Après quelques atermoiements et une carrière construite intelligemment à son image, Rapsody livre son deuxième album studio, presque 5 ans après son premier exercice. Adoubé avant sa sortie officielle d’abord grâce à la prestigieuse liste d’invités puis par quelques grands noms, Rapsody lâche un opus de très grande qualité qui place cet album parmi les grandes réussites de cette année.
Il n’est jamais facile de faire une analyse rapide de ce type de projet tellement il recèle de richesses et de références lyricales et musicales. Jusqu’ici, Rapsody avait la réputation d’être habile au stylo, une littéraire de l’affaire aux rimes cherchées et aux références hip-hop subtiles. Révélée avec le groupe Kooley High à la fin des années 2000 et débauchée du crew par le producteur 9th Wonder pour qu’elle rejoigne son écurie de talents, la voici avec l’opus de la maturité. Et encore, user de ce titre pourrait laisser croire qu’elle en manquait auparavant… rien de tout cela mais qu’on aime ou pas sa proposition, de cet album exhalent une aisance, une assurance et une affirmation de son désir artistique tellement ancrées qu’il est difficile de lui associer un autre épithète.
Il lui a d’ailleurs fallu deux ans de travail pour sortir cet album. C’est une rare prouesse quand on sait que l’industrie musicale va plus vite qu’un vinyle lâché sous le diamant. C’est aussi un travail qui réclame une constance et une vision artistiques très assumées.
Aidée en cela par pléthore d’artistes de premier plan, Rapsody ouvre en effet la porte du studio à 11 artistes qui font son admiration et apportent avec eux leur univers. On note d’ailleurs que lorsqu’un invité s’empare du micro, il n’est pas rare de voir l’instrumentation changer comme pour donner davantage de profondeur à l’intervention du lyricist. L’exemple le plus flagrant est le couplet de Black Thought sur « Nobody » qu’on jurerait accompagné de la batterie puissante de son acolyte ?uestLove.
Rapsody – « Nobody » feat. Anderson .Paak, Black Thought, Moonchild
Justement, au niveau de la production, on retrouve son maître à penser, le fameux 9th Wonder qui assume la coordination artistique du projet (aux côtés de Terrace Martin et Yung Guru) mais qui sait également se mettre en retrait pour laisser d’autres talents s’exprimer comme Nottz (« Laila’s Wisdom »), Khrysis (« OooWee ») ou Eric G (« Sassy ») pour ne citer qu’eux.
Tous ces artistes ont fait du boom-bap la base musicale de ce projet. Mais il est rafraîchi et jamais répétitif tant les souples changements de rythmes au sein même des morceaux et les diverses influences musicales qui s’y expriment l’enrichissent. Sur « Sassy » par exemple, comment ne pas entendre les volutes de basses et de synthé qui font la marque du hip-hop West Coast?
Rapsody – « Sassy »
Le beat est le cœur du rappeur, de la rue, de l’auditeur, de la musique qui irrigue chaque organe du corpus du morceau de sa cadence ou au contraire de son absence de régularité. C’est pourquoi ceux qui se sont fait les chirurgiens du hip-hop en apportant des beats moins cadencés ou moins réguliers ont révolutionné le genre (ou l’ont étoffé). On pense dans ces prouesses à des artistes comme Kanye West, Kendrick Lamar sur ses deux derniers opus ou même Jay-Z d’une certaine manière sur 4:44 (liste non-exhaustive).
Cette fois, il n’est pas certain qu’on puisse dire de l’opus de Rapsody qu’il marque une telle rupture dans la production musicale, en revanche, le cœur (le beat) y est. Il n’abandonne pas une seconde l’auditeur, il bat à tout instant, parfois au rythme des nombreux invités de la rappeuse (comme évoqué précédemment) et surtout au rythme de ses confidences et observations.
Pourtant, la rappeuse de Caroline du Nord tient sa plume comme peu de lyricists la maîtrise. Celle qui définit son geste artistique comme un héritage de la philosophie qui portait le hip-hop en épouse bien des styles. Et elle confesse et démontre sur tous les aspects de son opus qu’elle le respire et semble faire sienne la devise Peace, Unity, Love and Having Fun.
Rapsody – « Power » feat. Kendrick Lamar
Rapsody propose avec cet opus un projet dense, à la construction sophistiquée mais pourtant terriblement accessible et sur lequel on retrouve un casting de rêve, aussi bien à la production que parmi les invités. Toutes proportions gardées, Rapsody s’impose avec un tel projet comme l’une des très grandes dames du hip-hop. Tout le monde sentait ce doux parfum de talent quand elle s’approchait du micro. Tout le monde s’était senti bluffé par la qualité des rimes qu’elle déroulait par chapelets. Tout le monde avait noté que les prods sur lesquelles elle s’exprimait étaient des petits bijoux mais personne ne s’attendait à ce qu’en sortant son deuxième opus, elle fasse la démonstration d’une telle maturité et qu’elle propose une pièce artistique aussi subtile que puissante. Bien sûr, on nous reprochera peut être les éloges pour un album qui, bien que gentiment construit, ne révolutionne pas le genre et ne propose en réalité que peu de nouvelles pistes artistiques. Dont acte. Mais deux ans d’efforts, de constance et d’affirmation artistique se respectent. Surtout quand le résultat de ce travail est aussi riche et flamboyant. Chapeau.
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