L’année 1997 demeure une année charnière dans l’Histoire du rap américain. Orphelin de ses deux figures charismatiques, Tupac Shakur et The Notorious B.I.G, le game cherche encore ses dignes successeurs. Si Jay Z et Nas pointent le bout de leur nez, leurs projets respectifs sortis cette année 1997 ont du mal à convaincre les plus sceptiques. L’assassinat de Biggie en mars ayant laissé un lourd traumatisme, son excellent album posthume au titre prophétique hante encore tous les esprits en léguant un héritage massif pour le rap new-yorkais. Fermant tragiquement le chapitre de la guerre des clans Death Row/Bad Boys, 1997 marque également une certaine redistribution des cartes sur le grand échiquier du rap américain. Cette alternative est incarnée par l’émergence d’artistes venus des quatre coins des États Unis (et non plus seulement des deux pôles côte est / côte ouest) proposant des évolutions musicales novatrices : Timbaland et Missy Elliott offrent leur hip-hop / soul futuriste depuis leur Virginie natale. J Dilla et Slum Village invitent discrètement Detroit dans la danse. Du côté de la Big Apple, Camp Lo active avec talent une machine à remonter dans les seventies. Plus classique mais incontournable, le D.I.T.C. concocte un bel écrin pour le nouveau bijou d’un de leurs membres le plus fidèle : O.C. Mais 1997 est aussi l’année du retour d’artistes cultes du début des années 90 puisque Rakim, EPMD ou encore le Wu Tang sortiront tous trois d’excellent albums cette année là. Focus sur 10 albums essentiels du rap américain qui vingt ans après leur sortie, continuent de marquer des générations d’auditeurs.
Sortie : 25 mars 1997
La sortie de ce second album de Biggie sonne comme un requiem. Sorti quelques jours après l’assassinat de son auteur, le titre de ce double disque prend alors toute sa valeur. Dès l’introduction, le King of New York met en scène sa propre mort avec pour fonds sonores quelques notes de piano et le son d’un électrocardiogramme plat. L’obsédant morceau « Last Day », enregistré en compagnie de ses poulains The Lox, résume parfaitement l’état d’esprit paranoïaque dans lequel se trouve l’artiste au moment de l’enregistrement de ce testament musical.
Élevé au firmament par ses pairs, Notorious ne semble pas apaiser pour autant. Menacé physiquement et artistiquement par la clique Death Row, il règle définitivement ses comptes avec ses rivaux, et plus particulièrement Tupac, dans les corrosifs « Going Back To Cali » et « Long Kiss Goodnight » produit par RZA. Apparemment en pleine crise de Beef, Biggie défend becs et ongles sa couronne de roi de New York en s’en prenant violemment à Jeru The Damaja, Nas, Raekwon et Ghostface Killah dans « Kick In The Door ». La présence omnipotente de Puff Daddy sur cet opus n’est sans doute pas étrangère à cette tendance de paranoïa aiguë. Résolument attiré par les paillettes clinquantes du Mafioso Rap, le MC n’en perd pas pour autant ses moyens en offrant quelques moments anthologiques.
Si les fans de la première heure préfèrent la qualité de Ready To Die à la quantité de Life After Death. Ce dernier n’en compte pas moins quelques Hits incontournables de la discographie du rappeur de Brooklyn. « Hypnotize » et « Mo Money Mo Problems » sont indéniablement les deux titres, qui reviennent le plus dans la bouche des aficionados.
L’apparence festive de ces morceaux ne doit pas occulter le caractère mélancolique de cet album. Il est essentiel de rappeler la période extrêmement délicate vécue par l’homme tiraillé par ses idylles entre une Faith Evans étrangement absente et une Lil Kim présente sur l’anecdotique « Another ».
