A la vue de la discographie en groupe du rappeur originaire du 19ème, de son passif au sein de cette vague parisienne qui emporta tout sur son passage il y a quelques années maintenant, on peut se demander pourquoi 2zer ne sort aujourd’hui que son deuxième projet en solo. C’est mal comprendre la dynamique d’un collectif qui continue de privilégier le groupe aux individualités. Cet esprit d’équipe, de famille même, est la pierre angulaire de leur projet depuis leur début. A quelques jours de la sortie de son projet, nous avons retrouvé 2zer aux côtés de Eff Gee, autre figure de l’Entourage et plus récemment fondateur du label Saboteur, au Blackbird Studio de DJ Elite.
Son premier projet solo, Décisions, s’apprête à souffler ses deux ans. Une première apparition solo que 2zer, tout comme son public, attendait depuis longtemps : « C’était comme une libération après avoir passé deux ans sans pouvoir rien sortir en mon nom du fait de problèmes de contrats. Je voulais vraiment qu’il y ait des sons à moi disponible en streaming, que les gens puissent taper mon blaze et y trouver mes sons. Les gens étaient vraiment contents d’entendre du neuf de moi en solo même s’ils m’ont fait remarqué que j’avais mis presque deux ans entre l’annonce et la sortie. » Des histoires contractuelles donc qui obligèrent le rappeur parisien à patienter avant de réellement pouvoir s’exprimer.
Après ce premier projet remarqué, qui partagea avec Les Etoiles Vagabondes de son ami Nekfeu une campagne d’affichage dans le métro, 2zer poursuivit sur cette dynamique en ne cessant d’écrire pour lui, entre deux scènes avec le S-Crew, Doums, Hugz et DJ Elite: « Tout de suite après le projet, on est parti en tournée tous ensemble et à cette occasion, j’ai pu jouer sur scène des titres de mon projet comme « Clan » avec tout le S-Crew. J’ai pu voir le retour du public en live, c’était incroyable, avec ce refrain entrainant de Nek et les couplets super chauds de Framal et Mekra. En parallèle de la tournée, j’ai continué de mon côté à m’enregistrer chez moi ainsi qu’au Blackbird Studio. Depuis la sortie de Décisions et même avant, j’étais vraiment dans une dynamique de productivité importante où je faisais du son tous les jours. Rien que pour l’EP Décisions, il a fallu trier entre plus de 50 sons. «
Une productivité certaine donc, mais aussi beaucoup d’autonomie. Le rappeur du S-Crew a fait en sorte ces dernières années de pouvoir écrire, composer, s’enregistrer dans de bonnes conditions et ce, de chez lui, sans vraiment de pression: « J’ai fait en sorte d’être indépendant au niveau de l’enregistrement chez moi en m’équipant comme il se devait. Je souhaitais pouvoir faire du son dès mon réveil si je le voulais et cela passait par un équipement à domicile. Aujourd’hui, il m’arrive même de préférer m’enregistrer seul, de pouvoir ainsi mettre les plug-in que je veux mais aussi et surtout de pouvoir tenter des choses dans mon coin sans avoir en live le retour de mon entourage et ainsi me développer en tant qu’artiste. Après, quand je viens au Blackbird, je sais que je suis entre de bonnes mains avec Elite ou Nachos. »
Une organisation qui permet au rappeur de se développer en tant qu’artiste, tout en étant bien entendu épaulé par son équipe de toujours, avec un certain Hugz en première ligne: « Les arrangements ont été réalisés, comme sur Décisions, entièrement par Hugz qui n’est pas que beatmaker mais aussi arrangeur. J’enregistre de mon côté, puis j’envoie tout à Hugz qui va adapter la prod en fonction de ma voix, mettre les bons effets etc. Aujourd’hui, on fonctionne vraiment bien ensemble, c’est très fluide entre nous. » Comme sur Décisions aussi, on retrouve Hugz derrière toutes les prods du projet à l’exception de « Bull », produite par En’Zoo, en featuring avec le perpignanais Gros Mo ainsi que Ratu$, autre membre du label Saboteur. 2zer se souvient de l’élaboration de ce morceau: « Sur « Bulle », on retrouve En’Zoo à la prod bien que ce soit là encore Hugz aux arrangements derrière. Sur ce titre, Gros Mo a découpé le truc. Tout part de Gros Mo d’ailleurs. J’étais à Perpignan pour faire du son, le studio était dans ma chambre, je me réveille, je vois En’Zoo taper la prod puis Gros Mo arriver et poser son couplet. On a tous construit le titre autour de son couplet, Ratu$ a posé dans la foulée, puis moi et on avait le morceau. «
