À 13 ans tu commences à écrire tes premiers textes sous le diminutif de BSV et le 27 janvier dernier tu sors ton premier EP : qu’est-ce qu’il s’est passé entre-temps ? Quel est ton parcours ?
Il y a beaucoup de choses qui se sont passées. Dès que j’ai commencé à rapper je m’appelais Drisko, mais je ne le mettais pas sur les réseaux, puis ensuite BSV et il y a deux ans, j’ai changé pour Maka. J’ai aussi évolué, grandi, mûri et j’ai su mettre de l’ordre dans ma vie. Je me suis enfin dit “tu aimes la musique, tu veux en faire ton métier donc donne toi en les moyens”.
Et quel a été le déclic qui t’a fait te dire que ça allait être ton métier ?
Le déclic que j’ai eu s’est fait par rapport aux réactions que les gens avaient en écoutant ma musique. Il y a un moment où je me suis dit qu’il fallait que je m’applique un peu plus dans l’écriture et quand je l’ai fait, j’ai vu que les gens commençaient vraiment à kiffer et à me le dire. Dans ma ville, les gens m’arrêtaient pour me dire qu’ils m’écoutaient et qu’ils aimaient mon dernier son. Puis après, j’ai eu un premier manager qui a commencé à s’occuper de moi. Et à ce moment-là, je me suis dit “vas-y il faut que je sois sérieux au moins pour le travail qu’il fait sur moi”. En plus, on n’avait pas vraiment une relation manager/artiste mais plus grand-frère/petit-frère, donc il s’occupait vraiment de moi, limite j’habitais chez lui. Ensuite, il a déménagé à Londres, donc Ozhora m’a récupéré et ça a été le challenge : Ozhora Miyagi qui s’occupe de moi ! Tu sais combien de rappeurs il y a à Liège ? Et je suis le seul qu’il suit. À partir de là, je me suis dit qu’il n’y avait plus de blague, je fais les choses bien sinon j’arrête la musique.
C’est à ce moment-là que tu as changé de blaze ?
Oui ! On a vu ça ensemble, parce que BSV ça ne voulait rien dire. L’histoire part d’un nouveau compte Facebook, je ne savais pas quoi mettre comme nom alors j’ai mis “BSV Makavelax” en rapport à Tupac. Mais après on a discuté et ils m’ont dit que ça n’allait pas. Du coup, on a juste gardé Maka, en plus, ça a avait un rapport avec Nicolas Machiavelli.
J’ai lu dans ta bio que tu étais super actif quand tu étais jeune, est-ce que c’est encore le cas aujourd’hui, et surtout, est-ce le cas dans ta musique ?
Dans ma vie de tous les jours, beaucoup moins qu’avant car j’ai pris en maturité ! Mais dans ma musique : ouais ! Je suis musique, musique, musique ! Pas tout le temps non plus, j’essaye de profiter de ma vie personnelle aussi, mais il y a beaucoup de musique dans ma vie.
Avec tout ce que tu viens de me dire, je suppose que ton EP est un véritable tournant dans ta carrière !
De fou ! L’année passée, j’ai eu ma signature à Paris. Et déjà à ce moment-là c’était un gros commencement. Et aujourd’hui, le fait de sortir mon EP c’est comme le lancement de ma carrière. C’est une dinguerie.
On commence le projet par une intro un peu spéciale avec 3 instrus différentes qui donnent le ton au projet. En l’écoutant, j’ai trouvé une grande sincérité et une diversité musicale énorme !
Exactement ! J’ai voulu parler de moi au début, parler vraiment de moi personnellement pour après pouvoir partir dans un autre truc. Je voulais casser le délire pour amener un nouveau truc.
Tu as donc cette volonté dans ta musique de te livrer, est-ce que c’est quelque chose que tu souhaites faire tout au long de ta carrière ?
Pour le moment, je suis sur ça : faire ressentir au gens un maximum qui je suis et leur faire comprendre l’image que je souhaite qu’ils aient de moi.
Oui, pour le moment tu te présentes à ton public !
Exactement !
On parlait de ta diversité musicale ajoutée à ton hyperactivité, comment tu arrives à te cadrer ?
Je ne le fais pas exprès en vrai. Depuis tout petit je chante, le rap est venu dans ma vie après, je me suis appliqué sur l’écriture et j’ai su forger ce truc-là que j’ai combiné avec la mélodie. Aujourd’hui, c’est devenu normal, je peux aussi bien faire des sons mélodieux que des sons plus crus où quand tu les écoutes tu ne peux pas te dire que je chante aussi !
Tu as pris des cours de chant ?
Jamais, c’est ma mère qui m’a appris à chanter.
Trop bien ! Les visuels que tu proposes – pochettes et clips – reflètent bien ta diversité artistique !
On essaye aussi de faire des visuels qui ont un rapport avec la musique que je fais. On fait un vrai travail d’équipe, je ne fais rien tout seul mis à part l’écriture. Chacun a son poste donc même au niveau des visuels, au niveau des clips, tout est vraiment travaillé et structuré de manière à ce que le rap que je fais soit retranscrit en image.
Pour parler du titre de ton projet « Sortez les couverts, vol. 1 », tu nous envoies un vrai message « j’arrive, tenez-vous prêt » !