Sentant l’issue tragique de son incomparable destin de plus en plus proche, Notorious a donné tout de même le meilleur de sa personne, sur ce qui restera l’album posthume le plus abouti de l’histoire du Rap. Life After Death clôture magistralement ce qui restera la plus grande rivalité entre deux immenses lyricistes.
Sortie : 3 juin 1997
Dire que le Wu-Tang était attendu au tournant pour son second opus serait un doux euphémisme. Inutile de comparer ce double album à son élogieux prédécesseur, Wu-Tang Forever est apparu plus « propre » lors de sa sortie, moins spontané, plus prévisible. Il est vrai que les fans du Wu ont été gâtés entre la sortie d‘Enter The Wu-Tang (36 chambers) et cette année 1997 puisque chacun des principaux membres du groupe a sorti au moins un projet solo durant cette période. A tel point que la réunion s’annonce particulièrement agitée en cette année 1997, tant les égos semblent s’être affirmés depuis 1993. La déception passée d’assister aux nouvelles envolées musicales d’un RZA accaparé par de multiples projets, Wu-Tang Forever contient tout de même quelques morceaux d’anthologie.
Le collectif de Staten Island retrouve la magie due à son rang, le temps des joutes lyriques de « It’s Yourz », « Heaterz », ou du premier single « Triumph » (à retrouver dans notre playlist en fin d’article). Toujours fasciné par le cinéma de Kung Fu, RZA signe un des meilleurs prototypes sonores du genre avec « Hellz Wind Staff ». Hymne symbolique de ses retrouvailles, « Reunited » et ses superbes violons stridents remettent les inconditionnels dans la bonne voie. Wu-Tang Forever est aussi une occasion de redécouvrir des membres satellite comme Street Life ou Cappadonna, fraîchement sorti de prison. Double album, ce second essai demeure long à l’écoute, mais se bonifie avec le temps. – Rémi
Sortie : 4 novembre 1997
« The City Is Mine » clame d’entrée Jay Z aux côtés du groupe RnB hype du moment, Blackstreet. Biggie à peine refroidi, Jigga s’autoproclame le légitime successeur du King of New York. Pourtant, ce second album est loin de combler les aficionados de Reasonnable Doubt. Très inégal, In My Lifetime est loin de la qualité musicale de son classique de prédécesseur. Mais il est emblématique du virage, que va prendre le futur patron du Roc-A-Fella, c’est à dire une machine infernale à tubes.
Pour arriver à ses fins, Jigga s’entoure de quelques spécialistes du genre comme les Trackmasters, Teddy Riley, Chad Hugo des Neptunes (sans Pharell Williams) ou le collectif de beatmakers fondé par Puff Daddy, The Hitmen. Par ailleurs, le spectre de son voisin du Bed-Stuy, Biggie, semble planer au dessus de cet album avec les présences de sa muse, Lil Kim et son mentor, Puffy.
Les satisfactions vont plutôt vers des titres réalisés par les producteurs du premier opus du Jay, à savoir Ski, Big Jaz et Preemo. S’il ne devait rester qu’un seul de ses titres, l’indémodable « Street is watching » serait l’heureux élu. Avec le recul, Jay Z avouera ne pas être très attaché à ce second album, qu’il dit gâché par la présence du titre « Sunshine », où apparaissent le crooner Bayface et la provocante Foxy Brown. Dans la discographie de Jigga, In My Lifetime représente un peu l’esquisse des toiles de maître, que deviendront plus tard Blueprint et The Black Album. – Rémi
Sortie : 4 novembre 1997
Si Rakim a construit sa légende au sein du duo, qu’il formait avec son DJ Eric B, The 18th Letter l’a définitivement installé sur un piédestal. Cinq ans après la dissolution du groupe, le MC de Long Island signe enfin ce premier solo tant attendu. Les deux singles très efficaces « Guess Who’s Back » et » It’s Been a Long Time » ont suffit à remettre The God MC au summum du Panthéon du hip-hop.
