Top 10 : Quand le Hip-Hop Sample Michael Jackson, The King of Pop
25 juin 2009 – 25 juin 2016. Déjà sept ans que Michael Jackson nous a quittés. Cet enfant complexé, septième d’une fratrie de neuf enfants, a marqué à jamais l’industrie de la musique d’abord grâce à son talent, mais également grâce à l’aspect cinématographique de ses clips et son inimitable jeu de scène composé de pas de danse popularisés, dont bien sûr le Moonwalk. Ayant donné dans le Disco, le Funk, la Soul ou encore le Rock, son héritage est de fait intergénérationnel. Le Hip-Hop, quant à lui, a ré-utilisé massivement sa musique, en particulier via le sampling. C’est pourquoi, afin de lui rendre hommage en ce triste anniversaire, nous vous avons sélectionné 10 morceaux qui samplent avec réussite le répertoire de Michael Jackson.
Nas – « It Ain’t Hard To Tell »
Producteur : Large Professor
Sample : « Human Nature »
A tout seigneur, tout honneur. Sorti le 18 janvier 1994, « It Ain’t Hard To Tell » est le deuxième single d’Illmatic, le premier album de Nas tant acclamé par la plèbe Hip-Hop. Produite par Large Professor, cette pièce maîtresse indispensable de la carrière de Nas devait à l’origine s’intituler « Nas Will Prevail ». Il s’agissait en fait d’une démo que Nasir Jones avait envoyé à Columbia Records, le label qui avait vu le jour en 1991. Récupérée par Large Pro, la version que nous connaissons aujourd’hui dure environ 90 secondes de moins que l’originale, avec une atmosphère plus sombre contrastant avec l’aspect très jazzy de sa grande sœur. Le flip très malin du « Human Nature » de MJ est depuis devenu légendaire, et donne des frissons à chaque fois qu’il est joué dans un DJ set.
Jay-Z – « Izzo (H.O.V.A.) »
Producteur : Kanye West
Sample : « I Want You Back »
Pour la réalisation de The Blueprint, sorti en 2001 et qui deviendra un de ses plus grands classiques, Jay-Z fait appel à un certain Kanye West, alors jeune producteur qui commence à faire parler de lui dans le game. Ce dernier lui fournit entre autres le single « Izzo », qui utilise l’intro du célèbre « I Want You Back » des Jackson 5, le groupe dont MJ était le leader avant sa carrière solo. Grâce à ce style si reconnaissable et utilisé ensuite pour ses albums solo dont The College Dropout, Kanye a clairement participé au passage inéluctable de Hova dans la sphère mainstream.
Kery James – « Lettre A Mon Public »
Producteur : Greg K
Sample : « Give In To Me »
Le rap français a lui aussi samplé Michael Jackson, et c’est le cas par exemple de Kery James. Moralisateur pour certains, justement conscient pour d’autres, Kery James annonce alors par le biais de cette lettre son retrait de scène. C’était en 2009 et ce track clôturait alors son cinquième album Réel. Plus de sept minutes d’introspection dans le plus pur « style Kery James » dans lequel le rappeur d’Orly revient en détail, pour ses fans le suivant depuis le début, sur les contradictions qui font de lui un homme. Son retrait de la scène durera trois ans, avec la sortie de l’album acoustique 92-2012, suivi un an plus tard de Dernier MC.
Fonky Family – « Art de Rue »
Producteur : Pone
Sample : « Somebody’s Watching Me »
Le 19 septembre dernier se tenait sur la scène de l’Espace Julien à Marseille un concert en soutien de Pone, le producteur de la Fonky Family, atteint de la maladie neurodégénérative de Charcot. Les membres du groupe s’étaient alors réunis pour la première fois depuis leur séparation en 2007 afin de rendre hommage à l’architecte de ce morceau considéré, aujourd’hui encore, comme un des grands classiques du Rap français des années 2000. Issu de l’album éponyme, « Art De Rue » est un hommage à la culture Hip-Hop comme on en a fait peu dans l’hexagone. Emceeing, DJing, Breakdance, B-Boying, Graffiti et Beatboxing, tous les éléments qui constituent le corps de notre cher double H sont représentés avec ferveur par le groupe marseillais. Si, depuis ce concert, aucune information n’a filtré quant à une possible reformation du groupe, la fanbase toujours présente du Rat Luciano, Don Choa et consorts espère encore un retour.