Une formule déjà exploitée sur Décisions qui est donc reconduite ici. Il est vrai que la proximité entretenue avec Hugz facilite le process créatif bien que 2zer ne soit pas fermé à d’autres producteurs : « Je fais ça naturellement. Il m’arrive d’être posé avec L$30 à son studio, il me fait écouter des prods et si je kiffe, je pose direct dessus. Pareil quand je suis à Perpignan avec En’Zoo. Après Hugz, on a une relation particulière, on se voit tous les jours, on est tout le temps ensemble et il fait des prods incroyables donc je ne vais pas m’en priver. Mais pour le prochain projet, je vais essayer tout de même de m’enfermer avec plus de beatmakers pour tester de nouvelles choses. » Ayant un peu touché à la prod étant plus jeune, 2zer s’est remis depuis quelques temps à composer également, sans pour autant que cela n’empiète sur son travail central d’écriture : « Aujourd’hui, si j’arrive à construire quelque chose niveau prod, c’est au niveau des mélodies. J’ai l’impression que je rappe quand je compose des mélodies. En revanche, j’ai encore des lacunes sur les drums, je n’arrive pas à les rendre assez percutants. J’ai néanmoins une prod à moi sur l’intro du projet Pilote de Doums, même si DJ Lo est repassé derrière moi. » Même s’il n’est pas encore question de co-signer des prods aux côtés de Hugz, 2zer confie néanmoins collaborer régulièrement avec ce dernier lors du processus créatif: « Ma manière de fonctionner avec Hugz est que si, par exemple, j’ai apprécié un son de J. Balvin, je vais découper la boucle pour en refaire une nouvelle, je place dessus des drums, je gratte mon texte et je lui envoie le tout qui de son côté va retravailler entièrement le son pour en sortir un nouveau. Le titre « Bon Débarras » sur mon projet Décisions a été fait comme ça. C’est ainsi qu’on arrive à collaborer sur des prods. Mais le centre de mon attention reste sur l’écriture et le rap, c’est là où j’ai envie de passer du temps à travailler réellement. «
Elément marquant à l’écoute du projet, la cohérence musicale de l’ensemble, notamment en termes d’ambiance mais aussi de thèmes abordés. Le projet se veut beaucoup plus construit que Décisions, offrant une ligne directrice comme nous le raconte le rappeur : « Il y avait une idée forte de la voiture et de la ride. Je passe beaucoup de temps avec mes potes en voiture à rider la nuit et écouter du son donc je voulais vraiment axer le projet sur cette thématique. Le premier titre te met directement dans l’ambiance avec « Viper GTS » et le dernier « DLC » (pour « Dans La Caisse ») avec entre temps un titre comme « Venez me chercher ». Comme c’est un concept assez commun, j’ai un peu dilué l’idée en incluant les featurings et ainsi obtenir un ensemble un peu plus équilibré. «
Sur le fond, Zerzer, vol.1 se veut plus intime que le premier projet qui était, lui, plus sombre dans les thèmes abordés. Le rappeur parisien a toujours eu une approche assez personnelle et sombre dans ses textes, mais ce projet semble lui permettre de passer une étape dans l’écriture en poursuivant en solo: « Désisions, pour moi, avec 10 titres, ce n’était pas suffisant pour aborder tous les sujets souhaités. Donc avec ce deuxième projet, je peux davantage aborder de thèmes. Le fait que je puisse vraiment aujourd’hui m’exprimer en solo est la raison principale à l’étendue des thèmes abordés. » A la question de savoir s’il lui est difficile de faire la part des choses entre son travail d’écriture au sein du S-Crew et en solo, 2zer répond simplement: « Il n’y a pas de règle. Certains sons, je les ai commencé pour moi et ils ont terminé soit en feat, soit pour le S-Crew. Tout dépend du contexte, des personnes présentes. Un pote peut entendre mon couplet et souhaiter être sur le titre et ça deviendra donc un feat avec plaisir. » L’esprit d’équipe, toujours.
