Date de sortie : 08/11/24
« I Like to call my self the God of rap/And all of y’all should call me that. ».
C’est avec ces mots et sur le sample du mythique « Back To Life » du groupe Soul II Soul que s’ouvre une des plus belle surprise de cette année, le sixième LP d’Ab-Soul. Après ScHoolboy Q, SiR et Doechii, c’est à son tour d’imprimer pour de bon le retour de TDE et de faire 2024 une année inoubliable pour le label d’Anthony “Top Dawg” Tiffith. Soulho, deux ans après le dernier et oublié Herbert, prend ses plus belles armes à la reconquête de Los Angeles.
Comme un hommage à ceux qui l’ont construit, Kendrick Lamar, Eminem, Mobb Deep et bien sûr sa maison TDE, le rappeur s’introduit sans filtre sur « 9 Miles ». Il évoque ses addictions, sa maladie [NDLR : Ab-Soul est atteint du syndrome de Stevens-Johnson, maladie orpheline du système immunitaire provoquant une hypersensibilité et des infections cutanées] et les temps troubles qu’il traverse. On comprend qu’après la perte de son ami Mac Miller, la perte de son meilleur ami d’enfance Doe Burger en 2021 vient façonner l’écriture de Soul Burger.
Sur cette première note crue et chaotique, s’enchaine sans détours l’excellent « All That » avec JasonMartin — alias Problem — et Thirsty P. Un single ode aux rues de Los Angeles dont le clip avait déjà attiré notre attention. Aux cotés de Vince Staples, Doechii, Fre$h et Ty Dolla $ign, le cador de Carson, CA poursuit entre chasse aux démons et désirs de règne sur la west coast. Sur la plus belle collaboration de l’album « Peace » avec Lupe Fiasco et sur l’émouvant hommage à Nipsey Hussle « Righteous Man », Soul Burger conclue une épopée riche et poétique.
Quel plus beau cadeau pour son défunt frère ? Grâce à une volonté retrouvée et le talent d’un label revenu au sommet, Ab-Soul peut célébrer comme il l’a fait sur la scène du Pop Out à Inglewood, CA plus tôt dans l’année avec ses racines de Black Hippy. Des textes fins et des productions uniques [NDLR : S/o 9th Wonder, Python P ou encore Terrace Martin] qui gravent une des plus belles propositions hip-hop de cette année.
RIP Doe Burger.
Morceaux à écouter d’urgence : « All That » & « Peace »
— Antoine Gady
Date de sortie : 15/11/24
Cet été, Dave East avait déjà frappé, fort. Avec le très street APT 6E produit par Mike & Keys, on lui promettait a minima une place dans les mentions honorables de cette année. Quelques mois plus tard, il a gagné sa place dans les meilleurs albums de l’année avec Living Proof. Un titre évocateur, qui annonce d’entrée le terrain sur lequel East va s’exprimer. Libéré de son contrat avec Def Jam après la sortie du mitigé Fortune Favors the Bold en 2023, le rappeur de Harlem relâche prise. Poussé par une production entièrement dirigée par araabMUZIK, ce cinquième LP sonne comme le retour aux sources.
D’entrée de jeu sur « Percocet », Dave East annonce qu’il ne s’est jamais senti aussi à l’aise au micro. Il confirme sur le cloudy trap « Bet My Life » qu’il entend bien exploiter ce second souffle après des mois difficiles à vivre. C’est ensuite accompagné de Fabolous et Benny the Butcher qu’ils assènent au public de prendre le train en route alors qu’ils s’approchent petit à petit du sommet d’une réussite immaculée.
I’m on my second wind/I done flexed before, now watch me flex again.
C’est après ce tourbillon d’ego trip que East reprend son flegme et son pragmatisme pour faire face à ce qui l’attend sur « Roll Up ». Il en profite pour se rappeler ses erreurs, ses désillusions et ses relations sincères qui l’ont mené jusque ici aux cotés de Giggs et Ransom. Il finit enfin la tête sur les épaules, conscient de son parcours, rendant hommage à celles et ceux qui l’ont construit et prêt à tirer avantage de tout ce qu’il a endurci.
