À l’occasion de sa venue en France pour un concert exceptionnel à Nantes, nous avons mis le cap vers la cité des Ducs de Bretagne pour partir à la rencontre d’une véritable légende du rap new-yorkais : Masta Ace.
À peine sorti du van dans lequel il venait d’effectuer près de 1000 km depuis l’Allemagne, le rappeur originaire de Brooklyn a fait preuve du plus grand professionnalisme en acceptant de répondre à nos questions pendant près de 40 minutes.
Une entrevue aussi enrichissante que passionnante au cours de laquelle Masta Ace est revenu pour nous sur les principaux temps forts de sa carrière ainsi que sur diverses anecdotes qui surprendront même les plus fins connaisseurs d’entre-vous.
Rencontre avec un des plus grands storytellers du rap jeu.
TBPZ : Cela fait près de trente ans que tu es dans le rap, comment fais-tu pour garder cette passion, cette envie de faire des albums ?
Masta Ace : Attends, j’aimerais d’abord compter. J’ai commencé en 1988. [Il compte les décennies sur ses doigt pour bien insister] 1988, 1998, 2008, 2018… j’ai encore deux ans à faire mais j’approche des 30 ans en effet. Sincèrement, je ne dirais pas que ça a été difficile parce que je suis toujours dans la même mentalité qu’avant : j’essaye encore et encore de prouver que je suis le meilleur. Je n’ai pas l’impression d’avoir encore reçu la reconnaissance que je mérite pour ce que je fais donc je suis toujours dans cette optique de convaincre. Et c’est justement ce manque de reconnaissance, tous ces gens qui me sous-estiment qui est mon moteur, qui me motivent à continuer à faire du rap depuis près de 30 ans.
Tu viens juste de sortir ton nouvel album (The Falling Season), près de quatre ans après ton précédent album MA Doom: Son of Yvonne. Quatre ans c’est long dans le rap d’aujourd’hui. On dirait que tu veux faire passer un message aux rappeurs qui enchainent mixtape sur mixtape ?
Je n’ai jamais été très mixtape. Pour moi, il faut énormément de temps pour écrire de bons lyrics. Certains rappeurs arrivent à lâcher de bons couplets en un rien de temps mais personnellement, j’ai besoin de beaucoup de temps pour écrire mes textes, qu’ils sonnent juste et qu’ils soient riches de sens. Je n’ai pas envie de gâcher tout ce boulot en mettant mes morceaux sur des mixtapes.
Je pense à mon pote Wordsworth avec qui je rappe au sein du groupe eMC. Ce mec est une machine, il a une capacité de production de malade. J’aurais vraiment aimé pouvoir écrire autant que lui. Moi, je n’ai pas cette capacité à écrire sur tout et n’importe quoi. J’ai vraiment besoin d’être animé par mon sujet, d’avoir quelque chose à dire en fait. C’est sûrement pour ça que je n’ai jamais été très branché mixtape.
Mais à vrai dire, l’album MA Doom… dont tu parlais se rapproche un peu d’une mixtape puisque la plupart des beats de cet album n’ont pas été créés pour cet album. D’ailleurs à la base, j’avais plus envisagé ce projet comme une mixtape jusqu’à ce que Fat Beats m’annoncent qu’ils souhaitaient le distribuer. C’est pour cette raison que je ne compte généralement pas cet album avec MF Doom dans ma liste d’albums solos mais plus dans mes « projet spéciaux » qui comptent donc les 3 projets eMC, l’album avec Edo. G (Arts & Entertainment sorti en 2009) et MA Doom.
Un de tes meilleurs albums s’intitule Disposable Arts (littéralement « Arts jetables »). Penses-tu que le rap soit devenu un « art jetable » ?
