Pour commencer, j’aimerais bien qu’on revienne sur ton parcours. J’aurais pu aller chercher les infos mais je trouve ça cool que tu te présentes avec tes mots aux lecteurs qui ne te connaissent pas forcément.
Blasko, artiste. J’ai commencé la musique en 2014/2015 et je bosse avec Mal Luné depuis le début. J’ai sorti pleins de singles, j’ai été sur M.I.L.S 2.0 de Ninho.
Aujourd’hui, on se rencontre dans le cadre de la sortie de ton EP et tu me dis que tu fais du son depuis 2014/2015 : pourquoi avoir attendu 2022 pour la sortie de ton premier projet ?
Pour plein de raisons… Je n’étais peut-être pas prêt, ce n’est pas un truc que j’ai calculé en tout cas !
Pour cette interview, j’ai envie qu’on appréhende le projet comme quelqu’un qui le découvre ! Pour commencer, la première chose qu’on voit c’est la cover du projet ! Est-ce que tu peux nous la décrypter ?
La cover c’est une idée qu’on a eu avec l’équipe. Comme on a prévu de sortir deux EP, on a eu l’idée de partir sur un échiquier qui correspond le plus, notamment au niveau des couleurs : noir et blanc comme il y a Carré Noir et Carré Blanc.
Comment toi et ton équipe, avez pensé les personnages présents sur l’échiquier ?
On ne voulait pas partir sur un échiquier basique, on voulait faire quelque chose de street donc on a mis des bécanes, des mecs et plein de trucs qui y font référence !
Super ! Après avoir vu la pochette, on lance le projet et on commence par “Four”, premier morceau de l’EP. Je trouve qu’il illustre parfaitement la pochette, c’est brut !
C’est vrai !
Dès le début on distingue ta technique, et je trouve que c’est une belle introduction pour le projet. Comment s’est fait le choix de mettre ce track en premier ?
Simplement car il ressemble à un track de premier titre !
D’accord !
Après ce premier son, on passe à “Sang de la veine” qui change totalement ! On arrive sur une prod dansante, on comprend que le projet va être diversifié. Ce morceau est réalisé en feat avec Yaro, peux-tu nous expliquer l’histoire de ce feat ?
Yaro c’est un mec de mon quartier, avant celui-là, on avait un autre son qui ne sortait pas. À la base, ce n’était pas un son dansant ! On devait faire un morceau plus kické mais comme c’est mon terrain, j’ai voulu aller dans le délire de Yaro qui a l’habitude de faire des sons plus dansants. Ça s’est fait comme ça, tout naturellement.
Ça ne t’a pas perturbé de sortir de ta zone de confiance et d’aller sur le terrain de jeu de Yaro ?
Franchement non !
Le son d’après, c’est “À la bourre”, un gros banger réaliste dans lequel tu nous montres ta détermination, tu dis “j’attends pas d’être validé”. Est-ce que tu te caractérises comme quelqu’un d’ambitieux ?
Ouais, fort !
C’est quelque chose que tu cherches à retranscrire dans tes textes ?
Pas forcément, je m’en fous.
Le quatrième titre du projet “Elle aimerait” est un morceau clipé. Les visuels du clip illustrent parfaitement le morceau, on y voit une certaine technique, les plans sont précis et mettent en avant quelque chose d’ultra sombre et brut. Ça m’amène à te demander comment as-tu bossé l’aspect visuel du projet ?
Sur l’aspect visuel, on voulait faire quelque chose qui colle avec le son. “Elle aimerait” pour anecdote, c’est le son noir du carré blanc, c’est le son banger du projet. Un peu à la manière du Yin et du Yang ! Donc dans la partie noire, il y aura aussi un son un peu plus calme. C’est un peu ce délire qu’on a voulu poussé !
Sur le travail avec les équipes du clip, comment ça s’est passé ?
Tout s’est fait avec le réal : il a proposé ses idées et on a validé. L’objectif, c’était de retranscrire le titre en image : une histoire d’amour un peu toxique dont je suis le narrateur.
Tu avais déjà bossé avec ce réal ?
Depuis le début ! C’est lui qui a tout fait mis à part mes premiers clips dailymotion.
D’accord ! Donc il a aussi un suivi des projets et de l’évolution !
Exactement !
“Demain c’est loin” est assez mélancolique et nostalgique. Il est réalisé en featuring avec Softo, c’est votre première collaboration !
