Le jour de la Saint-Valentin, nous avons eu la chance d’interviewer une véritable de légende du hip-hop : Wyclef. Si chacun a son avis sur son parcours et sur les expérimentations musicales qu’il a produites, nul ne peut nier le talent et l’amour que porte l’ex membres des Fugees à la musique. Et de ce fait, aux artistes dont il voit évoluer les inspirations avec les générations. Jamais loin des charts, celui qui s’est habitué à apparaître au sommet de ces classements est capable de collaborer avec tous types d’artistes pourvu qu’ils partagent sa passion pour la musique. Son dernier EP, J’Ouvert en est l’illustration parfaite. Rencontre avec un mélomane messager de ses racines et des rencontres artistiques.
The BackPackerz : Il y a énormément de références musicales caraïbéennes dans ta musique. Tu sembles être très connecté avec tes racines. Peux-tu nous expliquer pourquoi tu ressens ce besoin de les exprimer ?
Wyclef : Mes idoles de toujours sont Bob Marley et Fela Kuti, le père de l’afrobeat. Ma connection avec Fela date du lycée. A dix-sept ans, je jouais de la guitare dans un jazz band, avec qui j’ai fait le tour du monde. Mes goûts musicaux étaient une fusion de jazz et de hip-hop. J’avais aussi beaucoup d’attirance pour le côté spirituel du reggae. Quand j’ai écouté les premiers albums d’afrobeat de Fela avec leurs rythmes énormes, mon cerveau a commencé à composer des fusions. Quand j’étudiais la musique au lycée, la seule manière de la rendre vivante était de créer ma propre fusion. La « Wyclef Fusion », c’est de prendre le meilleur de toutes ces influences. J’ai toujours été connecté à mes racines depuis mon enfance.
Tu sembles être aussi bien connecté avec de jeunes artistes comme Young Thug sur « I Swear ». Comment sélectionnes-tu les artistes avec lesquels tu collabores ?
La plupart des artistes viennent me chercher. Concernant Young Thug, il avait auparavant enregistré un titre intitulé « Wyclef Jean » sur sa mixtape Jeffery. Il a écrit cette chanson, car Wyclef l’a inspiré. Plus jeune, il écoutait The Score et Carnival. Ma connexion avec la nouvelle génération est due aussi au fait que la musique des années 90 ressemble un peu à une bible pour les jeunes aujourd’hui. The Score et Carnival ont encore cet effet sacré sur ces jeunes. Ainsi, ils me maintiennent jeune.
Sur ton dernier album J’ouvert, tu as composé un morceau, qui porte le nom du guitariste Jimi Hendrix. Est-il ton guitariste préféré ?
Sur ce son, j’ai voulu inventer un nouveau son nommé l' »Acoustic Trap ». L' »Acoustic Trap » est en rapport avec l’opposition actuelle entre la prise acoustique et la batterie électronique. J’ai voulu associer la nouvelle génération trap avec ma génération. J’ai intitulé ce titre « Hendrix », car Jimi Hendrix était un de mes guitaristes préférés. Hendrix aussi fait partie de mes bases de guitariste, avec des solos géniaux comme « Hey Joe » ou « Cocaine ». Cette chanson parle également du choix que j’ai dû effectuer plus jeune, entre les démons de la rue et ma passion pour la musique. Je me sers de mon expérience personnelle pour apporter une autre énergie à la nouvelle génération.
Tu as aussi joué avec une autre légende de la guitare, Carlos Santana…
Lorsque j’étais enfant, Carlos Santana faisait partie de ces idoles guitaristes. Donc jouer avec lui sur scène ressemblait au sentiment que peut avoir un enfant dans une confiserie. (Rires)
Sur J’ouvert, tu as également repris une chanson de Jacques Brel, « Ne me quitte pas »…
Cette reprise est due au fait que j’ai beaucoup écouté de chansonnettes [sic] françaises étant enfant. Elles puisent dans mes souvenirs de ma mère, qui entonnait souvent le refrain de « Ne Me Quitte Pas » dans sa cuisine, lorsque je jouais dehors. J’avais également un projet intitulé Brooklyn Meets France, où je voulais mettre des voix françaises sur des instrumentaux boom bap, car j’aime beaucoup les voix et les mélodies de la chansonnette française. Les mélodies sont très simples avec beaucoup d’énergie. Cette expérience risque de choquer. Mais je vais entamer ce projet Brooklyn Meets France après avoir terminé le troisième album de Carnival.
Certaines rumeurs parlent effectivement d’un troisième opus de Carnival. Où en est ce projet ?
J’ouvert est en quelque sorte l’apéritif, et Carnival 3 sera le plat principal. Cet album est prévu pour mi 2017 ou 2018. Carnival est comme une trinité. Le lien entre les différents volumes de Carnival est l’éclectisme de ma fusion musicale, qui va du panafricanisme au hip-hop, en passant par le reggae.
As tu l’intention de venir défendre cet album sur scène en Europe ? As-tu une idée de la composition de ton live band ?
J’envisage une grande tournée. La composition musicale sur scène ressemblera sûrement au Supernatural Tour de Carlos Santana. Nous avons le même type de formation en plus restreinte.
L’interview a été réalisé en collaboration par Abacaxi et Rémi. Merci à Sindanu Kasongo d’avoir rendu cette interview possible.
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