‘Passion Calins’, un projet collectif et intime

‘Passion Calins’, un projet collectif et intime

À l’aube de la sortie de son projet très attendu ‘Passion Calins’, Myra partage ses sentiments et son parcours de création. Entre collaborations vibrantes et thématiques intimes, l’artiste nous offre un aperçu d’une œuvre collective célébrant l’amour sous toutes ses formes. Dans cette interview, elle revient sur les origines de son projet, ses collaborations enrichissantes, et comment la musique a été un refuge salvateur après une année marquée par la perte et le deuil.

Ton projet sort dans un jour et ta release s’est passé il y a deux jours ! Comment tu te sens ?

Je me sens bien, je me sens remplie. J’ai la tête pleine parce que c’est vraiment le moment où on fait tout en même temps : la promo, les rendus. Donc, je suis un peu dans l’effervescence de tout ça, mais je me sens remplie d’amour. La release, c’était vraiment génial, pleine d’amour.

Tu vas sortir Passion Calins, où on retrouve 8 feats réunis autour du thème de l’amour. Comment est née l’idée de ce projet ?

L’idée m’est venue il y a quelques années, en 2018 ou 2019. À cette époque, je traînais avec toute une bande de potes et j’avais envie qu’on fasse une tape entre amis. Juste des méga-sons à trois ou quatre dessus. Et en reparlant de cette idée avec Juliette Maurin, qui travaille avec moi chez Labrea et Wagram, elle m’a dit que c’était une super idée. Elle a suggéré d’ouvrir le projet à d’autres artistes, ce qui tombait bien pour moi après une longue période en studio toute seule, sans featuring ni rencontres. C’était le moment idéal pour aller connecter avec d’autres artistes.

À ta release, tu as dit que tu connaissais Rad depuis longtemps. Peux-tu nous en dire plus sur comment se sont faites les connexions avec les différents artistes ?

Oui, bien sûr. Déjà, le thème de l’amour, du sexe, du « love and shit » était central. Je voulais que cette tape de featuring reste cohérente. En création, il ne faut pas trop se mettre de barrières, donc on aurait pu se retrouver avec des morceaux qui ne collent pas ensemble. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre tout le monde sur le même thème : l’amour. Chacun a des histoires d’amour, de cœur, de rupture, de sexe, ce qui en fait un sujet fédérateur.

Aussi le sujet du sexe me tenait particulièrement à coeur. Je trouve qu’en France, on manque de second degré. Parce que, je me dis que c’est aussi à ça que ça sert en tant qu’artiste. Si on s’empare du sujet, qu’on a les bons mot alors on peut réussir à décomplexer les gens qui nous écoutent ! Si j’arrive à apaiser les femmes par rapport à leur corps et aux rapports qu’elles peuvent avoir, et qu’elles peuvent prendre ça avec plus de légèreté, de fun, de sourire, j’ai gagné.

Concernant les feat, Rad Cartier, je le connais depuis 2016. À l’époque, j’étais amie avec un rappeur qui le connaissait. On a bien accroché, et il m’a invité à une session en studio. Par hasard, c’était le même studio où j’avais prévu d’aller. On a fait la session ensemble, et c’est devenu mon tout premier studio, où j’ai enregistré mon premier EP.

Pour Aupinard, on m’a fait écouter son EP pendant que j’étais en vacances au Portugal. J’ai adoré et on lui a proposé de faire un morceau. Il m’a répondu qu’il écoutait ma musique depuis un an, donc ça s’est fait naturellement.

Drea [Dury], c’est pareil. On m’a montré son projet, j’ai adoré, et on a connecté en studio. Pour notre morceau « Kevin », on s’est amusées à jouer avec l’idée des noms dans les chansons.

Gros Mo et Némir, je les ai rencontrés à Perpignan en janvier 2024 lors de ma première résidence de tournée. Mon coach, Hassan, est un très bon ami à eux, et il les a invités à voir mon set.

Zélie, je l’ai rencontrée à une soirée à Paris où on était sur le même plateau. On a discuté en loge et ça a bien résonné avec ma propre vie. Direct, je lui ai proposé de faire un titre ensemble.

Danitsa, je ne la connaissais pas avant qu’on m’en parle. J’ai écouté sa musique, j’ai adoré, et elle est venue en studio à Paris.

Sans oublier Chilla avec qui on a tourné le clip de ‘Trop mimi’ !

 

Est-ce que c’était réfléchi de réunir tout le monde à ce moment-là ? Il y a quatre femmes et quatre hommes, des univers totalement différents, mais le projet reste très cohérent.

Exactement. On a vraiment toqué aux portes en même temps. J’avais des vues sur pleins d’artistes que j’écoutais plus que d’autres. Certains n’ont pas pu participer pour diverses raisons, mais on a eu ceux qu’on voulait et des bonnes surprises inattendues. J’avais aussi vraiment envie d’avoir autant de femmes que d’hommes pour un équilibre.

