Funk Volume, la réussite au goût d’indépendance
Porté par Hopsin, SwizZz, Dizzy Wright, Jarren Benton, DJ Hoppa et plus récemment Kato, le label de Los Angeles, Funk Volume a réussi à se hisser en véritable empire indépendant. Malheureusement, après sept ans d’existence, l’entreprise fondée par Marcus Jamal Hopson et Damien « Dame » Ritter tire sa révérence. Et si on lui rendait un dernier hommage ?
Permettre aux artistes de faire de la musique comme ils l’entendent, sans que quelqu’un ne s’immisce dans le processus de création. Une phrase lourde de sens qui posera les bases de la fondation de Funk Volume. Un projet qui verra le jour suite au départ d’Hopsin de Ruthless Recorddans s chez qui il était signé depuis 2007. Selon lui, Tomica Wright, la femme du regretté Eazy-E qui a repris le flambeau à la mort de son mari, ne lui a pas donné la reconnaissance, ni la promotion qu’il espérait à la sortie de son premier album Gazing At The Moonlight en 2009. Une étape de sa carrière qu’il ne manquera pas de rappeler, notamment dans son titre « Sag My Pants ». Malgré les mésententes, il y aura quand même laissé son empreinte au sein du label puisque cet album donne un premier aperçu de son univers mêlant comique et horrocore. Remis de cet échec et fort de persévérance, il décide la même année, de s’associer avec Damien Ritter, avec lequel il décide de s’auto-produire. C’est la naissance de Funk Volume.
Des fondations à la construction
Turn it Up, Independent Living & Still Movin, trois devises qui seront les fils conducteurs de cette nouvelle machine qui s’apprête à tout emporter sur son passage. Un seul objectif: s’opposer à l’industrie musicale et à tout ces artistes qui perdent leur authenticité au profit de la renommée. L’idée est de se livrer sans artifice sur des productions faites maison. Un message qui fera rapidement écho auprès d’un public de plus en plus désabusé par une musique hip-hop de plus en plus mainstream. Le décor désormais planté, Damien Ritter en sera le gérant et Hopsin le premier artiste. Bien évidemment, les deux hommes se rendent bien compte que pour se faire un nom, il va falloir créer une vraie famille musicale. Une logique que Dame prendra au sens littéral en signant le deuxième artiste SwizZz. Car si ces zZz et sa voix perçante résonnent dans tous les esprits, peu savent que la dernière recrue n’est en fait nulle autre que le petit frère du patron. Comme quoi le piston existe, même dans la musique. C’est donc à deux qu’il débuteront cette nouvelle aventure. S’ils se sont rencontrés sur les bancs du lycée, bien sûr qu’ils n’en sont pas non plus à leur première collaboration. Conséquences de tout ça, ils partageront ensemble le premier projet à porter l’étiquette FV. Haywire.
Premier constat, l’alchimie entre les deux est d’une efficacité remarquable. Intégralement auto-produites, leurs productions collent parfaitement à leurs flows si particuliers et les couplets se répondent magnifiquement. Les lentilles noires face aux lentilles blanches. Le yin et le yang du hip-hop. Deux potes qui s’amusent simplement avec un micro. C’est sans doute pour ça que l’album est aussi réussi. Si vous venez tout juste de découvrir le petit teigneux au crane rasé en 2009, profitez-en puisque Haywire sera le seul projet au nom de SwizZz, à quelques exceptions près, mais nous y reviendrons. Pour l’anecdote, le duo souhaitait initialement vendre le projet, mais n’y parvint pas du fait qu’Hopsin était encore sous contrat avec Ruthless. Haywire sera donc hébergé gratuitement sur Datpiff, la référence en termes de mixtapes gratuites. C’est bien beau tout ça, mais Funk Volume n’a toujours pas de projets à vendre. Ne vous en faites pas, Hopsin a plus d’un tour dans son sac.
