J.I.D, la dernière pépite de Dreamville Records est parée au décollage
Le fait que vous entendiez parler de J.I.D pour la première fois n’est pas vraiment surprenant. Et si vos qualités de digger (et/ou la chance) ont déjà mis ce talent sur votre route, ça ne vous surprendra pas qu’on prenne la plume pour parler du dernier signee de chez Dreamville Records, le label « All-Star » de J.Cole.
Enfin « All Star », disons que s’ils n’ont pas encore vendu autant d’albums que Kendrick ou Drake, on sent que le recrutement de J. Cole est soigné et que les talents détectés ont déjà une carte de visite à présenter. Comme pour d’autres artistes du label (on pense notamment à Bas), les racines de J.I.D se trouvent éloignées de la Caroline du Nord.
Il faut croire que Cole sait ratisser large et dégoter des perles rares qui ne peuvent que participer à adouber son rôle de dénicheur de talents. J.I.D, le MC originaire d’Atlanta, est donc de ceux-là et sa prose ne devrait pas tarder à taquiner les oreilles des profanes du hi- hop. Aucune condescendance dans cette observation, juste un parti pris ou un pari qu’on accepte de relever. Dans le même temps, à écouter le dernier projet commis par ce nouvel arrivant dans le rap game, il paraît assumer un risque limité tant le projet est bon.
Faites l’effort de prêter votre attention (même distraite) sur The Never Story : quel bonheur que celui de découvrir un artiste comme ça, juste en caressant d’une oreille son premier opus et de se sentir happé par une pépite d’une telle pureté. Les lauriers sont tressés mais c’est aussi pour souligner la surprise et le plaisir que procurent l’écoute du premier LP de J.I.D.
J.I.D – « NEVER »
The Never Story est l’album d’un MC, d’un fondu de hip-hop qui multiplie les références à ceux qui lui ont inspiré sa vocation. Et quand on sait qu’il s’agit du Wu-Tang, de Little Dragon, de D’Angelo ou de Sly and The Family Stone, on retrouve forcément ces ascendances dans cet opus. Quand, sur l’album de 12 tracks d’un artiste émergent, on ne dénombre aucune fausse note, on pourra toujours dire qu’il est un peu plus expérimenté que d’autres (25 ans) mais surtout qu’on tient un artiste à suivre.
Dire que J.I.D est un rookie est quand même un abus de langage : voilà déjà quelques années qu’il fricote avec d’autres artistes inspirés de la scène d’Atlanta : Earthgang (« D/vision ») et qu’il a même été crédité sur la dernière release de leur collectif Spillage Village (sur au moins 3 morceaux). Il est d’ailleurs amusant de remarquer que quand J. Cole pose ses valises quelque part, il prend bien le temps d’explorer la scène locale quitte à y laisser une trace artistique puisqu’on se rappelle que le titre phare de cet LP était une reprise de « Can’t Call It » où il lâchait ses mesures entouré de Bas et d’autres membres du collectif d’Atlanta.
J.I.D – « D/vision »
Ce qui est surprenant et intéressant et, à notre sens, réussi dans ce premier opus, c’est que J.I.D n’hésite pas à explorer différents styles, à y varier son flow et sa diction, preuve d’une belle souplesse technique et d’une musicalité à fleur de peau. Comme s’il contait à l’auditeur sa passion pour la musique et les morceaux et artistes qui l’ont inspiré. Entre le doux et romantique « All Bad » où il est accompagné de la voix suave de Mereba et le track suivant « Underwear » beaucoup plus rappé et léger, le grand écart qu’il réalise fonctionne à merveille et parvient à emporter l’auditeur même après de nombreuses écoutes.
J.I.D – « Underwear »
La voie du succès, de la reconnaissance et de la popularité est impénétrable ou, à défaut, extrêmement capricieuse. De plus, l’histoire de la musique est faite de succès éphémères. Aussi, il est difficile de présager de ce que seront la carrière de J.I.D et de ce bel opus. Une chose est sûre pourtant : un succès, ça se construit, et en signant chez Dreamville Records qui a permis de mettre en avant son talent, en sortant un projet de cette qualité qu’on vous recommande chaudement et avec un alignement des planètes favorables, J.I.D a le profil de celui qui pourrait enthousiasmer un large panel d’hip-hop heads et même quelques programmateurs de radio un peu audacieux. Les sceptiques pourront se brancher sur le single « NEVER », poursuivre leur balade avec « Hereditary » ou « Somebody » et se chauffer sur « LAUDER ».
En attendant, à partir de maintenant, on cale un œil attentif sur cet artiste capable de belles choses et dont on pense qu’il pourrait ravir à nouveau nos oreilles. Une chose commence à se dessiner en tout cas : nous devrions réfléchir à la rédaction à cette scène d’Atlanta qui justifierait un joli dossier sur ses nouveaux talents… wait and see!