Oh ce n’est pas nouveau ! Je constatais déjà ce phénomène en 2001 lorsque que j’ai enregistré cet album. Aujourd’hui, les rappeurs postent de nouveaux morceaux chaque jour mais ils n’ont aucune valeur durable parce que les gens passent à un autre titre au bout de quelques jours à peine. Quelques semaines plus tard, ils ne se rappelleront même plus de ton morceau. C’est le problème de notre époque. J’essaye de me détacher de cette logique, en sortant des morceaux moins fréquemment mais qui vont accompagner les gens pendant des mois, voire des années. Comme je le disais, il me faut du temps pour écrire un bon morceau mais j’estime qu’il accompagnera mes fans suffisamment longtemps pour que cela vaille la peine d’attendre.
Et tu sembles aussi être attaché au fait de regrouper ses morceaux dans une ensemble cohérent qu’on appelle généralement, un album, n’est-ce pas ?
Exactement. Mon truc, c’est d’écrire les meilleurs textes que je puisse, sur les meilleurs beats que je trouve, de « packager » le tout sur un album et d’y associer un visuel qui soit cohérent avec le son afin que les gens puissent vivre une véritable expérience. J’ai l’impression qu’il y a de moins en moins d’albums qui peuvent te donner une expérience musicale complète tout du long. C’est plus : « j’aime bien la piste 2, la piste 6 et la 13 et le reste ne vaut pas le coup ». Personnellement, je suis attaché à ce concept et j’essaye de donner aux fans de rap plus que ce qu’ils ont avec d’autres artistes.
On a récemment sorti un mix qui t’était consacré qui était intitulé « The Brooklyn Tape ». Comment expliques-tu ton rapport si particulier avec ta ville natale qui semble tant influencer ta musique ?
Oui, j’ai vu ça sur Twitter, merci à vous les gars. Brooklyn, c’est clairement mes fondations. C’est là où j’ai été mis au monde. Dans un appartement d’un des quartiers de Brooklyn : Brownsville. Et depuis ma naissance et jusqu’à ce que ce que j’entre au lycée – c’est-à-dire exactement au moment où débute mon nouvel album – j’ai vécu dans ce même appartement. À partir de ma seconde année de lycée, nous avons déménagé à Flatbush, un autre quartier de Brooklyn, mais je n’ai jamais vraiment trainé là-bas. Chaque week-end ou après les cours, je prenais le bus pour retourner trainer à Brownsville, parce que c’était là mon quartier. Brooklyn, c’est ce que je suis.
Tu as écris de nombreux morceaux qui sont de parfaits exemples de storytelling à la New-Yorkaise (« Take A Walk », « Brooklyn Massala »). Est-ce ce que ces histoires sont fictives, vécues ou les deux ?
C’est clairement un mix entre les deux. C’est marrant car je n’ai jamais vraiment considéré « Take A Walk » comme une histoire mais plus comme un genre de reportage à la troisième personne. Comme si j’amenais des gens dans mon quartier et je leur faisais en quelque sorte visiter. C’est très visuel.
« Brooklyn Massala » est clairement une histoire mais c’est basé sur un fantasme. En fait, à l’époque j’étais vraiment attiré par ce genre de fille « typée indienne ». Je n’ai pas eu la chance de sortir avec une mais je les trouvais vraiment hyper jolies. Cela me fait penser au film Slumdog Millionaire. Tu te rappelles de la fille dans ce film ? Elle était hyper canon ! Bref, ce morceau c’était un peu mon fantasme de l’époque raconté dans un titre de rap.
Donc en gros, la plupart des histoires dans mes précédents albums sont des fictions mais empruntes d’une certaine réalité. Une réalité qui peut être personnelle comme dans le morceau « Roommates Meet » qui décrit la première rencontre avec mon colloc’ à l’université ou encore le personnage de « Fats Belvedere », inspirée d’un mec pas très net que j’avais rencontré alors qu’il essayait d’échapper aux flics [rires] !
Dans ce nouvel album, c’est un peu l’opposé. C’est plus 80% de réalité avec 20% de fiction pour rendre certaines choses un peu plus drôles ou attrayantes. Ces histoires sont inspirées de faits réels mais avec des personnages fictifs.