Funk Volume, c’est Hopsin en tête
Raw, voilà le nom de premier album du rappeur californien. Il sera aussi le premier disque à paraître officiellement chez Funk Volume. S’il a sorti Gazing At The Moonlight trois ans plus tôt, sa rancœur envers Ruthless le poussera à renier cet album. Autrement dit, Raw est selon ses dires, son premier album. C’est le single « Nocturnal Rainbows » qui ouvre le bal. Avec ce titre, le rappeur aux lentilles blanches nous montre une autre facette de sa personnalité. Lui qui nous a habitué à du rap d’horreur et souvent humoristique, c’est un artiste engagé que nous découvrons. Ces arc-en-ciels nocturnes qu’il évoque, illustrent tous les mensonges qui nourrissent une société et une industrie musicale qu’il considère comme fausses et manipulées. Il se place également en militant anti-drogue et alcool, un argument supplémentaire pour marquer sa différence face aux rappeurs maintream qui en font souvent l’apologie. Hopsin est sobre. un style de vie assumé qu’il compte bien transmettre à cette jeune génération qui l’écoute. Artiste engagé certes, mais il n’a pas pour autant abandonné son personnage loufoque. Le deuxième single en témoigne: le fameux « Sag My Pants » que nous évoquions plus tôt. Un titre qui va agrandir la liste noire du rappeur. Soulja Boy, Lil Wayne, Rick Ross, Lupe Fiasco, il ne rate personne. Tous ces artistes qu’il considère comme sur-estimés. On vous laisse apprécier la force de ses mots.
Je me suis faufilé dans la maison de Drake quand il était tout seul. Tu peux dire que j’ai un esprit tordu car j’ai tamisé les lumières et fermé les stores. J’ai attaché ma corde autour de son cou et j’ai tiré dessus jusqu’à ce que sa colonne vertébrale se brise. Récemment j’ai été dégoûté car tout le monde dit que Lil Wayne rappe bien Je vais déclencher une bagarre en envoyant son cul dans un mur de briques et faire s’asseoir Rick Ross sur lui. […]
Soulja Boy t’as un flow de merde, alors tu peux sucer ma putain de bite à travers un mur. Tous les négros sont plus faux que Lupe Fiasco qui prétend être un skater. Ce négro ne sait même pas faire un ollie, je le pousse sur un chariot et même Satan ne peut pas me stopper.
Hopsin – « Sag My Pants«
Quelques rimes pour tous les assassiner. Pourtant, si les mots sont forts, seul Soulja Boy daignera lui répondre. Avec un morceau intitulé « That Nigga Not Me ». Bref, ces lignes montrent que Hop sait défendre ses idées et qu’il n’est pas là pour rigoler. D’autant plus que ces piques vont lui permettre de peu à peu sortir de l’ombre et se faire connaitre du grand public. Le constat est unanime: son culot, son univers et ses talents de rappeur vont l’emmener très très loin. Plus largement cette album, c’est du 100% horrocore comme on l’aime, la confirmation d’une orientation artistique originale.
De Ill Mind à Knock Madness
Hopsin ne perd pas de temps, l’année suivante, il annonce déjà qu’il a un nouveau projet dans ses placards. Knock Madness. En attendant, le rappeur sait tenir son public en haleine. Il dévoile « The Ill Mind of Hopsin 4 », qui comme son nom l’indique, est le quatrième extrait de sa série « Ill Mind ». Des titres qui nous transportent aux premières loges de son esprit malade comme il le dit si bien. Si les trois morceaux précédents n’ont pas fait grand bruit, celui-ci sort au moment où Marcus commence à se faire un nom dans le game. Le buzz est immédiat. Portant ses célèbres lentilles blanches, il vous donne rendez-vous dans sa chambre pour vous raconter une histoire. Celle de son enfance avec une bonne dose d’auto-dérision. D’autant plus qu’il en profite pour attaquer frontalement son concurrent indépendant Tyler, The Creator. Si ce morceau a eu son petit effet, c’est avec le clip de « Ill Mind 5« que tout va basculer. Un morceau puissant, considéré comme beaucoup comme le meilleur de sa discographie. La raison ? Probablement les thèmes abordés. L’artiste n’épargne personne. Il exprime sa frustration vis-à-vis d’un rap game et de ses rappeurs qui véhiculent des messages négatifs aux jeunes qui les écoutent. Ces jeunes qui à cause d’eux, s’éloignent des bancs de l’école au profit de la drogue, des filles et de l’argent facile. Tout y passe. Une véritable critique sociétale de plus de cinq minutes. De plus, il se remet en question. Lui qui encensait son album Raw, à sa sortie, il regrette désormais d’avoir « joué dans ce jeu diabolique (le rap game) qui tue ton bon sens ».
L’artiste évolue, c’est indéniable. Je m’en souviens encore, le jour de sa sortie, le clip et les paroles m’avaient scotchés. Et je ne fut pas le seul puisque celui-ci a été visionné plus d’un million de fois en 24h. Un buzz éclair comme on en voit rarement en indépendant. Hopsin devient alors un artiste à suivre. Logique puisque six mois plus tôt, le magazine XXL l’avait cité dans son top 10 des rappeurs à suivre en 2012. Le sixième volet sera plus personnel que les précédents. Il parlera de l’addiction à la meth de son meilleur ami. Le morceau sortira quelques mois plus tard et figurera sur le tant attendu Knock Madness. Si sa discographie est riche, il y a quelque chose de frappant chez lui. Chaque morceau de sa série « Ill Mind of Hopsin » illustre l’évolution intellectuelle de l’artiste au fil des années. Écoutez les tous à la suite pour vous en rendre compte.
