Tupac Amaru Shakur. Il était temps qu’un livre soit écrit en France sur lui. Maxime Delcourt, journaliste indépendant et écrivain, publie aux éditions Le Mot Et Le Reste, Me Against The World. L’oeuvre de celui qu’on appelait aussi Makaveli sera analysée dans sa globalité, en déterminant son influence dans le Gangsta Rap, sa mère Afeni Shakur (qui a perdu la vie il y a quelques mois), ainsi que le label Death Row Records. Entretien avec son auteur.
The BackPackerz : Peux-tu nous présenter un peu ton parcours?
Maxime Delcourt : A la base, je viens de Lille. J’ai donc commencé par écrire pour des médias lillois. En 2011, j’ai commencé à faire des piges pour Les Inrocks, et à partir de là il y a eu Brain Magazine, New Noise, Slate. Plusieurs médias qui m’ont vraiment permis d’écrire sur différents sujets, car j’aime par exemple autant le Rock, le Hip-Hop, la Pop et l’Electro. En ce moment, j’écris plus sur le Hip-Hop car les médias sont très demandeurs. Il y a actuellement un vrai intérêt pour le Hip-Hop. Sinon, cela fait maintenant 2 années que je collabore avec Le Mot Et Le Reste (également éditeur du livre Regarde ta Jeunesse dans les yeux). 2Pac, c’était vraiment l’occasion d’écrire sur un sujet qui me plait car si je dois remonter à l’adolescence, c’est le premier artiste que j’ai écouté. J’ai une réelle passion pour lui.
Quand tu parles d’écrire sur différents sujets, j’ai vu que tu as écrit sur des artistes aussi différents que Kanye West, Miles Davis, Arcade Fire, Ry X mais aussi sur la chanson française. Comment s’est faite ton entrée dans le monde du Hip-Hop ?
Je suis très éclectique dans mes goûts, mais je viens du Hip-Hop. Le premier artiste que j’ai vraiment aimé, c’est 2Pac. De 13 à 18 ans, je n’écoutais que ça. J’avais une culture Pop ou chanson française par mes parents ou mon frère, mais ça a toujours été le Hip-Hop avant tout. J’ai d’abord écrit sur l’Indie Rock, la Pop ou l’Electro. Concernant le Hip-Hop, je n’avais pas les médias pour m’exprimer. Cela fait maintenant 2-3 ans que je peux vraiment écrire tout ce qui me passe par la tête niveau Hip-Hop, ça me permet aussi d’assouvir mes premières passions (rires) !
Avant ce livre, tu as écris Free Jazz. Un livre qui revenait sur l’avènement de cette approche du Jazz qui tendait à s’émanciper des nombreux codes inhérents au genre. Quel regard portes-tu sur le succès qu’a connu le disque The Epic, de Kamasi Washington, sorti l’année dernière ?
Une excellente nouvelle ! Cela montre que le Free Jazz n’est pas une musique d’intellos et que le Jazz, dans sa globalité, n’est pas une musique de vieux. Il y a tout un passé, toute une histoire dans cette musique… Et la manière dont Kamasi Washington l’ouvre à des styles musicaux comme le Hip-Hop, je trouve cela hyper intéressant. Le fait qu’il collabore aussi avec des artistes comme Kendrick Lamar, c’est hyper important pour montrer que le Jazz, avec ce que font aujourd’hui des gars comme Flying Lotus, est une musique qui continue d’évoluer. Il y a encore plein de choses à montrer. Aussi, il y a un vrai héritage Afro-américain dans cette musique, qui est très intéressant.
Qu’est ce qui t’a donné envie d’écrire ce livre ?
La première raison, c’est qu’en toute objectivité, 2Pac est la figure centrale du Rap. Je ne dis pas qu’il est le meilleur rappeur de tous les temps, mais c’est la figure centrale du Rap. Bizarrement, il n’y a pas de livres sur lui en France. Les seuls livres disponibles en français sont des traductions issues des USA. La plupart du temps sur les scandales ayant émaillé sa vie et les différentes théories autour de sa mort. Mais rien sur son oeuvre. Je trouvais cela assez fou sur un tel rappeur, aussi influent. On ne parle jamais de son oeuvre alors que 2Pac était un acharné de travail, qui a enregistré des tonnes de morceaux. Mon idée, est vraiment de replonger dans son oeuvre, ses films, retracer sa vie car c’est obligatoire, voir un peu comment ça se déroulait pour lui en studio, sur les plateaux, comprendre comment il travaillait. C’est vraiment ce qui m’a donné envie d’écrire ce bouquin. Je ne voulais pas me focaliser sur les théories qui existent autour de sa mort. Etant Lillois, je pense que je n’ai rien à apporter de plus sur le sujet (rires). Et puis, les scandales m’intéressent peu.