Snoop Dogg – « Dogg Collar »
Producteur : Dr. Dre
Sample: « Baby Be Mine »
Si le cinéma Afro-américain a pu se délecter de la connexion existant entre Spike Lee (voir notre article 10 choses que vous ignorez du film « Do The Right Thing « ) et Denzel Washington, on peut légitimement affirmer que le rap peut se targuer d’avoir en son sein l’alliance fracassante de Dr. Dre et son acolyte Snoop Dogg. Plus de vingt ans après le début de leurs carrières respectives, l’alchimie régnant entre l’architecte du son N.W.A. et le trublion de Long Beach n’est plus à démontrer. Apparaissant sur une version bonus DVD de The Chronic, « Dogg Collar » est un track finalement assez méconnu dans la carrière des deux anciens de Death Row. G-Funk à souhait, ce morceau sera également choisi pour figurer dans la bande musicale du jeu vidéo GTA V, l’intrigue se déroulant dans la ville fictive de Los Santos, inspirée bien évidemment par Los Angeles.
Heavy D & The Boyz – « Peaceful Journey »
Producteur : DJ Eddie F
Sample : « This Place Hotel »
Le regretté Heavy D (décédé en 2011 d’une embolie pulmonaire), leader de son groupe Heavy D & The Boyz était au final peu connu en France. Natif de Mandeville en Jamaïque, rappeur, acteur, et aussi producteur, il aura collaboré au cours de sa carrière avec quelques grands noms comme Dj Premier, Marley Marl, Pete Rock ou encore la soeur de Michael, Janet Jackson, pour les plus connus d’entre eux. Dans « Peaceful Journey », il revient sur le chemin parcouru, remercie son créateur de l’avoir emmené là où il était à l’époque, sans oublier la chance qu’il a de pouvoir vivre de sa musique quand d’autres doivent au quotidien surmonter les épreuves de la vie. Ce morceau est issu de l’album éponyme qui, outre « Peaceful Journey », compte quelques pépites comme « Don’t Curse », en featuring avec Big Daddy Kane, le légendaire duo new-yorkais Pete Rock & CL Smooth, Kool G Rap ou encore Q-Tip, rien que ça.
Mobb Deep – « Apostle’s Warning »
Producteur : Havoc
Sample : « People Make the World Go Round »
Là aussi, pas besoin de faire de présentations. Un an seulement après leur album aujourd’hui entré dans l’histoire du Hip-Hop, The Infamous, Havoc et Prodigy décidèrent de battre le fer tant qu’il était chaud en sortant Hell On Earth quasiment dans la foulée. Entièrement produit par Havoc, ce second effort se révèle plus mature que son grand frère tout en restant dans sa droite lignée. Les lyrics y sont toujours brutes, décrivant la vie des ghettos new-yorkais de manière ultra-réaliste sur des prods sombres, à l’image de l’atmosphère qui régnait alors. Dans « Apostle’s Warning », les deux compères de Queensbridge reviennent sur l’importance que peut avoir un leader par l’exemple. Prodigy signe au passage un monstrueux couplet, montrant par la même occasion qu’il est possible de soigner la forme et le fond.
De La Soul – « Breakadawn »
Producteur : Prince Paul
Sample : « I Can’t Help It«
Produite principalement par Prince Paul, l’alchimiste musical, « Breakadawn » est le premier single de l’album Buhloone Mindstate, sorti en septembre 1993. Cet album, leur troisième, faisait la part belle à ce Rap jazzy qui est encore aujourd’hui leur marque de fabrique. Comment ? En faisant appel aux cuivres des J.B. Horns, le groupe d’un certain James Brown. Si les ventes ne furent pas tellement significatives, la critique et les fans acclamèrent justement ce projet, soulignant son originalité.
J Dilla – « Time : The Donut of the Heart »
Producteur : J Dilla
Sample : « All I Do Is Think of You »
Impossible de boucler cette sélection sans une production du tant aimé producteur de Detroit. Disparu le 10 février 2006, trois jours après la sortie de son album Donuts et son 32è anniversaire, J Dilla a laissé une trace indélébile sur le paysage Hip-Hop. « Time : The Donut Of The Heart » est donc issu de son dernier album studio. R.I.P Jay Dee.
2Pac – « Letter To My Unborn »
Producteur : Johnny J & The Trackmasters
Sample : « Liberian Girl »
Pour clôturer cette sélection, on vous a choisi un morceau introspectif d’un rappeur passé maître dans cet art, Tupac Shakur. Enregistré quelques temps avant sa mort, « Letter To My Unborn » sortira dans le double-album posthume Until The End Of Time, qui sera l’album de Rap le plus vendu en 2001 malgré des critiques contrastées. Ici, Pac s’adresse à son hypothétique progéniture (lui qui ne sera au final jamais père…), en lui racontant son parcours et les enseignements qu’il en tire, espérant que son héritier se serve du chemin tortueux emprunté par son paternel pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Malheureusement, on ne saura jamais ce qu’il en serait advenu, à cause de sa tragique mort survenue le 13 septembre 1996.