Knock Madness: un album qui sortira trois ans après Raw, soit le 26 novembre 2013. Il était temps. D’autant plus qu’il avait fait jaser en vendant son projet comme étant « meilleur que Detox de Dr. Dre« . Si aujourd’hui, cette qualification perd tout son sens, avec des titres comme « Hop Is Back », « Rip Your Heart Out » ou encore « Lunch Time Cypher » Knock Madness s’est rapidement imposé comme un incontournable de la discographie. Fort de la présence de ses camarades de label et Tech N9ne, l’album est présenté via une tournée mondiale en 2014: le Knock Madness Tour. Pas moins de 54 dates en 60 jours, parmi lesquelles un passage remarqué à la Maroquinerie de Paris. Cette tournée offrira le crew Funk Volume au complet. Merveilleux souvenir. Après cet album, beaucoup diront qu’Hopsin est au sommet de son art.
De la descente aux Enfers à la rémission
Et c’est presque une obligation. Une fois au top, la seule option possible est la chute. Hopsin n’y a pas non plus échappé. Des signes avant-coureurs le laissait présager dans son précédent opus. Exemple, dans « The Friends Are Knocking« , Marcus nous faisait part de la pression qu’il subissait quotidiennement face aux attentes permanentes de son public, alors que la conception de son album s’éternisait. En proie aux doutes, l’artiste est poussé jusqu’à la dépression. Le déclic a lieu en janvier 2014, en marge d’un concert prévu à Fort Collins. Ils sont tous là, Dizzy Wright, Jarren Benton, SwizZz & DJ Hoppa. Un seul manque à l’appel, Hopsin la tête d’affiche. Alors que personne ne le voit venir, il craque et refuse de monter sur scène. Au nez et à la barbe du public et de ses associés, il s’enfuit dans une maison en construction pour se cacher. Il ne fera pas le concert et pensera plusieurs fois à se suicider. On le dit fini, sa carrière terminée. En juillet 2014, il annonce même qu’il arrête définitivement le rap pour s’envoler vers l’Australie. Une nouvelle qui laisse tout le monde dans la stupeur. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’il rassure tout le monde en prétextant à une blague. Très drôle. Aidé par ses amis du label et sa nouvelle petite amie, le rappeur reprend vite le dessus. Il prévient même dans la foulée de l’arrivée proche de son prochain album. Pleins de regrets, Hopsin organise un concert gratuit quelques mois plus tard pour se racheter du lapin posé à ceux de Fort Collins, Il leur dédiera même une chanson en guise d’excuses et d’explication sur son dernier album Pound Syndrome. Album annoncé avec le septième et dernier volet en date de la saga des Ill Mind. Dans ce morceau, Hopsin entame une longue traversée du désert dans laquelle il se confie sur ses croyances religieuses et la difficulté qu’il a de garder la foi face à un Dieu qui reste silencieux. Dans la ligné de ce qu’il a su nous offrir jusqu’à présent, l’album est une réussite. Hopsin prouve encore une fois ses talents de parolier et de producteur. Homer Johnsen, journaliste pour HipHopDX a qualifié ce dernier disque d’une « immersion merveilleusement et chaotique dans l’esprit malade d’Hopsin ». Rien à rajouter. Hopsin est donc un artiste qui, en à peine six ans de carrière, a réussi à s’imposer parmi les plus influents de sa génération, en plus d’être un excellent skater..
Après tout ça, je vous entends déjà râler: « Funk Volume, ce n’est pas que Hopsin ». Et vous aurez raison. Coup de projecteur sur le reste de la maison Funk Volume.