Ta musique m’a toujours frappée comme étant hyper « cinématique » avec tout un tas de références visuelles très précises. As-tu déjà pensé à écrire pour du cinéma ?
Oui bien sûr d’ailleurs, c’est marrant que tu en parles car sur mon ordi juste à côté de nous, j’ai un scénario en cours d’écriture. À la base, j’étais censé écrire pour un court métrage mais je me suis pris au jeu et suis vite arrivé avec beaucoup plus de matière que ce qu’un court métrage requiert. J’essaie donc de le raccourcir en ce moment.
J’ai aussi un autre scénario pour le pilote d’une série télé. Un genre de série comique qui se passe dans un univers musical que je suis toujours en train de perfectionner.
À côté de ça, je suis en contact avec une boite qui s’appelle Rhymes over Beats, basée à New York et qui s’est spécialisée dans l’adaptation de textes de rap en pièce de théâtre. On est donc en train de travailler sur l’adaptation théâtrale de mon album A Long and Hot Summer, ce qui pourrait être vraiment très cool. Même si ce sera sûrement compliqué de monter la pièce aux US, je pense que le truc pourrait être bien accueilli ici en Europe.
Tu t’es aussi lancé dans le documentaire récemment avec « Disposable Arts, The Documentary » J’avais lu quelques part que tu comptais également en faire un pour A Long and Hot Summer ?
Oui, c’était prévu. On a filmé un paquet de choses pour ce documentaire. On avait des interviews, des clips pour « Beautiful », « Da Grind » « Brooklyn Masala » etc… Mais l’entreprise qui était chargée par Below System (le label qui produit les projets de Masta Ace, ndlr) de réaliser le montage a eu un important désaccord avec le label à propos de la propriété des vidéos. Et maintenant l’intégralité des rushs est prise en otage par cette entreprise qui a décidé d’arrêter le projet, à moins qu’on ne leur donne un bon paquet d’argent pour les récupérer… Donc malheureusement, il se peut que ce documentaire ne voit jamais le jour. Ce n’est pas complètement mort mais le projet est en standby.
Quel dommage ! Ceci ne t’as visiblement pas trop démoralisé puisque tu as sorti dans la foulée ton nouvel album The Falling Season qui pour la première fois est produit par un seul producteur, KIC Beats.
Oui, tu as raison c’est la première fois, si on ne compte pas le projet avec Doom. J’avais travaillé avec KIC Beats sur deux morceaux du dernier album d’eMC (The Tonite Show, sorti en 2015, ndlr) et ces deux beats étaient mes préférés de tout le projet. Et puis j’ai découvert qu’aucun des deux morceaux n’utilisait de sample. J’étais hyper étonné car ces sons sonnaient vraiment comme des instrus construites à base de sample. J’ai donc demandé à Wordworth de me faire écouter d’autres prods de KIC. À chaque fois qu’il me faisait écouter un son, je lui demandais : « Celle-ci a un sample ? Non. Et celle-ci. Non plus ». Ce mec me rendait dingue alors Wordworth lui a demandé de m’envoyer un dossier de beats qui ne contenaient pas de sample. À la première écoute du dossier qui contenait une vingtaine de beats, j’en avais déjà immédiatement retenu 8 ! J’avais déjà presque de quoi faire un album et aucune prods n’avait de sample. Parce qu’il faut savoir qu’à l’époque, mon contrat avec Penalty Records et Sony spécifiait que mon album ne pouvait contenir aucun sample ! Ça peut paraître dingue mais ils avaient été très clair là-dessus : ils ne paieraient pour aucun sample clearing (le prix à payer aux ayant droit pour régulariser l’usage d’un sample dans un beat, ndlr). D’où ma motivation et mon intérêt à l’époque pour les instru de KIC.
