Là où BX Vice était une véritable démonstration de rap, Eternel plante le drapeau d’une œuvre magistrale, qui se suffit à elle-seule. L’artiste belge a en effet puisé en lui la quintessence de son art pour forger ce diamant aussi complexe que merveilleux. Plusieurs écoutes d’un tel album sont nécessaires pour tenter d’en capter les ficelles, les subtilités d’un message distillé avec parcimonie, pour laisser libre cours à l’interprétation individuelle de chaque auditeur. Il semblait donc important d’échanger avec l’architecte de ce véritable édifice pour tenter d’obtenir quelques clés de lecture et ainsi essayer de capter ces fragments d’éternité. Rencontre avec un des artistes les plus fascinants de sa génération.
Le thème principal de l’album s’articule autour de la quête de moments d’éternité. Notamment en cherchant à capter des instants de bonheur, d’émerveillement…
Je suis persuadé que dans un monde que l’on estime être plutôt matérialiste, éphémère, en trame de fond il y a une éternité qui persiste. Pour capter cette éternité, il faut cependant être attentif, ouvert à cette idée. Quand tu contemples les étoiles par exemple, tu peux saisir qu’il y a une architecture globale qui transcende cet ensemble. Un autre exemple est le regard d’un enfant, c’est une fenêtre vers l’éternité, quelque chose qui nous dépasse, qui n’a ni début ni fin, qui est magique et merveilleux. J’ai donc cherché ces moments d’émerveillement pour écrire cet album. Il y a quelque chose de dystopique dans ce que nous vivons, on ressent qu’on entre dans la fin d’un monde.
A l’écoute de ce projet, on a parfois l’impression d’entendre les paroles de quelqu’un en train de disparaître, de mourir. Car ce rapport à l’immortalité, à l’infini, renvoie forcément à la mort en quelque sorte…
Il y a eu plusieurs approches autour de cet album. A la base, je voulais lui laisser une trame thématique en prenant le personnage de « Blade Runner » et en poussant l’univers et l’histoire au maximum. Le titre “Blade Runner” est très apprécié par le public donc je voulais aller plus loin mais je me suis vite rendu compte que ça rajoutait une couche de complexité à l’album qui n’était pas nécessaire. Je ne voulais pas avoir à faire des interviews complexes pour avoir à tout expliquer non plus. Je trouvais que le plus intéressant était ce rapport à l’éternité et aussi cette sensation de dernière lettre, pendant que le monde s‘écroule. Je cherche toujours ces fenêtres vers l’éternel, cette quête me passionne.
Parle-nous des conditions d’élaboration de cet album. J’imagine que cela a été plus complexe que pour ton album précédent BX Vice…
Quand je bossais avec Sofiane sur Pleine Lune, Kendo a mixé certains titres de l’album. Il me disait que selon lui, il ne voyait pas forcément ma place dans le rap, mais dans quelque chose de plus large, plus universel. J’avais déjà tenté des choses à ce moment-là que j’avais kiffé mais au moment de BX Vice j’avais plus envie de revenir avec quelque chose de plus rap justement. Puis j’ai repris l’exploration, j’ai adoré cela et ça a donné cet album.
J’aime la création, BX Vice c’est mon terrain, tu me mets une prod et ça part. J’ai eu besoin de ressortir de ma zone de confort, d’explorer de nouveaux mondes. Kendo est un compositeur incroyable, j’ai fait tout l’album avec lui, à part Greenfinch et Imani sur deux prods. Il n’y a pas de volonté de base pour moi de s’écarter du rap. C’est vraiment de la pure spontanéité, tout provient des échanges que j’ai. Au début, avec Sofiane Pamart, ça devait être un échange sur un titre, et au final quand on a vu comme ça fonctionnait entre nous ça a donné deux albums. J’étais déjà préparé pour ça dans un sens mais cette rencontre m’a fait pousser les choses plus loin, plus vite. Sofiane puis maintenant Kendo m’ont permis d’ouvrir de nouvelles portes. Je suis très content de cet album qui est très cinématique, qui a un côté narratif très intéressant.
Parlons de la forme de cet album. C’est un format beaucoup plus chanté, déjà abordé dans Pleine Lune, qui avait à l’époque surpris une partie de ton public… Là c’est clairement une direction assumée. Qu’est ce que te permet ce format chanté que le rap ne te permet pas?
