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‘SYSTM’ : un nouveau processus de création pour de nouvelles sonorités

Nous avons beaucoup parlé de toi sur Backpackerz, mais c’est la première fois qu’on se pose pour discuter !

C’est vrai !

On se rencontre aujourd’hui pour parler de ton nouveau projet. Comment est né l’idée de SYSTM ?

C’est un projet sur lequel on a bossé 14 mois. Pendant cette période, j’ai fais énormément de titres mais il y en a que 7 qui sont sortis. On a commencé le projet au studio Red Bull durant une semaine de séminaire. Le premier son que je fais c’est « Systm ». Et pendant toute cette semaine-là, on a fait pas mal de sons, on a testé vraiment énormément de sonorités différentes sans savoir que le projet allait s’appeler comme ça.

Habituellement, quand je bosse, je pense à différentes thématiques, je viens avec des refs musicale… Je viens avec des choses que j’ai envie d’entendre, des choses que j’ai envie de tenter. Pendant ce séminaire j’étais beaucoup dans l’expérimentation. Quand le séminaire s’est terminé, on avait déjà un corps de projet. Puis, quelques mois qui sont passés, j’ai fait du studio par-ci par-là et ensuite, je suis allée à Amsterdam pour un deuxième gros séminaire où on a terminé le projet.

Concernant le nom, plus j’écoutais « Systm », plus je me disais que même au fil des mois ce son restait précis dans ce que je ressentais et dans ce que je voulais exprimer, comment je me sentais vis-à-vis de l’industrie aussi. Et il y a un jour je me suis levée, j’ai dit « ok le projet va s’appeler SYSTM ».

Les deux clips qui accompagnent le projet sont réalisés par Romain Argento. Est-ce que c’était important pour toi d’avoir le même réalisateur sur les deux clips qui porte le projet ?

Ouais c’était trop important parce que c’est lui qui va venir donner une certaine cohérence visuelle au projet. Surtout qu’on reconnaît énormément sa patte. Je trouve que si tu ne vas pas voir les crédits et que tu regardes les deux clips, il y a beaucoup de choses qui se rejoignent. Je pense que si tu es un peu sensible à l’univers de la réalisation, tu peux vite capter que c’est le même réalisateur. Surtout au niveau du mouvement et des lumières et du grain.

Est-ce que c’est la même personne qui est derrière la pochette ?

Non, la pochette du coup c’est Erwan Blaszka qui l’a shooté et l’idée de la pochette vient de mon DA Image Nelson Muketa. Parce que nous sommes à fond rap américain et on s’est inspiré d’une photo épique de Future où il est en boîte. On a repris les principaux codes de cette pochette-là: je suis habillé en rouge, il y a beaucoup de gens autour. La particularité sur la pochette de SYSTM se trouve dans les personnes autour de moi car ce sont mes amis proches. Quand Nelson m’a proposé cette idée, j’ai beaucoup aimé parce que ça représente aussi la nightlife. Quand tu es dans la musique tu dois aller à plein d’événements, tu dois faire plein de choses et c’était une manière de représenter ça. Surtout qu’à la base, on ne savait pas encore si un morceau sur cette thématique allait apparaître sur le projet. Finalement, le son un peu banger, un peu club, c’est avec Chilla, mais tu as aussi « Replay »  qui est dans cet esprit.

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Tu me dis que tu as tes proches sur la pochette, c’est aussi ce que j’ai ressenti du projet : quelque chose de très familiale dans les lyrics mais aussi par rapport aux feat !  Comment tu arrives à investir tes proches dans ta musique qui reste, à la base, quelque chose d’assez personnel et solitaire ?

Je suis très à fond dans le collectif. J’ai la chance d’avoir beaucoup de potes qui évoluent dans le secteur artistique ou qui sont très sensibles à l’art. Donc vu qu’on a un groupe de potes, ça s’est fait un peu naturellement. Nelson et moi ça fait plus de 9 ans, bientôt 10 ans qu’on se connaît. Je savais qu’il faisait des études d’architecte et il savait que je faisais du son, il est d’origine gabonaise aussi. Et il y a un an, il m’a dit « viens on bosse ensemble pour de vrai ». Et vu qu’on a les mêmes références en termes d’artistes francophones, anglophones, gabonais, ça faisait sens.

