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Le duo Union Blak répond aux questions de The Backpackerz

Union Blak : un rap véritablement international

Pour ceux qui auraient besoin d’un léger rappel, Union Blak est ce duo basé en Angleterre signé récemment chez les parisiens d’Effiscienz. Leur premier album studio, Union Blak Friday, n’est pas passé inaperçu chez les Hip-Hop headz. Kimba au mic et Sir Williams à la prod, telle est la combinaison gagnante. La paire se réclame volontiers de l’influence de DJ Premier et ça s’entend. Leur musique a ce petit quelque chose qui rappelle l’Amérique, plus précisément le rap East Coast des années 90.

A quelques jours de leur venue sur Paris pour la soirée Critical Beatdown (le 20 mai Batofar), Kimba et Sir Williams se sont prêtés au jeu de l’interview et ont répondu à nos questions. Enjoy !

Interview

The BackPackerz : Quel est la chanson ou l’artiste qui vous a fait découvrir le hip-hop? 

Sir Williams : Les premiers groupes que j’ai pu entendre ont été Sugarhill Gang et Rob Base. Mais c’est Public Enemy qui m’a véritablement marqué. C’est ce groupe, auquel je m’identifiais complètement, qui a éveillé mon intérêt pour le Hip-Hop. Enfant j’ai un vif souvenir d’avoir vu à la télévision un homme assis aux commandes d’un studio d’enregistrement. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait bien faire derrière toutes ces consoles, ça me fascinait. J’ai su à ce moment là que je voulais faire le même métier que lui.  J’ai appris par la suite que cet homme était ingénieur du son, ça sonnait bien! Puis à force d’écouter de la musique et de me dire des choses comme « Tiens, j’aurais fait différemment. Si ça avait été moi, j’aurais fait de telle ou telle manière… », je me suis mis à faire ma propre musique.

Kimba : Quand j’étais plus jeune, mon truc c’était le R’n’B. Je rêvais d’être Wanya des Boyz II Men. J’ai grandi en écoutant New Edition, Gerald Levert, Keith Sweat… Pour moi la musique tournait beaucoup autour du chant. Ma famille allait beaucoup à l’église. On chantait, on chantait, encore et encore. Les années sont passées et je n’ai jamais eu la voix de Wanya (rires). Ensuite j’ai découvert Yo! MTV Raps. C’était la première émission consacrée aux clips de rap. J’avais déjà entendu du rap avant, des mecs comme Slick Rick par exemple, mais cette émission a changé la donne. Je suis tombé un jour sur le clip de « All That I Got Is You » de Ghostface. On y voit un cafard sortir d’une boite de céréales. C’était complètement nouveau à la télé. C’était le genre de chose qui se passait chez nous, c’est comme si ma vie était portée à l’écran. Ghostface a chamboulé ma vision du rap. Par la suite, j’ai découvert « If I Ruled The World » de Nas, puis l’album Black Star de Mos Def et Talib Kweli quand je suis allé à la fac.

Ghostace Killah – All That I Got Is You

The BackPackerz : Quels sont les artistes qui ont eu le plus d’influence sur votre musique ?

Sir Williams : Pêle-mêle, je dirais Easy Mo Bee, Erick Sermon, Hi-Tek, Large Professor, Pete Rock, Jay Dee, Premier… Tout le rap de la golden era en fait. J’ai aussi été DJ, donc j’achetais beaucoup de disques. Je pouvais aller jusqu’à me priver de manger pour agrandir ma collection. Et comme Kimba, avant d’être branché hip-hop j’écoutais beaucoup de R’n’B. J’aimais beaucoup des mecs comme Aaron Hall ou Teddy Riley.

Kimba : C’est une question intéressante. Il est difficile de retrouver dans la musique que je fais les influences R’n’B que j’ai citées précédemment. Je pense que dans sa progression naturelle, tout artiste doit trouver sa propre identité. Ces influences sont bien présentes, mais on trouve aussi une partie de moi-même dans ma musique. Ghostface m’a beaucoup influencé par sa personnalité, à la foi turbulente et émotionnelle. Il a aussi un don pour la narration personnelle. On m’a souvent comparé à deux rappeurs dont je ne peux pas dire qu’ils aient été pour moi de grosses influences : Rakim et Common. Quand j’ai découvert la musique de Common, j’avais déjà mon propre style. J’ai quand même un immense respect pour lui. Il a réussi à garder son originalité et sa consistance au fil des années.