The R. a su sélectionner les meilleurs producteurs de la décennie pour l’accompagner dans cette première aventure soliste. Majoritairement produit par Pete Rock, Clark Kent et Premier, les musiques mélodieuses sont à des années lumières du boombap basique fourni par Eric B. Rakim laisse donc la fluidité de son débit légendaire s’exprimer avec sa puissance caractéristique. Le discours, quant à lui, semble axé sur les questions mystiques dues à sa conversion à l’Islam. Il fait uniquement un écart le temps d’un duo Rap/RnB avec « Show Me Love ». Un exercice, auquel il nous avait habitué avec ses duos avec les chanteuses Mica Paris et Jody Waitley.
The 18th Letter remet donc en selle une des plus grandes références du MCing. Rakim continuera à tracer les sillons de son chemin de gloire avec encore deux autres albums solos. Les fans nombreux, dont Eminem, regretteront seulement de n’avoir eu la chance d’écouter en intégralité son fameux album Oh My God produit par Dre en 2001. – Rémi
Sortie : 23 septembre 1997
Décidément l’année 1997 a été celle des retours aux affaires des mastodontes du rap US. Sous estimée, la paire Erick Sermon/Parrish Smith accompagnée par DJ Scratch a été tout de même un des premiers combos rap à introduire des samples de funk dans ses productions aux BPMs aussi lourds que ralentis, bien avant Dre et son G-Funk.
De retour aux affaires, les deux figures emblématiques du groupe reviennent après des expériences plutôt concluantes pour Sermon avec son Def Squad, et plus confidentielles pour Parrish avec PMD. Les deux parties semblent avoir du mal à procéder à un compromis entre la « funky touch » assumée de Sermon et le parti pris « hardcore and rough » de Parrish. Les featurings restent dans le giron familial des deux camps avec les apparitions de Redman, Keith Murray, Das EFX ou Nocturnal, avec une mention spéciale au « K.I.M » du Def Squad et son sample de violons lancinants.
Sermon remporte la manche des titres les plus séduisants avec les singles inoubliables « Da Joint » et « Never Seen Before ». Les nostalgiques d’EPMD peuvent se replonger dans les ambiances relookées de « You Got 2 Chill » et « Jane5 », fonctionnant autour du sample éculé du « Mary Jane » de Rick James.
A défaut de surprendre, cet EPMD cuvée 97 a le mérite d’imposer la griffe de deux partisans d’un rap calibré et sans concession. Champions du monde des come back, les deux funk masters réitérerons l’expérience à deux reprises en 1999 et en 2008. Quant à l’oublié DJ Scratch, après sa séparation du groupe en 2008, il est devenu un des meilleurs mixeurs de la planète, notamment grâce à son expérience auprès du Flipmode Squad de Busta Rhymes. – Rémi
Sortie : 15 juillet 1997
Sans le savoir, Missy Elliott et Timbaland annonce avec ce Supa Dupa Fly, ce que deviendra le rap des années 2000. Missy Elliott sort tout juste de l’expérience du groupe RnB, Sista, sous la houlette du chanteur de Jodeci, Devante Swing, pour enfin développer son univers si personnel avec son complice de toujours, Timothy « Timbo » Mosley. L’artiste de Portsmouth bouscule alors les codes de la rappeuse revancharde en adoptant une attitude à la fois douce et forte.
Alternant couplets entièrement chantés et rimes rap avec une rondeur bienveillante, Missy a rapidement conquis un public tant féminin que masculin par sa personnalité hors norme. Single OVNI, « The Rain » est à lui seul représentatif de la révolution sonore provoquée par Timbaland et sa base basse/percussions/rythmiques changeantes. L’univers unique de Missy Elliott est parfaitement retranscrit dans ses premiers clips très futuristes.