Ce que je kiffe le plus c’est la plume. Il y a des thématiques qui se doivent d’être traitées en rap. D’autres, à l’inverse, ne passent pas en rap et se doivent d’être traitées en chant. Car en rap il y a une prod, un débit, il n’y a pas assez de silences. Le chant te permet de créer d’autres ambiances et c’est cela qui est intéressant. J’en discutais avec Antoine Elie qui est un vrai chanteur, je lui faisais part de mes interrogations quant à ma légitimité à faire du chant. Il m’a alors dit que la chanson française ne se posait pas ces questions de légitimité. Peu importe qui tu es si la forme est bonne. Beaucoup de chanteurs français n’ont pas de voix, pourtant regarde leurs parcours, leurs carrières. Un titre comme “Oeuvre”, c’est avec ce titre que j’ai poussé le délire le plus loin, c’est le préféré de Kendo et de pas mal de monde à qui j’ai fait écouter l’album. C’est un titre simple, droit, moins alambiqué que “Immortel” et pourtant cela fonctionne très bien. Pour “Immortel” quand il est sorti, je sais que c’est une direction artistique qui nécessite plusieurs écoutes. Je ne vais pas tenter de chercher à anticiper ce que le public voudrait de moi, ce n’est pas ça le rôle d’un artiste. Alors oui j’ai vu que “BX Vice” ou encore “Le Monde est à mes pieds” scoraient mais ai-je envie de refaire ça? Ça n’a pas de sens, j’ai envie de me faire kiffer avec ce qui me fait vibrer, ce que le monde met à ma disposition. Le monde met sur mon chemin Sofiane Pamart et Kendo, j’explore à fond! Ce sont des évidences. Quand tu as une longue carrière, on est obligé de se renouveler, de se mettre en danger. J’aime cette prise de risque. Quand on a sorti l’album Pleine Lune avec Sofiane, nous étions conscient du risque pris et quand on voit comment le projet a conquis le public, c’est magique. Sur scène à Bercy, on a fait deux minutes de balances. C’est facile entre nous. Même dans mes shows rap j’essaie justement d’avoir beaucoup plus ce côté spontané.
Kendo a réalisé ce projet. Comment avez-vous fonctionné ensemble, notamment au niveau du choix des prods?
La plupart du temps, cela part de la musique même s’il y a souvent une intention thématique. Je laisse d’abord la spontaneité s’exprimer, il y a d’abord une première pierre brute, ensuite tu essaies de la tailler pour la rendre accessible, mais pas trop. C’est un travail d’orfèvrerie qu’on fait à quatre mains avec Kendo. Sur les top lines, j’ai beaucoup proposé mais Kendo a aussi apporté sa contribution. Je découvre énormément de choses, j’en suis très heureux.
Tu consacres un titre de l’album au chant des baleines et y dévoile ta fascination pour cet animal. La nature est quelque chose dont tu te nourris beaucoup depuis toujours…
Ca m’a toujours marqué ce point. Toutes ces merveilles qui nous entourent nous semblent pour autant anodines. C’est le regard d’un enfant qui me fait réaliser cela. Quand un enfant voit pour la première fois un éléphant par exemple, c’est un truc de fou pour lui alors que pour nous, adultes, cela nous semble normal. En réalité c’est incroyable. Pareil pour les étoiles. Je contemple tous les soirs les étoiles et je me dis que nous ne sommes qu’une bille au milieu de tout cet univers. Il s’agit donc de tenter à nouveau de regarder la vie de manière miraculeuse. C’est comme pour les baleines. Cet animal m’a toujours fasciné. Ca me touche, c’est le plus gros mammifère et qui a le cri le plus doux. Sa force tranquille, le fait qu’elle évolue dans les abysses, ça me fascine.