À mesure que je travaillais avec Sony, je commençais à me rendre compte qu’ils n’assuraient vraiment pas. Sur le projet eMC par exemple, ils avaient fait un boulot assez décevant. Je me suis rendu compte que c’était vraiment une machine trop gigantesque pour travailler sur des projets underground comme les nôtres. En plus, ces mecs raisonnent encore comme si on était dans les années 2000 où tu essayais de vendre tous tes disques les premières semaines et tu veux essayer de placer un morceau dans les charts etc… On a essayé de leur expliquer que ce n’était plus comme ça que cela fonctionne pour nous. C’est un processus beaucoup plus lent. C’est comme si tu vends de la weed mec, tu la vends sur deux ou trois ans pour vraiment rentrer dans tes frais mais ils ne comprenaient pas ça.
Je n’avais pas envie de gâcher d’autres projets avec ce label donc on a rompu le contrat mais j’avais déjà toute cette musique avec KIC Beats donc on est resté sur cette voie et à continuer le projet qui a finalement donné cet album, The Falling Season.
Cet album The Falling Season, raconte l’histoire d’un ado de Brooklyn dans les années 80. À qui s’adresse cet album finalement ? À ceux qui étaient enfants dans les années 80, à ceux qui le sont aujourd’hui ?
Cet album s’adresse clairement aux deux générations. Tout d’abord, les gens de mon âge, surtout ceux qui ont grandi dans des conditions similaires, à Brooklyn ou ailleurs, vont se retrouver dans absolument tout ce que je raconte dans cet album. Et pour les gamins d’aujourd’hui… Attend écoute, pas plus tard qu’hier, on a fait un concert à Weinheim en Allemagne, au premier rang, il y avait une dizaine de gosses. Après le concert, ils viennent me voir à la table de merchandising. Je leur demande quel âge ils ont. 16 ans, 17 ans, 19 ans… des gamins quoi ! Je pourrais être leur père et ses petits se reconnaissent dans ma musique. C’est génial ! En fait, le fait que je leur parle de mon expérience quand j’avais leur âge leur permet de se reconnaitre dans ma musique. C’est vraiment énorme !
Peux-tu nous parler un peu des invités de cet album, comment se sont faites ces rencontres ?
Oui, alors il y AG, que je connais depuis des années. J’ai rencontré Your Old Droog l’année dernière et Cormega assez récemment. Chaque featuring a son histoire en réalité. Cormega m’avait invité sur son dernier album (Mega Philosophy, sorti en 2014 ndlr) donc, ça me semblait logique de lui rendre la pareille sur cet album. J’avais ce son qui s’appelle « Bang bang » et pour lequel j’avais besoin d’un personnage un peu « ghetto » pour le second couplet. C’était assez proche de ce qu’étais Cormega sur le morceau que j’avais fait avec lui pour son album donc j’ai tout de suite fait le rapprochement. Your Old Droog, je l’ai connu via par Dj Steez et Marco Polo qui sont potes avec lui. J’aime beaucoup ce qu’il fait et surtout sa voix. Et pour le morceau « 3000 Avenue X », j’ai de suite senti que sa voix irait super bien avec ce titre. En plus ce mec vient de Coney Island, même s’il est plus jeune, c’est un vrai « brooklyn kid » qui pouvait vraiment se reconnaître dans les écoles, les transports etc… Il a fait un super boulot.
AG, je le connais depuis 1991. À l’époque, je trainais beaucoup avec lui, Lord Finesse, Showbiz. On allait souvent dans un club du Bronx qui s’appelait The Castle. On s’est également retrouvés à rapper ensemble à plusieurs reprises. Sur un morceau de Tony Touch ou encore de Marco Polo (« Double A » et « Glory Finish Hard« , ndlr) et je trouve qu’il y a toujours eu une sorte d’alchimie entre lui et moi.
On compte également dans les invités de cet album Wordworth et Strick, deux membres de ton groupe eMC, avec qui tu as sorti en 2008, The Show, un album qu’on avait retenu dans notre liste des 100 meilleurs albums de rap US des années 2000. Peux-tu revenir sur la genèse de cet album ?