Tu étais fasciné et par sa carrière de rappeur/acteur et par son personnage, son militantisme.
Ce qui m’a vraiment plus chez 2Pac quand je l’ai découvert à l’adolescence, car je ne comprenais pas les paroles à l’époque, c’est vraiment son histoire. Son histoire me fascinait, l’héritage de sa mère, les Black Panthers, la mise au point du code Thug Life. Je trouvais ça hyper intéressant. Le Rap était reconnu comme mouvement engagé mais je trouve qu’il a amené le truc encore plus loin. C’est pas le seul, mais il a apporté le truc vraiment loin. Cela faisait beaucoup de poids à porter, il n’est decédé qu’a 25 ans, ce qui est très jeune, mais on a l’impression qu’il a vécu une vie d’un mec de 70 ans. L’héritage politique de 2Pac est de fait assez important. On parlait tout à l’heure du Free Jazz, s’il y a un lien entre ces deux livres, il est là : la volonté de défendre la cause noire aux USA ou à l’international. C’est quelque chose de très intéressant.
Il y a eu beaucoup de théories liées à sa mort. Laquelle te semble la plus crédible ?
C’est difficile à dire, car il y a toujours l’opinion personnelle. Je pense que plusieurs personnes sont impliquées dans ce crime. Suge Knight par exemple, il y est pour quelque chose. Il y a des preuves qui montrent qu’il pouvait être impliqué de près ou de loin. Je pense que la police est impliquée aussi. Déjà, le fait que des flics étaient employés comme gardes du corps chez Death Row, illégalement, couplé à celui que 2Pac n’était pas très aimé par les services de police… Si je devais croire une théorie, ce serait celle selon laquelle Suge Knight + services de police = mort de 2Pac. Suge avait trop à perdre dans cette histoire. 2Pac voulait quitter Death Row. Même s’ils étaient en bons termes, le fait de se retrouver sans le catalogue de 2Pac à disposition était très risqué pour son business. Et puis, tout le monde voulait quitter Death Row à cette époque. Cela n’engage que moi, mais je pense que c’est la théorie la plus crédible. Surtout lorsque l’on sait que le policier Russell Poole a été licencié parce qu’il creusait un peu trop dans cette affaire. Pourquoi licencier quelqu’un qui ne fait que son travail ? Et ce n’est pas le seul. Beaucoup ont reçu des menaces de mort ou autre. Il y a un réel intérêt à cacher la vérité dans cette histoire. Pourquoi ? je ne saurais pas réellement le dire.
Selon la légende, 2Pac est aussi l’auteur de cette citation funeste, lors de sa signature chez Death Row : « je sais que je vends mon âme au diable, mais je suis obligé de le faire ».
Tupac a dit ça. Mais il a aussi dit qu’il était fan de Death Row depuis longtemps. Après, entre ce qui est réel et ce qui constitue de la pub pour Death Row… L’idée de cette phrase, c’est qu’à force d’accumuler les procès et les conflits, 2Pac était en manque d’argent malgré les ventes de ses premiers albums. Suge Knight a su être convaincant. Le fait qu’il vienne le voir régulièrement en prison, le fait qu’il lui finance avant même sa signature sur le label le titre « Pour Out A Little Liquor ». En gros, dans un moment difficile pour 2Pac, Suge Knight a su se montrer présent, il a su mettre l’aspect financier en avant, et il a su étaler la réussite de son label. Cela a convaincu 2Pac. Après, 2Pac était un grand artiste mais il avait aussi la ferme volonté de gagner de l’argent, et pas seulement pour lui. C’est ce que je reprends dans le livre, il disait vouloir gagner de l’argent pour la communauté noire. C’est ce qu’il reprochait à des artistes comme Prince, Michael Jackson ou encore l’acteur Eddie Murphy. Avoir gagné de l’argent et ne pas l’avoir reversé dans les ghettos. Lui sait que, s’il veut aider le ghetto, il faut de l’argent. Faire ce sacrifice au nom de la cause.