« Ce que j’ai apprécié en premier lieu chez Scylla, c’est son ouverture d’esprit, sa curiosité, sa quête philosophique et spirituelle. J’aime quand on remet sur la table ses certitudes, qu’on fait l’effort d’adopter d’autres points de vue que le sien, qu’on creuse hors des sentiers battus et qu’on se nourrit des parcelles de vérité qu’on retire de ces prises de risques. Scylla c’est pour moi une belle rencontre humaine avant d’être artistique. «
Dans un des titres tu déclares avoir comme projet d’écrire un jour l’album qui portera ton nom. Cet album “Eternel” semble se rapprocher de l’album ultime…
L’album éponyme j’y ai pensé pour celui-ci. Éternel pour moi c’est mon meilleur album et donc je pense que c’est celui qui synthétise le plus les facettes de mon art, de ma discographie. On commence avec une nouvelle exploration avec les trois premiers titres de l’album, il y a des titres qui se rapprochent beaucoup plus de ce que j’ai pu faire en terme de rap, comme le featuring avec AKH ou encore avec Furax. On retrouve des titres plus “Pleine Lunien” comme “Toi” ou encore mon titre avec Antoine Elie. “JFDM” on retrouve un rap porté à un niveau différent en terme de maturité. Ce qui me rend particulièrement fier de cet album, c’est qu’il est très difficile de faire une synthèse d’autant de facettes de manières cohérentes. Souvent ça tourne à la compilation. La première fois que j’ai réussi l’exercice c’était avec Sofiane. C’était plus facile car ce n’était qu’un piano-voix. Ici tu voyages, il y a des choses différentes mais rien ne trahit l’intention de base.
Parlons des invités de l’album et en premier lieu de ton featuring avec AKH. Qu’est ce qui t’a le plus marqué dans son œuvre ? Est-ce sa relation au mysticisme?
AKH, c’est celui qui nous fascinait le plus à BX. Chez nous on était très rap marseillais, encore plus que parisien. AKH touche à des choses qui le dépassent, les pharaons, les pyramides et en même temps c’est un rappeur en bonne et due forme. En réalité, je me suis souvent interrogé car je pense que l’album Où Je Vis de Shurik’n est un de ceux qui m’a le plus marqué. Le nombre de titres forts de cet album, les prods, il est dans le top 3 du rap français avec Mauvais Oeil et Si Dieu Le Veut. Quantitativement, il y a peut être moins de titres qui me marquent chez AKH mais au final c’est lui qui ressort comme mon rappeur le plus marquant. L’artiste est au-dessus. C’est lui qui m’a le plus influencé. Maintenant c’était le bon moment de faire ce feat. J’ai eu peur au début qu’une collaboration avec lui sur cette album peine à trouver sa place dans la DA mais je me suis dit qu’il fallait tenter. Je lui ai envoyé mon couplet, il a travaillé de son côté et m’a renvoyé très vite sa partie. Et quelle partie! 32 mesures! J’ai senti que c’était vrai, c’est fait avec le cœur, il m’a respecté dans son travail.
Le refrain de votre featuring reprend d’ailleurs le refrain de “Manifeste” sur l’abum de Shurik’n
Quelle phase! C’est ça AKH, si je dois résumer AKH c’est ça. Faire un couplet politique et conclure sur un refrain hors du temps, mystique comme celui-là. Il est fascinant.
« Pour être franc je ne l’avais jamais réellement écouté avant la sortie de « Qui suis-je ». Je le découvre avec ce titre composé par Sofiane Pamart et Lionel Soulchildren sur « Masque de chair ». Le morceau et le clip, incroyables tous les deux, m’interpellent. La direction artistique de l’album « Eternel » prend d’ailleurs racine à ce moment précis, « Qui suis-je » ayant ouvert une porte importante à mon sens. Nous sommes alors en 2017 et c’est B-lel, notre frère en commun, qui pousse à une rencontre, convaincu que nos deux univers pourraient se rejoindre.
Notre collaboration débute alors sur l’album Masque de Chair, sur lequel je réalise quelques mixs et place la prod du titre « Esprits fraternels ». S’enchaîne ensuite le travail de studio sur Pleine Lune où nous apprenons à nous connaître. Je m’occupe de l’enregistrement et du mix, Sofiane et Scylla quant à eux servent au public un format inédit, magistral, un piano voix sans précédent dans le rap et qui fera date. Puis viendra Pleine Lune 2 auquel je n’ai pas participé, très beau projet également, et enfin Bx Vice que nous avons travaillé ensemble (enregistrement/mix/compo et réalisation de certains titres).