Living Proof démontre la vision et la synergie parfaites entre deux grands artistes. La production signature d’araabMUZIK embrasse le flow cru et les textes aiguisés d’un Dave East revenu à ses heures glorieuses du 2016 XXL Freshman. Il aura fallu attendre une collaboration hors norme pour assister sans doute à un des projets les plus essentiels de sa carrière.
Morceaux à écouter d’urgence : « Percocet » & « Everything For Sale »
— Antoine Gady
Date de sortie : 28/10/24
Le 28 octobre 2024, Tyler, The Creator a une fois de plus secoué le paysage musical en dévoilant CHROMAKOPIA, son huitième album studio, sous le label Columbia Records. Ce projet audacieux s’impose déjà comme un incontournable, confirmant sa place parmi les meilleures créations musicales de l’année. Mais qu’est-ce qui rend CHROMAKOPIA si exceptionnel ? Décryptage.
Avec CHROMAKOPIA, Tyler transcende les genres, fusionnant hip-hop, rock psychédélique zambien, R&B et d’autres expérimentations sonores. Chaque morceau illustre sa créativité et sa maîtrise en production, tout en repoussant les frontières de son art. Tyler s’entoure d’artistes tels que Childish Gambino, Daniel Caesar, et Lil Wayne, qui enrichissent l’album.
Parmi les moments forts, « Sticky » réunit GloRilla, Sexyy Redd et Lil Wayne sur un beat aussi chaotique que captivant. L’album séduit aussi par la profondeur de ses thèmes. Tyler aborde des sujets intimes comme l’absence paternelle et les pressions de la célébrité avec des morceaux poignants tels que « Take Your Mask Off » et « Like Him », mêlant sincérité et poésie, sans oublié « NOID » qui mêle guitares électriques, samples africains et synthés futuristes.
CHROMAKOPIA nous prouve que Tyler est bien un artiste visionnaire, capable d’unir introspection et innovation sonore. Il restera l’un des moments musicaux forts de 2024. Vous êtes curieux·se d’en savoir plus sur cet opus ? Aller consulter la chronique de La Rédac.
Morceaux à écouter d’urgence : « Sticky » & « NOID »
— Romaric Gattin
Date de sortie : 30/08/24
Qualifié seulement de mixtape, Alligator Bites Never Heal trouve sa place sans jouer des coudes dans le top 10 des albums US 2024. Après Soul Burger, cette deuxième surprise de Top Dawg Ent. intervient en plein émoi d’un Kendrick Lamar revenu au sommet et victorieux de sa passe d’armes avec Drake. Et pourtant avec seulement quelques années de carrière derrière elle, on assiste sans doute à la naissance de la future pièce maitresse du label et plus encore. Doechii, déjà acclamée par l’entièreté de la presse spécialisée et La Rédac de BPZ depuis plusieurs mois, délivre un premier grand projet. Après Tyler, elle aussi prouve une ambition pleine de richesse et de diversité.
La lecture de l’essence est d’abord visuelle avec cette illustration qui image la rappeuse de Tampa, FL et un alligator bien connu des marécages environnants. Impassible, la « princesse des marais » s’alimente de ses doutes et de ses angoisses au service de sa créativité. C’est d’ailleurs le message partagé, invitant l’auditeur·ice à en faire de même à l’écoute du projet.
C’est ensuite dès les premiers titres que cette volonté est assumée. « Stanka Pooh » encercle Doechii dans une pression palpable et un syndrôme de l’imposteur qui la ronge, tout en pensant presque qu’innocemment, à la pire manière d’en terminer. Essoufflée, elle expérimente des pistes de sevrage avec son alter ego thérapeute sur « Denial Is a River » alors qu’elle retombe dans un trip hallucinatoire sur le sample chopped & screwed dans « Skipp ». Enfin, excédée, elle s’attaque au sexisme cloisonnant et se résigne désormais à rapper et chanter ce qu’elle veut et quand elle veut sur le satirique « Boom Bap ».
