La mort de Tupac pour les Nuls

La mort de Tupac pour les Nuls

Si vous êtes fan de rap, ce sont des questions auxquelles vous n’aurez pas pu échapper : qui a tué Tupac ? Tupac est-il vraiment mort ? Les réponses à ces épineuses questions, vous ne les trouverez pas dans ce qui suit. En revanche, nous avons demandé à l’auteur du blog 2Pac Legacy, spécialiste de la question, de réaliser avec nous, un rappel des faits afin que vous puissiez briller la prochaine fois qu’un collègue un peu éméché pour demandera votre avis sur la question.

La meilleure manière d’aborder la question est sous doute de rappeler les différentes théories qui subsistent dans cette affaire qui reste, à ce jour, non élucidée.

Suspect #1 : Orlando Anderson, le Blood tabassé par 2Pac

Trois mois avant le meurtre de Tupac, trois membres des Blood (gang auquel était affilié Tupac) faisaient des achats dans un Foot Locker à Los Angeles. L’un d’eux, qui travaillait pour le label Death Row, portait le fameux médaillon en diamant du label (porté par l’équipe Death Row et les rappeurs) aurait été attaqué par une dizaine de membre des Crips (gang rival des Blood). Un de ces Crips, Orlando Anderson, aurait alors réussi à s’emparer du médaillon en diamant.

Le 7 septembre 1996 – soit trois mois plus tard – Tupac croise, au MGM Grand à Las Vegas (où se déroulait un match entre Mike Tyson et Bruce Seldon), la route d’Orlando Anderson a.k.a « Baby Lane », portant le fameux médaillon dérobé à un des membres de son label. Le rappeur, ainsi que son entourage (composé entre autre de Suge Knight), furent alors aperçu en train de passer à tabac Orlando Anderson sur des caméras de surveillance du MGM. Quelques heures après cette agression, alors qu’il se dirige vers le Club 662, Tupac est victime d’une attaque au Glock Calibre 40, à quatre reprise, à l’angle des rues East Flamingo Road and Koval Lane. Il succombera de ses blessures six jours plus tard dans un hôpital du Nevada.

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Une des rares photos d’Orlando « Baby-Lane » Anderson, le plus probable assassin de Tupac. (Source :  Wikipédia)

Suspect #2 : Suge Knight, le boss de Death Row

La seconde théorie d’assassinat concerne le tonitruant Suge Knight, patron de Death Row, label que Tupac s’apprêtait vraisemblablement à quitter pour monter son propre label, Makaveli Records. C’est d’ailleurs sur ce label que sortira finalement, à titre posthume, son dernier album : The Don Killuminati: 7 Day Theory, le 5 Novembre 1996. (deux mois environ après son décès).

Les partisans de cette seconde théorie affirment que Suge Knight, non content du départ de son poulain (qui plus est lui devait énormément d’argent) aurait choisi de faire tuer ce dernier. À noter que cette théorie est néanmoins malmenée puisque, lors de l’attaque, c’est bien Suge Knight qui conduisait la BMW dans laquelle se trouvait Tupac…  Le patron de Death Row avait même été légèrement touché par des débris à la tête. Aurait-il pris le risque de se faire tuer en même temps que sa victime ?

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Tupac et Suge Knight en voiture, probablement quelques minutes avec l’attaque. (Source : The Killing of Tupac Shakur de Cathy Scott)

Suspect #3 : Christopher Wallace a.k.a Biggie

Nous sommes en 1996, et comme vous le savez sûrement, il existait alors une très forte rivalité entre le label de Tupac (lire notre dossier sur Death Row Records) et celui de Notorious B.I.G (Bad Boys Records, tenu par le célèbre Puff Daddy). Puff Daddy avait d’ailleurs été accusé d’avoir commandité la tentative d’assassinat de Tupac à New York en 1994. Depuis cet événement, Tupac avait déclaré la guerre à la côte Est avec notamment de nombreux clashs (lire notre dossier « Le clash dans le rap : l’art du diss ») tels que ses morceaux « Hit Em Up » ou encore « 2 Amerikaz Most Wanted ».

Du fait de cette rivalité, Biggie avait été interrogé lors de l’enquête autour du meurtre de Tupac, mais cette piste avait été rapidement délaissée puisque le rappeur avait présenté en guise d’alibi, un document qui attestait de sa présence en studio, à New-York, le soir de l’attaque.

Suspect ou non, Biggie sera lui aussi tristement victime d’assassinat lors d’un voyage à Los Angeles, le 9 mars 1997 soit moins de six mois après la mort de Tupac.

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Biggie, Tupac et Redman au Palladium (1993) (Crédits Photo : Al Pereira)

Les zones d’ombres de l’enquête

Il faut noter également que Tupac n’était pas très apprécié par le pouvoir politique. Non seulement pour ses interviews où il attaquait directement la politique intérieure américaine pour son traitement des communautés noires-américaines, mais également du fait de ses multiples attaques frontales à destination du FBI ou de la CIA, qu’il qualifiait d’entités mafieuses.

