On voudrait pas vous commander, mais il serait temps que les rappeurs arrêtent de se coiffer comme des footballeurs et de faire des performances dignes d’un cycliste du Tour sans dope. The Greatest, le boxeur Muhammad Ali, n’est plus, mais les rappeurs doivent absolument faire vivre sa mémoire et son style, parce qu’il était un véritable emcee avant l’heure. Voici pourquoi.
Le bon rappeur sait qui est son ennemi et ce contre quoi il faut lutter. En 1966, mobilisé pour la Guerre du Vietnam comme des milliers d’autres Américains, Ali refuse de s’engager. Et déclare : « Aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de nègre », avec les effets que l’on imagine. Il est condamné en 1967 à 10.000 $ d’amendes et 5 années de prison. Mais surtout, il perd sa licence de boxe tandis que son titre de Champion du monde des Poids Lourds est remis en cause. Il sera même contraint de l’abandonner en 1970, quelques mois avant de remporter son procès devant la Cour suprême.
Sur le ring ou sur scène, l’objectif reste de sortir debout. La détermination se lit dans les yeux du boxeur, se ressent dans les coups portés, celle du rappeur dans sa voix et son timbre assurés. Tout est affaire de respirations, de timing, d’opportunités saisies et de style lâché au visage. Et quand la bête est lancée, n’espérez pas l’arrêter : pour mettre un terme à son combat contre Brian London, Ali balance 12 coups de poing en 3 secondes.
Après avoir perdu son titre de champion du monde des poids lourds pour insoumission, Ali se mesure à Joe Frazier en 1971 pour le récupérer et… perd. Pas un problème pour The Greatest, qui se met en tête de reconquérir son titre. Il battra successivement les 3 seuls boxeurs à l’avoir vaincu : Ken Norton, Joe Frazier et finalement George Foreman, en 1974, pour le fameux « Rumble in the Jungle ». Ali a regagné 3 fois, en tout, son titre de champion du monde des poids lourds. Il le fut pour la dernière fois à l’âge de 36 ans…
Alors que les sportifs d’aujourd’hui peinent à aligner trois mots ou deux idées complexes, Ali était un génie bavard. Beau parleur ou prophète éclairé, il excellait auprès de la presse, qui l’adorait en retour : chacun de ses adversaires était moqué et surnommé ridiculement. Il a laissé plus de punchlines que la plupart des rappeurs, dont « Float like a butterfly, sting like a bee » (« Voler comme le papillon, piquer comme l’abeille »).
Avant d’être Muhammad Ali, il fut Cassius Clay : au début des années 1960, Muhammad Ali se rapproche de la Nation of Islam, organisation politique et religieuse qui lutte pour les droits des Noirs américains. Il fréquente Malcolm X et Elijah Muhammad, les deux leaders de l’organisation, et se fait appeler Cassius X avant de recevoir le nom de Muhammad Ali. En cette période d’intense lutte pour les droits civiques, Ali n’hésite pas à mettre ces questions sur le tapis et développe la thèse du « retour à la terre natale » du théoricien Marcus Garvey en effectuant son fameux combat au Zaïre. Mais il prend plus généralement le parti des peuples opprimés par les États-Unis, en refusant de s’engager au Vietnam ou en effectuant un autre de ses combats hyper médiatiques à Manille, dans les Philippines.
On a beau être The Greatest, cela n’empêche pas quelques faiblesses de champion : en acceptant le combat contre George Foreman au Zaïre, Ali participe aussi à l’exercice de propagande du « dictateur éclairé » local, Mobutu. Qui, paraît-il, avait fait exécuter une centaine de délinquants choisis au hasard pour apporter la paix pendant l’événement sportif et éviter les agressions des touristes et journalistes. Dans les sous-sols mêmes du stade où fut organisé le combat…
C’est un combat d’Ali qui a inspiré à Stallone ses Rocky, et The Greatest est l’incarnation vivante de la philosophie exprimée dans le premier film. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort : le 31 mars 1973, au cours d’un combat contre Ken Norton, ce dernier lui brise la mâchoire en plein round. Ali tiendra bon jusqu’à la fin de la rencontre, et perdra sur décision des juges. Malgré l’âge, Ali continuera longtemps les combats, si bien qu’il dut lutter contre Parkinson pendant 3 décennies.
Forever a baaaaad man !
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