New Edition – Cool It Now

The BackPackers : Kimba, tu as décidé de t’installer à Londres récemment. Pourquoi ?

Kimba : Sir Williams m’a dit : « Si tu ne viens pas en Angleterre, il n’est pas question que je t’envoie des beats » (rires). Plus sérieusement, ma femme est Anglaise. Nous nous sommes rencontrés aux Etats-Unis, où nous faisions nos études dans la même université. Elle a fini par avoir le mal du pays, donc nous avons décider de déménager là-bas après avoir visité le pays quelques fois. Ça m’a bien plu. La ville que nous habitions dans le Kentucky n’offrait pas de perspective pour les artistes émergents. C’était avant qu’internet ne prenne une importance si grande dans le monde de la musique.

The BackPackerz : Y a-t-il eu un avant Union Blak Friday?

Sir Williams : On s’est rencontré en 2007 via MySpace. J’ai envoyé un beat à Kimba qui a posé dessus et qui me l’a renvoyé. C’était parfait. On a répété l’opération une deuxième fois, puis 3, puis 4, puis 12. Ces 12 premiers titres sont les meilleurs qu’on ait produit ensemble. On a donc un album en attente, enregistré avant Union Blak Friday. On aimerait attendre d’avoir constitué une fanbase suffisante avant d’offrir cet album au public, afin qu’il puisse avoir l’exposition qu’il mérite.

The Backpackerz : Vous avez tourné en Europe. Cette expérience vous a-t-elle apporté quelque chose?

DJ Brans

Kimba : C’est vrai, on a joué à Paris et à Munich. Notre rap à une sonorité très américaine, on ne pouvait donc pas compter seulement sur le public anglais. On avait entendu dire que les européens étaient amateurs de bon hip-hop. On s’est donc déplacé à Paris, où DJ Premier donnait une représentation au Djoon. On s’y est rendus avec nos smartphones, des casques et des flyers pour faire découvrir notre musique au public présent ce soir là. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les premières personnes à qui nous avons prêté nos casques on été DJ Brans et DJ Djaz du label Effiscienz ! C’est comme ça que notre relation avec eux a démarré. Avec cette expérience européenne, on a pu offrir au gens une présence physique en plus de notre présence sur Internet. Beaucoup d’artistes de nos jours négligent cet aspect du métier. Nombreux sont ceux qui sonnent très bien quand on les écoute au format digital, mais dont les concerts sont décevants.

The Backpackerz : Quelle est la suite pour vous? Allez-vous sortir un nouvel album? Allez-vous partir en tournée?

Kimba : Comme on l’a dit, nous avons déjà un autre album de prêt. En plus de cela, on continue à enregistrer de nouvelles chansons. Produire de la musique n’est pas le problème. Idéalement, on aimerait tourner cet été afin de consolider notre fanbase. On ferait sans doute quelques dates en France, dans des villes comme Paris, Marseille, Toulouse, peut-être Nice. Il faudrait aussi que l’on fasse quelques vidéos, on sait que les gens y prêtent beaucoup attention.

The BackPackerz : Nous avons une dernière question que nous posons à tous nos invités. Quel est pour vous le meilleur album de tous les temps ?

Kimba : C’est une question très difficile… Je peux t’en donner trois (rires). Je dirais It Was Written de Nas, Black On Both Sides de Mos Def, et le premier album de D’Angelo : Brown Sugar.

Sir Williams : Je vais essayer d’être original. Off The Wall de Michael Jackson, The Main Ingredient par Pete Rock & C.L. Smooth, et enfin Like Water For Chocolate Instrumentals de Common.

Ed Pays

Envoyé spécial à Bordeaux. Spécialiste du rap de vieux, qui passe son temps à débattre de l'autotune. La dernière fois qu'il a écouté PNL, on l'a retrouvé en PLS.

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