Hopsin en 10 titres
Dizzy Wright : philosophe des mots… et de la weed
Avec Dizzy Wright, on change radicalement de registre. Ce n’est pas l’horrorcore qui le définit, mais bien la spiritualité. Des enseignements qu’il tirera de son enfance difficile. Peu le savent, mais tout n’était pas rose pour lui, Un père absent et une mère qui peine à joindre les deux bouts. Une situation précaire qui le contraint de vivre une partie de sa jeunesse dans un foyer pour sans-abris. Il sort la tête de l’eau en découvrant le rap. C’est Layzie Bone, membre du célèbre groupe de Cleveland, Bone Thugs-n-Harmony qui lui inocule le fameux virus. Et ce n’est pas n’importe qui, puisqu’il n’est ni plus ni moins que son oncle. Un tonton qui ne cessera jamais de l’inspirer et avec lequel il continuera de collaborer au fil de sa carrière. Après avoir développé ses talents artistiques étant jeune, il est temps de tenter l’aventure en major. Après un court passage chez Def Jam avec lesquels il ne s’entend plus, il échoue dans l’obtention d’un contrat avec le label indépendant Bluestar. Ce n’est qu’en 2011 que les choses s’améliorent lorsqu’il est repéré par Hopsin. Bien qu’ au début il hésita à prendre part à l’aventure Funk Volume, il décida de sauter le pas. Bonne initiative puisqu’il deviendra rapidement l’artiste le plus productif de la famille. En effet, en cinq ans, le rappeur originaire de Las Vegas a déjà fourni deux albums studios, trois mixtapes et trois EP. Qui dit mieux ? il est aussi le premier artiste dévoilé hors de l’entourage des fondateurs. Au delà de ça, Dizzy Wright, c’est tout un univers. Hopsin l’a dit lui-même: ce qui est marquant chez lui, c’est son flow unique et ses influences Smooth. La douceur est effectivement le mot qui qualifie le mieux notre rappeur. Hopsin est conquis, le public aussi. Pourtant, les deux n’ont pas grand chose en commun à part ce désaveux profond de l’industrie. Car si le leader du crew est totalement sobre, pour notre cher Dizzy, c’est tout le contraire. Accro à la weed, ce dernier en a fait un fil directeur de son oeuvre musicale. Pour preuve, son premier album Smokeout Conversations sortira le 20 avril 2012. Ce n’est pas une coïncidence et les spécialistes de la question le savent bien. Ce jour est un rendez-vous annuel dédié au cannabis. Chaque année, le 20 avril (4/20 à 4:20pm), il est coutume de fumer un petit joint entre amis. Un code identitaire symbolique très important dans la culture de l’herbe. C’est ainsi que Dizzy, a lui aussi voulu ajouter sa pierre à l’édifice. Le 20 avril prochain, si l’envie vous vient de perpétrer la tradition, pensez à accompagner votre joint avec du Dizzy.
Dizzy Wright, un rappeur plein de sagesse
Oui le rappeur est complètement fumé, il a même balancé quelques mois après la sortie de l’album, une mixtape gratuite aux allures de version deluxe. Je parle ici de Free Smokeout Conversations. Sauf qu’il serait réducteur de penser que son univers se limite seulement à l’herbe. Au contraire, écouter Dizzy Wright, c’est opter pour un voyage spirituel à part entière. Progressiste, sage, humaniste et positif sont autant d’adjectifs qui pourraient qualifier sa musique et sa personnalité. Musique qui en plus de ça réussit à nous ramener aux racines du hip-hop. Que demander de plus ? Son but est donc de vous transmettre une véritable philosophie de vie. Des valeurs qui, dans un hip-hop de plus en plus individualiste, ont tendance à disparaître. Prendre une grande bouffée d’air frais dans un environnement enfumé, c’est un comble non ? La sagesse sera le maître mot de son projet suivant. The First Agreement. Si vous êtes aussi curieux que moi, vous vous demanderez à quoi cela fait-il allusion. Et bien je vous répondrais Miguel Ángel Ruiz, ce chamane des temps moderne. L’auteur mexicain à qui l’on doit le best-seller, Les quatre accords toltèques: un guide pratique vers la liberté personnelle. Un ouvrage qui décortique avec des mots simples, la philosophie de cette civilisation méso-américaine. Quatre principes qui marqueront profondément notre rappeur dans ses croyances spirituelles. C’est donc le premier de ces accords qui donnera son titre à l’EP. Celui qui dit: Be impecable with your word. Un commandement qu’il a décidé d’appliquer dans sa vie de tous les jours, aussi bien dans sa musique que dans sa vie familiale. Avec sa mère et sa fille en tête.
Parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez vraiment. N’utilisez pas la parole contre vous-même, ni pour médire d’autrui. Utilisez la puissance de la parole dans le sens de la vérité et de l’amour. La parole est un outil qui peut détruire. Prenez conscience de sa puissance et maîtrisez-la. Pas de mensonge ni de calomnie.
Dizzy Wright – « The First Agreement«
Une véritable remise en question de nos croyances pour atteindre notre propre épanouissement physique et intellectuel. S’il avait déclaré vouloir sortir une mixtape intitulée The Second Agreement, dans la foulée, celle-ci n’a toujours pas vue le jour. Est-ce pour autant qu’il n’a plus rien à nous apporter ? Loin de là.
