 2000. « Les caisses claires qui tapent fort, ça reste l’esprit hip-hop. » Jaloux du swing des Neptunes et disciple de J Dilla bien avant sa mort, Evil Needle s’inspire de la crème. « Dans un album, les meilleurs titres étaient presque toujours ceux produits par Jay Dee, il n’y a qu’ à regarder chez A Tribe Called Quest« .

Mélodique et urbaine, sa touche pique la curiosité de Joe Kay. Le fondateur du collectif Soulection le contacte dès 2010 pour lui exposer ce qui n’est alors qu’un projet embryonnaire : « un show radio couplé à un label ». Ainsi, son premier album Mood pose une des pierres angulaires du futur géant Soulection. N’étant pas lié par un contrat exclusif, Evil Needle sort ensuite plusieurs œuvres chez HW&W, ainsi que chez Darker Than Wax, sur les conseils de l’australien Ta-Ku.

Parmi ses plus grands faits d’armes, on retient l’album Reminisce, sorti en 2015 chez HW&W et Ultra Records, qui sert d’écrin au sublime « Heaven In Hell », l’EP Homeworks et son single à tomber « Red and Simple », ainsi que Constructive Interference, un EP conçu avec son ami Sivey de Manchester. L’alchimie entre les deux producteurs a marqué Evil Needle, à tel point que cet EP est l’un de ses meilleurs souvenirs.

En 2017, notre rôle principal revient avec Abyssal, un septième album résolument plus club. « Quand j’ai débuté le live, j’ai compris que plusieurs de mes sons n’étaient pas adaptés à ce type d’ambiances ». Un constat qui l’a poussé à se mettre à jour, même s’il reste à la fois DJ et producteur. « Mis à part Kaytranada et Sam Gellaitry peu d’artistes peuvent jouer uniquement leurs titres. » Fidèle à ses acolytes, Evil Needle fait d’ailleurs l’éloge du producteur montréalais, dont la recette a su séduire le grand public.

Bien qu’il n’ait plus les deux oreilles rivées vers le rap, Evil Needle y reste évidement très sensible. Quelques indices le dévoilent, comme le morceau « Hate It Or Love It » sur l’excellent Cirrostratus, qui fait la nique à The Game et 50 Cent. Mieux, l’artiste s’est surpris à produire pour The Jacka, membre des légendaires Mob Figaz d’Oakland. Dernier acte à ce jour : Vicelow. Notre producteur vedette a en effet pris part à un nouveau disque, que prépare actuellement l’ex-membre du Saïan Supa Crew.

Toujours à l’écoute des tendances et désireux de partager son savoir, Evil Needle a été l’un des  premiers producteurs à offrir puis à mettre en vente ses fameux « drums kits », ces packs de sons destinés aux producteurs. « Les gens me demandaient comment je faisais mes drums, je me suis dit que ça serait sympa de mettre un kit à leur disposition. À l’époque, il n’y avait qu’Illmind et 9th Wonder qui faisaient ça. »

Lorsqu’on lui parle de Future Beat, le berlinois exilé en Alsace se réjouit que le rap popularise désormais ce genre dans le monde entier. Malgré un public encore confidentiel en France, et quelques amalgames qu’il déplore sans pouvoir blâmer. Ce style est selon lui à distinguer de la future bass, « plus électronique », et de la trap, « plus dure ». Dans l’hexagone, Phazz et Stwo sont à ses yeux les ambassadeurs de ce mouvement, avec toute l’écurie Nowadays.

De quoi alimenter le débat sur les prochaines têtes d’affiches de nos soirées LIQUIDZ. D’ici, là, The BackPackerz et nos amis Clear Waters vous convient à notre grande première avec Evil Needle ce vendredi 8 décembre à Petit Bain. En amuse-bouche, écoutez la playlist exclusive que l’artiste a concoctée pour The BackPackerz. Tous les détails de la soirée sont à retrouver sur l’événement Facebook. À vendredi !

Les pré-ventes sont disponibles ici : Weezevent | Digitick | Resident Advisor

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