Avec Vald, rien n’est jamais vraiment arrêté. On le sait plein d’humour et facile quand il s‘agit de dégainer de la punchline. A cet égard, XEU ne fait pas exception. Mais ce premier degré assumé cache autre chose, une certaine dureté, une impression de colère et de révolte qui semble le consumer et qu’il tente de camoufler sous des airs bravaches et de l’autodérision.
L’un des thèmes récurrents de XEU, c’est l’argent dont il parle comme un « Primitif ». S’il est aussi cash, c’est parce qu’il assume parfaitement son ambition. De l’argent, il veut en faire et la seule façon, c’est de réussir, espérant par là même que les plus de 120 000 copies écoulées de son premier opus ne seront que la première pierre d’un empire qu’il compte bien bâtir. XEU doit donc être le deuxième étage de la fusée, celui qui doit lui permettre d’aller encore plus haut. Car derrière la grande gueule, les bons mots, la vulgarité et le côté hardcore, il y a une vraie réflexion et plus surprenant, un vrai gros doute. Si on passe le premier degré pour aller chercher plus loin dans les rimes du rappeur, on tombe sur un mec pas toujours bien, parfois en colère ou désabusé car Vald, s’il sait jouer de son personnage, semble pourtant parfois torturé entre con côté ange et son côté démon et avoir du mal à choisir la bonne direction. S’il recherche le chemin qui mène à la lumière, il se fait facilement happer par le côté obscur (« Seum », « Réflexions basses »). D’ailleurs, il le dit lui-même : « j’aimerais tant faire la paix avec toi, avec moi ». Parfois, cela va même plus loin et Vald se sent alors « Possédé ». Dans ce cas-là, il n’y a pas beaucoup de choses à faire, tant son côté sombre prend toute la place et il l’exprime alors à travers des punchlines qui sont autant de conneries à faire ou à dire. Quand il est dans cet état, Vald n’a plus de limites et devient « un démon sans morale ».
Plusieurs personnalités
Attention, le rappeur est parfaitement conscient de la situation. Il sait qu’il possède des personnalités multiples ce qui le pousse à douter de lui. Exemple dans le titre « Chépakichui » où il parle même de « vesqui le suicide » preuve que son côté sombre peut l’entraîner très loin. Du coup, on le sent parfois perdu et à la recherche de sa « vraie » personnalité qui semble éparpillée entre toutes les autres, nombreuses et variées. Ce qui semble certain, c’est que Vald possède bien un certain mal-être, que ce soit avec lui-même, avec les femmes, avec les autres ou avec le rap. Il l’avoue d’ailleurs dans un morceau au titre évocateur, « Désaccordé » quand il explique : « Je suis plus qu’un esprit simple ». Vald s’appuie sur toutes ses personnalités pour avancer même si on a parfois l’impression qu’il aimerait bien un peu plus d’unité au sein de sa propre tête. Il faut dire qu’une telle situation ne doit pas être évidente à vivre. D’ailleurs, dans « Réflexions basses », il avoue carrément : « je suis mal dans ma peau » ajoutant « mes démons se sont multipliés » et qu’il se « prend la tête pour des futilités ». C’est aussi pour cela que pour lui, tout est un peu « Gris » : rien n’est jamais tout blanc, rien n’est jamais tout noir, ce n’est pas aussi simple. Y compris avec un autre thème important du disque, la célébrité que Vald semble parfois regretter, tout du moins ses mauvais côtés tant il aime malgré tout être un entertainer. Quand il réussit à remplir au mieux cette mission, c’est peut-être là où il est le plus content car il aime l’aspect ludique de sa fonction de rappeur. Il a alors plaisir à faire ce qu’il fait, à être ce qu’il est. Il a plus du mal encore une fois avec les à-côtés plus sombres, la solitude, l’isolement par exemple. « Faut que j’arrête de cer-per parce que ça m’isole », écrit-il dans Offshore. « Devenir connu, un mauvais plan » résume-t-il dans « Réflexions basses ». Et puis, la célébrité fausse certainement ses relations avec les autres, notamment avec les femmes. Là encore, le doute affleure, sont-elles intéressées par lui ou par son aura ? Il ne semble pas avoir de certitude et la question reste en suspens.
Finalement pour Vald, le plus dur à gérer sans doute, c’est de ne jamais être assez bien pour personne et de conclure, c’est « l’enfer qui t’attend, trop de pression à gérer ». Réussissant parfois à être positif, Vald parsème aussi ses titres de références politiques et sociales assez inattendues chez un rappeur avec son style fait de punchlines acerbes et de bons mots. Enrobé de prods assez dépouillées à forte tendance électro. Xeu, un autre mot pour désigner un cachet d’ecstasy, cache aussi beaucoup d’humour et d’autodérision et se laisse gober facilement…