L’ascension continue
Avec des projets d’une telle envergure, c’est ce qui s’appelle frapper fort. A tel point qu’après Hopsin, lui aussi fera partie de la sélection 2013 des rappeurs à suivre de XXL. Un début de reconnaissance qui va l’entraîner vers son âge d’or. Quoi de mieux pour l’illustrer que de sortir une mixtape intitulée The Golden Age ? Porté par les titre « Maintain », en feat avec Joey Bada$$ et « Still Movin' », une ode à son label en compagnie de ses camarades artistiques, le projet est un concentré de samples et d’influences des années 90. Une bien belle façon de rendre hommage à une période que beaucoup considèrent justement comme l’âge d’or du Hip-Hop. Les années 60 sont également à l’honneur sur le puissant, « Killin’ Wit Kindness », morceau qui reprend avec brio le titre « Private Number » de Judy Clay & William Bell. Sur cette pépite, on retrouve avec plaisir, un morceau en compagnie de son partenaire de longue date, Logic. Qualité oblige, l’enfant de Vegas obtient le titre « d’étoile montante de l’année 2014 » de la part du site HotNewHipHop. Son destin semble tout tracé, vous voilà prévenus.
Après avoir accompagné Hopsin lors du Knock Madness Tour, il revient l’année suivante avec deux EP, à seulement deux mois d’intervalles. BrILLiant Youth, en duo avec Bishop Nehru le 15 avril 2014 et States of Mind pour le 4 juin. Vous êtes rassasié ? Allons, ceci n’est que l’apéritif. Des projets uniquement là pour annoncer du gros. Son deuxième album studio. The Growing Process. L’artiste a évolué et il va nous le prouver. Cet album son adolescence au travers de ses joies et ses peines. De l’authenticité à l’état pur. A-il pour autant fini de grandir ? A tout juste 24 ans, on reste persuadé que ce jeune artiste aura encore beaucoup à apprendre. En espérant qu’il continuera de nous transmettre sa sagesse à travers sa musique. Un message entendu, puisqu’il y a quelques semaines seulement sortait son dernier EP, Wisdom and Good Vibes. Le voilà qui se met à la funk. Preuve qu’avec ou sans Funk Volume, l’homme n’a pas fini de nous surprendre.
Dizzy Wright en 10 titres
Jarren Benton : l’autre visage de la trap
S’il y a des dizaines de rappeurs originaires d’Atlanta, il n’y a qu’un seul Jarren Benton. Faire du Hip-Hop, il y aspire depuis qu’il est gamin. Comme prédestiné à l’indépendance, il se fait un nom seul au travers de showcases dans les clubs de sa ville natale. S’il réussit à obtenir une petite notoriété, sa visibilité reste encore assez faible car la scène locale est déjà bien garnie. (Outkast, T.I., Ludacris pour ne citer qu’eux). C’est en 2009 qu’il crève l’abcès et sort sa première mixtape officielle. Un disque simplement nommé Jarren Benton: The Mixtape. Une mise en bouche de son univers atypique entièrement produit par The Beatgods. Il revient deux ans plus tard avec Huffing Glue With Hasslehoff, une nouvelle tape en collaboration avec le producteur SMKA. Après cela, il sortira le morceau qui propulsera enfin sa carrière: « Skitzo ». Trois millions de personnes verront le fameux clip sur YouTube. Parmi elles, il y a Hopsin, le leader de Funk Volume qui cherche encore des pépites pour agrandir sa famille musicale. Coïncidence ? Je ne pense pas. Celui-ci décide alors de faire écouter le fameux morceau à Ritter. C’est la grosse claque, les deux fondateurs sont sous le charme. Et ils ne sont pas les seuls. Les plus gros labels américains lui proposent des contrats, Def Jam, Interscope, vous les connaissez tous. Indépendant convaincu, il choisit finalement Funk Volume. Après SwiZz & Dizzy Wright, il sera le dernier artiste à rejoindre la famille. Une bien belle crue que cette année 2012. Et lui non plus n’est pas là pour plaisanter, en témoigne sa première mixtape chez son nouveau label: Freebasing with Kevin Bacon. Les invités sont nombreux puisque Dizzy Wright, 2 Chainz, Rittz, Freeway, Gangsta Boo, Jon Connor & Planet VI ont répondu à l’appel. Vous savez sans doute que chaque région des States à sa musique. Si New York vit au rythme du boombap, du côté du sud et particulièrement à ATL, c’est bien la trap et le Dirty South qui priment. Si l’artiste admets que l’influence de sa ville transparaît dans sa musique, dans les textes c’est une toute autre chose. On vous assure que sa musique est réservée à un public averti. L’horrocore est de retour chez Funk Volume. Vous voulez en savoir plus sur Mister Benton ? Il se présente à vous avec son premier album: My Grandma’s Basement.
