Presque un an après la sortie du très remarqué No Bad vol. 1, le genevois Slimka avait annoncé son retour avec le clip de « Diego » sorti fin 2017, un clip qui annonçait la couleur barrée, décalée et originale d’un projet à venir : l’album No Bad, Vol.2.
Le moins que l’on puisse dire est que Slimka a été particulièrement actif ces derniers mois puisqu’on a pu le voir faire une apparition sur la chaîne COLORS pour un freestyle très réussi, au sein du trio de la Superwak Clique qu’il forme avec ses compatriotes Makala et Di-meh, avec qui il partage la paternité de l’excellent « Depeche Mode » qui a fait l’effet d’un petit boulet de canon dans le paysage du rap francophone en fin d’année dernière. Mais qu’en est-il de ce nouveau projet signé George de la Dew, Diego ou Domingo, ses nombreux alias selon l’humeur du moment ?
Pour les quelques informations générales concernant l’album, rappelons qu’il est sorti sous la coupe du label Colors, qui avait fait signer Slimka courant 2017 et assurer la distribution de No Bad premier du nom. La pochette nous montre le Suisse torse nu pour laisser admirer son tatouage, sur lequel on lit le nom de son collectif, preuve s’il en fallait de son attachement à l’esprit d’équipe, qui va se retrouver au cours de l’album avec de nombreux featurings. La pochette est peut-être aussi un clin d’œil au passif de Slimka dans le mannequinat. Derrière les machines, c’est l’excellent Pink Flamingo (qui officie aussi comme rappeur sous le nom de Varnish la Piscine) qui assure la majorité des productions.
Et ces productions méritent qu’on s’y attarde un petit peu. Le savoir-faire de Pink Flamingo pour tout ce qui a trait à la composition se résume en un oxymore simple : le chaos organisé. « Switchant » avec une facilité déconcertante d’une esthétique musicale à une autre, le risque est de voir s’éclipser à tout moment la cohérence générale du projet au profit d’une bouillie d’idées audacieuses mais désordonnées. Ici, disons-le tout de suite ce n’est pas le cas, et à la manière d’un architecte fou, Pink Flamingo maintient un équilibre, certes fragile, mais admirable au vu des influences plurielles qui traversent le projet. Le premier titre, « Dinasty », est l’exemple parfait de sa manière de faire, lançant des pistes, les désamorçant, abandonnant une idée pour la retravailler un peu plus tard. Oscillant entre funk, jazz, pop ou trap ; citer toutes les facettes de l’album est finalement aussi fastidieux qu’impropre à en décrire la couleur générale. Chaque nouvelle écoute est une source de surprises. En un mot comme en mille : mindfuck.
Côté rap, il est à peu près aussi difficile de dégager des thèmes récurrents chez Slimka qu’il l’est d’étiqueter la musique de son producteur. Entre mysticisme et « pantouflardise », tension sexuelle et drogues douces, le mot d’ordre est liberté. À l’intérieur même des morceaux les images s’entrechoquent, se superposent, se contrastent, le tout à un rythme qui ne laisse pas l’auditeur souffler. Sans être d’un lyricisme tapageur, l’écriture du membre de la Superwak est imprévisible, atypique et rafraîchissante, à l’image de ce que proposent ses deux compères Di-meh et Makala. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver en featuring sur trois des morceaux de l’album, « XPO » pour Di-meh, « Dinasty » et « Crazy Horses » pour Makala, « Crazy Horses » sur lequel apparaît également Roméo Elvis, qui n’est pas non plus avare en lyrics hallucinées.
Autre point notable : les références. À l’image du reste de l’album ça part dans tous les sens, de Pete Sampras à Ben Affleck, de Bacary Sagna à Nirvana, le name dropping nous laisse sur une impression de failles spatio-temporelles où d’anciennes gloires du sport côtoient des stars de la pop, tout cela semblant on ne peut plus naturel dans le monde bien à part de Slimka.
Il serait tentant d’associer Slimka à d’autres noms du rap francophone et international, ce procédé permettant de s’y retrouver dans une scène toujours plus florissante et variée. On a entendu les noms de XXXTENTACION, Tyler the Creator, et toutes ces comparaisons sont pertinentes si on les admet sous un certain angle. Toutefois elles ne font pas justice à l’essence de la musique qui compose ce projet, qui propose des choses rarement – voire jamais – entendues jusqu’ici, et ne reflètent sûrement pas l’idée transversale et fédératrice de celui-ci : la liberté créatrice.
Tout au long de l’écoute on est frappé par ce surréalisme phonétique et sémantique dans les textes et les flows, qui se déclinent à merveille dans les compositions de Pink Flamingo, mais aussi dans les clips, le code vestimentaire, les prestations scéniques… Slimka nous prouve ici qu’il est un artiste complet, indépendant, un peu fou aussi, mais un des plus exaltants du moment, en nous prouvant par la même occasion qu’il ne se résume pas qu’à ses concerts (auxquels nous recommandons quand même chaudement d’assister). De quoi nous tenir en haleine d’ici ses prochaines apparitions !
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