Vince Staples : portrait d’un peintre hip-hop réaliste
Il a peut-être les mêmes dents du bonheur que Yannick Noah, mais la ressemblance avec l’homme au slip dansant pieds nus sur scène s’arrête là. Aujourd’hui, on va vous parler d’un jeune rookie qui monte et qui monte même très vite. On avait déjà cité son nom sur The Backpackerz lorsqu’on avait évoqué les jeunes talents à suivre de près, et bien c’est confirmé, Vince Staples arrive dans la cour des grands.
L’ultra réaliste, voilà comment on pourrait qualifier Vince. Le rappeur californien vient te coller sa réalité morose sous les yeux, sans que tu puisses te désentraver des beats anxiogènes qui te tétanisent sur chaque mesure. Souvent comparé à ce bon vieux Ice Cube, Vince Staples délivre un rap pessimiste tristement ancré dans la réalité des hoods. Originaire de Long Beach en Californie, le jeune MC fait ses premières armes avec le collectif Odd Future et plus particulièrement avec Earl Sweatshirt, avec qui il continue de collaborer aujourd’hui.
Stolen Youth
Vince Staples débarque pour la première fois en solo avec sa mixtape Stolen Youth, sortie en 2013. Alors âgé de seulement 20 ans, il nous propose un EP avec un certain Larry Fisherman. Sous ce pseudonyme énigmatique se cache en réalité le sale gosse le plus connu du rap jeu, à savoir Mac Miller. Sur ce projet, Mac est à la baguette et produit l’ensemble de l’album. Sorti uniquement en digital, ce Stolen Youth est une magnifique porte d’entrée dans l’univers de Vince. Suite à ça, il se fait vraiment remarquer des initiés en posant un couplet sur le titre « Hive » d’Earl Sweatshirt (encore lui). À partir ce ce moment-là, c’est open-bar en Californie, Vince signe chez Def Jam Recordings !
Shyne Coldchain Vol. 2
30 minutes, voilà ce qu’il faut à Vince pour assoir sa réputation. Sur Shyne Coldchain Vol. 2 le natif de Long Beach s’entoure des meilleurs. On retrouve notamment les producteurs No I.D, Evidence ou encore DJ Babu. Une fois de plus, Vince Staples va se démarquer avec un titre : « Nate ».
Un morceau poignant sur l’histoire d’un père dealer. Vince y décrit avec cynisme une réalité bien de chez lui sur un son boom-bap. Après ce test grandeur nature, le MC entretient sa connexion avec Chicago (cf. No I.D), puisqu’il est invité par le professeur Common sur le titre « Kingdom », extrait du projet Nobody’s Smiling.
Hell Can Wait
Tel un petit chinois, l’ami Vince Staples ne s’arrête plus de produire. Il revient en août 2014, avec sans nul doute son projet le plus abouti, Hell Can Wait. Le titre annonce la couleur : si vous pressez play, vous acceptez d’évoluer en milieu hostile. Vous serez plongés dans la fournaise pendant 25 longues minutes. Finalement assez loin de la philosophie d’un Common, avec qui il a collaboré précédemment, Vince Staples rappe la rue. Il ne rappe pas pour la rue, non, il rappe la rue. Le emcee Californien ne se veut pas conscient, il se veut réaliste et dépeint la violence urbaine. Entre bavures policières et suprématie des gangs, Vince Staples nous brosse un paysage très sombre de son Amérique à lui. Les lyrics du MC Californien mettent mal à l’aise, ils viennent dénoncer un système qui mène les gens en enfer et où les protagonistes n’ont pas l’air de s’apercevoir de la déchéance annoncée.
People are rapping about killing niggas and selling fucking drugs all day, but it sounds happy—that’s bullshit. That shit’s stressful
Le rappeur de Long Beach se veut avant tout authentique, connecté à la réalité glaçante des quartiers. Pour lui, le rap c’est du sérieux et malgré sont jeune âge, il reste d’un pragmatisme à toute épreuve. La rue a pris à Vince Staples toute sa naiveté
Rappers are making this shit a petting zoo. They’re like, “It’s cool, you can walk up, we’re not threatening, we’re just musicians, it’s all an act.” But it’s actually a very real thing. It’s not a game.
Côté production, les beats de cet album viennent te mettre un véritable coup de pression. À te rendre presque vulnérable. La cadence est insoutenable, il faudra en avoir pour relever le défi. Mais pour ceux que les sirènes n’auront pas tués, vous en ressortirez avec un vrai shoot d’adrénaline extrêmement jouissif !
Entre Odd Future, Mac Miller, Earl Sweatshirt ou Common, le rookie de la côte ouest est en train de se faire un nom. Pour 2015, Vince Staples continue dans sa lancée et viendra défendre sur scène son premier album Summertime ’06, produit par No I.D (sortie prévue le 30 juin chez Def Jam). Vous pouvez même en découvrir un avant goût avec son premier extrait “Señorita”, sorti il y a peu de temps.
Le mieux pour le découvrir reste encore de le voir en live. Et par chance, vous êtes au bon endroit puisqu’on vous fait gagner des places pour voir Vince Staples à la Bellevilloise le 8 juillet prochain.
Et en bonus avant de voir Vince Staples à la Beleviloise, voici un petit aperçu live de ce que peut donner le Rookie !