Sinon, mes proches sont là, ils soutiennent. Dans RHC j’avais fait un morceau qui s’appelait « Le Cercle », c’est un peu la suite mais plus en termes de projet et sur des sonorités différentes, un peu plus abouties. « Le Cercle » c’est un de mes morceaux préférés mais ça reste une prod, trap, basique même. Je ne raconte pas grand-chose de ouf, c’est un son que j’ai vraiment fait pour s/o mes potes. Tandis que sur SYSTM, on retrouve beaucoup ce côté collectif. Pour le séminaire chez Red Bull, ils étaient tous là toute la semaine, pourtant, il y en a plein qui ne font pas de musique ! Ça fait du bien, tu vois des gens, les potes sont là, ça met une bonne ambiance, on rigole, ils écoutent aussi des trucs. Il y a aussi des jours où je leur disais de ne pas venir pour garder la surprise.

Tu me parlais des sons un peu banger, club, je trouve qu’ils sont nuancés par des sons beaucoup plus calmes et remplis d’émotions comme le dernier titre. Je trouve que ça apporte une authenticité au projet parce qu’il n’y a pas une seule couleur.

Je trouve que ma force est de pouvoir faire beaucoup de choses. Quand on a sorti RHC extension, il y a certaines personnes ont trouvé que le projet ne mettait pas en avant tout ce que je sais faire. Je trouve qu’on l’a mieux emmené sur SYSTM en termes de sonorité. Même la manière dont la tracklist est pensée, on l’a vraiment retourné dans tous les sens. Par exemple « Le temps » avait sa place qu’à la fin parce que ça venait fermer le projet. Je pense aussi que c’est mon morceau le mieux écrit et où je me livre le plus. Je n’ai jamais fait un morceau comme ça donc pour moi il avait vraiment que cette place comme outro.

Je comprends que tu as beaucoup travaillé le projet au niveau de toutes les étapes et tu as pris ton temps.

C’est ça ! Ça peut sembler fou à l’ère où c’est vraiment l’usine, il y a des projets qui sortent toutes les semaines. Moi, ça faisait un an que je n’avais rien sorti. Pour une artiste en développement c’est beaucoup. Mais j’ai la chance de faire beaucoup de choses à côté et d’avoir pu être visible par d’autres projets et collaborations comme par exemple « AHOO ». Mais c’est énorme de prendre son temps, le projet il a été recommencé plein de fois. Et plus j’arrivais vers la fin, plus il y a beaucoup de sons qui étaient juste évidents, il fallait qu’ils soient dedans.

Est-ce que cette nouvelle manière de travailler t’a plu ?

Oui franchement ! Ça me conforte aussi dans le fait que c’est bien de prendre son temps, parce que c’est là où tu peux plus jauger. Il y a des personnes qui ont écouté les différentes versions de « Systm » et par exemple la V0 quand on sort de chez Red Bull, elle ressemble pas du tout à ça. Il y a juste le son « Systm » et « Yeah » avec Chilla, mais tous les autres sons ont changé, ça n’a rien à voir. Donc je me dis que j’ai bien fait de le faire. Et surtout je me suis amusée, j’ai rencontré d’autres compositeurs. Je te disais quand je suis à l’Amsterdam, j’arrive avec une version du projet qui pour moi est finie. Dans ma tête, je vais faire du son et ce n’est que du bonus. Au final, c’est à Amsterdam qu’on rentre « Replay » et que je récupère la prod de « Facts ».

Comment tu as travaillé les prod du projet ?

J’ai beaucoup travaillé avec Sutus puisque c’est mon beatmaker de base. Mais il y a aussi d’autres beatmaker, par exemple, sur « Le Temps » ce sont deux compos des Pays-Bas. Et le morceau « Toujours plus » est produit par le collectif Le Blase. C’est varié en termes de sonorité.

Ça se ressent, il y a plein de couleurs différentes sur le projet !

Je suis contente parce que j’aime beaucoup ce retour. Les gens apprécient les prod du projet et c’est super important parce que la prod fait au moins 70% du boulot ! Donc je suis contente que les critiques que je reçois soit vraiment par rapport à la musique.

Tu es une artiste qui prend position sur différents sujets, tu t’investis aussi dans le business, tu as fais Mewem… Quels seraient tes conseils pour une jeune femme qui souhaite se lancer dans la musique ?

Ce serait de bien s’entourer ! S’entourer de femmes aussi parce que c’est important, surtout dans le rap ! Un mec pourra jamais te conseiller sur certains points comme une femme peut le faire et ça c’est super important ! Je le vois depuis qu’il y a de plus en plus de femmes dans mon équipe.

Il faut aussi s’écouter parce que quand tu travailles avec beaucoup de gens, tout le monde donne son avis mais il faut savoir dire non. Parce qu’après on perd facilement du temps !

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Merci à Vicky R pour cette discussion.

Merci à Chloée pour avoir organisé cette rencontre.

Merci à La Place de nous avoir accueillis.

Merci à Soazig pour ces belles photos qui accompagnent cette interview. 

Manon Virsolvy

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