26 mars 1995. À seulement 31 ans, Eric ‘Eazy-E’ Wright décède de complications liées au SIDA. Père de douze enfants avec quasiment autant de mères différentes, l’artiste de Compton aura été le géniteur du Gangsta Rap. Un style popularisé avec le succès planétaire du groupe N.W.A. dont il était le leader incontesté. L’album Straight Outta Compton reste encore aujourd’hui la référence ultime de ce genre. Ice Cube, Dr. Dre, MC Ren, DJ Yella et donc Eazy-E ont changé à jamais la face du Hip Hop avec une expression violente qui n’était que le reflet de leur époque.
Véritable icône, le fondateur du label Ruthless Records a laissé derrière lui un héritage revendiqué par plusieurs générations de rappeurs et notamment la scène de Los Angeles qui continuent encore aujourd’hui à lui rendre hommage. Si E n’avait pas le talent au micro d’un Tupac ou d’un Notorious B.I.G., qui eux aussi disparaitront très peu de temps après lui en 1996 et 1997, le rappeur de Compton a toujours réussi à combler ses faiblesses avec une présence et un charisme hors normes. Entrepreneur avant l’heure, Eazy-E restera pour toujours comme l’un des premiers self made man du Hip Hop.
C’est en 1988 qu’est sorti son premier album solo avec Eazy-Duz-It. Suivront deux EPs dont le fameux It’s On (Dr. Dre) 187um Killa, pour conclure en 1996 sa discographie avec le projet posthume Str8 off tha Streetz of Muthaphukkin Compton. Une voix et une voie atypiques qui m’ont donné envie de prolonger sa légende en imaginant une tracklist d’un de ses albums en 2020, s’il était toujours parmi nous… Un hommage entre fiction et fantasme à travers une analyse de cette tracklist titre par titre et une présentation de l’ensemble des invités de ce projet.
C’est en compagnie de son fils Lil Eazy-E et de Buddy que s’ouvre ce projet sur une production signée Sean House du duo LNDN DRGS. Un titre qui rend hommage à sa ville de Compton et qui retrace un parcours hors normes de 35 ans, du milieu des années 80 à aujourd’hui.
Premier single de cet album, ce morceau produit par DJ Mustard raconte l’histoire d’une soirée banale dans un club de Los Angeles qui va vite dégénérer au fil des rencontres. Un véritable club banger avec ce refrain accrocheur de RJmrLA et cette participation de YG dans lequel ce dernier en profite pour ridiculiser une nouvelle fois sa cible préférée 6ix9ine.
Il en rêvait et c’est chose faite, The Game a enfin obtenu son featuring avec la légende de Compton. Un duo convainquant qui nous expose toutes les façons possibles et inimaginables de dépenser de l’argent. Le beat de Polyester the Saint samplant le « Mothership Connection » du groupe Parliament est une pure merveille pour les oreilles !
Premier morceau solo de ce projet dans lequel E se remémore tous les membres disparus de sa famille. Un titre qui ne comporte que deux éléments sonores avec une ligne de basse de Thundercat et un solo de saxophone de Terrace Martin. Une ambiance jazzy et funky qui fera de ce morceau l’un des grands moments de cet opus.
Eazy-E a eu la bonne idée de se procurer un inédit de Nipsey Hussle tiré des sessions d’enregistrement de son album Victory Lap. Un morceau produit par le duo Mike & Keys sur lequel il a rajouté un couplet pour rendre hommage à l’un de ses dignes héritiers et à un entrepreneur-militant qui sera toujours resté fidèle à ses principes. Lauren London, la femme de Nip, fait une petite apparition aussi discrète qu’émouvante en toute fin de track.
Véritable ode au son West Coast, ce morceau concocté par Battlecat et Dem Jointz raconte les différents changements dans le rap game depuis la fin des années 80 à aujourd’hui. Un titre écrit en partie par le talentueux K.A.A.N. qui connaitra plusieurs remixes dont le plus populaire sera celui réalisé par DJ Quik avec en featuring Bone Thugs-N-Harmony, Gangsta Dresta et B.G. Knocc Out.