C’est ça ! C’est aussi une phrase que je disais beaucoup dans mes freestyles qu’on a gardé. Puis ça va bien aussi avec le fait que c’est mon premier projet et « Sortez les couverts » ça annonce l’entrée !
Ça te permet aussi de faire une transition avec l’ancien Maka qui faisait des freestyles !
Exactement ! C’est tout un truc que j’essaye de créer derrière.
Et le « vol. 1 » nous prépare directement pour la suite aussi ?
Il y aura une suite oui. On ne sait pas encore quand, mais le « vol. 2 » sera là !
Dans les textes de cet EP, on comprend l’importance qu’a la rue pour toi, c’était important d’en parler ?
C’était essentiel parce que ça fait partie de ma vie. J’ai grandi dans le quartier Saint Léonard qui est connu à Liège donc sans le vouloir j’ai été dans la rue. Après j’ai aussi vécu des choses dans ma vie personnelle qui m’ont rapproché avec la rue. Dans ma musique, j’essaie de faire ressortir ce que j’ai à l’intérieur de moi, un maximum possible, pour que ce soit mon truc à moi, donc je me devais de parler de la rue. Pour comprendre, quand j’ai fait ce projet, je me suis coupé du monde, j’ai arrêté d’écouter du son et je n’écoutais que ma musique. Je ne regardais même plus la télé, je voulais vraiment avoir un truc à moi et c’est sur ça qu’on bosse.
Je comprends ! Tu nous parles de ta vie mais aussi de tes ambitions dans ce projet, c’était important pour toi de te présenter comme quelqu’un d’ambitieux et qui vise la réussite sans perdre de vue l’authenticité ?
À partir du moment où j’ai pris la musique au sérieux, il n’y a plus de marche arrière. J’ai arrêté l’école, je n’ai jamais travaillé donc honnêtement j’ai tout mis de côté pour la musique donc c’est ça ou rien.
Tu t’es mis à 100% dans la musique !
Exactement ! Et c’est pour ça que je suis autant actif et ambitieux dans ce que je fais.
Donc tu t’inspires de toi, de ce que tu as vécu et de ce que tu aspires, est-ce que tu as d’autres inspirations pour écrire ?
Ce qui m’inspire aussi c’est ma famille, ce que je vois, ce que je vis, mes potes, ce que vivent mes potes, ce qu’ils me racontent aussi ! Des fois, t’es dans la rue, il est arrivé une dinguerie à ton pote et ça me fait partir sur un truc. Petite anecdote, tout à l’heure on était en voiture et Léane m’a dit un truc et sa phrase m’a donné envie de faire un son ! [Rire] Donc je m’inspire vraiment de tout ce qui m’entoure, tout ce que je vis, ce que je vois et ce que j’entends.
Tu me parlais de travail d’équipe tout à l’heure, de quelle manière tu t’es entouré ?
Pour le projet, artistiquement c’était les beatmaker dont Ozhora mon manager, mon DA et mon producteur. Ce sont vraiment les trois personnes à fond avec moi sur le projet. Ce sont aussi des personnes que je fréquente hors musique, c’est une famille ! Mon producteur c’est le grand frère d’Ozhora et mon DA c’est leur petit frère : trois frères qui s’occupent de moi !
Ils avaient des expériences dans la musique avant de travailler avec toi ?
Ouais ! Ozhora et mon producteur sont là depuis longtemps. Tous les jours j’apprends avec eux, ils me font connaître ce qu’ils connaissent. Et eux aussi continuent d’apprendre, je suis le premier artiste qu’ils développent, on découvre ensemble !
Tu n’as pas trouvé difficile de travailler en équipe sur ta musique pour la première fois ?
C’est autre chose, ça n’a rien à voir ! Le travail, la discipline, les efforts, rien à voir. Maintenant tout ce que je fais c’est carré, c’est professionnel. Parfois, à table il y a des conversations que je ne comprends pas et c’est là que je comprends que je suis dans un vrai bail [Rire].
Finalement, c’est l’EP de la maturité !
Exactement ! C’est le résultat de toutes ces années de travail, j’ai su recracher tout dedans et structurer le tout.
Tu es content des premiers retours sur le projet ?
De fou ! J’avais peur de le sortir car c’est mon premier projet. Et plus à Liège on n’est pas beaucoup à être signés donc il y a aussi tous les yeux rivés sur toi pour voir si tu vas floper ou pas. J’avais aussi peur de la réaction des gens, car mon public est dans beaucoup de villes et pays différents, moi-même ça me choque ! Mais tout le monde l’a bien reçu. Je suis content de ouf, nonante huit pour cent de positif et c’est plus que mes attentes !
Ça a dépassé vos objectifs ?
Largement ! Pour un début et le peu que je m’étais fixé, ça a tout dépassé et ça me donne envie de faire mieux.
Et du coup la suite ? Le vol. 2 ?
Le vol. 2, je ne sais pas si c’est ça qui va suivre directement, mais en tout cas les prochains projets ce sera que de l’évolution. Je pense aussi vivre encore d’autres choses, j’espère faire des scènes ! Vivre les scènes c’est inspirant. Je vais encore grandir donc même mes paroles vont changer.
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Un grand merci à Maka et son équipe. Merci à Léane et Romain qui ont permit cette rencontre.
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