J Cole – Port Antonio
Comme chacun sait, l’année 2024 a été ébranlée par un des clashs les plus violents de l’histoire du rap américain : Drake vs Kendrick Lamar. Si les auditeurs ont décidé de propulser le second sur le trône suite à l’hymne que continue de représenter « Not Like Us » (un morceau décrypté dans ses moindres détails ici), beaucoup ont oublié que ce battle impliquait initialement un troisième membre.
En effet, il y a seulement un an, lorsque les puristes débattaient du meilleur rappeur, le nom de J Cole était systématiquement évoqué. A cet égard, il s’en vantait sur « First Person Shooter », un morceau d’Aubrey Graham plus connu sous le nom de Drake : « Love when they argue the hardest MC. Is is K-Dot ? Is is Aubrey ? Or me ? We the big three ». Il n’en avait pas fallu davantage pour motiver Kendrick à définitivement lancer les hostilités quelques mois plus tard : « Motherfuck the big three, n**** it’s just big me. »
Mais alors où était passé J Cole ?
Nulle part pour être tout à fait honnête. Pendant que Drake et Kendrick Lamar s’échangeaient les ogives, Jermaine sortait en avril Might Delete Later. Bien que plus que correct, le timing n’était pas bon et l’album déjà oubliable, ou presque. Presque car le dernier titre intitulé « 7 minute drill » lui était loin de l’être. Formulé comme une réponse au couplet de Kendrick Lamar sur « Like that », dont est issu la citation ci-dessus, ce morceau n’a pas fait long feu. Les raisons de sa suppression sont exposées dans cette vidéo.
Ainsi, ce rétropédalage avait défrayé la chronique. J cole, d’abord lyriciste brillantissime à la discographie très dense, était devenu un artiste ennuyeux, lâche et effrayé à l’idée d’entrer sur le ring avec les meilleurs de sa génération.
Une réponse pleine de maturité et d’intelligence
Sur « Port antonio » (une petite ville paisible jamaïcaine), Jermaine s’adresse directement à sa fanbase depuis le banc des accusés. Disponible exclusivement sur YouTube, ce morceau se veut exclusif aux plus réactifs.
Le premier couplet se concentre sur la montée en puissance de Cole, détaillant son ascension à partir de débuts modestes et ses aspirations en tant que rappeur. Dès lors, il met cela en perspective avec sa position au sein du clash lors du deuxième couplet. Il y apporte une analyse mature de la situation, expliquant le poids émotionnel et les regrets potentiels qui découlent de la tentative de protéger son héritage dans l’industrie.
Au-delà d’un contenu passionnant rythmé par une plume des plus acérées, J Cole livre une démonstration de rap tant dans les flows que dans l’approche musicale. Sur le sample soulful de « Dead Presidents II » de Jay-Z, J Cole aura donc réussi à redorer un blason jadis bien entaché : « My friends went to war. I walked away with all their blood on me. Now some will discredit me, try wipe away my pedigree, but please find a n**** out that’s rapping this incredibly ».