Foisonnant de savantes références à la culture qui l’a élevée, Alligator Bites Never Heal se présente clairement comme le son signature d’une Doechii loin de son plein potentiel. Même si quelques longueurs se glissent sur la face B, on revient d’une écoute apaisée et pleine d’espoir pour la suite. Brillamment, Doechii innove et crée un hip-hop précieux pour les années à venir.
Morceaux à écouter d’urgence : « Denial Is a River » & « Boom Bap »
— Antoine Gady
Date de sortie : 22/11/24
Avant même la sortie de GNX, Kendrick Lamar aurait presque mérité une place dans ce top sans même avoir sorti d’albums en 2024. En effet, du haut de son mètre 68, l’artiste de Compton aura paradoxalement marqué l’année d’une empreinte gigantesque. D’abord un clash au retentissement mondial gagné haut la main contre Drake, suivi d’un tour d’honneur aux douces odeurs west coast lors du Pop Out concert bien soutenu par le hit rap de l’année “Not Like Us”, puis enfin l’annonce de la présentation du Super Bowl 2025. Ainsi, GNX ne pouvait être que la cerise sur le gâteau d’une année qui l’avait déjà couronné de succès.
Spoiler : au-delà d’avoir parachevé l’année 2024 de la plus belle des manières, GNX a dépassé bon nombre des attentes qui entouraient ce nouveau projet de Kendrick. En ce sens, bien que salué par la critique, Mr. Morale and the Big Steppers et sa psychothérapie avaient laissé dubitatif une bonne partie du public. Deux ans et demi plus tard, il semble que cette période d’introspection soit totalement révolue. De retour avec des productions mettant en exergue la polyvalence du son west coast — club banger, R&B, classique du rap californien… —, K Dot y livre des performances pleines de hargne. A cet égard, l’envie de reléguer la compétition au second rang est palpable sur de nombreux morceaux. “man at the garden”, “wacced out murals” ou encore “gnx” en témoignent tous dans une certaine mesure.
The Black Noah/I just strangled me a GOAT.
Toutefois, derrière une apparence bien plus lisible que les projets précédents, GNX ne manque pas de profondeur. Si une chronique aura l’occasion de s’y plonger dans les prochains jours, Kendrick revient notamment sur l’aventure TDE avec une vulnérabilité touchante sur “heart pt. 6”. De plus, GNX dévoile une véritable mosaïque culturelle tant les références sont nombreuses. Biggie, Rakim, Tony Yayo, Frank Ocean, John Lee Hooker, Billie Holiday, de nombreux artistes de L.A. et surtout Nas et 2Pac ont droit à des hommages plus ou moins subtiles. Fort de ce riche bagage artistique, le petit prince de Compton discute avec brio de sa responsabilité en tant qu’artiste sur le poignant “reincarnated”, habité par la production et la voix de Pac.
I never lost who I am for a rap image/it’s motivation if you wonder how I did it.
En somme, GNX allie productions bondissantes et textes introspectifs. Pour notre plus grand bonheur, Kendrick y est rafraîchissant tant son enthousiasme au micro est communicatif. Ainsi, s’ajoute un énième projet à la meilleure discographie des quinze dernières années dans le rap américain. On en vient même parfois à se demander si Kendrick arrêtera un jour de se réinventer. A l’instant T, contentons-nous de l’entendre poser sur du Mustard et profitons de ce projet west coast que le public de Los Angeles attendait depuis de nombreuses années.
Morceaux à écouter d’urgence : « reincarnated » & « squabble up »
— Hugo Branche
Date de sortie : 11/10/24
Au Texas, relégué à l’éternelle troisième « côte » des Etats-Unis, on sait plus encore combien la réussite d’un second album est décisive dans l’avenir d’une carrière artistique [NDLR : Le Texas a toujours été sous représentée, notamment dans le hip-hop, face à une scène divisée entre la east coast et la west coast au regard du grand public].
Depuis quelques années, BigXthaPlug participe à un élan local et s’inscrit progressivement dans le sud du pays. Suite à une première fondation Amar en 2023, un peu moins confidentielle et porteuse d’espoir pour la suite, BigX dévoile donc son sophomore TAKE CARE. Cette fois, La Rédac de BPZ ne manque pas le coche et vous présente ce phénomène venu de Dallas.