Un album pour mettre tout le monde d’accord
C’est la croisée des chemins. La famille au complet, ils se sont tous donnés rendez-vous pour le Knock Madness Tour de 2013. Juste après, Jarren ne se repose pas pour autant. Il travaille sur son projet le plus important: son premier album, celui avec lequel il compte définitivement montrer ce qu’il a dans le ventre. Sans surprise, My Grandma’s Basement reflète tout son univers, avec en prime, sa grand-mère sur la pochette. C’est le single « Razor Blades and Steak Knives » qui annonce la couleur. Avec lui, l’horrocore connait son paroxysme. Lui qui souhaitait se présenter, on comprend vite que le mec est cinglé. Ce projet, c’est aussi l’occasion de découvrir plus en détails Kato, le producteur de longue date du rappeur. L’homme est aux manettes sur la quasi-totalité des tracks de l’album. Force est de constater que la formule fonctionne à merveille. Fort de l’aura de ses complices musicaux, son monde si particulier rencontre un franc succès auprès d’un public toujours plus friand de nouveautés. Une fois n’est pas coutume, un nouvel artiste de Funk Volume vient d’être plébiscité par les fans dans le classement XXL Freshman. Après Hopsin en 2012, Dizzy en 2013, Jarren Benton est le « People’s Champ » de 2014. Pari gagné. Merci mamie.
Jarren Benton: une bête de scène
La suite de ses aventures ne se fera pas en studio, mais bien en live. Il n’a pas arrêté. En commençant par sa tournée promotionnelle pour son album My Grandma’s Basement Tour. Sauf que cette fois, il est seul puisque ses collègues se produisent dans le même temps au pays des kangourous. Un rendez-vous intime entre lui et son public donc. Il enchaînera quelques mois plus tard avec The Life And Times Tour, la tournée de Rittz, rappeur indépendant du label voisin, Strange Music. Il terminera son tour des salles en juin 2014 avec l’Independent Grind Tour. Cette fois ce n’est pas avec Rittz qu’il retrouve la scène, mais avec Tech N9ne, Freddie Gibbs & Krizz Kaliko. Bien sûr, il n’en oublie pas les studios. Entre deux dates, il continuera à poser son flow tranchant sur les projets de ses associés, Après un repos bien mérité, c’est en 2015 qu’il reviendra avec son dernier EP en date: Slow Motion Vol.1. Avec lui, la trap connait un renouveau dont elle avait bien besoin. On vous confirme, ce mec ce n’est pas Young Thug, ni Waka Flocka Flame, ni Guccie Mane. D’ailleurs, vous n’avez pas intérêt à le comparer à eux, sous peine de vous faire égorger. Hopsin a eu du flair pour repérer ce phénomène. Et SwizZz dans tout ça ?
Jarren Benton en 10 titres
SwizZz : le vilain petit canard ?
S’il y en a un qui n’a pas eu la chance de ses camarades, c’est bien lui. SwizZz était pourtant le premier artiste à signer chez Funk Volume, mais n’aura jamais de réel album en son nom. Alors oui, il a sorti Haywire en 2009 avec Hopsin, et sa mixtape Good Morning Swizzle en 2011, mais depuis plus rien. Étonnant puisque vous savez maintenant que le patron du label, Damien Ritter, est son grand frère. Dans un premier temps, il a expliqué dans une interview, avoir traversé une période difficile
Comment pouvez-vous faire de la bonne musique alors que vous êtes perdus dans votre vie personnelle et que vous ne savez pas qui vous êtes ? Quand l’esprit ne suit pas, la musique passe au second plan. Voilà ce à quoi j’étais confronté depuis quelques temps.
– SwizZz
Rock, Paper, SwizZors, ou l’album perdu
De sombres nuages qui semblaient pourtant s’être dissipés, car dans la foulée, il annonce que son album Rock, Paper, SwizZrors sortira en 2014. Signera-il enfin son grand retour ? On y a cru plus d’une fois pourtant. Quelques mois auparavant sortait le premier single « Zoom In », un titre qu’il a produit lui-même. L’année défile et la désillusion nous gagne. S’il dévoile quelques morceaux par ci par là, le disque est sans cesse repoussé. Son silence radio sur les réseaux sociaux n’arrange rien. Inscrit sur Twitter depuis 2009, il n’a jamais partagé le moindre tweet. 2015 ? Rien. 2016 ? On verra. En espérant que la dissolution de Funk Volume lui permettra d’éclater au grand jour. En attendant, les zZz de son nom de scène n’ont jamais été aussi appropriés. Si vous voyez ce que je veux dire.
