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Jay Prince, la pépite londonienne qui va réchauffer ton hiver

À l’occasion de son concert au New Morning, le 16 décembre, nous avons décidé de ressortir le portrait d’un artiste en qui nous plaçons de grands espoirs : le jeune rappeur / producteur Jay Prince. Agé d’à peine 22 ans, Prince possède déjà un parcours et une discographie aussi riche que passionnants que nous vous proposerons de découvrir dans ce dossier ainsi que dans la playlist qui l’accompagne.

Déjà évoqué à plusieurs reprises dans nos colonnes, Jay Prince est de ceux qui nous ont donné envie de lancer The BackPackerz, il y a exactement deux ans de cela. Aux côtés d’artistes tels que Little Simz, Mick Jenkins ou encore Isaiah Rashad, Jay Prince est à l’origine d’un véritable renouveau d’un Hip-Hop soulful et jazzy qui avait été laissé à la porte des années 2000 par ses plus grands artisans : Common, J Dilla (dont nous vous rappelions l’influence via une playlist de DJ Fab il y a peu), A Tribe Called Quest et tant d’autres héritiers du « cool rap » popularisé par le collectif Native Tongues à la fin des années 80. Sous assistance respiratoire durant la décennie 2000-2010, le courant « jazz rap » (le terme usité par nos confrères américains) renait progressivement de ses cendres depuis quelques années mais sous une forme hybride, sorte de fusion entre l’influence black music de son aïeul et les drums chaloupées d’un son rap moderne qu’on finira par étiqueter « trap ». Le résultat est un style de production d’un tout nouveau genre à la frontière du rap et de la musique électronique, un retour du Hip-Hop à ses premiers amours pour le plus grand bonheur de nos oreilles.

Mellow nostalgic Hip-Hop

Cette influence des classiques du Hip-Hop jazzy de la fin des années 90, Jay Prince la revendique sans ambiguité dans sa toute première apparition Youtube avec son morceau « Trashy », enregistré sur une prod de J Dilla. Un morceau que l’on retrouvera, cette fois-ci sur une production originale sur Voyage EP, un album de 8 titres fruit de la collaboration entre Jay Prince et le producteur suisse Maloon TheBoom, premier véritable projet du emcee britannique. Et oui, vous avez bien lu, alors que ce type de « rap cool » était autrefois l’apanage de quelques américains, notre sujet du jour n’est pas né de l’autre côté de l’Atlantique mais Outre-Manche. Originaire de l’Est londonien, tout comme la rappeuse Little Simz – avec laquelle Jay Prince possède vous le verrez, un certain nombre de points communs – Jay Prince est un jeune rappeur / producteur âgé de 22 ans. Un jeune âge et pourtant déjà 5 projets à son actif depuis ses débuts en 2012.

Prince qualifie sa musique de « mellow nostalgic Hip-Hop », un terme qui colle à merveille avec son second projet Mellow Vation. Un EP de 14 titres, quasi-exclusivement auto-produit qui a permis au jeune Prince de développer son style nonchalant sur de jolies productions jazzy qui lui valurent ces premières retombées presse notamment avec les morceaux « All from here » et « Stay on my cool » qui sera d’ailleurs brillamment remixé par notre Stwo national (à retrouver dans la playlist en fin d’article).

The Sound of tomorrow

Après avoir enchainé 3 EP et plusieurs maxis en l’espace de 18 mois, Jay Prince marque une pause. Il faudra attendre plus d’un an pour qu’en janvier 2015, il nous régale d’un nouvel EP. Intitulé BeFore Our Time et introduit par le tubesque « Polaroids », cet EP inscrira définitivement Jay Prince dans la watchlist de tous les observateurs de la planète rap. La production est profonde, groovy a souhait, impeccable. L’évolution par rapport aux précédentes sorties du jeune Londonien est remarquable, le son s’est étoffé, modernisé, le flow est plus technique et les refrains, souvent chantés, d’une efficacité à faire pâlir ce bon vieux Nate Dogg…RIP.