Il savait très bien qu’il ne ferait pas toute sa carrière chez Death Row, il avait signé pour trois albums, mais il savait très bien dans quoi il mettait les pieds. Quand les médias lui posaient la question, il disait que tout était clean chez Death Row, alors que, bon, on connaît un peu l’envers du décor (rires).
Malgré tout ce qu’on pouvait lui reprocher, Suge Knight était populaire dans les ghettos.
Suge Knight, avec Death Row, a fait beaucoup de magouilles. Mais il était aussi très impliqué socialement. Il a par exemple créé des fêtes pour les mères célibataires, il achetait des centaines de dindes à Thanksgiving à ceux qui n’en avaient pas les moyens. Cela contribuait à crédibiliser son personnage auprès des populations défavorisées des USA. Aussi, même s’il ont trempé dans des affaires louches, Suge Knight et Death Row ont démontré un réel talent entre 1991 et 1996. Ils ont réellement dominé le Rap pendant cette période. C’était populaire tout en restant authentique.
Le label rival, Bad Boy Records, a réussi à durer dans le temps, lui.
P.Diddy a souvent dit que Bad Boys Records était né en suivant le modèle Death Row. Mais Diddy était un meilleur gestionnaire que Suge Knight. S’il n’était pas non plus tout blanc, il n’a jamais eu l’image sulfureuse que son rival de l’ouest a pu avoir. Suge Knight était vu comme un voyou, Diddy comme un businessman, à la Jay-Z aujourd’hui. Quelqu’un qui sait s’accrocher à plusieurs branches et qui réussit tout ce qu’il entreprend. Bad Boys a toujours eu une image un peu plus saine que Death Row et c’est peut-être ça qui leur a permis aussi de durer. Il n’y a pas eu chez Bad Boys tout ce qui a pu se tramer chez Death Row, comme les descentes de flics. Même Biggie, en soi, avait une image moins sulfureuse que 2Pac. Tout cela, couplé au talent de Diddy, a permis à ce label de durer dans le temps.
On a énormément parlé de la vie, de la mort et du mythe entourant 2Pac. Comment as-tu fait pour te démarquer de tout cela dans l’écriture de ton livre et ne pas tomber dans le déjà-vu ?
J’ai cherché à rentrer en contact avec pas mal de réalisateurs, producteurs ou rappeurs. Avoir un rappeur est très compliqué, puisqu’ils demandent tous de l’argent. Certains m’ont demandé 1500 dollars pour une interview, c’est complètement délirant. Ils savent qu’il y a un filon et ils tirent dessus (rires). Du coup, pour essayer de me démarquer, j’ai été à Los Angeles pendant l’écriture du bouquin. J’ai rencontré tous ceux que je cite dans les remerciements, comme Ernest Dickerson et Jim Kouf, qui ont réalisé Juice et Gang Related. J’ai pu rencontrer des journalistes comme Kevin Powell, qui prépare d’ailleurs un bouquin sur 2Pac qui devrait voir le jour en 2017 ou 2018. Je me suis procuré des articles des médias de l’époque, comme The Source ou Vibes, qui suivaient le parcours de 2Pac quand il était en vie pour avoir des infos. J’aurai aussi aimé pouvoir rencontrer sa famille mais malheureusement, sa mère est morte il y a quelques mois, pendant l’écriture du bouquin. Mopreme Shakur (le demi frère de 2Pac, ndlr) demandait aussi de l’argent pour une interview.
On a jamais trop lu d’interviews des personnes citées précédemment qui parlaient de 2Pac et je souhaitais amener un autre point de vue en les rencontrant. Ernest Dickerson me racontait par exemple une histoire qui cassait l’image Gangsta de 2Pac. Sur le tournage de Juice, alors qu’il commence à être célèbre, il y a toute une série de femmes qui assistent au tournage et 2Pac se décide d’aller les voir, puis, demander leur numéro. Les filles refusent. Lui, forcément habitué à ce qu’on lui dise oui, insiste. Toute l’équipe est morte de rire parce qu’il s’agissait en fait d’une bande de transsexuels et 2Pac ne le savait pas. Une des membres du staff l’avait soufflé à l’oreille d’Ernest Dickerson. Après coup, tout le monde était mort de rire sur le plateau, 2Pac aussi.
