Metro Boomin, Just Blaze et l’histoire du « producer drop »

Metro Boomin, Just Blaze et l’histoire du « producer drop »

« If Young Metro don’t trust you… » vous connaissez sûrement la suite tellement ce gimmick aura marqué ces cinq premiers mois de l’année 2016. Mais si Metro Boomin a fait de ces drops sa marque de fabrique, le phénomène n’est clairement pas nouveau dans le paysage rap. C’est ce que les confrères de la toujours très pertinente Red Bull Music Academy ont tenté de prouver dans un article que nous avons résumé et traduit en Français ci-dessous.

Metro Boomin want some more…

Comme le rappelle à juste titre le journaliste Paul Thompson, un des principaux temps forts de cette année 2016 sur la planète rap fut sans aucun doute le « non-show de Kanye West au Madison Square Garden».  Bien qu’on puisse largement douter de la réussite de cet événement sur le plan artistique, Kanye West était parvenu à se mettre une bonne partie du public dans la poche au bout de quelques minutes à peine, alors que résonnait le désormais célèbre « If Young Metro don’t trust you… » au début du morceau « Father Stretch My Hands Pt. I». Ce drop d’à peine quelques secondes suffisait en effet à révéler la hype grandissante placée dans le jeune producteur d’Atlanta, Metro Boomin, faisant de lui la véritable star du morceau alors que 6 autres producteurs, et pas des moindres, sont crédités à la production : Kanye West, Noah Goldstein, Allen Ritter, Rick Rubbin, DJDS, et Mike Dean.

A l’origine, les DJ drops

Si Metro Boomin a clairement construit la majeure partie de son succès sur l’usage récurrent de ces drops (ou tags), il faut rappeler que cette pratique a toujours été plus au moins usitée par les producteurs et DJs Hip-Hop. Comme le rappelait le rappeur français Gaël Faye dans notre récente interview : à l’origine du genre, la star n’était pas le rappeur mais le DJ. C’est donc assez logiquement que ces magiciens des platines ont très tôt commencé à scander leur nom de scène lorsqu’ils mixaient. La pratique s’est ensuite développée alors que le rap devenait enregistré et même clairement intensifiée dans les années 90, alors que des DJ / producteurs tels que Pete Rock avaient rendu mixtapes et autres remixes monnaie courante.

 

Just Blaze et l’avènement du producer drop

Si Pete Rock, Jam Master Jay et même DJ Premier ont largement usé du DJ drop afin d’apposer leur nom sur leurs mixes et productions, c’est au début des années 2000, avec l’arrivée du nouveau type de producteur, que la pratique va prendre une nouvelle dimension. L’article rappelle tout d’abord le changement de paradigme qui opère au niveau de la production rap avec la démocratisation d’internet. En effet, alors que les producteurs travaillaient auparavant généralement sur des albums entiers en invitant les artistes en studio ; dès le début des années 2000, le beat devient un produit dématérialisé achetable et transmissible à l’unité par Internet sur des sites tels que Soundclick.com.

À mesure que que cette pratique se généralisait, le rôle et la reconnaissance du producer diminuait. C’est pour cette raison que des producteurs tels que Just Blaze ont eu l’idée de « dropper » leur nom au début de chaque morceau qu’ils produisaient. Un simple sample de quelques secondes afin de marquer son travail qui deviendra plus tard incontournable suite au succès de quelques hits comme ce bon vieux « Oh Boy » de Cam’ron.

 

Voyant la notoriété de Just Blaze se développer grâce à cette signature, de nombreux producteurs tels que Jermaine Dupri (dont le « So So Def » aura marqué toute une génération) Statik Selektah ou plus tard la J.U.S.T.I.C.E League développeront à leur tour des signatures sonores permettant de reconnaître leur production. Aujourd’hui, cette pratique s’est généralisée au point de commencer à agacer certains artistes qui avouent parfois remixer les beats reçus afin d’enlever les nombreux tags ajoutés par le producteur et qu’on ne lui ôte pas la paternité de l’instrumentale. Alex Tumay, ingénieur du son de Young Thug, estime même que 99% des sons qu’il reçoit comporteraient ces fameux tags. Une tendance de fond qui a d’ailleurs donné l’idée au site américain DJ Booth de recencer tous les producer’s drop sur un article sorti il y a un an.

Alors pour ou contre ces producers drops ?

Cet article est un résumé de l’article de Paul Thompson « If Young Metro Don’t Trust You » sorti sur le site daily.redbullmusicacademy.com