PNL, Freeze Corleone, J Balvin… l’univers de King Doudou en 10 productions
De la banlieue lyonnaise à l’Amérique du Sud, King Doudou a le don de nous faire voyager. En l’espace d’à peine six ans, le natif de Villeurbanne a composé les premier tubes de PNL, orienté des artistes émergents désormais confirmés et fourni des pointures internationales du reggaeton, dancehall et baile funk. Son éclectisme et ses productions aussi efficaces qu’atypiques méritaient bien une présentation en bonne et due forme.
Difficile de mettre King Doudou dans une case, tant son parcours de producteur est insaisissable. Après un séjour prolongé en Argentine, où il découvre notamment la cumbia, musique folklorique d’origine colombienne, le Français rentre au pays et se met en quête de nouvelles sonorités. Il tombe alors sur un duo de rappeurs prometteurs qui commencent à faire parler d’eux avec le morceau « Je vis, je visser ». Vous l’aurez compris ; la connexion avec le cloud rap de PNL ne tarde pas, offrant à Doudou le parfait tremplin vers un hip-hop français bouillonnant et en constante demande d’idées neuves.
En parallèle de ses sollicitations dans l’Hexagone, le beatmaker ne laisse jamais de côté son penchant pour les « musiques électroniques du monde », comme il aime les décrire. Alors qu’il place des beats sombres pour un Freeze Corleone encore tapi dans l’underground, Hugo Douster (son alias) s’amuse avec des artistes hispanophones aux aspirations bien plus pop. En novembre 2016 sort « Fiebre », hit imparable de la chanteuse espagnole Bad Gyal qui rendra hystérique la péninsule ibérique. De bonne augure pour les collaborations qui suivront : ses prods atterrissent au Brésil, en Argentine, en Colombie, jusqu’à piquer la curiosité de J Balvin himself, grand maître incontesté du reggaeton. Ce dernier doit d’ailleurs au Français l’instrumentale de « Negro », single de son album Colores, grand gagnant des Latin Grammy Awards 2020.
Ces impressionnants succès commerciaux et d’estime n’empêchent pas King Doudou d’affuter son oreille de réalisateur, offrant à des artistes plus ou moins confidentiels les tubes qu’ils méritent. Isha, Laylow, Di-meh, Nelick, Hyacinthe, Nusky, Marty de Lutèce… Tout ce beau monde a eu la chance de profiter des talents du producteur : des influences variées nourries par une vaste culture musicale, un sens inégalable du groove et de la mélodie, sublimé par un regard curieux et visionnaire. Présentation en 10 productions d’un homme qui aime faire le grand-écart.
PNL – « Oh Lala »
Inutile de présenter PNL, ni de s’épancher sur leurs hits. Sorti en octobre 2015, « Oh Lala » prépare l’arrivée du classique Le Monde Chico, qui sortira un mois plus tard et où il composera également « Dans ta rue ». Musicalement comme visuellement, le single rassemble tous les ingrédients qui ont fait entrer le duo des Tarterêts dans la légende : du spleen, de l’autotune, des plans de drones surplombant des paysages à couper le souffle (ici, l’Islande) et une ambiance planante portée par une production aérée. Sans pouvoir vraiment le prévoir, King Doudou signe l’un des premiers tubes des frères Andrieu, ainsi qu’une pièce maîtresse pour un hip-hop frais et novateur : le cloud rap version FR.
Freeze Corleone – « Karim Et Nico »
PNL lui a ouvert les portes du rap français. Mais faut-il chercher aussi loin pour expliquer une connexion entre Hugo Douster et le 667 ? Le producteur vient de Villeurbanne, limitrophe de Lyon, ville riche en contacts pour dénicher le Freeze Corleone de l’an 2016 ; on peut notamment penser au collectif Lyonzon (expression au départ utilisée par Freeze pour désigner la capitale de la région Auvergne-Rhône-Alpes). Quoi qu’il en soit, King Doudou est présent sur les crédits de F.D.T., projet sorti le 11 septembre 2016 qui synthétise l’univers d’un Chen encore réservé à un public d’initiés. Un beat simple, lourd et sombre. Parfait pour accueillir une découpe sous lean.
Isha – « Magma »
Avec La vie augmente Vol.3, Isha passe encore un cap. Autrefois roi sans couronne d’un rap sincère, technique et touchant, le Belge parvient à élargir son public grâce à des singles efficaces tels que « MAGMA ». La production de Doudou n’est pas particulièrement flamboyante tant elle est minimaliste, mais elle remplit parfaitement son objectif : laisser au rappeur l’espace nécessaire pour s’exprimer et livrer ses émotions. Mission accomplie.
