Comme beaucoup d’entre vous sûrement, on a bien saigné le nouvel album tant attendu de Dr. Dre Compton : A Soundtrack by Dr. Dre depuis sa sortie la semaine dernière. Avant de vous donner notre avis définitif dans une chronique (contrairement à certains, on préfère prendre notre temps pour avoir un peu de recul), on vous propose aujourd’hui de découvrir les petites mains qui ont aidé ce bon vieux docteur à créer ce bel objet musical. Car oui, ce n’est un secret pour personne: même si Dr. Dre reste le grand chef d’orchestre en studio, il ne produit pas seul tous ses albums. Comme tous les plus grands, il sait aussi s’entourer des meilleurs talents pour parvenir au résultat souhaité. L’occasion de braquer les projecteurs sur cette équipe de producteurs – savant mélange entre staff Aftermath, jeunes talents et valeurs sûres – qui ont pu chacun à leur manière apporter leur touche à ce Compton, dont tout le monde s’accorde au moins sur la qualité intrinsèque de la production.
A co-produit : « Talk About It », « All in a Day’s Work », « Deep Water »
Le natif d’Inglewood, Californie a réussi à décrocher pas moins de 3 tracks sur Compton, un petit exploit en soi. DJ Dahi y démontre toute sa polyvalence en bossant à la fois sur des bangers très actuels comme « Talk About It » ou « Deep Water » que sur une balade beaucoup plus lay back telle que « All in a Day’s Work ». Une polyvalence qui a certainement su séduire Dr. Dre, tout comme sa complicité avec Kendrick Lamar (présent sur « Deep Water »), pour qui il avait produit le sublime « Money Trees » (ft. Jay Rock) sur l’album good kid, m.A.A.d city. Un morceau qui a clairement propulsé sa carrière, lui permettant notamment de décrocher un single sur le Nothing Was The Same de Drake, avec l’entêtant « Worst Behavior ». Remember ?
A co-produit : « Genocide », « Deep Water », « Satisfiction », « Medicine Man »
Dem Jointz est crédité pas moins de quatre fois sur l’album, et pourtant, on en sait bien peu sur lui. De son vrai nom Dwayne Abernathy, le Californien est un vrai travailleur de l’ombre, à la fois producteur, arrangeur vocal et songwriter. Compton semble être sa première vraie incursion dans le Hip Hop, lui qui avait jusqu’ici travaillé principalement dans un domaine plus pop, surtout avec des femmes, de Christina Aguilera à Marsha Ambrosius en passant par Brandy, Jordin Sparks et Rihanna. Quasiment que des artistes Interscope, on comprend donc mieux la « facilité » de la connexion avec Dr. Dre. Dans Compton, il retrouve Marsha Ambrosius sur deux tracks intéressantes (« Genocide » et « Satisfiction ») qui semblent se répondre mutuellement au niveau du style de beat. Par contre dommage que Dem Jointz n’ait pas encore assez de poids pour demander à Eminem d’arrêter de s’énerver pour rien sur son couplet de « Medicine Man »…
A co-produit : « Darkside/Gone »
Best Kept Secret n’est pas un producteur mais en fait une team de producteurs composée de Julian Nixon alias Ju Ju, Craig Balmoris aka Craig B, plus le claviériste Godfather. Le trio formé sur les bancs de la fac à Washington D.C vers 2006 s’est d’abord fait remarqué à la fin des années 2000 en étant présent sur quasiment tous les projets de Wale de l’époque (The Mixtape About Nothing, Back to the Feature,…), ce qui leur a permis de travailler par la suite avec d’autres artistes de renom tels que Skyzoo, Schoolboy Q, Mike Posner ou Estelle, jusqu’à la consécration Compton donc avec le morceau en deux parties « Darkside/Gone », la partie « Gone » étant pour moi l’un des gros highlights de l’album, avec ce plein de classic material entre la mélodie de piano et le beat très dr. dresques, le refrain planant de Marsha Ambrosius samplant les Wings et les couplets réussis de Dre et Kendrick Lamar.
A co-produit : « It’All on Me »
Un des noms bien connus de cette liste, et pour cause, puisque Bink est dans le game depuis déjà presque 20 ans. Principalement associé au label Roc-A-Fella, il a connu sa période la plus faste au début des années 2000, en scorant notamment trois tracks sur l’album The Blueprint, l’un des plus gros classiques de Jay-Z. Il a ensuite produit pour les plus grands, de Kool G Rap à J. Cole et Drake en passant par Nate Dogg, Rick Ross ou encore Kanye West. Même s’il n’a jamais été complètement inactif, on avoue qu’on avait un peu perdu sa trace, jusqu’à ce retour par la grande porte sur Compton et « It’s All on Me », ce bijou de morceau downtempo, West Coast à souhait porté par les voix de Justus et BJ The Chicago Kid.
