BACKPACKERZ : Hello Théodore, on commence à te voir davantage ces derniers temps, ça a l’air de marcher de plus en plus pour toi. Dans quel état d’esprit es-tu en ce moment ?
Lord Esperanza : Je me sens bien, c’est gentil de dire qu’on commence à me voir partout car ça fait longtemps que je travaille ardemment. J’ai sorti beaucoup de projets ces dernières années et là on est sur l’arrivée imminente du premier album. C’est un tournant important dans une carrière artistique car tu n’as qu’un premier album donc j’essaie d’y mettre tout mon cœur et toute mon authenticité pour que ça touche les gens.
Parlons maintenant de tes dernières actualités, notamment « Le temps des graviers » sorti sur Colors en décembre. Est-ce qu’il y a des choses qui ont changé depuis cette vidéo ? La chanson était déjà dans les tiroirs j’imagine ?
La chanson était déjà dans les tiroirs, depuis juillet 2018 en fait. Je l’ai créé avec mon producteur et ami Majeur-Mineur ainsi qu’Ateph Elidja et Dtweezer. C’est assez rare dans ma manière de fonctionner de bosser avec trois producteurs pour une seule et même chanson. Il y a donc trois phases : une un peu reggaeton, une avec des sonorités house et enfin la partie trap à la fin où ça monte. Sur le fond, le morceau traite de l’adolescence au sens large, pas la mienne en particulier mais l’ingratitude de l’adolescence en général. (Il se met à chanter) « Quand ton cœur cœur cœur part dans tous les sens ! »
C’est vrai que passer sur Colors ça donne de l’ampleur et ouvre quelques portes, notamment à l’international. C’était déjà le cas mais ça ouvre encore plus le spectre. D’ailleurs, on a un concert à Berlin dans pas longtemps.
Je reviens sur le côté international. J’ai lu quelque part que tu as donné un concert à New York ?
Yes, on a eu la chance inouïe de faire un bon mois là-bas. En fait, on a fait un grand road trip international sur le même concept que « Lord Esperanza dans ta ville » avec une collab’ dans chaque ville où on passait. Cela a commencé au Mexique où on a tourné un clip avec une rappeuse mexicaine, ensuite un chanteur new-yorkais puis un rappeur montréalais. Je pense qu’on va continuer à le faire pour la tournée européenne.
Passons à ton autre actualité récente, à savoir le clip « Believe ». Peux-tu nous parler de la chanson ? Il me semble que c’est pas la première fois que tu bosses avec le collectif 3:14 pour la réal…
En fait, une grande partie de mes clips a été co-réalisée par eux car je kiffe ce qu’ils font et leur vision artistique. A la base, ces images étaient leur showreel (bande démo) pour montrer leurs aptitudes aux boîtes de prod et, par ailleurs, ils avaient une soirée au Nouveau Casino qui s’appelait « Believe » à laquelle je devais participer. Tout ceci combiné m’a inspiré cette chanson et donné envie d’aller encore plus loin que les chansons que j’avais déjà faites sur le fait de croire en ses rêves. C’est drôle parce que d’habitude, on fonctionne de manière inverse : j’envoie les chansons et on voit si on bosse ensemble. Alors que là, c’est leur travail qui m’a inspiré.
La chanson devait juste être diffusée au Nouveau Casino et il s’avère que cela a très bien marché ! Tout le monde l’a kiffé donc on s’est dit qu’elle devait être sur l’album. Et pour l’anecdote, il n’y a pas de refrain et c’est ma vidéo qui a fait le meilleur démarrage en première semaine. C’est cool car cela me prouve que les gens aiment aussi quand c’est fait avec le cœur et de la spontanéité. Il n’y a pas de nécessité à faire quelque chose de formaté pour la radio avec un refrain etc. Je suis d’autant plus content de cela que mon album a été fait dans cette esthétique : même les chansons un peu plus single, je ne les ai pas pensées comme cela.
