Jay Prince – Smile Good

Octobre 2016

Jay Prince

Smile Good

Note :

Est-ce qu’un EP de 8 titres mérite une chronique? Certains diraient que non, l’œuvre pouvant manquer de consistance ; d’autres, au contraire, souligneront qu’en tant que release musicale, tout avis est bon à prendre. On a tranché et on a décidé de chroniquer ce projet. Juste parce qu’on aime l’artiste et qu’il est toujours en train de s’inventer. Chronique de Smile Good, le dernier EP de Jay Prince.

Huit titres et 28 minutes de plaisir. Voilà ce que vient de livrer Jay Prince, le rappeur londonien que nous avons eu la chance de rencontrer en février dernier. Smile Good s’ouvre sur les cuivres de l’éponyme « The Beginning« , apportant dès les premières notes une musicalité flamboyante qui pourrait être l’empreinte de cet opus. Il faut dire qu’au fil des projets, Jay Prince affine son style et maîtrise de mieux en mieux sa vox artis. Il nous avait déjà impressionné avec ses premiers efforts, Beautiful Mercy et Befor Our Time, et il faut avouer qu’on ne peut que féliciter pour sa dernière inspiration celui qui fricote avec la team Soulection depuis ses débuts.

Il se revendique comme un grand fan de Kanye West. L’ascendance artistique de ce dernier se ressent d’ailleurs rapidement quand JP lui rend hommage dès le second titre avec un « Father, Father » survolté qui, annonçons-le, est LE banger de ce projet qui, pourtant, recèle de pépites. Jugez un peu : ouverture sur des chants gospel qui constitueront d’ailleurs la ligne mélodique de ce track, boucle de piano qu’on dirait directement samplée dans une église, rythmique ultra efficace et entraînante, et refrain percutant rappelant ce que le jeune Kanye a confectionné parmi ses meilleures inspirations époque College Dropout. Même le flow rappelle celui de son mentor sur ce morceau. Mais le pape de Chicago n’est pas le seul auquel Jay Prince semble lancer des clins d’œil puisque le morceau « Go East » fait furieusement penser aux prods qui ont porté Drake au pinacle.

Jay Prince – « Father, Father »

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En artiste complet, Jay Prince signe toutes les productions de cet opus et si certains morceaux se font l’écho d’artistes dont il admire le talent et semblent leur rendre hommage, c’est un projet original qui, en 8 tracks très différents, épouse les styles qui animent la vocation artistique du bonhomme. Et offre un joli panel de la perception musicale de l’artiste. A l’en croire, cet opus prend cette forme parce qu’il a tenu à délivrer des messages intimes et à décrire des  situations qui lui ont permis d’être qui il est à ce moment de sa vie. Après, le projet est un EP (ou une mixtape c’est selon), et la « cohérence » musicale entre les tracks n’est pas forcément l’élément qu’il faut mettre en avant. Mais le travail est propre et vraiment bien fait puisqu’aucune transition ne choque particulièrement et qu’on ressent clairement que c’est l’amour de la bonne musique qui guide ce projet. A ce propos, la variété musicale des tracks constitue même une force de l’opus et contribue à souligner avec humilité l’aise de Jay Prince au MIC comme derrière son MPC.

Il n’y a qu’une collab’ sur ce projet mais quand il se fait accompagner, c’est sur un morceau aux basses profondes, à la mélodie minimaliste et aux forts relents de trap qu’il convie… Michael Christmas qui ne s’était pas particulièrement distingué sur ce genre de prods. On laissera vos oreilles en juger mais notre avis est tout fait…

Jay Prince – « Squad » feat. Michael Christmas

Après tout cela, que dire ? Que ce projet prend une place intéressante au Panthéon des projets qui sont passés dans nos oreilles cette année. L’heure n’est pas encore aux bilans mais nul doute qu’il nous faudra nous rappeler de cette sortie de grande qualité au moment de regarder en arrière. Entre recherche mélodique, variation de flow, application dans la production notamment dans le lien qui est fait entre boom-bap et beats plus modernes, continuité avec ses précédents opus et filiation artistique avec quelques pointures, cette mixtape est une réussite qui se consomme comme un biscuit apéritif et qui, parce que le job est bien fait, donne envie de s’en mettre davantage sous la dent. Souriez.

Jay Prince – Smile Good