C’est effectivement peu de le dire lorsqu’on découvre le premier single « Mmhmm ». Un titre et un clip qui trahissent déjà le caractère déjanté et opulent de ce qu’il va suivre. Et pourtant, on y découvre petit à petit cette voix grave sur une cadence infernale rythmée de « huh-uh« . Entre Scarface et 8Ball — légendes du rap sudiste — , BigXthaPlug circule habilement entre ce sample d’organ funk vintage et ces percussions trap légères et bien ciselées. Confirmation faite sur le second single « The Largest » où l’autodérision affirmée rencontre l’âme d’un bluesman des années 60 on ne peut plus texan. Ainsi pendant près de trente minutes, ce storytelling décomplexé se confronte à une atmosphère vintage du pays partagée entre gospel de l’église et country du ranch.
Même si le prédestiné footballeur n’a aucun mal pour divertir et se donner en spectacle, il connait aussi tourment et blessures et développe ses paradoxes. Sur l’éponyme « Take Care », il prend soin de rester sérieux pour ses enfants même si la violence ambiante ne l’a pas tout à fait quitté. C’est aussi sans filtre qu’il amorce un dialogue avec un thérapeute fictif et qu’il combat une anxiété omniprésente sur « Therapy Session » et « Leave Me Alone ».
Came up off of violence, don’t mean I condone it/I’m chillin’ but I keep the Glock if you want it, aye.
L’aura, la voix, le trash talk des codes conventionnels et le storytelling sans fioritures portent BigX vers une singularité rare. Une singularité portée également par des goûts musicaux riches et une composition orchestrale de son associé Tony Coles. Bien qu’on se contente d’au plus deux minutes pour chaque sons de l’album, il ne fait aucun doute de son talent. Indispensable dans ce top, TAKE CARE donne à BigXthaPlug un second album très réussi et une bouffée d’air au hip-hop de 2024.
Morceaux à écouter d’urgence : « Take Care » & « 2AM »
— Antoine Gady
Date de sortie : 28/06/24 & 25/10/24
L’illustration en dit déjà long sur la réédition ACT II d’une première version de juin 2024. C’est toujours dans ce Texas renaissant que la désormais superstar sortie d’un cocon, arbore à présent grillz étincelant et codes d’un papillon libéré de toute contrainte. Avec ce troisième album, Megan The Stallion fait du Megan dans toute sa splendeur. Toujours plus effrontée, décomplexée et charismatique, elle construit single après single son émancipation la plus totale pour une année décisive dans sa carrière.
Dès l’ouverture, Megan en a contre Nicki Minaj et Tory Lanez et refuse de leur laisser le dernier mot dans des histoires relatives à des violences sexuelles. « Rattle » et « Where Them Girls At » enchainent et dénoncent point levé la misogynie pesante de tout un écosystème sans pour autant se laisser impressionner et user de cynisme à cet escient avec « Broke His Heart ».
’Cause the ni**as don’t beef with the ni**as/They scared of each other, but beat on the women.
Aux cotés de Kyle Richh, GloRilla ou encore Victoria Monét, Hot Girl Meg ne délaisse pas pour autant son goût pour le club et ses plaisirs en tout genre comme elle l’insinue sur l’espiègle « Down Stairs DJ ». Elle n’oublie pas de permettre à ses mentors Bun B et Big K.R.I.T. de rappeler l’importance du southern hip-hop dont elle est maintenant l’étendard.
Sur un rythme effréné, les 31 morceaux de MEGAN (ACT II) offrent tout le charme de l’héritage du rap de Houston. Buddah Bless, Honorable C.N.O.T.E. et Juicy J oscillent entre beat groovy acceleré et tempo pimping ralenti permettant à Megan de développer sa palette artistique. L’album le plus abouti d’une indépendante superstar.