De ces nombreuses sessions studio étalées sur plusieurs années sont nés des automatismes, une méthode de travail et chose essentielle : une confiance réciproque. Forts de cette confiance, les premières ébauches verront le jour, des embryons de ce que seront les premiers titres de l’album Eternel.«
Et tu ouvres le titre avec furax avec les premières lyriques de “J’voulais dire” présent dans le Black Album et sur la BO de Comme Un Aimant.
Le titre avec Furax s’est fait après donc je savais déjà qu’il y aurait le titre avec AKH et c’était donc une manière de l’annoncer. Mais de plus, ces paroles sont venues naturellement, ça semblait logique. J’avais la thématique, je savais que je voulais évoquer la saveur des premières fois. J’ai commencé par écrire “La première fois que j’ai pris la plume” et ça a évoqué direct chez moi les paroles d’AKH. C’était donc évident pour moi de faire une référence à ses paroles. “Je Voulais Dire”… quel titre aussi…
Ta relation avec Furax n’est plus à prouver. Tu laisses d’ailleurs filer un audio à la fin du titre où tu racontes votre rencontre assez drôle. Il y a beaucoup d’attentes de votre public quant à un projet commun. Est-ce toujours quelque chose d’envisageable pour vous?
On en a parlé plein de fois, il faut que l’on trouve le bon moment où on est tous les deux dans le bon mood. Furax est prêt à explorer des choses à mes côtés donc pourquoi pas. Furax c’est toujours une évidence, c’est celui dont je suis le plus proche donc ça sera un kiff de faire cet album un jour.
Sur cet album, tu invites également un saxophoniste appelé Ferdi…
Pour le titre, c’est Kendo qui me dit qu’il voit bien un saxo. Il m’a parlé de Ferdi, il est passé au studio et a fait sa partie spontanément. Je voulais vraiment en faire un feat, pas seulement le créditer sur la prod. Il a son couplet, c’était le bon album pour faire ça.
Tu refermes l’album avec le chanteur Antoine Elie sur le titre « Eternel ». Parle-nous un peu de ce chanteur.
J’avais flashé sur lui et son titre “La Rose et l’Armure”. C’est de la chanson française mainstream mais qualitative. C’est difficile de faire de la chanson populaire mais avec un vrai fond. J’étais entré en contact avec lui il y a un petit moment avec lui et il m’avait dit qu’il m’écoutait depuis longtemps. Je l’avais invité à mon Casino de Paris notamment, donc on est en contact depuis un moment. Sur cette prod, je savais que je voulais terminer par “Eternel”, de sortir de manière lumineuse et ne pas terminer sur “JFDM”. On m’a suggéré Antoine Elie sur ce son et même si je n’y avais pas pensé de moi-même j’ai trouvé de suite que c’était une bonne idée. Je lui ai envoyé la prod en lui disant que j’allais être sans pitié car je tiens énormément à ce titre. Il me laissait des notes avec ce qu’il faisait et en réalité ça a été très spontané, j’ai adoré ce qu’il a fait, ça s’est fait très naturellement.
« En tant que réal, j’ai beaucoup poussé vers le chant, le travail sur « Pleine Lune » m’a fait prendre conscience du potentiel de sa voix à ce niveau. Et je pense que lui aussi en a pris conscience sur ce projet. Ça n’a donc pas été difficile de l’emmener dans cette direction, il aime chanter et explorer de nouveaux terrains. L’adn rap n’a pas pour autant été délaissé, je viens de là aussi, sur l’album même quand c’est lyrique le flow est toujours présent. Bien sûr la forme particulière en déstabilisera certains mais je suis convaincu qu’au final la plupart s’approprieront l’œuvre. Les artistes qui se challengent et qui renouvellent leur univers sont pour moi les plus intéressants. Rester sur une recette éprouvée est confortable, et on peut opter pour le confort, mais lui ne fait pas ce choix, il évolue et tire son public avec lui, il le fait voyager, le bouscule un peu parfois, mais ça reste du Scylla.
La force à mon sens de sa musique est une forme de transcendance, elle ouvre l’esprit à une élévation, elle touche juste et va chercher des émotions que l’auditeur ne soupçonnait peut-être même pas ressentir. C’est très puissant, il suffit de lire certains commentaires sur les réseaux pour le comprendre, et j’ai tenté de mettre la compo et la production au service de cette force, nous avons beaucoup travaillé là dessus.
