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Malcolm : “Ce projet marque la fin de la recherche”

Tu es originaire de Paris, tu as commencé le rap à Bordeaux et maintenant tu es à Marseille… Peux-tu nous éclairer sur ton parcours ? 

À la base, j’ai un père qui est musicien, j’ai grandi entouré de musiciens. Ma belle-mère fait partie d’un groupe qui s’appelle Les Nubians, c’est un des groupe phare de la soul en France. J’ai toujours baigné dans la musique, mais j’ai commencé vraiment à m’y intéresser quand je suis allé à Bordeaux. En arrivant, j’ai rencontré le groupe avec qui j’étais : Majin Killaz. Puis on a pris des chemins différents car on avait différents partis pris. Donc j’ai commencé à faire une carrière un peu plus en solo. 

Comment s’est passé ce virage vers ta carrière solo ?

J’ai été lauréat d’un dispositif d’accompagnement qui s’appelle le STRI-IT mis en place par le Studio Des Variétés et YouTube. C’est un accompagnement pour aider les artistes à monter leur projet. Ça m’a permis de prendre conscience que ma musique n’était pas juste un amusement. Ce qui fait que j’ai bossé beaucoup de son.

J’ai sorti 5 projets avant La nuit nous va si bien. C’était des tests et j’ai commencé à trouver mon empreinte vocale à partir de Tempérance, mon dernier projet qui est un peu la première pierre du nouveau moi. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai changé de nom pour Malcolm, mon vrai prénom. Puis j’ai rencontré une équipe qui s’appelle Le Blaze, un collectif de beatmakers parisiens. C’est là que j’ai commencé à me mettre dans un nouveau créneau. Leurs productions étaient nouvelles pour moi, j’étais habitué à d’autres styles de prods qui étaient calibrées différemment. Ça m’a donné une certaine forme d’ouverture. À partir de là, j’ai continué à empiler les tracks même si le Covid m’a ralenti dans la production. Enfin, pas vraiment la production, parce que j’étais dans la salle du temps donc c’était le bon moment pour bosser, mais ça m’a ralenti dans ma progression artiste en quelque sorte. 

Et comment est née l’idée de ce nouveau projet La nuit nous va si bien

Quand la crise du Covid est un peu passée, j’ai commencé à me restructurer totalement, j’ai arrêté de travailler avec mon manager pour des raisons personnelles et je me suis retrouvé un peu au pied du mur. Il y a quelques mois, je me suis dit qu’il fallait que je tente un truc. Je me suis posé, j’ai réfléchi à ce que je voulais faire et j’ai décidé de lancer le projet. Tout est parti de “La cour” en fait ! J’ai commencé à sentir un nouveau truc et une nouvelle empreinte, donc c’était le moment d’envoyer des trucs. Je me suis dit qu’après avoir trouvé mon empreinte vocale et une DA plus recentrée, il fallait que j’envoie un projet. 

C’est un véritable virage dans ta carrière ? 

Carrément ! La tempérance c’était le passage de MLX à Malcolm et là c’est le passage du Malcolm au Malcolm accompli qui a de nouvelles choses à proposer. Puis maintenant, j’ai une manière différente d’aborder mes projets. J’ai commencé à réfléchir à splitter mes projets en deux parties : une partie hiver avec des projets mélancoliques et digitaux et une autre partie plus summer pour l’été. Ça a été un vrai compromis pour moi vu que je suis très pluriel dans la production, je me suis dit que c’était dur de s’identifier donc j’ai décidé de répartir tout ça dans deux projets qui seront plus cohérents l’un l’autre comme si c’était les deux parties de moi-même. Je suis content car j’ai enfin tiré un trait sur la page d’avant et je suis passé au nouveau moi. C’est ce qui fait que je me sens bien à l’heure actuelle ! 

C’est le projet qui marque ton évolution et la concrétisation de quelque chose de nouveau pour toi. 

Exactement ! Ce projet marque la fin de la recherche. Dans la musique, comme dans d’autres arts ou d’autres situation de vie, tu as plusieurs portes d’entrées et disons que j’ai essayé toutes les portes. Maintenant, j’ai trouvé ce que je voulais faire, ce que je voulais apporter et ma vision du son. 

As-tu une explication à nous apporter pour le titre du projet La nuit nous va si bien

Ouais carrément ! Il y a deux choses en réalité. C’est un état dans lequel j’ai pu me trouver quand j’étais plus jeune : quand tu es dans la complaisance de la tristesse, ce truc où quand tu es très mal ça te fait du bien. Puis le clin d’œil à la nuit et l’obscurité parce que je suis plus quelqu’un du soir. C’est tout ce que j’aime ! Puis c’est aussi une sensation que tu ressens au début de l’hiver. Ça me représente parce que je suis partagé entre deux parties de moi, une qui est très solaire et une autre qui est très maussade.

Quel a été le travail au niveau de la cohérence du projet parce qu’il y a une véritable harmonie entre toutes les tracks ! 