A co-produit : « Deep Water », « For The Love of the Money »
Cardiak est peut-être le producteur qui a le profil le plus « mainstream » de cette liste. Il suffit de jeter un coup d’œil rapide à son palmarès d’artistes pour s’en convaincre : Rick Ross, DJ Khaled, Ace Hood, Lloyd Banks, Freeway, Joe Budden, ou encore Meek Mill, pour ne citer qu’eux. Dès lors, on est de suite moins étonné de voir le natif du New Jersey crédité sur les titres « Deep Water » et « For The Love of the Money », deux tubes en puissance aux drums plus trap et aux basses vrombissantes. Même sans être fan du genre, on ne peut que reconnaître l’expertise du bonhomme sur ce terrain-là. Après avoir réservé deux spots sur Compton, les rappeurs sensibles à ce style risquent certainement de venir régulièrement sonner à sa porte.
A co-produit : « Animals »
Est-il vraiment nécessaire de présenter DJ Premier ? Légende parmi les légendes, Preemo a réalisé le rêve de nombreux Hip Hop heads en acceptant l’invitation de Dr. Dre sur le morceau « Animals », qui réunit ainsi peut-être les deux plus grands producteurs de tous les temps, un événement immortalisé par cette photo qui avait affolé le web. Pour ne rien gâcher, le résultat est plus que réussi, avec une Preemo’s touch très reconnaissable grâce à ce beat saccadé, bien boombap qui dénote pas mal par rapport au reste de l’album, et la voix d’un Anderson .Paak et au sommet de son art, dans la continuité de leur précédente collaboration pour Boiler Room avec BMB Spacekid (lui aussi crédité d’ailleurs). Rien que l’outro du morceau vaut le détour en elle-même, avec son dialogue entre les voix des deux producteurs, clôturé par une phase scratchée dont Premier a le secret.
A co-produit : « Intro », « Deep Water », « Loose Cannons », « Issues », « One Shot One Kill », « Medicine Man »
Fils d’un des fondateurs du groupe Chic, Focus… est un producteur de la maison Aftermath / Interscope (il était parti en 2009 avant de revenir en 2014) et fait donc partie de l’entourage proche de Dr. Dre, qui l’avait repéré au moment de sa collaboration avce la rappeuse Solé. Sans surprise, sa discographie est donc très teintée Aftermath avec notamment The Game, Tony Yayo, Bishop Lamont, Stat Quo, Busta Rhymes ou Slaughterhouse. Fun fact: Focus… a également produit pas moins de 6 morceaux sur Aller-retour, le deuxième album de…La Fouine. Sur Compton, c’est finalement lui qui est crédité le plus de fois avec six tracks au compteur, ce qui laisse logiquement penser qu’il fut le vrai bras droit du Doc sur ce projet.
Ont co-produit : « Talking to My Diary »
Comme Focus… DJ Silk et Mista Choc sont deux « in-house producers » de chez Aftermath, de vrais bosseurs de l’ombre qui doivent être heureux de recevoir un peu de lumière en étant crédités sur « Talking to my Diary » la superbe conclusion de l’album sur un beat Dr. Dre pur jus, avec cette boucle mélodique ultra lourde ponctuée d’un solo de trompette sur laquelle le bon Docteur vient rapper lui aussi en solo. Clairement l’un des gros highlights de l’album, qui plus est utilisé dans tous les teasers et pubs autour de la sortie de l’album. Une belle récompense pour cette #teamAftermath.
A co-produit : « All in a Day’s Work »
Connaissant bien le bonhomme et surtout son CV, si j’avais dû parier, j’aurais certainement vu DJ Khalil présent sur beaucoup plus de morceaux de Compton. Lui aussi très proche d’Interscope / Aftermath, il semble être l’un des hommes de confiance du label, produisant de nombreux singles assez « événementiels », notamment pour Eminem, tels que « Survival » ou plus récemment « Kings Never Die » pour le film Southpaw. Il avait aussi produit quatre morceaux sur l’album Recovery. Audacieux dans ses choix de samples instrumentaux, son style très imprégné de sonorités rock (écoutez « Kinda Like a Big Deal » de Clipse ou « The One » de Slaughterhouse pour comprendre) est devenu très reconnaissable et reconnu, lui ouvrant ainsi les portes de tous les rappeurs les plus hot du game, comme le montre sa discopgraphie. Finalement, Khalil n’est crédité que sur un morceau de Compton, « All in a Day’s Work », sûrement pas le plus probable au regard de ce à quoi il nous a habitué, mais on reconnaît malgré tout par-ci par-là sa patte de producteur.
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Quel bel article en plus l'auteur s'y connais très bien. Ça m'a surpris le fait qu'il indique bien que focus était de retour dans le roster d'afthermaths en 2014 et avait du arrêter auparavant pr s'occuper de sa famille. Merci mille fois.bonne soiree
Merci ! Heureux que cet article t'ai plu :)
" Talking to My Diary " - ou comment être payé pour fermer sa gueule sur un sample = le sale pouvoir de l'argent
on avait l'habitude de dire que Dr Dre ne créditait pas assez sa team dans les années passées... mais dans cet album ce qui est génial c'est que tout le monde est crédité à sa juste valeur