Justement, en parlant de l’album, vas-tu mettre en avant ton coté « Lord » ?
Pour remettre un peu d’éléments de contexte, je m’appelais seulement « Esperanza » à la base et c’est seulement ensuite que j’ai rajouté « Lord ». Cette particule que j’ai ajouté, c’était parce que j’aimais beaucoup les textes poétiques, romantiques tout en kiffant les morceaux plus conscients et engagés comme « L’Insolence Des Élus » ou même des choses plus egotrip. Ce côté Lord camouflait en réalité un terrible manque de confiance en moi, c’était comme une carapace donc beaucoup ont cru que j’étais très arrogant… mais en réalité je me cachais derrière un prisme.
Que peut-on attendre des thèmes de ce premier album ? Ton approche a-t-elle été différente?
L’album sera très introspectif, chose que je n’ai jamais fait auparavant. Je m’y livre beaucoup en parlant notamment de la relation très conflictuelle avec mon père, de mes craintes, de la vision utopique que j’avais, le fait de devenir rappeur avec un tout petit peu de notoriété… parce qu’on est encore loin de la fame! Le nom de l’album est donc Drapeau blanc, c’est la suite de Drapeau noir qui était un EP assez thérapeutique vis-à-vis d’une désillusion amoureuse, de trahisons amicales, etc. Drapeau blanc c’est davantage l’album de la rédemption et surtout un album où Théodore s’exprime.
Au final, c’est dans la continuité de ce que j’ai pu faire mais avec beaucoup d’évolutions comme le chant sur lequel je n’osais pas aller avant. Cela reste tout de même très éclectique car j’ai trop de mal à faire deux fois le même morceau… Mais je pense que c’est un des projets les plus cohérents que j’ai pu faire jusqu’à présent. J’ai vraiment essayé de constituer le tracklist comme un passage de l’ombre à la lumière.
Tu as bossé avec qui pour ce projet ?
J’ai bien sûr travaillé avec Majeur Mineur qui a entièrement produit l’album. A ce propos, l’album sera représenté par « Lord Esperanza & Majeur Mineur » comme a pu l’être Drapeau Noir. On a également quelques featurings mais je ne peux pas en parler pour l’instant.
Tu as d’autres projets en dehors de l’album ?
J’ai un label à côté qui s’appelle Paramour et sur lequel je produis deux artistes. D’ailleurs, je les ai fait écouter à l’équipe de Colors et ils ont adoré donc on les retrouvera peut-être sur leur chaîne YouTube d’ici quelques mois. En tout cas, j’aime beaucoup aussi ce truc de producteur où je suis plus dans l’ombre, en direction artistique pour d’autres. J’écris aussi pour d’autres artistes mais dans un style plus pop. Tout cela me permet de rencontrer d’autres facettes de l’industrie et de m’en nourrir sur le plan artistique.
Concernant tes influences musicales, tu en as déjà parlé dans d’autres interviews donc on voulait savoir plutôt ce que tu écoutais en ce moment.
Rosalia! Elle est géniale, je l’ai découvert quand elle avait 200 000 vues sur « Malamente ». Je lui ai envoyé un message et depuis, on se parle de temps en temps sur Instagram. J’adore ce qu’elle fait, elle est vraiment dans la rupture pour le coup avec ce mélange de flamenco et de sonorités hip hop. J’écoute également un rappeur espagnol qui s’appelle C. Tangana, notamment le morceau « Un Veneno », et j’ai aussi beaucoup aimé les derniers James Blake et A$AP Rocky.
Tu viens de faire une belle date à la Cigale : était-ce quelque chose de marquant pour toi ?
Oui, c’est surtout une fierté ! Il y a un peu plus d’un an et demi, le 27 octobre 2017, j’ai fait un concert à la Boule Noire et je leur ai dit à la fin: « On se retrouve à la Cigale d’ici deux ans » et on l’a fait donc c’est beau.
En préparant cette interview, je me suis rendu compte que tu en avais déjà fait…
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