Cette image de lui, je n’aurai pas pu l’avoir si je n’avais pas été rencontrer quelqu’un comme Ernest Dickerson.
Concernant le militantisme de 2Pac. Tu penses que cela est dû à l’univers dans lequel il est né (sa mère, son beau père, et sa tante étaient Black Panthers…) ?
Le milieu dans lequel il a grandi a forcément favorisé son militantisme. A 12 ans, il écrivait déjà des pièces de théâtre très engagées pour son jeune âge. Il a toujours eu cette volonté d’aller dans ce terrain là. Il assistait chaque week-end aux meetings de sa mère, il prenait la parole. Une fois arrivé à Baltimore, il a monté des groupes politisés. Cela a toujours fait partie de lui et je pense qu’il ne pouvait pas concevoir d’avancer dans la vie sans conserver cet ancrage militant. C’est resté jusqu’au bout. Thug Life, c’est un peu le symbole de tout ça. Après, il y a des choses plus personnelles. Comme le fait qu’il passa toute une soirée à danser avec une vieille dame, qu’il se déplace en avion pour voir un enfant malade, quelques heures avant sa mort.
Sa conscience sociale était très poussée et il le doit effectivement en premier lieu à sa mère, Afeni, mais aussi à son beau père, Mutulu Shakur qui a eu une grande influence sur lui et qu’il allait voir en prison pendant des années. C’est aussi avec lui aussi qu’il a monté la Thug Life.
En France, la Thug Life est très galvaudée. Quelle est sa définition originelle selon toi ?
Je pense que c’est une volonté de mettre en avant la population Afro-américaine. De mettre en avant le côté positif des gangs. Le code Thug Life en une vingtaine de points décrit bien cela. 2Pac disait d’ailleurs qu’il y avait du positif à tirer des gangs. L’idée était vraiment de stopper les meurtres, les crimes, les deals à l’intérieur des ghettos, stopper les viols, les rackets. C’était vraiment conserver cet aspect communautaire pour faire en sorte que la population Afro-américaine s’élève. Cela aurait pu concerner la population Latino aussi, et de manière plus large, les défavorisés.
C’était ça la Thug Life. C’était pas le côté voyou qu’on peut mettre en avant comme tu le disais en France. C’était vraiment un message positif. Enseigner à une population en difficulté les codes pour s’en sortir et avoir un meilleur avenir. Pour eux et pour leurs enfants.
Je trouve que Kery James l’a très bien traité dans son morceau « Thug Life ».
Ce morceau est super impressionnant. Déjà, je trouve qu’il résume super bien la Mafia K1 Fry, il met bien en avant l’aspect communautaire de tout ça. Que chacun a besoin de l’autre et qu’avant tout, on a besoin de messages positifs pour s’en sortir. Je pense que c’est un peu ça le message.
Tu as écrit dans un article que “Pour Out a Little Liquor” était le meilleur morceau de 2Pac. Pourquoi celui-ci ?
(Il rigole) Ah oui, c’était dans le cadre d’un top 100 pour Noisey ! Après, un top 100 c’est vachement subjectif. Si on pense aux meilleurs morceaux de 2Pac, on va directement citer « Changes », « Dear Mama » ou « California Love ». Ces morceaux auraient très bien pu figurer premiers. Mais « Pour Out A Little Liquor » est pour moi un morceau qui a une riche histoire, puisqu’il a été financé par Death Row, sachant que cet argent devait servir, à la base, à amener 2Pac chez Death Row, il a refusé mais a quand même reçu l’argent. Cela a créé un élan de sympathie de 2Pac en vers Suge Knight.
« Pour Out A Little Liquor » c’est un rituel aux USA. Verser un peu liqueur au sol lorsqu’un des mecs du gang décède. C’est un morceau qui figure dans la B.O. du film Above The Rim. Puis, la mélodie m’a toujours parlé. Je trouve la boucle utilisée dans ce morceau super efficace, le flow de 2Pac est excellent aussi, et c’est LE morceau qui ressort de son album Thug Life. Un très bon album, mais qui pâtit parfois selon moi du manque de qualité de certains rappeurs à ses côtés, alors que sur « Pour Out A Little Liquor », il est seul.
