Décidément, mes émotions semblent être régies par des triggers sonores. Après le « Yeah, what up Detroit? » de Dr. Dre sur « Bitch Please II » d’Eminem, je voulais vous vous parler d’un autre son qui provoque à chaque fois en moi une petite montée d’adrénaline, le désormais fameux « OFFSET! », introduisant les couplets du membre des Migos.
À l’écoute de cette interjection soufflée sur le dernier temps du refrain, je ne peux en effet pas m’empêcher de monter le volume de mon smartphone, afin de profiter pleinement du moment qui suit. C’est un fait, les couplets ciselés d’Offset sont pour moi des moments de plénitude et de bien-être, un peu comme ces vidéos virales sur YouTube qui montrent des machines écraser différents matériaux. Vous voyez ?
Le rappeur de 27 ans est, selon moi, celui qui possède l’un des meilleurs flows du moment. Aussi à l’aise pour cracher du feu (« Headlock », « Patek Water »), que pour gérer les refrains (« Bad and Boujee ») ou se détendre (« Taste »), Offset rend l’exceptionnel banal, tant tout parait facile et sans aucun effort.
Visiblement doté d’un sens inné du rythme, il démontre sur la grande majorité de ses apparitions une maitrise impressionnante de sa propre cadence, qu’il module à souhait et à l’infini au sein-même de ses couplets, sans parler de ses ad-libs, qui ne font que sublimer la matière première. Grâce à ce savoir-faire, ses mots semblent ainsi rebondir sur les prods avec une précision d’orfèvre, donnant le sentiment d’une parfaite harmonie, proche de l’osmose.
En parlant de ses mots justement, Offset n’a pas non plus à rougir de son écriture, qui est sûrement la meilleure des Migos (Offset > Takeoff > Quavo, ne me mentionnez pas). Lorsqu’il est pleinement concentré, le gars est capable de sortir des phases mémorables, comme ce « Aston Martin with the seat Pop-Tart/Get up in the field, yeen got enough heart/Hunnid thousand have a n**** dad on milk cartons » sur l’énorme « On The Run » de Young Thug. De toute façon, même si les lyrics sont toujours importantes dans le rap, j’avoue qu’il pourrait tout aussi bien me raconter la recette du guacamole que cela ne réduirait pas pour autant ma hype.
Voilà pourquoi, au fil du temps, je suis devenu complètement accro aux couplets d’Offset.
Et apparemment, je ne suis pas le seul, vu le nombre d’artistes qui font appel à ses services depuis plus de deux ans, au moins. Après une énorme année 2017, notamment marquée par les titres « Headlock » (Cousin Stizz), « Patek Water » (Young Thug), « Willy Wonka » (Macklemore) ou encore « Met Gala » (Gucci Mane), Offset n’a pas levé le pied en 2018, loin de là. L’artiste d’Atlanta a posé ses 16 mesures sur les tubes « Taste » de Tyga et « Zeze » de Kodak Black, mais aussi sur « Balenciaga Challenge » de 6LACK, « Proud » de 2 Chainz et « Frostbite » de Preme (voir ci-dessous). En tout, on est sur 25 guest verses au moins, sans compter Culture II de Migos, sorti en début d’année. Une productivité qui, c’est à noter, n’entame pour l’instant pas la qualité du delivery.
Mais avoir Offset est un pari à double-tranchant. D’un côté, son nom est devenu tellement bankable qu’il permet d’attirer l’attention sur le track en question (moi-même, j’ai tendance à écouter son feat en premier lorsque je découvre un album…), mais d’un autre côté, l’artiste principal prend aussi le risque de se faire outrapped sur son propre titre, comme cela s’est malheureusement passé pour beaucoup.
Il faut dire qu’Offset amène toujours une vraie nouvelle dynamique à un morceau, quitte à rendre le reste un peu plat en comparaison. De par sa cadence et sa facilité d’exécution, tel un Kylian Mbappé entrant à la 62e minute d’un Classico, il permet d’apporter un vent de fraîcheur aux oreilles des auditeurs, de casser le rythme pour ne pas lasser. D’ailleurs, savez-vous ce que signifie le mot « offset » en anglais ? « Décalage » ou « compensation ». Cela ne s’invente pas.
Le 14 décembre dernier, jour de son anniversaire, Offset était censé conclure l’année en beauté avec la sortie de son premier album solo, après ceux de Quavo (Quavo Huncho) puis Takeoff (The Last Rocket), ses deux compères de Migos. Mais voilà, entre temps, sa femme Cardi B a annoncé qu’elle souhaitait divorcer. Une triste nouvelle qui a incité Offset à totalement annuler sa release.
Même si, comme beaucoup, j’attendais de pied ferme ce projet solo, je me demande aussi si je pourrai retrouver l’excitation que je ressens sur un featuring sur tout un album entier. En effet, une grande partie du succès de ses couplets provient, comme expliqué plus tôt, de son arrivée « soudaine » sur les tracks, venant contre-balancer les styles des autres protagonistes.
En attendant, on espère que cette histoire de cœur n’empêchera pas Offset de sortir de nouveaux sons, de nouveaux couplets, que ce soit sur Culture III, en solo ou en featuring, car à l’image de Cardi, à qui une certaine partie de l’anatomie du rappeur manque, la voix et le flow d’Offset viennent vite à manquer, comme n’importe quelle addiction.
Pour partager avec vous ma maladie, je voulais vous faire une playlist des meilleurs couplets d’Offset, mais j’ai finalement eu la flemme en découvrant que Spotify l’avait déjà très bien fait, ci-dessous.
Prochain trigger sonore traité : « We got London On Da Traaaack »
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