Pourtant, que ce soit lors des tournées ou sur les projets de ses camarades, il est toujours au rendez-vous. « The Flavour » de Dizzy Wright, « Go Off » de Jarren Benton, ou encore « FV Till I Die » d’Hopsin ne sont qu’une petite partie des featurings sur lesquels on prend plaisir à retrouver sa voix stridente. Même sur « Jungle Bash », extrait de Knock Madness, on a l’impression de retrouver les deux amis à la bonne époque. Ça fait plaisir, mais on attend plus que de simples apparitions de sa part quand on connait son potentiel.
SwizZz en 10 titres
Funk Volume et ses producteurs faits maison
Oui, la plupart des artistes de Funk Volume composent eux-même leurs morceaux, mais peuvent-ils pour autant se passer de leurs DJ’s et producteurs vedettes ? Hors de question.
DJ Hoppa
Fils d’une violoncelliste et d’un trompettiste, DJ Hoppa baignera toute sa vie dans la musique. Originaire comme Hopsin de Panorama City, il commence à se démarquer en tant que DJ auprès de la scène locale de la vallée San Fernando, grâce au label indé Broken Complex qui le met en avant. Lors de ses nombreux showcases, il partagera la scène avec de grands noms du hip-hop tels que Immortal Technique et Ghostface Killah. Un coup de pouce couplé à un certain talent qui le mènera à rencontrer Hopsin & SwizZz. Le public le découvre pour la première fois lors du I’Am Raw Tour, tournée qui présentera le premier album d’Hopsin. Depuis, le label l’a adopté. Même s’il continue de sortir des projets en parallèle chez Broken Complex, il s’impose rapidement comme le producteur signature du label. On le retrouve à la production sur tous les projets de ses acolytes depuis SmokeOut Conversations de Dizzy Wright. Cela dit, c’est réellement en 2012 qu’il sort de l’ombre. De la plus belle des façons puisqu’il sera aux manettes des « Funk Volume 2012 & 2013 », ces morceaux promotionnels destinés à mettre en avant la maison du même nom. Lorsque les quatre sont ensembles, le résultat est détonnant. Désormais, il est temps de voir plus loin, en 2015, le DJ décide de sortir son propre album. Un projet au titre évocateur puisque judicieusement baptisé Hoppa & Friends. Cette compilation regroupera une dizaine de ses productions sur lesquelles se sont invités tous ses partenaires musicaux. S’il ont retrouve évidemment nos quatre artistes précédents, des noms comme Futuristic, R.A. the Rugged Man ou encore Demrick viendront s’ajouter au casting. Avec ce dernier, il sortira quelque mois plus tard, Stoney Point. Un album qui ne paraîtra pas chez Funk Volume, mais chez Broken Complex.
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Kato On The Track
Originaire de Fairfax en Virginie, Kato découvre le rap au lycée avec son camarade de classe C.U.R.E (Can’t Underestimate Real Emcees). Avec lui, il forme le duo Inkarnation. Un groupe dans lequel son pote sera le rappeur et lui le producteur. Après quelques démos, il décide de tourner la page. Quoi de mieux pour ça que de changer de nom ? Vous vous en doutez, celui qu’il choisira ne sera pas anodin. Fan de Bruce Lee, le producteur a voulu rendre hommage à la série télévisée des années 60, The Green Hornet, dans laquelle son idole joue le rôle de Kato, un maître masqué des arts martiaux. C’est peut-être un cliché, mais notre ami est bel et bien asiatique. En 2006, il change de cap pour s’installer définitivement à Atlanta, ville dans laquelle il rencontrera Jarren Benton. Entre les deux, l’entente est immédiate et leurs influences musicales se croisent. C’est d’ailleurs à lui que l’on devra la production de « Skitzo », le fameux titre qui lui permettra de se faire repérer par Hopsin. Il ne se posera même pas la question et fera d’une pierre deux coup. Il signera le rappeur et le producteur. Désormais, c’est lui qui concoctera la majorité des beats de Jarren, mais également certains titres pour Dizzy Wright. Vous avez déjà vu son visage. Mais si, souvenez-vous, on le voit dans le clip de Benton, « Razor Blades and Steak Knives ». Dans le clip, mais aussi dans le texte. C’est d’ailleurs le rappeur qui se chargera de le présenter personnellement. « Mon producteur est asiatique donc il mange du riz, pratique le Kung Fu et médite. » A clichés, merveilleux clichés. Bien installé au sein du label, Kato suit la route de son homologue DJ Hoppa en sortant à son tour son propre album: Funk Volume Presents: Kato’s Revenge en février 2014. Dans la foulée, le label signera deux nouveaux producteurs, Rikio & BJames. Des nouvelles têtes qui ne feront finalement que de brèves apparitions.
