Alors que les succès grand public de The Get Down ou encore Hip Hop Evolution sur Netflix remettent au goût du jour la fabuleuse imagerie des débuts du hip-hop en plein coeur du Bronx des années 70, tous sommes curieux de revivre « par procuration » cette énergie contagieuse qui liait alors djs, rappeurs, danseurs et graffeurs sous un même étendard arborant le slogan « Peace, Love, Unity and Having Fun ». Mais quatre décennies plus tard, que reste-il de ce lien unissant la musique hip-hop à la danse ? Quels sont les classiques de l’autre versant de la montagne hip-hop qu’est la danse ? Quels sont les hymnes qui composent la bande son parfaite de la culture B-boy ?
C’est dans le but de répondre à ces questions que nous sommes partis à la rencontre de Dj Psycut, un des Djs parisiens les plus respectés dans le monde de la danse hip-hop. Fondateur du collectif Jazz Attitudes, moitié du duo Funkaoliks qu’il forme avec son compère JP Mano, et instigateur du tout récent Easter Sounds Festival, ce digger et sélecteur funk, soul, jazz et hip-hop nous a fait l’honneur de sélectionner et commenter 10 morceaux essentiels de la culture b-boy. Un véritable voyage dans le temps et à travers divers genres musicaux qu’on pourrait pourtant croire bien éloigner de la culture hip-hop.
Dj Psycut : Le stéréotype du 45 tours funk d’un artiste qui n’a jamais sorti d’album. Contrairement à d’autres morceaux qu’on a tendance à retenir que pour un break, « All The People » est un titre dansant dans sa globalité. Je le retiendrais pour tout ce qu’il représente du funk 70s : la black musique urbaine dansante du ghetto. Un morceau qui était, d’après ce que j’ai pu lire, très joué dans les premières block party hip-hop à New York.
Dj Psycut : Avec « The Mexican », on est sur du rock australien et historiquement, on peut vraiment parler de « B-Boys anthem » car il s’agit sûrement d’un des deux ou trois morceaux les plus importants dans la culture b-boy. Un morceau devenu légendaire car particulièrement joué par Dj Kool Herc qui en avait fait une de ses marques de fabrique.
Un morceau de rap car il n’y a pas que des breaks de funk qui sont devenus des classiques de danse hip-hop. Avec ce morceau sorti au début des années 90 (1992, NDLR), Eric B. et Rakim montrent une belle influence acid jazz anglais avec un sample de contre-basse reconnaissable entre mille, prouvant ainsi qu’Eric B. était bien un des tout meilleurs producteurs de l’époque et mettant en avant le talent hors norme de rappeur de Rakim, qui a influencé toute une génération, de Nas à Method Man.
Un groupe de funk / rock américain qui reprend le morceau « Apache » d’un groupe de rock anglais des années 60 appelé The Shadows pour en faire le « b-boy anthem » absolu. Pour l’anecdote, le clavieriste des Shadows (Brian Benett) poursuivra ensuite une brillante carrière dans l’illustration sonore et sera énormément samplé par des producteurs hip-hop, tels que Madlib ou The Alchemist. « Apache » sera notamment popularisé comme la bande son du break dance par les films Beat Street et Wild Style de Charlie Ahearn.
Impossible de faire cette liste sans parler de James Brown. Le plus dur pour moi étant clairement de n’en retenir qu’un seul [rires]. Avant même de parler de sa musique, James a énormément influencé la danse debout et tout le travail de break avant d’aller au sol avec ses attitudes, son style et son jeu de scène sans égal. Je pense que « Give it up or turnit a loose » est très apprécié des danseurs car il permet une véritable communion de la danse avec la rythmique et le jeu vocal de James, tout en explosion et changement de rythme.
Le troisième « b-boy anthem » incontournable des années 70 est de Jimmy Castor Bunch, un artiste qui plus connu pour son tube funk / rock « Troglodyte (Cave Man) sorti en 1972″. Le morceau « It Just Begun » est particulièrement associé à la scène bboy new-yorkaise, notamment au Rock Steady Crew, et a surtout été immortalisé par le fameux générique de fin du film Flash Dance (et son moon walk d’anthologie de Mr Freeze) qui a été le première exposition au break pour de nombreux européens.
Le stéréotype du morceau disco ayant eu un énorme impact dans la culture hip-hop du fait d’un break beat particulièrement apprécié des b-boys au milieu du morceau. Un break qui est également une sorte de rite initiatique pour tout Dj désirant apprendre le passe-passe (qui consiste à jouer en boucle un passage à partir de deux disques identiques, NDLR), technique indispensable pour jouer ce genre de disque à l’époque.
Du post-punk pur jus, ou l’impact du funk sur le rock new-yorkais du début des années 80. Liquid Liquid mais aussi d’autres groupes tels que Konk, UFO, Blondie… gravitent dans une scène d’artistes blancs mais largement influencés par la culture black, notamment le street art avec Keith Harring ou Jean Michel Basquiat. Etonnement, c’est dans les soirées organisées par ces artistes dans les quartiers sud de Manhattan que les premiers Djs hip-hop, notamment Bambaataa, furent autorisés à joueur leurs disque de block party, alors même que la majorité des clubs, pourtant black, du nord de la ville ne reconnaissaient pas encore la culture hip-hop.
A mettre dans la même catégorie que le Eric B. et Rakim, à savoir un morceau issu de la « golden era » (le rap américain de la fin des années 80 jusqu’au début des années 90, NDLR). Une époque bénite pour les b-boys puisque la production rap d’alors repose presque entièrement sur l’usage du break beat du fait de la faible capacité de mémoire des samplers de l’époque. Comme sur « Don’t Sweat Technique », on a ici la formule classique de l’époque : un sample de jazz / soul, un break beat hyper entrainant et un flow imparable qui, en l’occurence est celui d’un rappeur à l’époque très jeune : Jay-Z.
Un morceau qui trouve ses origines dans la musique traditionnelle de Trinidad, avec notamment un instrument particulièrement attaché à ce style musical : le « still-drum ». Ce morceau est à rattacher au regretté Dj Leacy, un anglais considéré comme un des plus grands Djs bboys durant les années 90 et qui était connu pour avoir une équipe de diggers qui cherchaient en permanence des break beat old school pour lui. Je pense que Leacy a notamment influencé les 4 grands piliers français du Djing bboy actuels que sont : Siens, Goodka, Cleon et Dj Ben.
Si ces 10 morceaux sont, à mon sens, des classiques de la culture bboy, toujours appréciés par les danseurs aujourd’hui, je constate que les sons joués lors des événements de danse hip-hop à l’heure actuelle s’écartent malheureusement de cette recherche musicale et de ce mélange des genres. On a tendance à y entendre uniquement des break beats spécialement produits pour la danse au sol mais qui laisse moins de place à l’inattendu et moins d’espace d’expression pour les danseurs debout. Une perte de richesse pour la culture musicale bboy à mon sens…
Vous pouvez suivre l’actualité de Dj Psycut sur sa page Facebook et écouter ses mixes sur son Mixcloud.
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Merci pour cette liste !