Il en aura fallu du temps pour que les 5 membres du N.W.A. se réunissent enfin sur un même titre, une première depuis 1989 et le départ d’Ice Cube. Avec une introduction signée The D.O.C., ce sont donc Dr. Dre, Ice Cube, MC Ren et DJ Yella qui retrouvent E pour un hymne à leur héritage, le Gangsta Rap. Titre produit par Dr. Dre, Dem Jointz et Focus… L’attente fut longue, le résultat en valait la peine.
Nouveau morceau solo de cet opus qui permet à son auteur de se livrer à une introspection vraiment bouleversante sur sa vie. Rarement dans les sentiments personnels, la prestation d’Eazy est bluffante et ce n’est pas la production de G Koop qui va gâcher ce morceau, bien au contraire avec un beat sur mesure pour ce genre de confession.
Un titre qui contraste avec le morceau précédent par son côté beaucoup plus joyeux dans lequel E se remémore des souvenirs de jeunesse. La production de Dâm-Funk apporte une touche funky qui fera de ce titre divertissant l’un des tracks préférés des fans avec notamment cette prestation magistrale d’Anderson .Paak.
Dr. Dre offre à Eazy-E une suite à son morceau « Some L.A. Niggaz » présent sur 2001. Pour l’occasion, le beat est remis au goût du jour avec une co-production de DJ Dahi et Sounwave. Un posse cut monumental de plus de 7 minutes regroupant Dom Kennedy, Problem, D Smoke (le gagnant du concours Rhythm + Flow de Netflix), Pacman Da Gunman, SiR et le groupe Villain Park. Un casting ravageur pour un titre qui l’est tout autant.
C’est déjà la 4ème collaboration entre Kendrick Lamar et Eazy mais celle-là restera dans la légende comme le titre le plus streamé de l’histoire en 24 heures. Sans surprise ce morceau produit par Baby Keem sera choisi comme second single de cet album et il intégrera rapidement le Top 10 du classement Billboard Hot 100 des singles les plus populaires aux USA. Un titre rassembleur qui sera repris par le camp démocrate et qui, pour certains, permettra à Bernie Sanders de gagner la présidentielle 2020 face à Donald Trump.
Dans ce titre, Eazy-E aborde avec humour le nombre d’enfants qu’il a eu tout le long de sa vie. Le refrain est composé uniquement des différents prénoms de ses descendants et dans ses couplets il nous raconte quelques anecdotes croustillantes au sujet de la conception de certains. Morceau produit par will.i.am qui sample astucieusement le magnifique « So Many Women, So Little Time » de Robert Cray.
19 ans à peine et déjà une star internationale, Billie Eilish est l’invitée surprise de cet album. Un featuring qu’on n’attendait pas forcément mais qui est plus que convaincant. Un morceau qui répond au hit « Bad Guy » de Eilish avec une touche beaucoup plus sombre produit par Eminem et Tay Keith. L’édition deluxe de cet album contiendra une version remix avec des couplets de Boogie, Conway et bien évidemment Em’.
Morceau de moins de deux minutes réalisé par Cardo où l’on découvre Eazy lister les différents métiers qu’il aurait aimé faire s’il ne s’était pas tourné vers la musique. Parmi sa sélection, et de loin le plus crédible, on retrouve Astro-gangsta-naute…
Dans ce morceau de conclusion produit par le duo Nez & Rio, le rappeur de Compton confirme la rumeur et annonce que cet album sera bel et bien son dernier. Eazy-E préférant désormais se concentrer à plein temps sur la gestion de son label Ruthless Records et à sa famille. Ce titre se terminera par cette phrase : « J’ai l’impression d’avoir eu plusieurs vies, je pense que maintenant j’entame ma 5ème ».
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