Autre point marquant à l’écoute du projet, c’est le travail sur les flows que 2zer nous propose. Une recherche de l’innovation qui est en grande partie due à son mode de fonctionnement et d’enregistrement à domicile qui facilite ses créations: « La plupart des sons ont commencé chez moi, dans mon studio. Pour ce qui est du flow, le fait de m’enregistrer seul, ça me laisse plus de champ pour tester d’autres choses. Tout part de la prod. Après plusieurs écoutes, je tente des trucs. Je laisse reposer et si le lendemain je trouve ça chaud, je mets de côté et je reviens ensuite dessus. «
Pour ce qui est des invités, 2zer reproduit en quelque sorte le schéma du précédent projet en ne conviant que des artistes très proches comme Framal, rappelant une fois encore que l’esprit de ce collectif est avant tout familial et basé sur des liens forts: « Hache-P, je le connais depuis le lycée et nous avions toujours en tête de faire du son ensemble. Ratu$, c’est la famille, c’est Saboteur. Gros Mo, nous avons vraiment la même vision du son, on s’entend très bien et Alpha, évidemment, c’est la famille aussi. Pour la suite, sûrement que j’ouvrirais un peu les collaborations mais sur ce projet, c’est vraiment l’entourage de l’Entourage. »
Parmi les sujets abordés, on y retrouve le thème de la ride donc, mais aussi l’amour, ou plutôt la séparation, sujet qui avait déjà fait l’objet d’un titre dans le projet précédent. Avec « Dis-leur », 2zer évoque avec encore plus de transparence une séparation douloureuse: « C’est un sujet qui parle à beaucoup de monde, le gimmick de ce titre date pas mal déjà. Ensuite, je ne parle pas forcément de moi mais de ce que des proches ont pu vivre et qui m’a touché et j’y puise mon inspiration pour écrire ce genre de texte. L’amour, c’est vraiment un sujet universel. » A l’opposé de l’amour, on retrouve un sujet beaucoup plus matériel évoqué dans le titre « Satoshi Nakamoto », traitant des crypto monnaies. Un sujet sûrement inédit dans le rap français sur lequel 2zer vante les mérites de ces opportunités nouvelles de faire de l’argent sans tomber dans l’illicite. L’artiste va même jusqu’à donner quelques explications sur le systèmes financier et les mécaniques de l’inflation: « On est en 2021, il existe aujourd’hui de nombreux moyens de se faire de l’argent. Dans le légal comme l’illégal, c’est encore dur de vraiment prendre son billet et aujourd’hui les cryptos, c’est vraiment un sujet qui parle aux jeunes donc c’est clairement un son du futur pour moi. «
Un projet dont la direction artistique visuelle répond parfaitement à la proposition musicale avec Lokmane à la baguette. On note là-aussi une véritable volonté d’apporter un produit soigné, tant sur le fond que sur la forme avec une esthétique affirmée : « Sur le projet précédent, je n’étais pas vraiment sûr de l’image que je voulais renvoyer de moi, tant au niveau des clips que des visuels. Nous avions déjà bossé avec Lokmane par le passé mais sans lui laisser de réelles marges de manœuvre. Pour ce projet, nous lui avons clairement demandé de penser la direction artistique visuel qui n’est clairement pas mon point fort. J’ai du mal à avoir une vision claire. Pour le coup, Lokmane nous a fait des supers suggestions et on est parti là-dessus après quelques allers-retours avec mon équipe. «
Un second projet solo qui s’inscrit bien entendu toujours dans cette logique de collectif. Collectif qui à chaque étape conseille, donne son avis, oriente, pour mieux faire briller l’individuel comme le confirme 2zer: « Cette force du collectif m’apporte tout ce dont j’ai besoin! Il y a d’abord le soutien sur les réseaux mais ce n’est que la partie visible de toute leur contribution. Au quotidien, leur soutien moral, les critiques qu’ils peuvent apporter à mon travail sont extrêmement précieux. J’envoie régulièrement mon travail pour avoir leurs retours, on échange et j’avance avec. Je sais que leur avis n’est pas intéressé, il est sincère, d’où l’importance d’avoir son équipe proche autour de soi. «
Tout semble donc aujourd’hui en ordre de marche pour 2zer qui s’exprime à présent pleinement en solo, en offrant son univers et ses thèmes de prédilection au sein d’une structure saine. Le projet a en effet été produit par le label Saboteur, créé il y a un peu plus de deux ans par Eff Gee, qui a su pour l’occasion opérer une véritable montée en compétence dans tous les domaines de la musique pour porter sur ses épaules le label et tous les artistes signés. Une structure aujourd’hui établie et solide qui offre un support important à au rappeur du S-Crew: « Les deux projets sont sortis dessus. Avec le S-Crew, on a un label, Seine Zoo, sur lequel on gère beaucoup de choses au-delà de la musique. Chez Saboteur, je m’appuie énormément sur Eff qui a énormément step-up sur son domaine de compétence et qui, aujourd’hui, mène le label d’une manière très structurée là où, au départ, c’ était avant tout une bande de potes. Je suis heureux et fier d’avoir affaire uniquement à mes potes au quotidien dans ma musique. «
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