À la découverte de cette bombe (que nous avions d’ailleurs retenue dans notre sélection des meilleurs albums du premier semestre 2015), on ne regrette qu’une seule chose…la durée de l’album, trop courte ! Chacun de ses 9 titres est un single potentiel tant le groove démontré par Jay Prince est contagieux. L’écurie Soulection, toujours dans les bons coups, ne s’est d’ailleurs pas trompé en retenant le morceau « All You » dans sa compile en collaboration avec Stussy. Une première connexion s’était déjà effectuée entre Prince et le label de beat music californien par l’intermédiaire de IAMNOBODI, le producteur allemand qui signe un de ses meilleurs beats avec « Feel It » également présent sur ce BeFore Our Time .

Pour couronner le tout, c’était finalement la représentante polonaise de Soulection Chloé Martini qui, quelques mois après la sortie de l’EP avait affolé les compteurs Soundcloud et YouTube avec le remix du morceau « Polaroids ». Apologie du chill qui restera longtemps en rotation chez les Majestic, The Sound You Need et autres playlisteurs usant d’images de babes pour attirer le clic…

93′ Til Infinity

A l’instar d’un Kendrick Lamar, la vraie force de Jay Prince est sans aucun doute la musicalité de sa voix. Un détail qui n’a pas échappé à de nombreux DJs qui ont vu dans ce timbre, un énorme potentiel dancefloor. Après Stwo et Chloé Martini, c’est entre les mains du producteur de house Noï que la voix roots de Prince passera pour le fumant « All Out », un hit dancefloor redoutable à retrouver dans la playlist. Un peu plus tard dans l’année, il sera également invité sur le très bon Someday Somewhere de Mura Masa, le producteur anglais signé chez Jakarta Records. Sur « Low », on retrouve pour la première fois un Jay Prince beaucoup plus sombre et incisif sur une production rutilante en reverse avec une voix pitchée en écho. A milles lieux de son style habituel, Prince révèle sur ce titre tout une facette encore inexplorée de son potentiel : une versatilité entre deux atmosphères  sonores qu’on a hâte de voir poussée sur tout un album.

Jay Prince est un artiste complet, nous avons eu l’occasion de le vérifier en mai dernier à l’occasion du Villette Street Festival. Alors que le line-up annonçait à l’origine une autre révélation rap de l’année 2015 en la personne de Mick Jenkins, ce dernier avait été contraint d’annuler sa venue à Paris au dernier moment et fut donc remplacé par notre sujet du jour. Alors connu uniquement d’une poignée de bloggeurs et de diggers, Jay Prince avait embrasé la grande Halle de Villette avec une prestation aussi énergique que réussie. Une preuve supplémentaire de la capacité du jeune britannique à officier dans tous les styles.

Fin 2015, Jay Prince continuait son opération séduction avec un nouvel EP, Beautiful Mercy. Un projet original et de qualité mais un cran en dessous du niveau de son précédent EP comme nous l’avions souligné dans notre chronique. Kudos tout de même au jeune rappeur londonien pour avoir de nouveau fait évoluer son univers sonore. Après le jazz rap assez classique de ses tout débuts puis les prods Future Beat de son BeFore Our Time, c’est cette fois-ci avec des tons plus black music que Jay Prince a choisi de nous dépeindre sa nouvelle création.

Vous l’aurez compris, ce gamin précoce fait partie de cette nouvelle génération de rappeurs (avec Simz, Jenkins et Lamar en tête) qui ont réussi à trouver la formule d’un rap moderne et décomplexé sans pour autant compromettre les valeurs et l’héritage d’une culture vieille de 40 ans (recherche de la rime, sampling, respect de la scène et utilité sociale). Un tour de force remarquable à une époque où le rap game, bien que plus innovant et excitant que jamais, a plutôt tendance à se standardiser (dans le son) et à se niveler vers le bas (dans les textes).

BONUS : jeu-concours

Jay Prince sera de passage à Paris pour un concert exceptionnel au New Morning (Paris 10e) le vendredi 16 novembre. Une nouvelle occasion pour nous de vous donner la chance d’aller voir cette bête de scène avec le concours ci-dessous.

Pour Participer :

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  • Envoyez-nous un mail à concours@thebackpackerz.com avec pour objet « Jay Prince New Morning»

Le tirage au sort aura lieu mercredi 15 au soir. Le gagnant sera prévenu par email.

Infos et réservations : Event Facebook

Cover photo : Antoine Monégier pour The BackPackerz

Antoine Bosque

Receleur de discographies sur Emule dans les 2000's. Illmatic addict, mais adepte du rap c’était mieux maintenant. Digging in the cloud pour le meilleur et parfois pour le pire.

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