Simeon Zuyten a grandi dans un petit village, à quelques dizaines de kilomètres de Bruxelles. Une enfance rurale, dans un lieu auquel il peine encore à s’identifier. « Franchement, là-bas, il y a une forme de précarité, sociale plus que pécuniaire. Beaucoup de gens qui ne s’intéressent à pas grand chose, qui réagissent mal à tout ce qui leur est étranger. C’est plus de la maladresse que du racisme, mais la frontière est ténue. » Dès son plus jeune âge, ses yeux se tournent donc vers BX, la ville et sa culture. Un intérêt qui ne fait que croître avec l’âge.
La musique est omniprésente dans sa famille. Le style versatile de Swing prend sa source dans le bouillon de culture parental —une mère rwandaise et un père bruxellois—, sans négliger ses goûts personnels. « Les artistes entre hip-hop et soul, qui rappent et chantent en même temps, j’ai toujours été réceptif à ça. » Fatalement, les influences de Marabout se trouvent à Chicago, chez Noname ou Chance The Rapper, à Saint Louis, chez la néo-soul SZA, ou encore chez le natif allemand J.Cole. « Ils ont un coté très humble, très philosophique, très spirituel. Cette façon de se livrer est beaucoup plus forte que quand tu joues les rappeurs. »
Candide, l’artiste boude l’esprit mercantile et jure que la « Richesse » est d’abord intérieure. Un leit motiv qui s’explique par le contexte : « Le projet a été écrit à un moment transitoire entre mes études et la vie que je vis maintenant. Il m’a aidé à traverser cette période de questionnement : Est-ce que je vais utiliser mon diplôme ? Est-ce que ça sert à quelque chose d’aller jusque là ? » L’envie de finir sur une victoire force Swing à terminer ses études. Néanmoins, le refus de la médiocrité et le désir de faire plus le poussent à choisir une voie dans laquelle il brille davantage: la musique.
À l’aise dans son costume d’artiste, le belge démontre une faculté insolente à se mouvoir. « La scène m’a permis de me libérer physiquement, d’interpréter avec des gestes. Par contre, si tu fais voir mes vidéos à un danseur, il te dira que je bouge plus que je ne danse. » Dans sa chanson éponyme, le belge se risque tout de même à donner un « Cours de danse. » Quand on lui demande alors ses meilleurs conseils pour bien pogoter, il répond avec humour : « Être solide sur ses appuis. Les coudes en l’air, c’est important, pour ne pas se faire mal. Et savoir quand commencer, ne pas se lancer au mauvais moment, sinon c’est le drame. »
Faire du rap son métier n’a pas tout de suite été une évidence pour le Swing. « Les rencontres, les amis, la famille m’ont fait tomber dans la musique. J’ai des facilités, qui m’ont permis d’en arriver là. Mais au début, j’ai commencé pour expérimenter et je me suis beaucoup caché derrière le groupe. » L’Or Du Commun. Une entité qui occupe une grande place dans sa vie, et qui passe devant sa carrière en solo. Investir sur le collectif lui semble une valeur sûre, un choix impossible à regretter. D’ailleurs, le trio a fini d’enregistrer son nouvel album.
Entre amis, c’est comme ça que Swing évolue. Même quand L’ODC n’est pas à l’honneur, le groupe n’est jamais loin. Primero est prêt à monter sur scène à tout instant et Loxley a notamment réalisé le clip de « Rivage. » Le blondinet n’a eu qu’à choisir son titre préféré, son frangin lui a ensuite donné carte blanche. Idem avec les producteurs : du Motel à ShunGu, de Mowley à Smooth G, du 77 à Mataya, tous sont de la famille. Et lorsqu’il collabore, c’est au coup de coeur, comme avec l’espoir local Moka Boka : « J’adore son délire. À Bruxelles, c’est mon match musical. Nos goûts sont exactement les mêmes et c’est quelque chose de rare. »
La fleur au fusil, notre ingénu compte bien voir triompher ses idées sans user de la force. Droit dans ses bottes, il fait campagne contre les moroses et les sceptiques, voués à tomber un par un. La route est longue, alors Swing ne laisse pas ses doutes le ralentir. Un mental de fer pour une révolution de velours, dans laquelle l’onirique l’emporte face à l’argent. L’idée à première vue naïve s’imprime finalement à mesure que l’on écoute l’album, et incite à croire en ses rêves de gosse. Le tout en douceur, sans que la moindre goutte de sang ne soit versée.
Objectif : la « Canopée. » Pour l’atteindre, Swing se métamorphose en un animal somptueux. « Un oiseau tropical, assez massif pour qu’on le fasse pas chier, mais pas assez beau pour qu’on le chasse. Coloré, avec un grand bec, qui bouffe des fruits. » Un marabout ? « Un perroquet, parce que ça sait parler. » Maintenant qu’il a brisé la coquille et déployé ses ailes, il est temps pour le drôle d’oiseau de regagner le nid. Car l’aventure a une suite, et elle s’écrit avec L’Or Du Commun. Bon courage à qui voudra mettre en cage la couvée de cet épicurien flamboyant.
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