En plus de leur ressemblance physique et de leur tendance quasi maladive à confondre le mot bitch avec un signe de ponctuation, plusieurs points communs permettent de rapprocher le kid de Pittsburgh du protégé d’Heisenberg. Voici du moins la théorie éminemment constructive que je me propose de défendre en cinq arguments. Fan de Hip-Hop et de Breaking Bad ? Cet article est pour toi !
Première similitude, peut-être la plus évidente : un faible manifeste pour les stupéfiants en tous genres. Expérimenter tous types de drogues semble occuper depuis l’époque Macadelic une place importante dans la to-do list de Malcolm McCormick. Au grand dam de ses parents, qui se disent inquiets des pratiques de l’ex-ado devenu superstar du rap en l’espace de quelques années. Tout comme le couple Pinkman, excédé face aux multiples récidives de leur incorrigible rejeton. Weed, coke, héroïne et bien sûr métamphétamines, de la première à la cinquième saison de la série culte créée par Vince Gilligan, tout y passe. Non content de noyer ses soucis dans la dope, Jesse va même jusqu’à profiter de sa thérapie de groupe pour refourguer du cristal met à d’anciens junkies.
Le personnage incarné à l’écran par Aaron Paul se dévoile au fur et à mesure de la série comme un être complexe et sensible, à l’esprit de plus en plus torturé par ses propres méfaits. Un trait de caractère que partage avec lui le jeune rappeur, et qui est particulièrement exacerbé sur son deuxième album studio Watching Movies With The Sound Off. Tandis que Jesse jongle entre bien et mal avec une schizophrénie effrayante, Mac brouille les pistes et multiplie les alter-égos. Cam Rellim, Larry Fisherman, Delusional Thomas – qu’il est possible de présenter comme le petit frère blanc de Quasimoto, autant de pseudonymes sous lesquels le emcee a produit et enregistré jusqu’à présent ses différents projets.
Bien qu’il ne soit plus désormais le gamin insouciant qu’il était lors de la sortie de sa mixtape K.I.D.S., Mac n’en reste pas moins une personnalité excentrique, qui donne parfois l’impression de rapper dans un but purement récréatif. À en croire la créativité à l’œuvre dans la plupart de ses clips, le toboggan de Blue Slide Park n’est jamais bien loin, et se charge de temps à autres de réveiller l’enfant qui est en lui. De son côté, le dealer reconverti en apprenti chimiste conserve, dans sa descente aux enfers, une part d’espoir et de naïveté, qui lui permet de survivre dans un univers de plus en plus violent et dangereux. Peu apte à maîtriser ses émotions, dévoré par un sentiment de culpabilité grandissant, ce dernier mène paradoxalement une quête insatiable de justice, emprunte d’un idéalisme très enfantin.
Voué à évoluer dans l’ombre de son associé et ancien professeur de lycée, Jesse peine à s’imposer comme un meth chef à part entière, et doit bien souvent montrer des crocs pour asseoir sa légitimité dans le monde du crime organisé. Alors que son passé de junkie suscite régulièrement la méfiance de ses collaborateurs, il est toutefois forcé d’admettre que le garçon garde la tête sur les épaules, et fait preuve d’une grande lucidité sur sa condition. Pour sa part, Mac est passé l’année dernière de la catégorie de rookie à celle de sophomore, avec un second LP classé troisième au Billboard. Il a pourtant fallu du temps avant que le gosse acquière le quota de street cred requis avant d’être enfin pris aux sérieux. C’est en enchaînant à une vitesse folle des projets compilant productions de bonne facture et featurings de choix, que ce dernier a finalement prouvé qu’il méritait sa place.
Dernier point commun, et pas des moindres : le talent. Malgré leur jeune âge et leur apparente désinvolture, Mac et Jesse sont tous les deux des bourreaux de travail, des perfectionnistes qui ont appris en s’inspirant des meilleurs. Au contact de son mentor Heisenberg, un nom craint et respecté dans tout le Nouveau Mexique, Jesse passe du statut de bonnet d’âne à celui d’élève appliqué. Lorsqu’on lui demande quels sont les groupes qui l’ont le plus influencé, l’artiste pennsylvanien cite quant à lui les noms des Beatles ou de A Tribe Called Quest. Un gage de qualité tout aussi probant que la couleur de la fameuse blue meth. Sa culture musicale large et éclectique est peut-être la recette secrète qui confère à ses productions une pureté proche des 99 % qui ont fait la fortune de Walter White.
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