Alors qu’aucun élément ne permet de sérieusement mettre en cause une quelconque intervention d’une autorité politique dans l’assassinat, certains observateurs, tels que le journaliste Chuck Philips, constate cependant (dans son article Who Killed Tupac Shakur?, ndlr), un certain nombre d’irrégularités et de manquements dans le déroulement de l’enquête.

Le premier et principal manquement relevé par Philips est l’incapacité des enquêteurs à protéger la seule personne qui aurait réellement pu identifier le meurtrier de Tupac : Yaki Kadafi. Kadafi était dans la voiture juste derrière celle de Tupac lors de l’attaque et se rendait également au Club 662. Il était prêt à coopérer avec la police car il disait avoir vu le tueur mais fut assassiné deux mois plus tard d’une balle dans la tête, dans le New Jersey où il s’était retiré en attendant d’être interrogé. Pourquoi ce si long délai d’attente pour interroger le principal témoin de l’enquête ?

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Tupac et Yaki Kadafi (1996) (Source : Wikipedia)

Le second porte sur les propos d’un officier de police qui a affirmé en 2014, avoir eu l’opportunité de demander à Tupac l’identité de son assassin, quelques minutes avant son dernier souffle. D’après les dires de l’officier, le rappeur mourant aurait alors refusé de coopérer en lançant un irrévérencieux « Fuck You ! ». Étrangement, aucunes des personnes qui entouraient le rappeur à ses dernières heures (personnel médical, proche, gardes du corp) n’auraient confirmé ces faits.

Enfin, le journaliste rappelle que l’attaque qui a coûté la vie du rappeur aurait eu lieu au croisement des avenues Flamingo et Koval, une intersection toujours pleine de monde même à 23h15 (heure de l’attaque). Étrangement, aucun des occupants de la dizaine de voitures qui entouraient le véhicule dans lequel Tupac fut attaqué n’aurait été en mesure de coopérer avec la police durant l’enquête.

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La BMW Sedan de Tupac et Suge Knight après l’assaut. (Source : Complex)

Tupac est-il vivant ?

Beaucoup de personnes pensent également que Tupac n’est pas mort et beaucoup de vidéos sur YouTube défilent montrant le rappeur vivant. Intox évidemment puisque la plupart de ces vidéos sont soit mal datées soit de trop mauvaise qualité pour que quiconque puisse affirmer qu’il s’agit bien de Tupac Shakur. Au delà du caractère souvent intox de ces vidéos, les plus grands conspirationnistes auront du mal à nous faire croire que Tupac -disparu il y a dix-neuf ans – aurait vécu toutes ces années planqué sur une île déserte…

Certaines personnalités n’hésite pourtant pas à clamer haut et fort que le rappeur est encore vivant. Suge Knight, par exemple, a souvent dit dans ses interviews que Tupac n’était pas mort et qu’il n’avait jamais compris « pourquoi la mère de Tupac, Afeni Shakur, avait décidé de faire incinérer son fils sans que personne n’ait vu son corps ». Knight affirme donc que le rappeur serait parti avec les 3 millions de dollars qu’il lui avait donné et qu’il serait actuellement sur une île, fumant son cigare… Bizarrement nous avons entendu la même chose pour Elvis, Bob Marley ou encore Michael Jackson…

Tupac avait prédit sa mort

En effet, sur certaines de ses dernières chansons comme « I Ain’t Mad At Cha » Tupac, prédit clairement sa mort. Au tout début du clip, on voit d’ailleurs le rappeur se faire tirer dessus et mourir. De même, il est de notoriété publique que Tupac aurait écrit et enregistré son dernier album The Don Killuminati: The 7 Day Theory en une semaine seulement.  Selon ses proches, Tupac voulait à tout prix finir cet album en urgence car il sentait quelque chose se tramer contre lui. Les chansons de l’album ont d’ailleurs toutes des rapports avec la mort et la résurrection.

https://www.youtube.com/watch?v=ywmNcVh7lsE

L’autre mythe autour duquel beaucoup d’admirateurs de Tupac se raccorde est la fascination du rappeur pour l’oeuvre de Machiavel. L’auteur italien connu pour son livre L’Art de la guerre avait d’ailleurs inspiré le dernier nom de scène du rappeur : Makaveli. Or, Machiavel reste connu pour avoir truqué sa mort pour tromper ses ennemis. Une stratégie qui aurait, selon certains, été imitée par Tupac ce fameux 7 septembre 1996.

Du drame à la légende

Vous pourrez lire de nombreuses autres théories sur le mort de Tupac sur Internet mais désormais, vous aurez bien en tête les faits qui ont été confirmés ainsi que les zones d’ombres de l’affaire.

Quoi qu’il en soit, près de vingt ans après cet assassinat, le meurtre de Tupac reste une affaire non élucidée, laissant la part belle aux théories les plus farfelues et renforçant encore un peu plus le caractère mythique de cette icône du Hip-Hop partie trop tôt… Thug life !

Et vous quel est votre avis sur la question ?

Cet article est le fruit de la collaboration entre The BackPackerz et l’auteur du blog 2Pac Legacy (www.2paclegacy.fr).