Nous avons bossé de manière assez diversifiée, à distance, ensemble en studio, en résidence. Les titres sont sortis pour la plupart très spontanément mais il y a un gros travail ensuite d’affinage, d’arrangement, de sounddesign, etc. Les sessions avec Scylla, ce sont beaucoup de grands débats, de discussions enflammées, qui nourrissent la musique, impulsent des moods, des thématiques. Notre longue collaboration aidant, nous nous comprenons assez vite, nous savons rapidement si nous sommes sur une potentielle pépite ou sur un cul de sac. »
Le titre « Bateau tombé du ciel » semble user de l’allégorie similaire au poème de Baudelaire intitulé « L’albatros »…
Je ne l’ai pas pensé ainsi mais c’est quelque chose qui revient beaucoup. Dans mon titre “Sale môme” avec Furax j’avais fait un clin d’oeil à ce poème. Ça me parle beaucoup, ça fait échos chez moi. Le film Will Hunting, m’avait beaucoup touché dans la même idée. Ces personnes un peu à part, ça me parle énormément.
Tu commences la tournée de cet album avec une date symbolique à l’Olympia. Cette même salle que tu avais sold out avec Sofiane Pamart et que, du fait du Covid, vous n’aviez jamais pu assurer. Que vas-tu proposer au public sur scène?
C’est la date qui ouvre la tournée. J’ai voulu cette symbolique forte. Je vais tout mettre en place à partir de maintenant. C’est le prochain chantier. Nous sommes à quelques places du sold-out. C’est une salle que nous avions déjà sold-out avec Sofiane sans pouvoir la réaliser, c’est donc l’occasion de corriger le tir.
Justement, avec Sofiane vous semblez avoir vécu énormément de moments. Vous avez offert à votre publics deux superbes albums. Il y a peu, il l’invitait à ses côtés lors de sa date événement à l’Accor Arena. Qu’as-tu ressenti en le voyant réaliser une telle performance?
Sofiane je l’ai connu à ses débuts. J’allais chez lui à Lille. J’ai tout vécu dans le moindre détail depuis le départ. Son succès, c’était un véritable pari. Au début, personne ne voulait suivre, les maisons de disques étaient dubitatives. Guillaume son manager et Sofiane ont donc réellement façonné l’histoire. C’est impressionnant de voir un pianiste soliste remplir Bercy. C’est inédit.
« Nous nous étions mis d’accord avec Scylla, je ne voulais pas écouter son album avant sa sortie. Je voulais faire la véritable expérience comme le public. Je suis très heureux d’avoir fait cela car l’expérience c’est vraiment le mot clé de son album. Il a été pensé comme quelque chose qui crée un moment immersif, qui plonge dans un univers dont Scylla a le secret. C’est pour moi le meilleur album que Scylla a crée jusqu’alors. Il représente la synthèse de son art, je suis bluffé par sa capacité a être allé aussi loin sur des sujets si profonds, dans ses émotions, dans la recherche de la musique et des mélodies qui servent les thèmes qui lui tiennent le plus à cœur. C’est trop beau de voir un artiste qui arrive ainsi à la quintessence de son art. Même les visuels sont exceptionnels. J’ai vraiment aimé le fait qu’il me cache tout cela pour que je le découvre à la sortie. C’est vraiment son plus bel album.«
Ça te fait quoi d’avoir contribué à cette ascension ?
Son premier concert c’était au Botanique à Bruxelles puis le Flow à Paris. C’étaient des jauges de 300 personnes puis le Trianon l’année suivante. Et là il a joué à Bercy. C’est un grand travailleur, c’est sa vie. J’ai une famille j’essaie de garder un certain équilibre, eux ne font que travailler, lancer des signaux à l’univers et recevoir en retour.
A titre perso, de jouer à Bercy devant tant de monde, qu’as-tu ressenti?
J’ai adoré la centralité de la scène. Je n’ai pas senti vraiment le nombre de personnes dans le public. Ça ne m’a pas forcément plus impressionné que de monter au Trianon ou à la Cigale mais vraiment cette scène centrale avec ce plateau qui monte j’ai adoré. Cette connexion qu’on a eu ensemble, c’est unique. Je le connais, je savais ce qu’il avait au fond de lui et ce que je pouvais dire à sa place. Ce discours n’était pas prévu mais il m’a semblé bon de le prononcer pour lui.
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