Categories: Dossiers

Street Smartz – Problemz / Metal Thangz

1996. L’âge d’or. Année sacrée. Une petite pépite de cire noire apparaît dans les bacs new-yorkais sous le nom de Street Smartz, trio constitué de F.T. (a.k.a. Fuc that a.k.a. Full Time), Maoz et Syx.

Deux titres :

Face A : « Problemz »
Face B : « Metal Thangz »

F.T. a 17 ans en 1996. Après la sortie d’un premier vinyl freestylé, « Ain’t No Burna », il se lance avec ses acolytes, sous le label Tru Criminal Records, dans l’enregistrement de deux titres qui vont marquer le paysage du hip hop underground new-yorkais. Produit en face A par Buckwild, le beatmaker du Bronx et membre du collectif Diggin’ in the Crates Crew (Lord Finesse, Showbiz & A.G., Diamond D, Fat Joe, Big L, O.C.), « Problemz » est une balade jazzy sur laquelle se pose le flow enroué de F.T. Le emcee y aborde le thème des relations amoureuses sur une base mélodique samplée du « I’ve Got You on My Mind » de Jorge Dalto que ponctue un refrain lancinant :

« Bitches ain’t nothing but problems / Can’t live with them / Can’t live without them »

Mais la vraie claque du disque c’est sa face B. L’envers du décor. Titre à la ligne de basse accrocheuse, « Metal Thangz » est produit par DJ Ogee, avec, au microphone, deux rappers du Southside pour accompagner F.T. : O.C. et Pharoahe Monch. Le casting est dément : les trois rappeurs se partagent une parole engagée, colorée de métaphores guerrières dans l’esprit Wu Tang :

« The first nigga who thinks they are the nicest / My advice is to you, think twice/ The price to pay is your life, Jesus Christ I am the Pharoahe. »

Sur un sample de 1975 (« Smokey Joe the Dreamer » de Bullet), DJ Ogee aligne un beat sombre et efficace à des batteries blues, les voix brumeuses des trois emcees s’y calant parfaitement. Les lyrics apparaissent à l’écoute comme coupés au rasoir :

« I Rock-well when somebody’s watching me, rhyme’s fine/ Like Denzel, havin’ shorties all jockin’ me/ My poetry paintin’ pictures, call me Picasso/Not so fast, put your microphone back in the stash »

Présent sur la mixtape de DJ Premier, New York Reality Check 101, sortie en 1997, « Metal Thangz » fait partie de ces titres magiques du hip hop underground. Près de 20 ans après, la qualité musicale du morceau impressionne dès la première écoute. Ca prend aux tripes, on a envie de bouger, la tête suit le rythme.

C’est New York City. C’est 1996. C’est la beauté du rap, elle tape dur. A vos enceintes !

Anaïs Le Brun

Tel JuL, elle a pris le large. Sa plume manque à l'équipe comme Juvie à Lil'Wayne. ? #IMissMyDawgz

View Comments

Recent Posts

Boldy James, Wizkid, Ice Cube… les sorties d’albums de la semaine

Au programme de ce vendredi enneigé, Ice Cube signe son retour avec Man Down. Boldy…

2 heures ago

Nottz ou l’architecte sonore du hip-hop intemporel en cinq productions

Nottz, producteur et beatmaker de génie, est l'un des secrets les mieux gardés du hip-hop.…

2 jours ago

Entre mélancolie et créativité, Good Bana raconte la genèse de V-VIRE

On se retrouve aujourd'hui pour parler de ton projet V-IVRE, sorti il y a un…

3 jours ago

Heavy Rotation #489

Tracklist de la semaine Titre Artiste(s) Album "AMADEUS" Keroué AMADEUS / Chicane "BEAU PARLEUR" SenseKid,…

4 jours ago

Cordae, Denzel Curry, Maxo Kream… les sorties d’albums de la semaine

Pas de repos, on garde la même dynamique avec un beau programme de sorties. Denzel…

1 semaine ago

SCH et ses « stigmates » livrés au sort inéluctable de JVLIVS

https://youtu.be/ji2lbYIB1gI?si=l9Ky5IGAm3Km-86V Si quelqu’un se posait encore la question de qui pouvait prétendre au titre de…

1 semaine ago