Oui !
Comment ça s’est passé ?
C’est un pote à moi, il vient de Sevran et fait du rap un peu cloud. J’ai eu envie d’aller dans son délire sur ce son !
C’est le deuxième feat, tu en as deux sur le projet, comment tu l’expliques ?
Le projet, c’est un 7 titres, c’est un EP donc 2 feat suffit.
Sur les choix des feats, tu t’es orienté vers deux personnes qui sont assez éloignées de ton univers, tu avais envie de sortir de ta zone de confort ?
C’est parce qu’on est sur le carré blanc. Dans le carré noir il y aura plus de feats qui me ressemblent.
Dans l’intro de “Beriz” on entend des notes de piano, et c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que sur tout le projet il a une grande présence d’instruments tel que le piano ou la guitare, chose qu’on ne retrouve pas toujours sur les projets actuels.
De fou, c’est vrai.
En voyant ta réaction j’ai l’impression que ce n’est pas quelque chose que tu as calculé !?
Pas du tout ! C’est vrai que j’accorde une grande importance aux prods, j’aime beaucoup la guitare et le piano mais c’est du feeling ! Puis, j’aime bien quand il y a de l’émotion.
Sur les prods, tu as travaillé avec qui ?
J’ai bossé avec HRNN, Daimo Beat, Quentin à la prod et Birdzonthetrack. Finalement, c’est avec Birdz que j’ai le plus travaillé ! Il est canadien et on a travaillé à distance sur le projet.
C’est la première fois que tu travaillais avec lui ? Comment s’est fait la connexion ?
Il m’a envoyé de prod et ensuite on est rentré en contact et puis on a bossé ensemble.
Plus globalement, le projet est diversifié, tu as pris des risques et tu proposes quelque chose de nouveau !
Merci au confinement, c’est pendant cette période que j’ai commencé à tester des trucs ! Par exemple, avant je n’arrivais pas du tout avec l’auto-tune. Je crois que le premier son autotuné c’est “À la bourre” et je l’ai gardé. Puis pendant la conception de ce projet, j’étais dans le doute. Je ne voulais pas sortir le projet, j’étais douteux ! C’est la première fois que ça me fait ça dans la musique, mais j’étais content du résultat. Et finalement, je suis surpris des retours.
D’accord, donc ce n’est pas quelque chose que tu as travaillé spécialement pour ce projet-là, c’est un truc qui est venu naturellement !
À la base, je devais faire une mixtape et on s’est rendu compte que c’était mieux de sortir un court format en premier pour que les gens puissent écouter avant de proposer plus gros. Aussi, ce qu’il faut savoir c’est qu’au début il n’y avait pas deux projets noir/blanc, c’est au moment d’écouter tous les sons qu’on s’est rendu compte qu’il y avait deux couleurs.
Donc le prochain projet est déjà fini ?
Oui, il est déjà prêt.
Trop cool ! Pour terminer ce projet-ci, on termine sur “Patek” marqué par une instru ultra rythmée qui change de tes habitudes une nouvelle fois. Est-ce que tu envisages de continuer à être aussi varié dans tes propositions ?
Je veux continuer à toucher à tout ! Je n’ai pas envie qu’on me catégorise comme un rappeur qui fait juste de la mélo ou juste du kick. Juste faire de la musique et que je kiffe.
C’est drôle parce qu’au fil de notre discussion je me rends compte que tu fais réellement de la musique pour le plaisir et la passion sans passer par des stratégies ou des choix calculés, juste tu suis ton évolution
C’est exactement ça ! Tout est au feeling, aussi bien pour le choix des prods que l’identité des sons. Pendant un an, je suis capable de produire que des sons du carré blanc puis ensuite être énervé et faire que du kickage ! C’est selon mon humeur.
On remarque aussi que tu recherches une certaine vérité dans ta musique, quelque chose de pur et d’authentique en livrant des choses brutes sans artifices.
C’est parce que ce sont mes valeurs !
Pour conclure l’interview, j’avais prévu de te demander s’il y avait un Carré Noir de prévu…
Ah, j’ai spoilé ! [Rire] Mais c’est cool parce que ça veut dire que l’idée de la pochette a du sens.
Exactement !
Ce sera une ambiance différente ?
Rien à voir ! Des bangers bien frais. Ça restera du Blasko mais ce n’est pas la même chose.
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