Dans le sillage de YG et DJ Mustard depuis ses débuts, RJMrLA aura attendu patiemment son tour. Avec son premier album On God, l’artiste de Los Angeles espère bien s’imposer durablement et s’exporter bien au-delà des frontières de la Cité des Anges.
A bientôt 35 ans, RJMrLA peut difficilement être considéré comme un rookie. L’artiste de South Central s’est lancé finalement assez tard dans une carrière musicale avec sa première mixtape O.M.M.I.O. en 2013. Un projet présenté par DJ Mustard qui, à l’époque, commence à collectionner pas mal de hits radio après le carton du « Rack City » de Tyga. Un soutien de poids pour RJ qui obtiendra sa première grande exposition médiatique sur le fameux album My Krazy Life de YG.
Toujours dans l’ombre du beatmaker à succès et du rappeur de Compton signé sur Def Jam, RJ commencera toutefois à se faire son propre nom à Los Angeles suite au bon buzz généré par les deux nouveaux volumes de sa série de mixtapes O.M.M.I.O. Il arrivera à placer quelques titres en radio, notamment le G-Funk « Get Rich » produit par DJ Swish, et se construira vite une solide réputation en concert.
2017 sera une année charnière pour lui en devenant le premier artiste signé sur le label 400 Summers de Mustard et YG. Cette année là, il sortira deux projets qui lui permettront de franchir une nouvelle étape. Tout d’abord MrLA en mai, puis The Ghetto produit entièrement par DJ Mustard qui lui verra le jour en toute fin d’année. Deux sorties qui serviront de présentation plus large avant ce premier grand album, sujet principal de cette chronique.
La La ‘Ratchet’ Land
RJMrLA c’est avant tout la couleur musicale d’une ville, celle de Los Angeles, qui a été façonnée par plusieurs artistes ces dernières années. Son représentant le plus connu est bien évidemment DJ Mustard. Il a réussi à hisser le style ratchet music (qui puise ses influences dans le jerkin’ movment et la hyphy) à un niveau mainstream qu’on n’osait même pas imaginer, à l’image de Lil Jon avec le crunk et Mike WiLL Made-It avec la trap. La dernière fois qu’un son purement West Coast avait franchi les frontières de cette région, c’était un certain Dr. Dre qui était aux manettes…
Restons quelques instants avec le Doc, le temps de parler de ce morceau d’ouverture qui porte le nom de ce projet On God. Un titre qui réinterprète à la sauce du jour l’instru du « Big Ego’s » de Dr. Dre, 20 ans après la sortie de 2001. Une réussite d’entrée qui lance parfaitement cet album qui a la particularité de ne connaître aucun temps mort. En effet, tous les morceaux s’enchainent d’une façon fluide (#NoFadeOut) nous empêchant tout simplement de décrocher. Un bon point pour moi, mais qui n’en sera peut être pas un pour d’autres…
Disons que ceux qui ne sont pas forcément des grands adeptes de ce genre de beat, auront peut être un peu de mal à sentir les différences entre chaque morceau. Il est vrai qu’à la première écoute, pour des oreilles néophytes, tout peut se ressembler un peu dans la structure des différentes productions. Un projet destiné tout d’abord à un public averti, produit entre autres par l’incontournable et collaborateur de longue date DJ Swish, mais aussi Larry Jayy, Paupa, A9 Audio et bien évidemment Mustard.
Summer ain’t never late
C’est peut être par ces mots que RJ définit le mieux son style et la saison où l’attention du public est la plus forte à son égard. Il faut souvent attendre l’été pour que l’auditeur lambda aille faire un tour du côté des sorties West Coast, et notamment vers la scène de LA. Quand les températures commencent à monter un peu partout avec des nuits qui s’allongent, il y a une demande toute particulière pour un son un peu plus léger, dansant et surtout ensoleillé. Conscient de ce phénomène, ce n’est pas un hasard si les projets de RJMrLA sortent souvent entre les mois de mai et d’août.
Vous l’aurez compris, cet opus est le partenaire idéal pour finir votre été comme il se doit. Que ce soit au bord de la plage, d’une piscine ou lors d’un barbecue entre amis. Sans être révolutionnaire, ni d’une ambition débordante, On God peut toutefois vite se révéler addictif pour certains !
Los Angeles State of Mind
Les deux premiers morceaux de cette tracklist ont le don de planter le décor, que ce soit cette volonté absolue de vérité sur « On God » ou cette vision brute d’un milieu social très compliqué sur le single « Apartment ». Deux titres qui permettent aussi de se familiariser avec le style de RJ, que ce soit au niveau du rap ou du chant. Un artiste multi-facettes, à l’image de la période que connait le rap game, qui va chercher ses influences chez ses contemporains. Une sorte de mélange très Angelino de YG, Ty Dolla $ign, Buddy et Boogie pour la voix, le flow ou les intonations.
Pour son premier grand album, MrLA a vu les choses en grand avec un casting qui attire l’œil et qui est des plus convaincants. Les premiers invités croisés sont ScHoolboy Q et Young Thug sur les entrainants « On One » et « On Time ». Ce dernier morceau a un potentiel radio non négligeable et commence déjà à bien squatter les playlists des radios de Los Angeles, à suivre.
I Put My Word On God
Sur « Money Goals » et « Rat Race », on peut rapidement apprécier l’habileté de RJ pour les refrains accrocheurs dans la grande lignée des crooners de la Cité des Anges. Loin d’être un rappeur à texte, il compense parfaitement avec un ton chaleureux et émotionnel plutôt touchant.
Parmi les guests, on retrouve principalement des collègues de la scène West Coast qui s’intègrent donc naturellement dans le récital de RJMrLA. Que ce soit The Game sur « Numb to My Feelings » ou O.T. Genasis sur « Bang My Line », la plongée au cœur des rues de LA est sombre et vivante, tout comme le prenant « Watching ». Aussi à l’aise en club, pour l’occasion RJ se fait accompagné par G-Eazy et la rappeuse Bree Carter sur l’hypnotisant « Pretty Bitches ».
Si les titres « Randall Cunningham » et « Friday Night » ont du mal à m’emballer, la collaboration « Real LA Shit » avec Joe Moses est pour le moins efficace avec un vrai hymne à cette ville. « No Pressure », « No Face No Case » (en mode Kokane pour le refrain) ou encore l’excellent « Long Way » avec l’insatiable Snoop Dogg, sont des ambiances où je trouve RJ des plus efficace. Rien à jeter !
La fin d’album alterne entre le bon et le moins bon dans un rythme un peu plus calme. Je retiendrai les morceaux « Real Wit Myself » avec Mozzy et surtout le magnifique « You Are Who You Are » qui aurait pu refermer dignement ce projet à la place de « Growing ». Un titre qui répond au morceau d’ouverture avec une honnêteté et une humilité assez rare dans ce milieu : « I’m just living my truth, it’s a celebration / I show and I prove, no hesitation / And I ain’t scared to come new, that’s half the battle / And all that I’ve been through is just a demonstration ».
Pour conclure, On God est un album qui tient plus que bien la route et qui trouve tout son intérêt lors de journées ensoleillées. Son auteur a assez d’expérience et de maturité pour éviter les gros pièges d’un premier projet solo. Le résultat est donc un travail cohérent, sans grande surprises, et c’est très bien comme cela. Une vraie sortie made in L.A. qui ravira finalement tous les fans de cette ville. L’été touche bientôt à sa fin, alors profitons-en !