Morceaux à écouter d’urgence : « Bigger In Texas » & « Down Stairs DJ »
— Antoine Gady
Date de sortie : 22/03/24
Le 22 mars 2024 voit la bombe WE DON’T TRUST YOU tomber après plusieurs mois d’attente et un trailer cinématique annonçant la déflagration. Sur le dernier HEROES & VILLAINS de Metro Boomin sorti en décembre 2022, Future avait brisé un silence fracassant en apparaissant pas moins de quatre fois aux cotés du producteur. Alors qu’aucun de leurs précédents albums solo n’en avaient profité depuis six ans, il laissait à présent entrevoir la suite impériale donnée à leur prochaine collaboration. Poussé par un Future toujours plus démoniaque et un Metro Boomin inégalé, le duo signe dès sa sortie, un des meilleurs albums de 2024. Ainsi, trois raisons principales se dégagent d’une telle réussite artistique et commerciale.
Cet album marque avant tout le retour des pères fondateurs de la musique trap d’Atlanta popularisée à son extrême depuis maintenant quinze ans. Avec quelques années d’écart, ils ont façonné le genre et donné naissance à des dizaines d’artistes internationaux se targuant d’avoir réussi, sortis de la misère et de la violence de la rue. N’ayant plus rien à gagner, Big Pluto et Young Metro prouvent encore une fois qu’ils gardent précieusement les standards de la trap music.
Au-delà de l’héritage, c’est sans doute au talent de ce duo resté intact que l’on doit WDTY. En effet, peu d’exemples témoignent d’une symbiose aussi naturelle dans l’histoire du hip-hop. À l’image de Mobb Deep dont la référence est explicite dès l’intro, nul autre que Metro Boomin pour créer l’atmosphère adéquat à l’inspiration de Future. Les productions cinématographiques et sombres nourrissent les fulgurances toxiques du rappeur, supporté dans sa névrose par The Weeknd, Travis Scott, Playboi Carti ou encore Rick Ross.
Enfin, c’est peut-être dans les colonnes des livres d’histoire du hip-hop que l’on retiendra ce dernier point, à l’origine de l’actualité brulante de cette année. Kendrick Lamar, silencieux depuis près d’un an, lâche un couplet meurtrier envers ses rivaux J. Cole et Drake sur le hit multi récompensé « Like That ». Catalyseur d’un beef mémorable dont vous connaissez l’issue, cet événement participera à l’immense succès de WE DON’T TRUST YOU et au réveil de K Dot, qui assènera quelques mois plus tard un dernier coup fatal avec GNX.
Morceaux à écouter d’urgence : « Like That » & « Runnin Outta Time »
— Antoine Gady
Date de sortie : 09/08/24
Les premières notes et les quelques mots habituels de « uncle » Herm Lewis — du groupe légendaire RBL Posse — annoncent tout de suite la couleur pour les plus fan d’entre nous. Tandis que 2023 résonnait comme la marche d’un succès grand public, néanmoins artistiquement décente, un Larry June « certified & qualified » se présente pour un nouvel album retour à l’essentiel. 15 titres, aucun déchet et un message clair : Doing It For Me.
Message en tête et présentation faite, LJ ne puise pas bien loin son inspiration sur ce premier « Magnum P.I. ». C’est au volant de sa Ferrari ou au téléphone avec une fille répétant « B*tch , you know what’s good », qu’il se souvient combien cette vie lui convient. Et même si l’on connait trop bien ses habitudes, ce flow langoureux poussé au paroxysme sur « Stinson Beach » à la manière de Suga Free continue de satisfaire le récit que le rappeur de la bay area nous conte.
Soudain, une loop de basse et quelques « aye-aye-aye-aye » introduisent un deuxième chapitre qui laisse de coté ses états d’âme. Guidé par Quake, Dvme et le fidèle Cardo, Larry June retrouve le chemin passé d’une mobb trap entre San Francisco et Atlanta natal. Encore une fois, aucune surprise mais un immense plaisir de l’entendre comblé au sommet de son art.
This time around, man, I’m doing it for me/This time around, we coming for everything.