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Plus dure sera la chute
Six ans se sont écoulés, Parti de rien, Funk Volume a réussi à se hisser parmi les structures indépendantes les plus influentes du rap jeu. Tout laissaient penser que 2016 serait une année des plus florissantes. Quand soudain.. Le 2 janvier dernier, le co-fondateur du label Hopsin prend la parole sur les réseaux sociaux :
Funk Volume est officiellement mort merci à Damien Ritter. Il n’y a personne d’autres à blâmer. Je me suis officiellement séparé de tout ça et je suis maintenant en indépendance totale. C’est vraiment triste, mais quand des idiots comme Dame veulent tout contrôler, c’est une bonne équipe qui s’en trouve détruite. Funk Volume était un projet lancé depuis mes 14 ans et cet homme a tout détruit. Jarren, Dizzy, Swizzz, DJ Hoppa et moi-même sommes toujours en bons termes. Ce sont toujours des frères et je les soutiendrais quoi qu’ils fassent. Je vous expliquerais tout bientôt. Je m’en souviendrais et je ne reviendrais pas en arrière. Je suis désolé pour tous les fans de FV. Ne vous en faites pas, il y aura un avenir meilleur.
– Hopsin
Une nouvelle qui laissa toute une communauté sans voix. Est-ce un nouveau troll ? Hopsin avait déjà fait le coup en annonçant qu’il arrêterait la musique pour s’exiler en Australie. Malheureusement, cette fois, c’est du sérieux. L’élément déclencheur viendrait d’une mésentente entre les deux co-fondateurs du label. La source ? La signature d’un partenariat avec Warner Bros Records survenue un an plus tôt. Damien Ritter voit désormais l’avenir de son entreprise comme une marque à part entière. Une décision qui allait à l’encontre de l’étique de son bras droit. Bien qu’il s’y soit opposé, c’est le patron qui eut le dernier mot. Si l’on en croit les mots de Dizzy Wright, suite à ce deal, la politique de la maison aurait changé. Eux qui étaient habitués à créer leur musique à leur rythme et à leur façon, Warner se serait progressivement immiscé dans le processus de création en leurs imposant des délais. Pour Hopsin, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Plus d’autre choix que de se séparer de son associé. Il l’a dit lui-même. « S’il ne part pas de son plein gré, moi je le ferai ». Bien évidemment, les autres membres du crew n’ont pas tardés à réagir. Si Hopsin a exprimé sa frustration sur les réseaux sociaux, Dizzy, dans son optimisme légendaire, « espère que tout va s’arranger et souhaite continuer à transmettre au monde, des pensées positives ». Quoi de mieux pour ça que de partir en tournée avec son collègue Logic. Malheureusement pour nous petits Français, il ne le suivra pas jusqu’en Europe et ratera son passage à Paris le 26 avril prochain au Trabendo. Dommage. Jarren Benton quant à lui, a choisi la carte de l’humour. Une fois la nouvelle tombée, il a annoncé vouloir quitter Funk Volume pour rejoindre No Limit Records, le label fondé par Master P. On ne peut s’empêcher d’en rire quand on sait que celui-ci n’est plus actif depuis presque une décennie. Une grosse blague donc. Cela n’a pas empêché de gros médias américains de se laisser berner. Sacré Jarren.
Trêve de plaisanteries. Le glas a sonné et signe donc la fin d’une époque pour Funk Volume. Si le label existe toujours à l’heure actuelle, son avenir reste incertain. Quoi qu’on en pense, en à peine six ans d’histoire, Damien Ritter & Hopsin ont réussi à imposer avec succès une autre vision de la musique. Leur vision, au travers de quatre univers aussi riches que complémentaires. Un immense héritage retracé dans un documentaire unique intitulé Independent Living – The Funk Volume Documentary (à retrouver ci-dessous). Ce travail de longue haleine leur aura permis de rassembler toute une communauté qui pour toujours, portera fièrement ses couleurs et ses valeurs. N’est-ce pas ça la plus belle des réussites ? Nous en tout cas, c’est tout ce que nous retiendrons.