BACKPACKERZ

2015 est bien derrière nous, mais certains sons restent dans nos oreilles : cette Heavy Rotation #76 sera donc consacrée au rap français – ou francophone – dont on n’a pas assez parlé l’année dernière. Soyez assurés qu’on comblera ces lacunes au plus vite, en espérant vous combler avec quelques découvertes en attendant…

On a commencé l’année passée avec le premier album de Beny le Brownies, que l’on imagine volontiers enregistré au fond d’une petite chambre d’étudiant : la dextérité n’a pas d’âge, et le MC d’Annecy ne nous a pas fait attendre pour rien Dora. Autre album très attendu, celui d’un vieux routard du rap français, j’ai nommé Hell Maf, que l’on a pu entendre aux côtés de Rimcash ou A2H : « L.I.F.E », dernier final de Je suis la nuit, laisse attendre le meilleur sur une boucle de piano et la voix pitchée de Laura Izibor.

Restons dans le coin d’A2 avec un artiste signé par son label Palace, Bruck. Si ses apparitions se limitent pour l’instant à quelques vidéos sur YouTube, il sortira en 2016 une mixtape construite sur des productions à l’ancienne de MF Doom. On enchaîne avec le remix de l’« Alien blonde » de Liqid & Tcheep (issu du très bon Imbéciles heureux) en featuring avec Kool Keith par I PERVRT, qui transforme littéralement cette track planante en un boulet de riff destiné à un canon…

Changement d’ambiance avec l’EP de La Canaille, Deux yeux de trop, pour lequel il a croisé le vers avec Lucio Bukowski : au sein d’une instru progressive, les textes agissent comme les percussions pour secouer sur « Parler aux inconnus ». L’illustre inconnu suivant est Vîrus, un des tentacules de la pieuvre Asocial Club (dont Al a lui aussi sorti un album cette année) : toujours aussi impitoyable, il décrit dans « Navarre (Self Madman) » l’existence d’un nouvel inadapté, pas si éloigné de celui du miroir…

On a tous entendu une prod d’Hologram Lo’ : outre 1995, il évolue avec Fixpen Sill, Alpha Wann, Lomepal… Avec son label Don Dada et ses projets solo, le beatmaker ne se prive pas de parcourir d’autres paysages électroniques : grimpez dans son « Lexus EP ». Autre direction avec Makala, l’espace intersidéral et sidérant de Varaignée, sur deux parties : on a hésité avec « Mumbaï » mais l’hétéroclite « Big Daddy Mak » prouve que le Suisse ne laisse pas neutre.

Autre projet longtemps attendu, tant de fois ajaurné, l’album de Melox, protégé de Zoxea qui s’expose avec l’album concept Trop jaune pour mourir. A propos de prise de risque, on attend les yeux fermés le premier album de Doums, présent sur le titre… On triche un peu avec un dernier titre rappé par le MC de Brooklyn Skanks The Rap Martyr, fondateur de la Bankai Fam, mais signé par le producteur français Venom : « Boom Bap », le ton est donné et il sonne toujours juste.