Comment as-tu travaillé pour que le projet soit aussi cohérent malgré les 8 feats réunis ?

On a fait un appel à prod et on a reçu des packs de morceaux ciblés. Je voulais vraiment travailler sur des sonorités R&B, West Indies, comme le compas, la chata, la funk brésilienne. Je voulais pousser ce que j’avais fait sur Saudade Palace, un album fait maison, pour en faire quelque chose de plus dansant. Nous avons fait appel à des producteurs qui nous ont envoyé des beats. On a trié ce qu’on aimait, mais globalement, c’est surtout Le Roi Luis qui a produit ce projet, avec quelques beatmakers sur les prods très précises. Louis Dureau a participé sur « Mode d’emploi » avec Zélie, Lucky, un producteur de Marseille, a travaillé avec nous sur « Gros Mots ». Mon ingé, Matshimoto a également contribué sur deux ou trois morceaux. Vu qu’on était en vase clos pendant les enregistrements, la cohérence est restée, grâce aux goûts et aux couleurs de chacun.

À quel point as-tu laissé la liberté aux artistes que tu as accueillis ? As-tu donné des indications précises sur la création et les directions à prendre ?

Pas tant que ça, en fait. Une fois qu’on s’est mis d’accord, on a fait une shortlist de 15 prods. Les artistes arrivaient avec ce cadre, et je les laissais prendre leur place. C’était comme inviter des copains à une soirée. Je voulais qu’ils apportent leur énergie et leur vision. Par exemple, Gros Mos nous a tout de suite donné des idées de samples qu’il avait vues sur TikTok. D’autres, comme Aupinard, prenaient leur temps, travaillaient tranquillement sur leurs parties. J’ai vraiment essayé de m’adapter à chaque artiste pour ne pas les coincer.

Tu vois ce projet comme une fête avec des amis. Est-ce que tu avais aussi la volonté de faire découvrir certains artistes ?

Très sincèrement, quand tu es en création, tu ne penses pas forcément à ça. Tu t’amuses, mais tu sais aussi que ça va finir dans les oreilles de quelqu’un. À travers ma couleur, c’est aussi celle des artistes invités. Ça crée une sorte de boule de neige, ce qui est super cool. Mais oui, en créant, je voulais aussi que les gens découvrent ces artistes incroyables.

Tu es encore en développement et tu as été lauréate du FAIR. Est-ce que cette nomination a influencé ce projet ?

Oui, beaucoup. Le FAIR est un facilitateur, un incubateur. Ils nous ont apporté énormément de soutien, des connaissances, des tips. Pour moi, ça a été un grand accomplissement, surtout en tant qu’ancienne comédienne en France, où on aime mettre les gens dans des cases. Le FAIR a validé mon projet, ce qui est une reconnaissance institutionnelle importante. Ça nous a aussi donné beaucoup de visibilité, comme le concert au Café de la Danse et le prix YouTube. C’est un vent frais qui nous pousse à avancer.

Tu préparais un set en live. As-tu des dates prévues pour défendre ce projet ?

Oui, on fait la Boule Noire le 28 mai, c’est déjà sold out. La prochaine grosse date à Paris sera le 11 septembre à La Maroquinerie. On sera aussi en festival à Aubervilliers le 8 juin. Ensuite, on a une tournée en Belgique, en Suisse, en Corse, à l’île d’Oléron, au Mans, à Nîmes, et d’autres villes.

N’as-tu pas peur de défendre ce projet commun seule sur scène ?

C’est un défi, mais on réfléchit à des solutions créatives pour faire vivre les featuring sans les artistes présents. À Paris, on essaiera de faire venir des guests. Sur les petites dates, je trouverai des moyens de rendre les chansons vivantes, que ce soit en chantant par-dessus les parties des artistes ou en faisant participer le public. Je ne m’inquiète pas trop.

J’ai posé toutes mes questions. Y a-t-il autre chose que tu voudrais aborder ?

Oui, le projet Passion Calins a été une bouée de sauvetage pour moi. J’ai perdu ma maman fin 2022, et 2023 a été une année de deuil. Être obligée de créer et de faire des concerts m’a aidée à garder la tête hors de l’eau. Rencontrer tous ces artistes incroyables a été un game changer. La musique m’a vraiment sauvée. Ce projet restera gravé comme un moment clé de ma vie, à la fois humainement et artistiquement.

On sent vraiment cet aspect de bienveillance dans ton projet. Merci beaucoup pour cette interview.

Merci à toi !

Remerciement à Myra pour son temps et ses réponses. Merci également à Morgane qui a permis cette rencontre.