Vous souvenez vous de votre dernière vraie grosse claque musicale ? Non ? Eh bien, soyez d’ores et déjà prêts à vous prendre une bonne taloche en aller-retour dispensée par le bucheron le plus solide sur ses appuis de la réserve forestière. La raison de cette violence pas vraiment nécessaire ? Un jeune emcee répondant au doux nom de Token : 19 ans tout juste, une plume tranchante et un flow démentiel. La sensation venue tout droit du Massachusetts est à ranger dans la liste des futurs grands, très grands. Et en bonus à la fin de l’article, gagnez vos places pour assister à son concert du Samedi 2 Décembre à La Bellevilloise organisé par Excuse My French.
An 1998 d’après le calendrier Grégorien. Un élargissement notable de la palette de couleurs trouvée dans la nature indique que nous approchons du début de l’automne. En France, Zizou vient d’atteindre le statut de surhomme, et le monde se prépare tranquillement à la fin du monde, avec le – pas du tout excessif dans l’annonce – « bug de l’an 2000 ». Notre histoire prend place dans la petite bourgade de Salem, située au nord de Boston, plus connue pour son port maritime et une certaine aversion de ses habitants pour les personnes arborants chapeaux pointus et nez crochus.
D’une famille sans histoire naquit Ben Goldberg, un garçon pour le moins turbulent. Développant très tôt une passion pour l’écriture, il est introduit au rap dès l’âge de six ans par le biais de sa soeur, de cinq ans son ainée. Eminem, Ludacris et Tupac tournent alors frénétiquement dans la playlist de son babyphone. Entrée au CE1 un an plus tard : il se met à consigner ses pensées, rêves et espérances dans un journal intime qu’il conserve jalousement sous son lit. Très vite, il transforme ses maux en mots ordonnés en proses : son premier contact avec la poésie. A dix ans, il découvre le séquenceur Garage Band et se met à enregistrer des raps. Précoce de sagacité, il joue de son jeune âge et y fait d’ailleurs très souvent référence dans ses textes, comme pour rappeler que l’âge ne fait définitivement pas le larron.
They’re like « The way he swears so hard confuse me
Less than a month ago he wasn’t even allowed in rated R movies »
Well I am now, damn rightNo Sucka MCs Contest (Âge : 17 ans)
A l’âge de treize ans, à force de pérégrinations, il se fait repérer par Jon Glass, producteur ayant notamment travaillé pour Hopsin, Glasses Malone ou encore Termanology. Le gérant de Glasshouse Productions, conscient de l’énorme potentiel du jeune homme, le prend rapidement sous son aile. Un an plus tard, Token participe à plusieurs contests et rap battles. Il enregistre et publie sa première vidéo à quatorze ans, offrant au monde entier un avant-goût de son talent brut.
Si l’on peut mettre en relation le nombre d’obstacles franchis dans une vie avec une probabilité plus élevée de devenir un jour un grand Homme, Token n’a pas vraiment de soucis à se faire. Pourtant au départ, peu auraient parié sur son succès. Il est diagnostiqué très jeune (à sept ans) avec des troubles d’anxiété et de dépression. Il passe régulièrement de thérapeute en thérapeute pour tenter d’y faire face. De plus en plus agité, il devient la bête noire de ses professeurs de primaire puis du collège, laissant sa mère et son entourage dans le désarroi le plus total.
I’ve always been a touch strange
Like why you confident you nutcase?
You’re awesome in a dumb way (don’t be yourself)
Arguments on sundays, psychologist on monday
Momma crying up late (you need help)
Toxins for a young brain, almost hit the drug lane
Probably would of done ‘caine when he was 12
But now he’s 7 with depression in his blood just need a weapon that can cutShavings
Egalement en surpoids, il se bat contre l’obésité et en triomphe finalement lors de son entrée au collège, allant jusqu’à perdre vingt-trois kilos. Ajoutez à cela des problèmes de diabète qui courent dans sa famille depuis des générations. Enfin, cerise sur le gâteau, des docteurs lui diagnostiquent des troubles de l’apprentissage et d’élocution. Le jeune homme était prédestiné par des « experts de la santé » à une vie compliquée avant même d’entrer dans la puberté. Ironique et surtout très bon orthophoniste.
