Travis Scott – ASTROWORLD

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Août 2018

Travis Scott

ASTROWORLD

Note :

Travis Scott a été pris bien malgré lui dans la polémique qui a entouré la sortie du dernier disque de Nicki Minaj. Avec Astroworld, il a trusté la première place du Billboard américain au détriment de « Barbie » et cette dernière l’a plutôt mal pris…

Peu importe pour Travis Scott qui, avec son troisième album studio, franchit le palier que l’on attendait de lui. Si sa réussite est évidemment musicale, elle est aussi liée, il faut bien l’admettre, au marketing effréné qui a entouré la sortie d’Astroworld. Le disque a été annoncé et repoussé plusieurs fois suscitant l’attente des fans, il a bénéficié d’un trailer digne d’une bande-annonce d’un film à gros budget, la tête en or qui en orne la pochette a été vue à Paris notamment, etc. Tout a été réfléchi pour qu’Astroworld soit un événement.

Quand on pense la sortie d’un disque comme celle d’un fantastique objet marketing, mieux vaut avoir du répondant derrière sous peine de se faire reprendre de volée. Traduction, Travis Scott avait plutôt intérêt à être bon pour faire oublier les méthodes déployées pour vendre son album. Heureusement, le rappeur né à Houston avait pris en compte tous ces nouveaux paramètres, tout comme il s’est rendu compte que son idylle avec Kylie Jenner (la sœur de Kim Kardashian) faisait de lui un artiste plus scruté et attendu qu’un autre (demandez à Tyga par exemple…).

La pression était donc sur ses épaules mais le jeune homme ne s’est pas dérobé. Sa nouvelle position et l’aura de sa partenaire lui offrait un nouveau public sur un plateau. Mais, loin de faire un disque pour adolescents, Travis Scott a cherché à aller encore plus loin qu’il ne l’avait fait pour ses précédents opus. Il n’a pas tout changé non plus. Il a gardé les recettes qui ont fait sa force, son flow et son accent traînant du sud, son évidente mélancolie teintée d’amertume, le tout enveloppé d’Auto-Tune.

Mais, il s’est aussi donné les moyens de voir les choses en grand. Pour cela, il a collaboré avec les plus grands. Sur Astroworld, on retrouve les producteurs en vogue Metro Boomin et Murda Beatz mais aussi Mike Dean, le père du Dirty South, ou encore Sonny Digital. La diversité apportée par les beatmakers permet une variété bienvenue dans les prods. Même chose du côté des featurings, où la combinaison est aussi dorée que gagnante avec la présence de Drake, Frank Ocean, 21 Savage, James Blake, Swae Lee, Quavo, Kid Cudi ou encore The Weeknd. Tous, à leur manière, contribuent à façonner une atmosphère planante, aérienne et poétique. Mais, loin d’être monotone, Astroworld réserve aussi de belles surprises comme la présence de Stevie Wonder sur le titre « Stop Trying To Be God ».

Un spleen heureux

Astroworld n’est pas un titre choisi par hasard. Au contraire, il en dit beaucoup sur son auteur. En effet, c’était le nom d’un parc d’attraction où Travis Scott allait quand il était petit et qui n’existe plus aujourd’hui. Pour le rappeur de Houston, il est à la fois synonyme de joie et de mélancolie. De fait, pendant une heure, on se sent ballotté dans un grand huit de sentiments car l’opus condense tous ceux que l’on peut éprouver quand on se rend dans un tel lieu et transmet finalement une belle énergie positive.

Il offre aussi une variété de thèmes et de sons qui participent à construire un maelstrom de sentiments poétiques. Pour autant, Travis Scott ne fait dans l’angélisme. Au détour de quelques rimes, il admet ses failles, reconnaît sa paranoïa et les hauts et les bas qu’il a dû traverser durant sa vie, dont l’un des plus durs a été de quitter Houston pour L.A. pour percer dans la musique. Fonctionnant plus facilement à la vibe et au feeling qu’à l’introspection, Travis Scott offre quand même un léger panorama de sa vie privée quand il évoque sa fille ou la mère de celle-ci (Kylie Jenner pour ceux qui ne suivent pas) sur des titres comme « Sicko Mode » ou « Coffee Bean ». Tous ses ingrédients lui permettent en tout cas de sortir le meilleur album de sa jeune carrière.

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