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Shay Lia, la muse de Kaytranada qui pourrait marcher sur 2019

Le chemin a été long pour cette globe trotteuse, elle qui sillonna les routes de l’Europe à l’Amérique, en passant par l’Afrique. Aujourd’hui basée à Montréal, elle collabore avec la crème des producteurs de la nouvelle génération. Dotée d’une voix de velours, elle se prépare à caresser nos tympans avec des singles annonçant son prochain album.

Une enfance nomade

Shanice a commencé très tôt à écouter de la musique. A trois ans, son cerveau enregistre déjà « Together Again » de Janet Jackson, dans son berceau à Toulouse, la ville qui l’a vu naître il y a 25 ans. À cinq ans, elle quitte la France pour Djibouti. Elle y apprend la danse dans des cours dispensés par des femmes militaires. Sa véritable passion pour le chant démarre à l’adolescence, vers 13 ans. Elle se passe en boucle les vidéos YouTube des chanteuses comme Amy Winehouse ou Alicia Keys.

A 18 ans, elle déménage de la corne de l’Afrique pour Montréal. Un choc de température, mais surtout de culture se produit alors pour cette franco djiboutienne. Elle entame des études de communication dans la capitale québécoise mais la musique ne quitte pas pour autant son esprit. Son environnement lui conseille de s’orienter vers l’événementiel, mais Shay Lia veut devenir le pôle d’attraction principal de ses propres événements, même si elle continue ses études jusqu’à la licence, en passant notamment par Paris.

À cet instant, la jeune expatriée n’a pas encore conscience de son potentiel artistique. Elle enregistre quelques vidéos de reprises sur son Facebook, sans réelle conviction. Elle tâtonne encore car pour elle, chanter reste un hobby. Une rencontre va alors changer la donne.

Égérie de Kaytranada

Avec six mois d’hiver par an, Montréal est une ville confinée, où les amateurs de hip-hop aiment se retrouver ensemble. Lors du passage de Jazzy Jeff en 2014, Shay rencontre par hasard un certain Kaytranada, producteur québécois à la recherche de chanteuses. Celui-ci lui demande si elle écrit. Elle ment, et dit oui. Le producteur lui envoie alors quelques productions via Dropbox. Le résultat, plutôt concluant, aboutit à « Leave Me Alone », un morceau basé sur une magnifique ligne de piano et de basse. Un titre marquant, qui finira par atterrir sur la tracklist de l’album 99,9% en 2016.

Depuis, le québécois et l’exilée djiboutienne multiplient les collaborations, s’appuyant sur leur visible complémentarité. Shay apporte sa touche jazz et soul sur les productions millimétrées plus électro et rap de Kaytra. A leur actif, les singles « 3 months », « Funky Thang » ou « Cherish » prouvent la bonne alchimie entre les deux complices. La chanteuse devient alors aux yeux du public l’égérie du producteur, dont la cote augmente de plus en plus. Cette réputation grandit d’autant plus que les deux artistes partagent plusieurs scènes live, dont celle du fameux festival de Coachella.

Des infidélités avec Stwo et Sango

Pourtant, Shay explore d’autres univers que ceux de l’auteur de 99,9%. Dans un premier temps, elle collabore avec le producteur français Stwo. Basé à Toronto, il a notamment travaillé dans l’ombre de Nekfeu, Jaden Smith ou encore Drake. Considéré comme un des espoirs du beatmaking, Stwo captive son audience par ses musiques planantes et lourdes en basse. Elle le contacte donc sur Facebook. Repéré par le label Soulection, ce jeune musicien se trouve avoir le même manager que Kaytranada. La fusion Stwo/Shay Lia fonctionne immédiatement. Cela donne des morceaux de la trempe de « Virgo », ou plus récemment « Feels ». Des compositions qui auront moins de résonance que le titre « Blue », partagé avec le groupe d’électro jazz canadien BadBadNotGood en 2017.

Shay Lia avoue dans plusieurs interviews être totalement dépendante des musiques pour l’élaboration de ses chansons. Elle pousse même le vice à composer des ébauches sur GarageBand avant de les envoyer à ses producteurs. Une technique qui semble lui réussir à merveille, tant ses choix restent judicieux. Une de ses dernières trouvailles le confirme, avec Sango sur « The Cycle ». Si elle reste fidèle à Kaytra malgré la relative baisse de sa cote, ces explorations lui permettent d’affiner son style vers un répertoire plus complet. En bonne muse, elle pose même sur le dernier mini projet 3 titres de son mentor avec « CHANCES », fin 2018.

La sortie fin 2018/début 2019 des singles « The Cycle » et « Feels » confirme cette tendance. 2019 devrait enfin voir la sortie de son premier mini album. La voix de la globe-trotteuse devrait raisonner dans le monde entier. Chantant exclusivement en anglais, sa musique semble sans frontières, ni musicales, ni linguistiques. Pour vous convaincre, on vous laisse donc avec son dernier single, « Feels ».

Rémi Chervier

Ayant vécu « l’âge d’or » du Jazz Rap et de la West Coast, il est dans son élément avec Kendrick Lamar, Joey Bada$$ et consorts. Amateur de Jazz, Soul et autres RnBeats.

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