Pourquoi avoir appelé le livre Me Against The World ?
Déjà, je voulais un titre qui fasse référence à un de ses morceaux ou à un de ses albums. Je voulais utiliser en premier lieu Definition Of A Thug Nigga. Cela aurait été top. Mais le traduire en français n’aurait pas été très agréable, pas très beau à l’écoute. Et, le mettre en version originale, je trouvais que cela pouvait être mal perçu. La maison d’édition m’a suggéré Ghetto Gospel. Je ne voulais pas car c’est un titre posthume et je ne voulais pas le mot Ghetto dans le titre. Je ne souhaitais pas enfermer 2Pac dans cette imagerie là. Le titre actuel colle bien à 2Pac je trouve. Autant ce titre, il l’a trouvé en 1995, mais cela pouvait très bien résumer sa vie. Déjà, petit, il était plus frêle que les autres, il devait se protéger. On était déjà dans une forme de « lui contre le reste du monde ». Ensuite, il est devenu célèbre, donc un autre rapport de force s’est créé.
Cela résumait assez bien le personnage et, en même temps, je trouve cette phrase assez belle.
Quel est ton sentiment sur l’album Me Against The World ? Quelle place a t-il dans sa carrière ?
Cet album marque un tournant dans sa carrière. Il l’a enregistré en plein procès. Quand il a été accusé d’attouchements sexuels, en attendant la prison, comme il venait de se faire tirer dessus, il avait quelques mois de rédemption avant d’y aller, donc il enregistrait pendant ce temps-là. L’album est sorti du coup en Mars 1995. Cet album a donc été enregistré dans une période très compliquée pour lui. C’est ce qui rend cet album si sensible et intime. Je pense qu’il devait être à bout. En 1994, Il vient à peine d’avoir 23 ans, il a failli se faire buter, ses soupçons vont en premier lieu vers les gars qu’il considérait comme ses amis. Il est ensuite accusé d’attouchements sexuels pour quelque chose qu’il estime injuste.
Aussi, d’un point de vue musical, c’est un album ou il s’affirme clairement. 2Pacalypse Now et Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z. ont moins bien vieilli que d’autres. Je trouve que son côté mélancolique est beaucoup plus avancé dans cet album là, il rappe beaucoup plus lentement, les prods collent totalement à son phrasé, la pochette tranche aussi vachement avec ce qu’il faisait avant. Là, il met aussi en avant des morceaux qui reflètent ce qu’il vit à ce moment là. Il parle beaucoup de la mort. La mort est très présente dans cet album.
Je suppose que tu as vu tous les films dans lesquels il a joué. Quel était son meilleur rôle ?
Juice. Je le trouve hyper impressionnant dans ce rôle là. Déjà, le film est super. Sous-estimé en France, mais un très bon film. En V.F. il doit être catastrophique mais en V.O. je le trouve très bon. Il a un côté assez marrant au début du film, puis son côté schizophrène et dangereux se met en place peu à peu. On voit qu’il a été formé dans une école d’art, en tant qu’acteur. D’ailleurs, quand j’en parlais avec Ernest Dickerson, qui a fait plus tard Never Die Alone avec DMX, il me disait que la différence entre DMX et 2Pac, c’est que ce dernier a vraiment été formé en tant qu’acteur et il est capable de tout jouer. Tandis que DMX ne sait jouer que son personnage, c’est à dire le mec un peu violent, qui a un côté assez agressif, rentre dedans. Et Juice le montre un peu, quand on voit le côté schizophrène du personnage de 2Pac apparaître, même s’il tue quand même plusieurs de ses potes dans le film, on remarque son côté doux. Il a un un côté assez sensible malgré le rôle qu’il joue.
Après, j’aime bien aussi Poetic Justice et Above The Rim. Même Gridlock’d, même s’il a été descendu par les critiques à sa sortie. A part Gang Related et Bullet, qui sont deux navets, surtout le dernier d’ailleurs, j’ai beaucoup aimé les autres, avec Juice à la première place.
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Maxime Delcourt est aussi l’auteur de deux autres livres. Il Y A Des Années Ou l’On A Envie De Ne Rien Faire et Free Jazz, tous sortis chez Le Mot Et Le Reste.
Me Against The World est disponible depuis le 20 octobre.
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