Après The Alchemist et Harry Fraud, le Red Bull Music Festival Paris a cette année invité WondaGurl, jeune productrice canadienne surdouée de 22 ans, principalement connue pour ses fréquentes collaborations avec Travis Scott, mais qui a également placé pour les tous les autres poids lourds du rap game américain comme Drake, Jay-Z ou encore Big Sean. Mais cet été, cet avec la crème du rap francophone new gen que WondaGurl s’est enfermée, dont Nepal, Luidji, Youv Dee, Nemir, Primero ou encore Moka Boka, sans oublier l’exception Nadia Rose, londonienne. Dans les magnifique studios parisiens de Red Bull, ils ont construit la mixtape Toronto / Paris, disponible depuis aujourd’hui (18 septembre, à découvrir en fin d’article). Cerise sur le gâteau, tout ce beau monde se retrouvera le 20 septembre sur la scène de la Machine du Moulin Rouge pour présenter ce projet en live. Pour l’occasion, nous avons pu rencontrer la chef d’orchestre WondaGurl afin d’en savoir plus sur les coulisses de cette collaboration, mais aussi l’ensemble de sa carrière ainsi que ses projets.
Pour commencer, on est ici dans les magnifiques Red Bull Music Studios à Paris. Qu’est-ce que cela te fait d’avoir été choisie pour ce joli projet ?
Je suis vraiment touchée que Red Bull ait pensé à moi, et je pense que c’est une super opportunité, à la fois de pouvoir bosser avec tout ces artistes talentueux sur un même projet, et aussi juste le fait d’être à Paris, qui est une ville magnifique, c’est le top.
Quelle direction souhaitez-tu prendre avec ces rappeurs français et européens que tu ne devais sûrement pas bien connaître au départ ? Comment comptais-tu les driver ?
Mon principal objectif était d’arriver à embarquer tout le monde dans le type de sonorités que je souhaitais pour ce projet. Garder mon son mais avec des rappeurs français ou européens, je pensais que cela allait donner quelque chose de tout à fait différent de ce que je fais d’habitude. Mais ce qui est cool quand on travaille tous ensemble comme sur ce projet, c’est que chacun participe au process en amenant ses idées et sa personnalité. Cela devient alors très naturel et la direction artistique évolue sans cesse, tout en gardant une base cohérente au global.
Tu as déjà bossé avec le Français Ikaz Boi sur « RERUN » de Quavo, tu travailles donc aujourd’hui avec tous ces artistes européens pour Red Bull… Tu as ainsi l’air beaucoup plus ouverte sur l’international que certains de tes camarades producteurs américains, est-ce une vraie volonté pour toi ?
Oui, je pense que c’est extrêmement important d’être connue et active partout dans le monde, car si tu restes seulement coincée en Amérique du Nord, peu de monde te connaîtra vraiment si tu viens un jour en Europe ou ailleurs. C’est pour ça que je vais souvent faire des DJ sets par ici, ou bien juste développer mon réseau, rencontrer des gens… Comme la concurrence est très rude aux Etats-Unis, le fait de d’abord miser sur l’Europe peut être une bonne stratégie pour te construire une fanbase solide, et te servir ensuite de cette traction pour fonctionner aux US.
En parlant d’autres producteurs, qui sont (ou étaient) tes principaux modèles parmi tes pairs ?
Je dirais Boi-1da, Ryan Leslie, Johnny Juliano, T-Minus, Vinylz, Travis Scott, Kanye West… Mais c’est vraiment Timbaland qui m’a donné envie de me lancer dans le métier de producteur.
On doit probablement te poser souvent cette question, mais comment expliques-tu qu’il n’y ait aucune femme parmi tous ces noms ? Que faudrait-il changer pour que tu ne sois pas l’une des seules représentantes ?
Je n’ai pas vraiment de solution magique, mais le mieux que je puisse faire de mon côté, c’est juste de trouver de super productrices, de les accompagner, d’être comme une mentor pour elles, de travailler avec elles et les aider à aller là où elles souhaitent aller. Et c’est vraiment ce que j’essaie de réaliser en ce moment.
Et quels conseils leur donnes-tu par exemple pour avoir une longue carrière (comme tous les mentors que tu as cité) et ne pas devenir un one-hit wonder, comme cela arrive souvent de nos jours ?
Je pense que la clé est de toujours se réinventer, réinventer son son, et rester toujours à l’affût de ce qui se fait à ton époque. Cela ne veut pas dire pour autant que tu dois copier ce que font les autres bien sûr, mais juste adapter ton propre son aux différentes tendances du moment, et quand tu peux, arriver même à les anticiper pour toujours garder un temps d’avance sur les autres.
La clé, c’est de toujours se réinventer
L’un des placements les plus récents et marquants que tu as obtenu est le morceau « Whip » (ft. Travis Scott) de 2 Chainz sur son album Rap or Go to the League. Peux-tu nous raconter un peu comment ce morceau est né ?
« Whip » est un morceau que j’avais fait il y a longtemps pour Travis Scott. J’avais créé la prod chez moi et je lui avais envoyé en 2016 ou 2017. Pour être honnête, je ne savais même pas que Travis en avait fait quelque chose jusqu’à ce que le son 2 Chainz sorte et que quelqu’un vienne me dire « Eh il y a une de tes prods sur son album ! ». Je l’ai découvert comme n’importe quel auditeur en fait. J’ai appris par la suite que Travis avait « juste » écrit et enregistré le refrain, avant de donner le track à 2 Chainz, qui a donc ajouté ses couplets pour l’intégrer à son projet.
Quels autres projets excitants peut-on attendre de ta part dans les prochains mois ?
Et bien, il y a donc ce projet avec Red Bull prévu pour le 11 septembre, je bosse aussi en parallèle avec mes propres artistes chez moi, et dont les projets devraient bientôt sortir. Enfin, je prépare mon propre producer album, qui devrait plutôt voir le jour en 2020, car je n’ai pas encore tous les guests bloqués, mais je peux quand même vous dire qu’il sera très cool !
On a vu que tu avais un alchimie assez évidente avec Travis Scott depuis de nombreuses années. Peux-tu nous dire à quoi ressemble la façon dont vous travaillez et comment cette confiance mutuelle se matérialise concrètement ?
Ce qui est marrant avec Travis, c’est que cette alchimie fonctionne même si on ne se voit pas très souvent physiquement. On bosse généralement à distance avec Internet, sauf quand il prépare un album, où là il m’appelle pour que je vienne le rejoigne en studio. Pour Astroworld par exemple, je suis allé à Hawaii pour bosser avec Don Tolliver sur « Can’t Say », entre autres. Cela se fait très naturellement, car je pense que Travis connait mes goûts, et moi je sais vite quel type de son il recherche, d’où cette confiance mutuelle qui s’est construite au fil des collaborations.
Tu as donc déjà bossé pour les plus grands (Jay-Z, Travis, Eminem…), mais te reste-t-il quand même des artistes avec lesquels tu rêverais de travailler dans le futur ?
Bien sûr ! J’aimerais encore bosser avec Beyoncé, Kanye, Jay Paul, Tame Impala, Toro y Moi.
Pour finir, tu es née à Toronto. Qu’est-ce que cela t’a fait de voir les Raptors arriver en finale NBA ?
Oui je suis née à Toronto, donc c’est génial pour la ville d’avoir les Raptors en finale, c’est historique ! C’est incroyable, je ne suis pas une énorme fan de basket, je ne vais pas être au bord du terrain à chacun de leur match comme Drake, mais cela me touche quand même car cela crée une ambiance et un engouement énormes dans la ville.
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