A vrai dire, seuls ses textes mis en musique semblent permettre au jeune homme de rester à flot et de surmonter son mal-être. Il se soigne dans le secret des quatre murs de sa chambre en exfoliant des phases de plus en plus complexes. Son flow et sa technique s’aiguisent à la même vitesse que sa plume : à un rythme effréné. Cette passion peut devenir un métier, il le sait. Eh bien soit ! Il veut être rappeur, il sera rappeur. Point. Arrivé à ce niveau d’embuches, le reste devrait couler tout seul. Premier retour de karma : en 2015, il participe à un concours de rap sur internet intitulé « No Sucka MCs Contest » pour lequel il écrit un asphyxiant soixante quatre mesures en une journée seulement, et tourne un clip consistant en un plan séquence de deux minutes trente sept.
La vidéo publiée sur youtube passant de 7000 à 115 000 vues en une nuit seulement, le buzz Token est lancé. Il reçoit de nombreux échos positifs et plusieurs personnalités du monde artistique commencent sérieusement à s’intéresser au phénomène aux dix sept bougies.
Adoubé par le groupe D12, Clinton Sparks, Fred Durst (de Limp Bizkit) ou encore l’acteur (et ancien « rappeur ») Mark Wahlberg, il commence à se faire une solide réputation en collaborant notamment avec Joell Ortiz et Big Daddy Kane, ou encore le producteur Nottz.
Il franchit un deuxième cap en participant à « Sway in the Morning », une matinale radio dédiée au Hip-Hop. Visiblement transcendé, il crache cent mesures d’une rare intensité, allant même jusqu’à provoquer les pleurs de la co-animatrice. Pour la petite histoire, le principal intéressé avouera un peu plus tard avoir préparé plus du double de matière. Plus de deux cent cinquante mesures pour près de onze minutes de contenu…
La référence à Eminem, trop évidente, trop facile, se lit sur toutes les lèvres. La condescendance n’est pas loin, bien que de tous les rappeurs ayant été comparé au real Slim Shady, il est l’un de ceux ayant le plus de similitudes avec lui : timbre, tessiture, technique, propos ou encore verve. Loin s’en faut, le jeune rappeur apprécie le rapprochement puisque c’est l’un de ses idoles. Un de ses tout premiers sons publié sur la toile est d’ailleurs un remix de « Rap God » issu de The Marshall Mathers LP 2, huitième album solo d’Eminem.
Comme son idole, Token adore faire l’acteur, jouer la comédie, et plus globalement dire des conneries. Ses clips très travaillés le mettent souvent en scène arborant différents masques ; parfois grave comme sur le clip de « Exception », parfois schizophrénique comme sur le démentiel clip de « Doozy », ou encore purement débile comme sur l’hilarant interlude « Shyea ».
Token a plus d’un atout dans sa poche, et il sait les faire valoir. Fort d’une solide première mixtape intitulée Erasers Shavings sortie il y a un peu plus d’un an, il y a fort à parier que Token est au commencement d’une carrière qui s’annonce hors normes.
La bonne nouvelle dans tout ça c’est que Token sera l’invité de la prochaine soirée Excuse My French, le samedi 2 décembre à la Bellevilloise. The BackPackerz étant partenaire de cet événement, on vous propose de tenter votre chance pour gagner 2 places voir le prodige en live.
Pour participer, rien de plus simple :
Le gagnant sera tiré au sort et prévenu par message privé quelques jours avant le concert.
Plus d’info : Évènement Facebook
Billetterie : Digitick
Crédit Photo : Paradigm Talent Agency
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