Le public ne se trompe pas en plébiscitant les titres « Sock It 2 Me », « Pass Da Blunt » ou » Beep Me 911″. Les invités triés sur le volet appartiennent à la même famille musicale comme Da Brat, échappée du cercle Dupri, la regrettée Aaliyah, Lil Kim ou l’extravagant Busta Rhymes, qui assume avec son lyrisme légendaire l’intro et l’outro de l’album.
En une dizaine de chansons, Missy Elliott donne un grand coup de pied dans la fourmilière du rap féminin des années 90. Une sorte de révolution féministe musicale, qui s’est quelque peu interrompue ces dernières années à cause des graves problèmes de santé de son auteure. En 2017, elle entame un retour sur scène pour notre plus grand bonheur. – Rémi
Sortie : 19 août 1997
Jewelz porte bien son titre. Le second album de cet imminent membre du collectif D.I.T.C. appartient à ce type de disque, que l’on apprécie dés la première écoute. Une fois rangé dans son bac à disque, on en oublie presque son existence. Mais lorsqu’on le ressort quelques années après, il se bonifie avec le temps.
Sans être le meilleur, O.C. demeure un excellent M.C. Pointue comme un saphir, sa voix colle parfaitement aux productions de très bonnes factures concoctées par les meilleurs beatmakers de son crew : Lord Finesse, Buckwild et Showbiz. Ce trio magique est accompagné par les non moins prestigieux DJ Premier, Da Beatminerz ou le plus confidentiel DJ Ogee. Les morceaux les plus marquants restent le très bon « Dangerous » avec l’inoubliable Big L, l’entraînant « My World » ou le duo avec l’habituelle Yvette Michelle « Far From Yours ».
Jewelz occupe sûrement le haut dans le classement de la discographie assez fournie d’O.C. grâce à la qualité de l’ensemble. Toujours actif vingt ans après, ce fidèle serviteur du Diggin In The Crates n’a pas perdu sa science de la rime aiguisée. Pour le vérifier, il vous suffit de vous plonger dans son projet en commun avec son collègue du D.I.T.C., AG, intitulé Oasis datant de l’année dernière. – Rémi
Sortie : N.C.
Si Fan-Tas-Tic Vol. 1 prend à l’origine plus l’apparence d’une mixtape voire d’une démo des morceaux enregistrés par le groupe entre 1996 et 1997, l’Histoire a fait que ce projet devienne tout de même un des plus marquant de cette année 1997. Il faut dire qu’en distribuant cette compilation de 24 tracks à l’état d’ébauche à leurs fans après les concerts, le trio Baatin – T3 – J Dilla a su créer une certaine ferveur chez les fans d’une scène rap de Detroit alors balbutiante.
Pressée sous forme de K7 en un nombre très limité, la légende raconte que la tape de Fan-Tas-Tic Vol. 1 était alors un objet très convoité qui pouvait se monnayer jusqu’à 50$. A l’époque pourtant, J Dilla ne bénéficie pas encore de l’aura qu’il obtiendra plus tard (malheureusement, après sa disparition) mais n’est autre que ce producteur un peu nerd et dont l’approche du beatmaking consiste à expérimenter les possibilités infinies d’assemblage sonore permises par les boites à rythmes. A ses côtés, Baatin et T3, deux rappeurs de Detroit développent un rap soulful et basé sur une écriture proche du freestyle qui rappelle l’influence Native Tongues et notamment d’A Tribe Called Quest ; un parallèle dont les deux intéressés se défendaient d’ailleurs à l’époque.