Alors, je crois qu’on a commencé à bosser sur The Show aux alentours de 2006. On a fait une tournée, alors qu’on était en train de finir l’album et il s’est passé un truc… L’ordinateur du studio a rendu l’âme ! On a perdu la moitié des vocaux qu’on avait enregistré. À ce moment là, on avait prévu d’appeler le groupe GMC. On avait déjà un tas de rimes et de gimmicks autour de ce mot « GMC » quand l’ordi a craché et à cette même période, Ludacris avait monté un groupe avec d’autres mecs d’Atlanta qui s’appellait aussi GMC. On s’est dit : « merde, on ne va pas pouvoir utiliser ce nom. Ces mecs ont déjà sortis des vidéos etc… ».
À ce moment on s’est dit que le plantage de l’ordi, qui nous obligeait à ré-enregistrer la plupart de nos morceaux était peut-être un signe qu’il fallait que l’on change ce nom [rires]. Et le nom eMC est juste venu du fait qu’on avait déjà un tas de rimes autour du terme « GMC » car en prenant ce nom, on n’avait pas besoin de réécrire nos textes, en plus de devoir les ré-enregistrer. C’était clairement la meilleure chose à faire, en plus ça rendait aussi super bien sur le logo.
On a donc fini d’enregistrer l’album en 2007 et puis on est partis en tournée. L’album avait été super bien reçu par nos fans, ce qui nous a permis de faire pas mal de dates mais il commençait à y avoir quelques frictions, notamment avec Punch (Punchline, ndlr). Et pour moi, tout ce qui peut engendrer un peu de stress ou de pression non nécessaire, je l’évite, je passe directement à autre chose. Globalement on s’entendait bien mais il faisait toujours un peu ses trucs dans son coin. On a fait l’EP (The Turning Point, ndlr) pour voir si l’envie de bosser ensemble était toujours là. Tout s’est plutôt bien passé et puis on est partis en tournée et là on a retrouvé les mêmes soucis que la première fois donc on a préféré ne pas continuer dans ces conditions. On a décidé d’un commun accord qu’il valait mieux qu’il quitte le groupe et depuis on continue l’aventure eMC à trois, avec Wordworth et Strick.
Toutes les interludes de cet album The Show sont truffées de petites anecdotes hyper marrantes sur les déboires des tournées pour les groupes indépendants. Est-ce que ces conditions ont changé depuis ?
Nan mec c’est toujours la même chose et tous ces petits sketchs que tu peux entendre dans The Show, ce sont des trucs qui nous sont vraiment arrivés lorsqu’on était en tournée. Comme ce mec qui vient nous chercher à l’aéroport avec une caisse minuscule, sans coffre alors qu’on est 5 dans le groupe avec un paquet de matos (rires). On voulait vraiment montrer avec cet album ce qu’est le vrai quotidien d’artistes Hip-Hop indépendants quand ils sont en tournée. Je pense que c’est très différent de que les gens pensent.
Et nous on le fait aussi comme des acharnés. Tu as vu le van dans lequel on est arrivés toute à l’heure ? On a fait toute la tournée allemande avec et là on vient juste de traverser toute la France en 10h pour venir faire ce show à Nantes ce soir. On aurait très bien pu faire tout ça par avion mais dans ce cas, la tournée est tout simplement moins rentable pour nous. Mon équipe et moi, on préfère largement être un peu moins à l’aise dans notre van mais ramener un peu plus d’argent à la maison que passer nos tournées entre deux avions. Et puis en Europe vous avez ces compagnies low cost avec leurs restrictions de poids et de taille sur les bagages. Nous on arrive des US avec nos vinyles, tout notre merchandising, c’est hyper stressant mec !
Peux-tu nous parler un peu de ton label, M3 ?
