À défaut d’être le rappeur le plus doué de sa génération (attention, on parle tout de même d’une valeur sûre), Curren$y est à coup sûr l’un des plus productifs. Le natif de la Nouvelle-Orléans dépose ici The Marina EP. Déjà son quatrième projet de l’année 2018, épaulé par le producteur Harry Fraud, cet EP à l’intrigante liste d’invités est une belle surprise qui risque de nous accompagner tout l’été. Il nous était donc impossible de passer à côté, même dans un format de chronique plus court qu’a l’accoutumée.
Spitta, l’hyperproductif
En 2016, Curren$y a lâché la bagatelle de treize projets. L’année dernière, il s’est contenté de nous en offrir cinq. En 2018, celui qui aligne un million de supporters sur Facebook en est déjà à son quatrième, alors que le mois de mai vient juste d’arriver à son terme. Par amour du Rap et par dévotion envers son fidèle public, il n’est pas rare de voir le emcee dégainer ses projets en téléchargement libre. Une manière d’administrer sa carrière qui est tout à son honneur, à l’heure où certains usent et abusent éhontément de procédés mercantiles parfois plus que douteux.
Après The Spring Collection, Parking Lot Music EP, et Air Freshna EP, c’est avec Harry Fraud que Spitta a décidé de s’allier pour nous livrer ce quatrième projet en moins de six mois. S’il n’est que peu référencé dans l’hexagone, le producteur new-yorkais est connu pour avoir participé à l’émergence de French Montana (à l’époque des mixtapes Coke Boys), ou pour avoir travaillé avec des pointures telles Talib Kweli, le bawse Rick Ross, ou encore le regretté Prodigy. Pas le premier venu donc, surtout qu’il qualifie The Marina de conceptuel…
#TheMarinaEp is the most conceptual project I’ve ever worked on… everything connects… no wasted moments… a film for ur ears complete with special FX ????
— LaMusicaDeHarryFraud (@HarryFraud) 29 mai 2018
Des invités qui répondent présent
Un rappeur, un producteur, huit titres. Smoke DZA, Wiz Khalifa, Action Bronson, Street Wiz, French Montana. Mise en évidence, la liste des invités avait de quoi étonner, voire effrayer. Non pas que ces rappeurs soient dénués de talent(s), mais voir une telle variété d’univers concentrés dans un si court projet pouvait laisser craindre le pire. Mais Smoke DZA nous rassure d’emblée avec un couplet surpassant celui de son hôte sur « 14 Packs ». Wiz Khalifa, de son côté, rappelle sur « The Count » qu’il est encore rappeur, au service d’un morceau qui constitue une ode à la vie de stoner.
De son côté, Bronsolino change quelque peu la formule sur « Scarab 38 », tandis qu’on retrouve un French Montana nihiliste à souhait, se rappelant avec une humilité toute relative le chemin parcouru pour arriver jusqu’à MMG, sur « Modena Moves ». Méconnu du grand public, Street Wiz est un membre originel de Jet Life Recordings, le label fondé par Curren$y en 2011. Si sa carrière n’a pas pris le chemin escompté, son vieux compagnon lui offre une place de choix sur « On The Water », morceau tout indiqué pour accompagner nos rides estivales.
The Marina tout l’été… et plus si affinités
S’il n’a pas le Producer drop le plus gracieux de l’industrie, Harry Fraud n’en délivre pas moins un travail de grande qualité sur ce disque. La production alterne entre onirisme caractéristique de l’univers de Spitta (« Radar Tower », « The Count »), classicisme assumé (« Scarab 38 »), ou encore groove serein et jeux de percussions rugueux (« 14 Packs »).
Au milieu de tout ça, on retrouve un Curren$y à la forme olympique. Laissant à ses convives un large terrain d’expression, il demeure souverain en son royaume et ne manque pas de parsemer quelques moments de sa vie de stoner à travers les huit morceaux qui composent cette galette.
Donc, The Marina est un beau projet. Concis, sans fioritures, et bien produit, il a tout ce qu’il faut pour nous accompagner tout au long de l’été. Encore un joli coup pour Spitta, qui continue avec cet EP sa route sans se réinventer, en faisant simplement ce qu’il sait faire, et en contentant ses fans.