Bad Gyal – « Fiebre »
Changement d’ambiance avec un morceau pivot pour la carrière du producteur français : « Fiebre » de Bad Gyal. Grâce à un beat aussi créatif que pop, King Doudou offre à la chanteuse catalane le plus gros tube de sa carrière. Mélodies entêtantes, rythmique lourde et groovy empruntée au dancehall, nappes enveloppantes et effets de scratchs… Autant d’éléments qui forgent le son unique d’une musique hybride et irrésistiblement dansante.
J Balvin – « Negro »
A l’instar de PNL pour le rap français, Bad Gyal amorce la carrière internationale de King Doudou, avec une inclination pour l’Amérique latine. Lorsque le boss final du reggaeton J Balvin le convoque avec son acolyte Dee Mad pour son album Colorès, le Français décroche sa place pour les Latin Grammy Awards avec un morceau dans le plus pur esprit caliente : « POOM KA POOM KA, POOM KA POOM KA. » On espère que tu as lu ça en rythme.
MC Buzz feat. Kaydy Cain – « NOVINHA»
Mais Douster ne se limite pas au monde hispanophone ; le Brésil est également une terre fort fertile pour s’exprimer musicalement. Il y a deux ans, on se demandait déjà si le baile funk pouvait s’imposer dans le rap français : force est de constater que non, ou du moins pas encore. Mis à part une poignées d’artistes plus ou moins aventureux, le style musical 100 % brésilien n’a pas vraiment su traverser l’Atlantique. Qu’à cela ne tienne pour notre Doudou national : il ira chercher des rappeurs locaux. Sur « Novinha », une rythmique syncopée rassemble le Barcelonais originaire de Sao Paulo MC Buzz – qui, pour la petite histoire, a featé avec Di-Meh sur… une prod de King Doudou – et son acolyte Kaydy Cain. De quoi découvrir la funk carioca une bonne fois pour toutes.
Hyacinthe feat. Laylow – « Ma belle »
Une production cosmique pour deux artistes en quête d’expérimentations. En 2017, Hyacinthe accueille Laylow sur son album Sarah, riche en textures électroniques et « digitales ». Les collaborations entre le Parisien et King Doudou aboutiront à un autre disque, RAVE, qui conjuguera les influences hip-hop du rappeur à des sonorités empruntées aux univers clubbing, eurodance et gabber en tête. Avec « Ma belle », la palette du producteur s’élargit encore.
Naar, ISSAM – « Caviar »
Lorsque le projet Naar voit le jour en 2019, la crème des producteurs, photographes et réalisateurs sont convoqués pour faire rencontrer les univers de rappeurs marocains et français, et placer le Maghreb sur la carte du rap mondial. King Doudou participe à deux morceaux : le futuriste et déconstruit « Caviar » d’ISSAM, basé sur un sample de la légende du raï Cheb Hasni, ainsi que l’aérien « Bad B » de Tagne et Nusky. Beau moment pour le hip-hop international.
Marty de Lutèce – « Grand Garçon »
Et encore un mini-tube. Comme son nom ne l’indique pas, Marty de Lutèce est un rappeur d’origine lyonnaise. En plus de son bagage hip-hop, le garçon aime souvent flirter avec la pop : avec un refrain efficace soutenu par deux simples accords de piano, la formule était toute trouvée. A l’instar de Bad Gyal, « Grand Garçon » est encore à ce jour le morceau le plus écouté de la discographie de Marty. King Doudou aka le faiseur de hits.
Nelick – « BIP BIP BIP »
Grosses basses et sons de cloches légèrement désaccordés : la prod de « BIP BIP BIP » ne semblait pas être conçue pour porter PiuPiu, dernier album de Nelick en date. C’est pourtant ce morceau qui fut la figure de proue du disque, probablement à l’image de l’originalité et de l’atmosphère sucrée véhiculées dans le projet. Du rap, de la pop, du reggaeton, peu importe : King Doudou est avant tout un homme versatile.
Et si vous voulez en découvrir un peu plus sur l’univers de King Doudou, voici 10 autres productions qu’on vous recommande :
- Joey Labeija – « Cuffin Szn »
- PNL – « Dans ta rue »
- Kaydy Cain – « Putos »
- Ghetto Phénomène – « On termine où ? »
- Naar feat. Tagne & Nusky – « Bad B »
- Jorrdee – « État second »
- TripleGo – « Bénéfice »
- Hyacinthe – « RAVE »
- Sara Hebe – « Rayan »
- MC Buzz feat. Di-meh – « Maluco »