Né à Montréal de parents nigérians, ODIE grandit à Toronto jusqu’à ses 12 ans, puis dans la Bay Area en Californie. A 23 ans, il se présente ainsi : « Je me vois comme un artiste analogique à l’ère digital. » Tel un élément analogique se concentrant sur les similitudes plutôt que sur les différences, il incarne ses morceaux et bâtit un pont entre son vécu et son œuvre.
ODIE a toujours intimement lié la musique à sa vie. A la maison ou dans la voiture, lorsque ses parents le déposent pour aller à l’école : Fela Kuti, Prince Nico Mbarga, King Sunny Ade et Michael Jackson passent à la radio. Un peu plus tard, sa grande sœur écoute l’album Confessions de Usher en boucle dans sa chambre d’ado. Au lycée, il découvre Coldplay et Kid Cudi avec Christopher Emmett et Ya’Qob, ses amis avec qui il collabore toujours aujourd’hui au sein du collectif Unité.
Il conserve un lien affectif fort avec son héritage musical auquel il rend hommage dans chacun de ses titres, chaque fois de manière différente. Les instrumentales sont variées, lui permettant, grâce à une voix douce et modulée, d’explorer une large gamme de possibilités, de mélodies et de registres. Il emprunte au hip-hop, à l’alternative rock, à la Mobb et aux musiques jùjú nigérianes.
Sa musique est, selon ses mots « un endroit étrange entre la réalité et les rêves » qu’il continue d’introspecter en prenant, pour certains morceaux, son temps. C’est le cas pour le single « In My Head » qui aura nécessité 2 années de travail. C’est aussi un cercle vertueux dans lequel ses angoisses deviennent sa force une fois jetées sur le papier et interprétées.
ODIE nous explique dans ses textes la nécessité de créer pour exister. Comme lui, sa musique s’auto-alimente de ses expériences, elle est mouvante et évolutive.
The less you think about it and the more you fucking do it.
– DJBOOTH (2018)
Dans le très bon morceau « North Face », il raconte une scène survenue sur son lieu de travail de l’époque, une boutique North Face en Californie. Il est déboussolé à la vue d’une cliente, un coup de foudre qui vient agiter son quotidien, et qui nous fait planer avec lui pendant plus de 3 minutes. À ce moment-là, il a 21 ans et se décrit lui-même comme un mec un peu paumé, souvent perdu dans ses pensées et qui se demande ce qu’il va faire de sa vie.
Composer lui permet de se raconter. Pour lui, l’artiste n’a qu’une seule responsabilité, celle de rester fidèle à lui-même. Il dit sa vérité dans sa musique pour tenter de s’affirmer en tant que jeune artiste noir appartenant à la génération Z, et vivant aux Etats-Unis en 2020.
Ses textes ne sont pas encore de fortes prises de positions, mais on ressent déjà les questions que sa condition lui pose. « Mes parents sont des immigrants de première génération en provenance du Nigeria et mon père a dû passer par une tonne de merde pour arriver dans ce pays. » Il questionne et expérimente ses origines et ses ambitions, à l’image d’une partie de sa génération née de parents immigrés.
L’univers d’ODIE est consistant et complexe. Il évolue à mesure que grandit l’artiste.
Son unique album jusqu’ici, Analogue, est un petit voyage de 34 minutes, composé de 10 titres travaillés. Il déclare à ce sujet : « Ça raconte tout ce que j’ai ressenti, de mon diplôme d’études secondaires à 18 ans, à moi maintenant. » Il est signé sur EMPIRE, label originaire, comme lui, de la Bay Area sur la West Coast américaine.
Les morceaux « Crescendo » et « Trance Dance » sortis en 2017, ne figurent pas sur l’album mais sont tout aussi réussis. On retrouve certains titres d’ODIE dans des séries : « No Sign » apparaît dans la BO du documentaire They Fight et il était en première partie de la tournée d’Aminé au Canada, dans le cadre de son TourForYou en 2018. Dans un genre encore renouvelé et plus affirmé, le single « Slowly » publié le 30 janvier dernier, devrait précéder la sortie d’un nouveau projet.
De beaux jours se profilent pour ODIE et son collectif Unité, dont il espère que la portée sera semblable à celle des Outkast. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
Ce dossier est une contribution libre de Selma Nem que nous avons choisi de publier. Si vous aussi vous voulez tenter d’être publié sur BACKPACKERZ, n’hésitez pas à nous envoyer vos articles via notre page de contact.
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