Il y a un cycle dans ce projet, tu peux le prendre un peu dans tous les sens ! Tu peux commencer le projet à n’importe quel moment, ça suit son cours quand même ! C’est pour moi un marqueur des états que tu peux avoir par le médium de l’amour. Tu as des cycles de vie, qu’importe ton âge, qui te font évoluer et avancer. Revenons sur tracks pour comprendre :

  • Le premier titre “La raison”, c’est un truc un peu égotrip, je m’en foutiste. C’est très renfermé et peu ouvert aux autres. 
  • Le deuxième titre laisse voir les possibilités des relations amoureuses, qui sont bénéfiques pour toi mais dans lesquelles tu n’y vas pas non plus. Tu sais que ça peut être bon pour toi mais tu l’esquives. 
  • Le troisième c’est “La cour” qui montre l’attirance que tu as pour les relations toxiques : tu es attiré par le truc qui est inaccessible. 
  • “Le Doute” : tu te rends compte que cette relation est toxique mais tu y es quand même allé ! En même temps tu en veux à l’autre personne et tu t’en veux aussi.
  • Dans “Goût amer” tu te rends compte qu’il y a des moments où tu as été attiré par des relations, tu as été amené à faire des choses qui ne sont pas correctes, responsables et pas bonnes pour toi et les autres. On t’avait prévenu, tu en veux aux autres mais en même temps tu ne peux t’en vouloir qu’à toi-même. C’est une remise en question et un recul sur la situation. 
  • La fin c’est “Le bruit des sirènes » qui est de la résignation, tu as vu que la vie c’est pas si simple, il y a des hauts et des bas, et tu dois l’accepter pour grandir. 

Je prends le médium de l’amour parce que c’est un truc qui me parle. Beaucoup de gens ont du mal à s’exprimer sur ce qu’ils ressentent, surtout dans le rap où tu as une espèce de virilisme constant. Dans les thèmes du rap, tu as toujours ces clichés d’égo trip masculin et le cliché du R’n’B trop cucu ! Moi j’ai un peu des deux ! J’en parle, mais je garde une certaine pudeur et en même temps il y a un peu d’insolence. Puis l’amour est très représentatif des relations que je peux avoir avec les gens, des relations amoureuses certes, mais aussi des relations amicales… Puis c’est une période de ma vie où cette noirceur et cette mélancolie m’allait très bien, et c’est elle qui fait qui je suis à l’heure actuelle. C’est d’ailleurs pour ça que je veux prendre un nouveau départ. 

Tu as fait plein de collaborations avec différents artistes de différents horizons et d’énergies différentes. Sur ce projet-là, tu as fait le choix de n’avoir aucune collaboration, pourquoi ? 

Ce qui s’est passé c’est que je me suis rendu compte que je vivais beaucoup à travers la collaboration. Je n’avais jamais pris le temps de vraiment faire des sons seul. C’est facile de faire une collaboration : tu peux te laisser emporter par l’univers de l’autre et tu as en même temps un challenge. Cette fois, c’était l’occasion de montrer tout un ensemble de choses qui me représentent. Puis, comme c’est un retour aux sources de A à Z, je n’avais pas envie de faire ça avec d’autres gens, c’était vraiment très introspectif et exutoire. 

Sur l’ensemble des tracks du projet, tu laisses énormément de place au prods, c’était quelque chose d’important pour toi ? 

J’aime beaucoup ça parce que je trouve que la mélodie et l’instrument prennent une grande part dans les projets. Puis, les producteurs avec qui j’ai bossé sont très forts et je voulais aussi leur laisser de la place ! Et j’adore les intros épiques. Sur le dernier son, je voulais ajouter d’autres trucs et en fait, je me suis dit que non, c’était très bien comme ça ! Donc, c’est semi fait exprès parce que  j’aime faire les choses comme ça mais je ne l’ai pas intellectualisé. 

Tu me parles du dernier son de ton projet, j’ai trouvé qu’il sonnait différemment ! 

Le truc, c’est que dans le projet j’ai voulu faire une évolution réelle. Quand on regarde l’ordre des titres, c’est réellement l’ordre dans lequel je les ai fait – sauf « La cour », mais globalement c’est l’idée. Il y a une chronologie dans les sujets et titres et aussi une chronologie temporelle. Plus t’avance, plus t’avance vers le nouveau moi. J’avance vers quelque chose de neuf, que ce soit dans la production ou dans l’idée. J’ai aussi envie de rendre les choses plus propres comme dans les sonorités par exemple.

L’EP est sorti vendredi, es-tu satisfait des premiers retours que tu as eu ? 

Oui et non. Non parce que c’est un projet que je travaille depuis deux ans et on est à une période où les gens consomment tellement de musique que personne ne prend vraiment le temps d’écouter. J’ai eu de très bons retours sur “La cour”, parce que j’ai apporté quelque chose de neuf autant pour moi que pour le paysage du rap actuel. Donc j’ai eu un très bon accueil pour ce son mais pour la suite c’est un peu retombé. Je suis heureux car je l’ai enfin sortie, ça m’a fait du bien de le lâcher. Mais j’ai eu des retours de proches qui écoutent ma musique depuis longtemps et tout le monde à trouvé que le projet été très bien mixé et arrangé ! 

Est-ce que tu penses déjà à la suite ? 

Totalement ! Je bosse déjà sur un projet qui va arriver vers la fin d’année. Comme je t’ai expliqué le projet d’été et d’hiver. Même si le projet d’hiver a été retardé et est sorti la semaine dernière ! Le prochain projet est celui de l’été et sortira pour le coup vers la fin de l’été. Donc j’ai ce prochain projet qui contraste avec le dernier et je pense déjà au prochain projet d’hiver. Pour celui-ci, je pense prendre un peu plus de temps car j’ai pas mal envoyé de trucs cette année. Le but sera de faire quelque chose de plus fort et plus poussé avec une identité et des visuels qui tuent.

Manon Virsolvy

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