Lost & Found : Ka – Grief Pedigree
Présent dans le rap depuis une vingtaine d’années, le rappeur Ka n’a fait pourtant que très peu parler de lui. Après avoir fait ses armes au sein des groupes Natural Elements et Nightbreed dans les années 90, le rappeur de Brownsville est resté dans l’ombre jusqu’en 2008. Il sort alors son premier album solo intitulé Iron Works. Plébiscité par le site de 50 Cent Thisis50, Ka fait parler de lui et se retrouve invité sur l’album Pro Tools de GZA sur lequel il aura son propre morceau solo: « Firehouse ». C’est finalement en 2012 qu’il sort l’album qui peut être considéré comme sa pièce maîtresse : Grief Pedigree.
Cet album c’est celui de Robinson Crusoé qui parvient à faire du feu avec quelques brindilles et des silex. Ka a créé ce projet de toutes pièces : il y assure les productions, la réalisation des clips et bien sûr le rap. Si les instrumentaux paraissent simplistes, le flow quelque peu nonchalant, soporifique, c’est bien l’écriture la plus grande force du rappeur de Brooklyn. Wordplays, métaphores, textes imagés, Ka manie la plume comme personne.
« Fruits of my labor, I’m building farms
The illest psalms written with killer palms »
En véritable poète, il relate dans ses textes ses années difficiles dans la rue, dans le quartier de Brownsville, les crimes qu’il a commis pour pouvoir survivre, les amis qu’il a perdu. Ce passé douloureux vient planer sur l’album comme l’ombre d’une vie antérieure qu’il souhaiterait oublier mais qui s’accroche à lui. Toutefois, il n’est pas question pour lui de prêcher un mode de vie, expliquer ce qui est bon ou mauvais. Ses morceaux sont empreints d’une certaine honnêteté comme le seraientles chapitres d’une autobiographie.
« Whoever say it don’t pay must don’t do crimes
Got lots of pre-owned shit when I used nines »
Son objectif principal a toujours été de s’en sortir, gagner de l’argent afin de s’extirper de cette vie illégale qui amène tant de problèmes. Grief Pedigree est essentiellement construit sur cette dualité entre une vie de criminel, l’argent facile et la nécessité de se construire en tant qu’homme. Le morceau « Decisions » illustre parfaitement ce raisonnement.
« Resolves issues like a man, not a punk
Or run out with pistols, cock and dump ? »
Finalement, Ka ce n’est ni plus ni moins que de la poésie de rue. Pas du rap conscient, mais du rap mature, celui d’un homme qui aimerait fuir la rue mais celle-ci ne cesse de lui courir après. Cet échappatoire, il le trouve aujourd’hui dans sa musique, ou plutôt sa poésie, la considérant comme un moyen d’extérioriser ses douleurs et ses chagrins, d’accepter son passé.
« You might hear better, but there’s no truer verse
I’m one with the gutter, I’m too immersed »
Bonus : Streamer l’album gratuitement
Pour l’album Grief Pedigree, Ka a mis en vidéo tous les morceaux, vous pouvez donc écouter et visionner l’album dans son intégralité sur Youtube.