Le rap poursuit sa vulgarisation, jour après jour, année après année, le style de musique qui fait battre nos cœurs devient plus diversifié et s’étend un peu plus dans chacune des sphères de la société. Obama ayant déjà octroyé au rap la possibilité de s’inviter à la Maison Blanche, c’est au tour de la prestigieuse université d’Harvard de permettre au hip-hop d’accentuer son poids dans la société.
Il y a quelques mois, l’université a archivé, sur les conseils du légendaire producteur 9th Wonder, quatre albums de rap (To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, The Miseducation of Lauryn Hill de Lauryn Hill, The Low End Theory d’A Tribe Called Quest et Illmatic de Nas) et c’est ainsi que l’histoire d’amour entre la culture hip-hop et Harvard débute.
La gloire de cette histoire revient à un jeune étudiant répondant au nom de Obasi Shaw qui a eu, pour la première fois de l’Histoire de cette prestigieuse université, le courage de présenter en tant que projet final d’étude…un album de rap!
Travaillant durant toute une année sur son projet intitulé Liminal Minds, le jeune rappeur de 20 ans seulement offre un album d’une réelle qualité, produit avec de fortes influences de boombap et de musique africaine. Son flow, loin d’être celui d’un débutant, est maîtrisé à la perfection, alternant entre orientations old school et flow plus contemporain. Sur « Free Man », Obasi fait preuve d’une éloquence remarquable qu’il peut se targuer d’avoir acquis sur les scènes d’open mic, et son flow est par moment étrangement similaire à celui d’Eminem (excusez du peu..).
Du point de vue du fond, l’album demeure, de manière évidente, brillant. Liminal Minds combine, comme l’a affirmé l’université elle-même dans un post instagram historique, des éléments de poésie anglaise du Moyen-Âge aux problématiques contemporaines et notamment celle de l’identité des peuples aux Etats-Unis. Il dénonce la persistance des conséquences de l’esclavage et le fait que les afro-américains ne soient toujours pas libérés de cette image: « chaque morceau est une exploration entre esclavagisme et liberté » affirme Obasi.
Cet album n’est pas un simple projet de thèse finale étudiante, c’est une formidable histoire qui résulte de plus de 40 années d’Histoire et de passion. Du 1520 Sedgwick Avenue à New-York dans le Bronx où DJ Kool Herc donnait les premières soirées hip-hop, aux émeutes de Los Angeles en passant par Eminem (premier rappeur superstar) jusqu’à la popularisation du rap de nos jours, le Hip-Hop: musique de la rue, se retrouve enfin reconnue par l’une des plus prestigieuses universités du monde. Le hip-hop se débarrasse enfin de cette image de musique « sale », considérée uniquement comme violente et rejetée par la société.
30 ans en arrière, oser proposer un album de rap en tant que projet final d’études à Harvard aurait très certainement suscité le rire et le dégoût, mais c’est aujourd’hui possible et nous pouvons en être fiers. En porte étendard de la nouvelle génération qui profite de sa popularisation, Obasi Shaw porte, avec grâce, le rap tout en haut de la pyramide sociale.
Bien entendu, le jeune homme a été admis avec les honneurs, mais devrait cependant garder le rap comme une passion et non comme une profession : c’est tout à son honneur.
Vous pouvez écouter et apprécier Liminal Minds de Obasi Shaw, ci-dessous.
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