1993, son premier opus, est sorti depuis un peu plus d’un an et revoilà déjà un projet de la nouvelle voix de la Bay Area : Caleborate. Real Person, le nom de cette émanation, se veut être un projet personnel où le rappeur renoue avec les thèmes qui font le rap qu’il défend : des textes inspirés et des productions entraînantes sur lesquelles il installe son flow et peint ses espoirs vains ou réalisés.
Sur un album relativement court, Caleborate revient avec un projet plus mature mais peut être moins tranchant que 1993. Il en résulte une impression de maîtrise mais aussi un brin de suffisance. Rien d’oppressant dans ce sentiment toutefois, juste la part la moins sombre du mot mais suffisamment pour laisser une empreinte dans la conception du projet. Le fin mot de l’histoire, c’est que les productions impeccablement calibrées de cet opus travaillent beaucoup sur la mélodie. Les basses traînent, les beats ne s’énervent pas et connaissent peu de sursauts : ils tissent une ambiance favorable à l’introspection qui est la sève de cet opus.
Maintenant que tout cela est dit, il faut aussi ajouter que l’album s’écoute facilement en boucle, que le MC de la Bay Area n’a rien perdu de son talent et de son flow et que le projet commis ruisselle de qualités. Dans l’écriture et dans les prods justement. Preuve éclatante avec le premier single du projet « Soul ».
Caleborate – « Soul »
Avec cet opus, Caleborate parle de sa vie, de son expérience d’artiste qui extirpe sa prose de l’anonymat mais surtout du fait que son succès (relatif mais louable quand même) ne l’a pas transformé. Il décrit plusieurs situations amoureuses, amicales ou quotidiennes qui traduisent ceci. En abordant les succès, les encouragements mais aussi les frustrations, les spéculations de certains spectateurs envieux et en rappelant, jusque dans son artwork réalisé à l’iPhone, qu’il est la même personne. Pétrie de projets et bataillant pour les réaliser. Même le format de cette sortie (qu’il présente parfois comme une mixtape) va en ce sens. Et lui permet aussi de rassurer sa fan base sur son activité artistique.
En s’entourant de la même équipe de production (notamment Lege Kale) que pour ses premières releases, il s’assure un environnement artistique qu’il maîtrise et assume une forme de continuité. Cela n’empêche pas l’opus de présenter quelques pépites et notamment « Fine » qui sample le fameux « Mystic Brew » de Ronnie Foster qu’avait déjà repris A Tribe Called Quest dans le légendaire « Electric Relaxation« .
Caleborate – « Fine » feat. 1-O.A.K
Au final, avec ce premier projet depuis la sortie de son 1993 de qualité, Caleborate commet un opus de belle facture où on retrouve son flow posé, ses productions soignées et entraînantes et son art du storytelling. Pourtant, il signe là une release dont on pourrait attendre davantage, notamment dans l’énergie qui s’en dégage. Nous parlions initialement de suffisance, le mot n’est pas galvaudé tant la prise de risque est limitée sur cet opus. Il n’en reste pas moins à recommander tant l’écoute est agréable et la prose maîtrisée. De bon augure pour la suite, en espérant qu’il teintera son futur projet d’un soupçon d’originalité supplémentaire.
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