Playlist Heavy Rotation #70 : rap français et musique classique
Il n’y a pas que « That’s my people » : le titre de NTM, composé par Sully Sefil, reste pour beaucoup d’auditeurs le morceau emblématique du sampling de musique classique. Si sa portée (un peu comme celle d’un « I Can » de Nas outre-Atlantique) reste incontestable, les partitions classiques se sont particulièrement bien adaptées aux feuilles de 16 des rappeurs français. Sélection non exhaustive pour concerto avec MC.
Bach, Beethoven, Mozart ou Vivaldi peuvent eux aussi évoquer l’âge d’or du rap français : les yeux des amateurs de sons des années 1990 brilleront automatiquement. Les compositions les plus classiques s’adaptent parfaitement aux boîtes à rythmes de l’époque, mais aussi aux flows des rappeurs de la fin de la décennie. Le crew ATK se distingue avec l’album Heptagone, mais le producteur Black Mozart, du Ménage à 3, emprunte Les 4 saisons de Vivaldi pour un résultat inattendu sur l’album de Mr. R. Weedy et Delta, d’Expression Direkt, posent un texte hardcore sur une Lettre à Elise revue façon mafioso dans la compilation de Don Scarper.
Les accords mineurs façon kyrie et requiem donnent le tempo d’un rap français volontiers mélancolique, qui culmine dans le deuxième album de KDD, Résurrection. Après ce recours massif à des samples bon marché et (re)connus par le public, l’échantillonnage des violons et pianos diminue, mais réapparait sporadiquement. On le retrouve ainsi chez TTC, pour un pur exercice rapologique, le Ghetto Fabulous Gang ou la Scred Connexion. Les années 2000 piochent toujours dans les répertoires de la musique classique, mais privilégient les choeurs, « Sirènes du charbon » pour Despo Rutti, plus adaptés aux productions du moment.