Une mélodieuse parenthèse entame un troisième volet, cette fois non loin de la « gold coast » qu’il adore tant. Romantique, il témoigne un amour inconditionnel et promet fidélité à sa bien aimée sans jamais la nommer. Tout est prêt donc, pour conclure et signer les dernières formalités sur « Cleaning My Spot ». Après avoir embrasser une dernière fois sa vie d’artiste, le mack se prête à rêver encore et encore des jours luxurieux qui l’attendent sur le solennel « Money Bag » produit par Cookin Soul.
Pour lui et pour nous, Larry June se confie comme dans un livre ouvert dans ce projet résolument personnel. Seul au micro, il reprend l’essence de ses premières mixtapes et étoffe l’ensemble de sa palette d’artiste accompli. Pragmatique et sans faire d’étincelles dans les Charts, Doing It For Me restera sans doute une de ses cartes les plus cohérentes et abouties de sa discographie.
Morceaux à écouter d’urgence : « Real Talk, Pt. 2 » & « Money Bag »
— Antoine Gady
Date de sortie : 18/10/24
Six ans après le premier volet, les deux rappeurs de New-York Benny the Butcher et 38 Spesh se retrouvent pour STABBED & SHOT 2. Loin d’être leur unique collaborations depuis, c’est avec une maturité certaine et une confiance réciproque qu’ils présentent cet album en commun. Alors que Benny n’a pas su concrétiser une attente forte pour la sortie du commercial Everyboy Can’t Go sous la major Def Jam, Spesh a repoussé ses limites avec six projets au compteur en 2024. Dans une ambiance sombre et cinématographique, ils nous partagent le résultat d’un travail acharné, indépendant et décomplexé de toute statistique.
C’est dans cette atmosphère que Benny the Butcher et 38 Spesh retracent leur amitié sur toile de deal illicite et galère de rue dans « 1st Of April » et « High Stakes ». Ils ironisent sur des parcours similaires et sur la main mise de leur ville d’origine de Buffalo et de Rochester respectivement. Le boom bap muddy du début laisse ensuite la place au soulful « Center Stage » composé par Harry Fraud, avant de percuter « Jesus Arms » et un couplet de Busta Rhymes des plus mémorables de cette année.
Sur la deuxième partie de l’album, Dave East, Ransom ou encore El Camino prennent part à la démonstration générale. Après avoir pointé du doigt des entourages opportunistes et des amis un peu trop jaloux, il est bon de rappeler les risques encourus et le hustling presque inconscient du succès sur « Intent to Sell » et « Coke Runs ».
Depuis le premier volet de Stabbed & Shot en 2018, le duo a pris beaucoup d’assurance. Après avoir gagné une reconnaissance internationale, le désormais indépendant de la Black Soprano Family reconnecte à ses racines auprès de l’underground 38 Spesh. C’est ensemble sous la bannière TCF, que l’expérience du combat de la rue remporte haut la main un nouveau round.
Inattendus, ils clôturent ce top de l’année de La Rédac de BPZ avec les félicitations.
Morceaux à écouter d’urgence : « Jesus Arms » & « Intent to Sell »
— Antoine Gady
Les autres projets qu’on a aimés : Gunna – One of Wun, Curren$y & Trauma Tone – Highway 600, Katori Walker – Mezzanine, Rapsody – Please Don’t Cry, ScHoolboy Q – BLUE LIPS, Freddie Gibbs – You Only Die 1nce, Logic – Ultra 85, Demrick & Mike & Keys – Championship Rounds 2, Tha Dogg Pound – W.A.W.G. (We All We Got), Common & Pete Rock – The Auditorium, Vol. 1, Redman – Muddy Waters Too, Flee Lord & Crisis – Full Court Press, Termanology & NasteeLuvzYou – Time Is Currency, Juicy J – Ravenite Social Club, Ransom & Harry Fraud – Lavish Misery, Masta Ace & Marco Polo – Richmond Hill, Erick the Architect – I’ve Never Been Here Before, Snoop Dogg & Dr. Dre – Missionary, Blu & Exile – Love (the) Ominous World, Maxo Cream – Personification
DA : @soaznls
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