Tout sur ce premier Slum Village semble brouillon, inabouti et c’est sûrement là ce qui fait la fraicheur de ce projet dont la plupart des morceaux seront retravaillés et réintégrés quelques années plus tard sur le premier véritable album du groupe : Fantastic, Vol. 2. Mais les fans ne s’y trompent pas, c’est bien en 1997 qu’ils ont pu découvrir les classiques que sont « The Look Of Love », « Fantastic » ou encore « I Don’t Know ». – 2one
Sortie : 28 janvier 1997
Comme c’est un peu la tendance actuellement, Camp Lo a récemment dévoilé au public des démos enregistrées entre 1994 et 1995 sous la forme d’une compilation intitulée On The Way Uptown. L’occasion pour nous de découvrir l’ébauche de ce qui deviendra Uptown Saturday Night. La surprise, c’est que l’esthétique des instrumentaux composés par Ski sur les deux versions n’ont pas grand chose à voir. Le groupe a revu sa copie et est passé du boom bap, classique mais efficace, à une sonorité beaucoup plus moderne. D’un point de vue stratégique cette décision les a placé au centre de l’attention d’un public en attente d’innovation.
Ce qu’ont réussi à faire Ski, Sonny Cheeba et Geechi Suede, c’est enregistrer un album de rap jazzy qui parvient à dépasser tous les clichés associés à ce genre au milieu des années 90. L’ambiance dégagée par Uptown Saturday Night est positive et festive, avec un côté champagne et paillettes totalement assumé. La pochette ne prend pas l’auditeur en traître. On y voit dessiné un groupe de jeunes danser dans un club bien animé. L’illustration de Dr. Revolt est un clin d’oeil malin à l’oeuvre de Ernie Barnes, notamment à la jaquette de l’album I Want You de Marvin Gaye. « Luchini Aka This Is It », « Rockin’ It Aka Spanish Harlem » et « Black Nostaljack Aka Come On » sont autant de morceaux dictés par le seul principe de plaisir. Les Sages Po’ disaient « pas besoin d’apparaître dur sur le funk », c’est-à-dire qu’on ne prouve pas sa street cred’ en se donnant des airs de caïd en carton pâte.
En laissant tomber le côté rugueux et bagarreur du rap de l’époque, Camp Lo a pu toucher un public plus large. Les tenants du rap hardcore peuvent passer leur chemin. Pour les autres, ne passez pas à côté de ce classique qui ne fait pas tout à fait son âge. – Ed
Sortie : 21 octobre 1997
L’aventure The Firm commence en 1996 sur le second album sous estimé de Nas, It Was written. Le prodige du Queensbridge invite alors Cormega, AZ et Foxy Brown sur le titre « Affirmative Action », qui sera plus tard l’objet d’une version française avec les dionysiens de NTM. Pour conclure la chanson, la sulfureuse Foxy Brown lance : « The Firm, Baby, Volume One !« .
Un an plus tard, The Firm devient un album collaboratif entre Nas, AZ, Foxy Brown et Nature, venu remplacer Cormega en conflit avec le manager de Nas, Steve Toute. Après le flop de son Dr Dre presents…The Aftermath, Dre décide de s’associer aux Trackmasters pour relancer son label Aftermath Entertainment avec ce disque au casting luxueux. La collaboration entre les deux producteurs s’annonce prometteuse. Malheureusement, le résultat est loin d’atteindre les attentes d’un tel projet.
Construit comme un film de gangster, l’album semble prisonnier de ces codes et de son esthétique rap Mafioso. Le côté strass et champagne semble avoir pris le pas sur le potentiel artistique du projet. L’exemple le plus frappant est illustré par le morceau très bling bling, « Firm Biz », où apparaît une artiste fraîchement débarquée chez Aftermath, l’ex chanteuse du groupe EnVogue, Dawn Robinson. Malgré ses défauts, The Firm contient des pépites incontournables comme « Phone Tap » ou « Desperados ».
Figure de proue du projet, Nas est bel et bien l’artiste, qui tire le mieux son épingle du jeu The Firm. Malgré des qualités indéniables, AZ et Nature retomberont immédiatement après dans un anonymat injustifié. Après trois albums assez inégaux, Foxy Brown disparaîtra de la circulation à l’aube des années 2000. Quant à Dre, il lui faudra attendre la signature d’un certain Eminem en 1998 pour voir son label prendre définitivement son envol.
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