Oui bien sûr. Alors on a cet artiste De La Zoo qui est du Michigan. Un gamin vraiment talentueux, qui produit lui même ses sons et écrit ses propres morceaux. Il va sortir un projet en avril. C’est la première fois que M3 va sortir un projet qui ne soit pas un des miens (eMC ou mes projets solo). On croit beaucoup en lui et on essaye de le conseiller au maximum, de le pousser dans la bonne direction car il est vraiment super bon et pourrait devenir un grand artiste s’il prend les bonnes décisions.
Moi personnellement, je suis avec lui quand je ne bosse pas sur mes autres projets. Quand je suis sur autre chose, mes deux associés de M3 prennent le relais pour essayer de le conseiller, de l’aider à se développer artistiquement. En ce moment, on essaye de faire en sorte qu’il déménage à New York car c’est assez compliqué de le développer à distance tant qu’il sera dans le Michigan.
Tu conseilles ou accompagnes d’autres artistes ?
C’est quelque chose qui me plait beaucoup donc j’essaye de toujours donner quelques conseils à de jeunes rappeurs mais mes conseils ne sont pas toujours les bienvenus (rires). Quand je vois certains jeunes rappeurs à Brooklyn qui, parce que les radios New-Yorkaises ne passent désormais que du rap trap hyper commercial, se retrouvent à jouer exactement les mêmes trucs, à reproduire les mêmes codes, j’ai envie de leur dire : « mais ce n’est pas notre son les mecs, ce n’est pas ça le rap à New York ». Je reçois beaucoup de démos, des sons à droite et à gauche sur lesquels on me demande mon avis mais souvent, j’ai du mal à cautionner ce que les mecs racontent dans leurs morceaux. Pour moi, ce n’est pas ce que le rap New-Yorkais doit apporter.
Est-ce qu’il y tout de même des rappeurs que tu apprécies dans la nouvelle génération ?
Bien sûr ! Et je tiens à dire que j’écoute encore vraiment beaucoup tout ce qui se fait niveau rap. J’aime beaucoup Joey Bada$$, Action Bronson, Kendrick Lamar, J. Cole…J’aime aussi Drake. Big Sean est vraiment bon aussi. Il y en a plein d’autres mais pour moi tous ces mecs sont très talentueux, ils font de la super musique et ils représentent bien le futur du Hip-Hop.
Pour finir, quels sont tes futurs projets et qu’est-ce que fera Masta Ace dans 10 ans ?
Alors, mon prochain projet est un album avec Marco Polo. Vu qu’il m’accompagne pendant cette tournée, on a eu le temps de bosser un peu sur les idées qu’on avait commencé à élaborer ensemble en début d’année. J’ai déjà sélectionné 9 beats, que j’adore dans ce qu’il avait préparé. Je vais commencer à écrire dès qu’on aura fini cette tournée, mais je vais prendre mon temps. Je n’aime pas me presser quand j’écris un morceau. Certains rappeurs bossent sur un texte, le finissent et passent au suivant. Moi, je peux avoir 5 morceaux en cours d’écriture à la fois. Je démarre la journée sur une track, j’écris quelques bars et puis je passe sur un autre morceau. C’est ma manière d’écrire. Ce projet avec Marco Polo devrait sortir l’année prochaine. Je crois que ça va être la première fois que je vais faire un « back to back album » (deux albums sortis à la suite, en l’espace de deux ans, ndlr).
Pour le reste, mes yeux sont rivés vers le cinéma. Ces projets d’écriture de court métrage et de série TV dont on a parlé toute à l’heure. C’est ça que je me vois bien faire dans dix ans, écrire pour le petit ou le grand écran ou même pour du théâtre. J’ai beaucoup d’histoires et beaucoup d’idées que j’aimerais voir prendre vie, que j’aimerais voir incarner par des gens.
Remerciements : Guillaume et toute l’équipe de Pick Up Prod. Retrouvez toutes les photos du concert sur cet album Facebook.
Photos : David Gallard
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